Espionnage
Un bruit m'extirpa de mon sommeil pourtant si profond. Enfin... pas un bruit, plutôt une mélodie. Etait-ce un songe ? Les notes s'accentuant je finis par me réveiller. Perdue dans mon grand lit, je repris mes esprits tendant l'oreille pour chercher d'où provenaient les sons. Assise sur le bord du lit, je sentis sous mes pieds l'épaisseur et la douceur de la moquette.
https://youtu.be/M-6S1mGAS3Y
J'esquissai un sourire me rappelant soudain où je me trouvais. Mon peignoir de coton blanc sur le dos faisant corps avec la décoration de la chambre, il aurait été facile de me confondre avec les murs, j'étais déterminée à résoudre ce nouveau mystère.
Qui pouvait jouer ainsi ? Lui ? Il était donc rentré. Je regardai ma montre ... 3H10.Ne pouvait-il donc dormir ? Avait-il oublié ma présence ?
J'arrangeai mes cheveux ébouriffés par mon début de nuit. Comme si j'allais le rencontrer. Pff Quelle idée!
Mais bon pour une première impression je prenais des risques. Ma curiosité l'emporta. J'ouvris la porte de ma chambre avec délicatesse, fort heureusement celle-ci ne grinça pas. Je passai la tête et vérifiai à droite puis à gauche. Le couloir était désert.
Je longeai le mur telle une voleuse ou une adolescente s'apprêtant à sortir en douce sans être surprise par ses parents. Ne connaissant pas encore la maison, je me laissai guider par la moindre note. Je traversais le couloir sur ma droite et reconnus l'escalier central. La mélodie venait donc d'une autre aile de la maison. Elle était apaisante.
Le couloir faisait office de mezzanine au dessous de laquelle se situait un magnifique piano à queue noir brillant sur un plancher en bois massif. Comme le reste de la maison, les murs étaient d'un blanc immaculé et je perçus quelques cadres avec des photos en noir et blanc, mais à cette distance je ne pus dire ce qu'elles représentaient.
Je m'approchai sur la pointe des pieds et m'arrêtai suffisamment près pour tenter de démasquer ce musicien mais je ne vis que ses mains. Belles, fines. Habiles. Mon cœur s'emballa pour ce joueur à la simple vue de ses doigts qui effleuraient avec douceur les touches ébènes et ivoires. Telle Pandore, je fus tentée d'en voir plus, de mettre un visage sur ces mains mais ce fut impossible. Il aurait fallu que je me penche davantage mettant en danger mon approche stratégique.
Je restai là, à écouