Dans les rues de la ville de Busan, deux hommes marchaient côte à côte. Il était tard, les allées vidées de toute âme, les magasins clos, sauf un seul. Le salon de tatouage.

« T'sais ce que tu vas faire ? », questionna Jungkook.

« J'ai toujours voulu me faire tatouer, mais j'ai jamais réfléchi à ce que je pouvais faire », confessa Jimin en donnant un coup de pied dans un petit caillou.

« Tu verras avec le tatoueur, il est de bon conseil », le rassura le brun en jetant sa cigarette par terre.

« Pauvre planète », souffla le plus âgé en se baissant pour ramasser le mégot.

« J'serai sûrement plus là pour la voir sombrer », se certifia-t-il à lui-même.

« C'est égoïste », protesta le blond, gardant le filtre entre ses doigts.

« Si tu l'es pas, tu t'fais marcher dessus », répondit-il persuadé de ses dires.

« Qu'est-ce qui a bien pu t'arriver pour que tu en arrives à ces conclusions négatives ? T'as l'air en colère contre le monde entier », fit remarquer l'aîné en triturant la matière fibreuse.

« J'le suis, mais encore plus contre moi-même »

« Je te ferais apprécier le monde et par la même occasion, je t'apprendrais à t'aimer toi », promit Jimin en s'arrêtant pour lui présenter son petit doigt.

« C'est le prince qui sauve Cendrillon, pas le contraire », rigola le motard, comme gêné par ces paroles encourageantes.

« Arrête de me repousser », râla l'autre en prenant l'auriculaire du tatoué pour le sceller avec le sien.

« Arrête de me faire croire qu'il pourrait se passer quelque chose entre nous », trancha le plus jeune, en dégageant sa main.

« Je te fais rien croire du tout... », désapprouva-t-il, se sentant embarrassé d'avoir pu laisser imaginer cela.

« Alors c'est peut-être parce que tu te laisses guider par ce que tu ressens, et c'est sûrement pas de l'amitié. Qui participerait à des courses de motos clandestines, et irait aux portes de la mort pour une simple histoire de gage ? », argumenta Jungkook tout en s'approchant du blond.

« Parce que t'es mon ami, et je tiens à toi, en tant qu'ami », lui tint tête le blond, reculant pour garder une certaine distance avec lui.

« Tu te mens à toi-même », l'accusa le motard, le voyant faiblir sous son air dominant.

« Non, ça ne signifie en rien cela », contesta Jimin, les yeux fixés sur le sol, il n'osait pas le regarder, son cœur battait bien trop fort, menaçant de quitter sa poitrine.

« Alors si ça signifie rien, sors de ta zone de confort et embrasse-moi »

Les iris du blond cendré se retrouvèrent bloqués sur les lèvres attirantes du jeune homme. Il en avait férocement envie, comme s'il était aimanté à lui. Il n'écoutait plus sa raison, pour une fois, il avait envie d'écouter son cœur.

Les jambes tremblantes d'envie et de stress, il avança, le regard toujours pendu à cette bouche. Il ne voulait pas s'en détacher, envoûté comme un serpent par son charmeur.
Là, sur la pointe des pieds, il se rapprocha de son visage. Il pouvait sentir le souffle du motard contre sa peau, le faisant battre des cils.

Mais alors qu'un centimètre les séparait, Jimin se recula subitement, comme si l'hypnose s'était d'un coup dissipée.

« Laisse-toi aller », chuchota Jungkook en mettant sa main dans son dos, le rapprochant de lui d'une douce pression.

Le blond plongea ses yeux dans ceux du tatoué, son regard se voulant rassurant, il mit ses doigts sur la nuque du benjamin.

Et délicatement, il laissa sa chair tendre et pulpeuse épouser celle du brun.

L'espace de quelques secondes, Jimin se sentit comme sur un nuage cotonneux. Mais ce baiser fut de courte durée, interrompu par le son d'un appareil photo se déclenchant.

Les deux hommes reculèrent aussitôt en l'entendant, le motard se précipita en direction du bruit. Prêt à en découdre avec l'auteur de cet arrêt brutal entre le blond et lui. Mais arrivé dans la ruelle, personne en vue.

« Faut croire que ce smack était tellement intense que notre audition nous joue des tours », rigola-t-il, en se retournant pour faire face à son aîné, mais ce dernier n'était plus là, il avait pris la fuite.

*

« S'il te plaît Chanhee, juste son numéro ! Je te le demanderais pas si c'était pas aussi important. Tu me dois bien ça après tout », supplia Jimin, à travers le téléphone.

« C'est la dernière fois que je t'aide et que tu m'appelles. J'veux plus avoir affaire avec toi », finit par céder le garçon aux cheveux fluorescents.

« Si tu le souhaites. Envoie-moi son numéro par message », répondit le blond avant de raccrocher.

Bien que la perte de son ami lui était douloureuse, une partie de lui se disait qu'il se porterait peut-être mieux sans lui. À force de se faire abandonner par tous les êtres qui lui étaient chers, Jimin avait fini par se rendre à l'évidence.

Il n'était pas fait pour être aimé, tout était éphémère. C'est précisément ainsi qu'il se caractérisait : d'éphémère.

La vibration du portable dans sa main l'arracha de ses pensées. Chanhee lui avait envoyé le numéro, le plus âgé s'empressa alors d'appeler.

« Allô ? », répondit une voix calme, à l'inverse de ce qu'il avait pu voir lors des courses.

« Oui, c'est Jimin, l'ami de Jungkook », se présenta-t-il, peu à l'aise.

« Pourquoi tu m'appelles ? Et comment t'as eu mon numéro ? Qu'est-ce que tu me veux trou du cul ? », s'énerva automatiquement Seokjin à l'évocation de ce prénom.

« Euh, je l'ai trouvé sur internet... », mentit le blond.

« Accouche j'ai pas ton temps, tu veux quoi ?, trancha l'homme.

« C'est simple, je viens parler de la bagarre d'hier soir »

« Ouais, il m'a pété le pif cet enculé ! Crois-moi j'vais bien porter plainte pour qu'il aille croupir en taule comme il le mérite depuis des années », révéla-t-il, bouillonnant d'envie de massacrer le tatoué.

« Non non, justement c'est pour cela que je t'appelle. Ne porte pas plainte ! », le supplia Jimin, joignant ses deux mains comme s'il pouvait le voir.

« Et pourquoi ? Parce que lui et toi vous vivez votre petite idylle ? Écoute-moi bien, toute histoire avec ce mec-là se termine mal, c'est le mal incarné. Tout ce qu'il touche, il le détruit »

« S'il te plaît, ne rends pas les choses plus compliquées qu'elles ne le sont déjà... », souffla le cadet, en passant une main sur son front.

« Tu m'as appelé juste pour ça ? Pour pas que je porte plainte contre ton amoureux ? Désolé mon grand mais j'fais pas dans la charité », dit-il d'un ton catégorique.

« Je... », Jimin cherchait ses mots, paniqué. « Je peux te payer ! »

« Tu veux acheter mon silence ? », se moqua l'autre face à son ton désespéré.

« Oui, je peux te donner beaucoup plus que ce que t'apportent les courses de motos », affirma Jimin.

« Combien ? »

« 500€ »

« Ton prince vaut que ça ? Allez, j'raccroche »

« 2 000€ ! », s'empressa-t-il de rectifier.

« Eh bien, tu vois quand tu veux. Là ça m'intéresse ! Viens me les donner avant la course de ce soir, histoire de me motiver », souria Seokjin à travers le téléphone, sa voix rendue joviale.

« Je ferais ça », affirma-t-il avant que son interlocuteur ne raccroche.

**

Le soir arrivé, Jimin avait pu retirer la somme convoitée. C'est pour cette raison qu'il était là, dans sa voiture garée au port, l'enveloppe contenant l'argent entre ses mains moites. Heureusement pour lui, ni Jungkook ni aucun membre de la bande ne couraient ce soir-là, de quoi le rassurer sur le fait qu'il n'allait pas se faire choper et devoir rendre des comptes.

Il sortit de la voiture en prenant soin de cacher l'écrin en papier dans une des poches de sa veste, puis quand il s'éloigna de son véhicule, il appuya sur le bouton pour le verrouiller.

Au loin, il pouvait entendre les cris des éternels spectateurs. Plus il avançait, plus son cœur menaçait de quitter sa poitrine pour aller s'écraser sur le goudron. Il n'était en aucun cas serein, et ne voulant pas chercher trop longtemps l'homme avec qui il devait faire affaire, il entreprit de l'appeler sur son portable.

« C'est qui ? », questionna son interlocuteur après avoir décroché.

« Jimin. Je suis sur le port, où est-ce que tu es ? », demanda le blond en cherchant du regard vers l'endroit bruyant.

« Attends-moi à l'entrée, j'arrive », ordonna Seokjin avant de raccrocher.

Le blond rangea son téléphone dans la poche avant de son jean, puis il attendit. Marchant en long et en travers, il essayait tant bien que mal de calmer son stress, mais il demeurait présent, et de plus en plus pesant. Avec ses ongles, il tirait sur la peau du bout de ses doigts avant de l'apporter à sa bouche, et de l'arracher avec ses dents.

« Oh t'arrêtes de faire les cent pas on dirait un camé en manque d'ecstasy », se moqua une voix.

« Ah tu es là ! Tiens, il y a tout dedans, tu peux compter si tu veux ! », s'exclama-t-il, l'angoisse le faisant parler bien trop vite.

« J'te fais confiance, mais si quand je le dépose à ma banque, j'vois qu'il manque ne serait-ce que 50 centimes... J'te fais la peau »

« Ça n'arrivera pas. Mais, est-ce que je peux me permettre une question ? », se risqua-t-il.

« T'en demandes beaucoup. Mais vas-y, dis toujours... »

« Il s'est passé quoi avec Jungkook ? »

À l'évocation de ce sujet, le plus âgé se figea, tandis que son regard se faisait glacial.

« Si tu veux vraiment savoir. Va à l'hôpital Bongseng et demande à voir Jung Jinyoung »

***

Depuis qu'il avait reçu l'information concernant ce fameux Jinyoung, Jimin ne cessait de faire des allers-retours entre son salon et sa cuisine. Maintenant qu'il pouvait obtenir des réponses à ses questions, il avait peur, grandement peur de découvrir le secret dissimulé derrière toute cette haine.

Il voulait aller voir cette personne, l'interroger, savoir toute la vérité et percer à jour le mystère qu'était Jeon Jungkook.
Se laissant tomber sur son canapé, épuisé par les pensées qui tournaient et retournaient dans sa tête, il se remémora le baiser de la veille.

Voilà qu'il avait pour la première fois embrassé un homme et quand bien même, l'idée de le faire n'était pour lui en aucun cas repoussant, il n'aurait jamais pensé que ça pouvait être aussi agréable.

Tendre, passionné, exquis, explosif.

En une fraction de seconde, le brun avait tout bonnement provoqué en lui un feu d'artifices chatoyant de couleurs.
Il arrivait encore à sentir la main du tatoué, se poser là, dans le creux de son dos afin de l'approcher de lui pour unir leurs lèvres.

Délicat, captivant, ensorcelant, précieux.

Il avait lâchement pris la fuite suite à cet échange, non pas par honte ou regret, mais parce que le motard avait bel et bien raison.

Il s'était menti à lui-même.

Et maintenant, il appréhendait leur prochaine rencontre. Devrait-il faire comme si de rien était ? Le fuir ? Rester dans le déni ? Dire qu'il avait un frère jumeau et que c'est lui qui l'avait embrassé ?

Il fallait qu'il appelle Yoongi au plus vite.

Puis, vidé par toutes ces émotions, il finit par s'endormir là où il était assis.

****

« Kook faut que tu rentres immédiatement, on a un problème », exigeait Namjoon, le ton inquiet.
Jungkook, parti faire un tour en moto dans les hauteurs de Busan pour y admirer la vue, se dépêcha de revenir jusqu'à son engin pour le démarrer en vitesse.

Enlever la béquille, tourner la clé, débrayer, passer la première à l'aide de son pied, accélérer et enfin relâcher l'embrayage.

Il démarra à toute allure, espérant arriver le plus rapidement possible chez lui. L'inquiétude de son meilleur ami avait fait monter la panique chez le brun, jamais il ne l'avait senti autant alarmé.

Après plusieurs minutes de route, il arriva devant la bâtisse. Avec des mouvements hâtifs, il arrêta son deux-roues avant de couper le contact et d'enlever la clé. Il ne prit pas la peine d'attacher sa bécane avec le câble antivol, pressé de découvrir l'ampleur du problème.

En poussant la porte d'entrée, il se décomposa.

« Putain c'est quoi ce bordel ?! »

Bonsoir les pépitos, vous allez bien ?

Alors alors, ce chapitre vous a plu ? Il vous a fait palpiter ? Le petit smack entre le Jikook... Le secret que garde Jungkook se fait de moins en moins solide... Cela prévoit que du bon pour la suite non ? ^^

Je vous remercie pour tout l'encouragement et la motivation que vous m'envoyez à travers vos messages et vos commentaires.

À la semaine prochaine pour la suite ! En attendant portez vous bien, je vous love très fort ♡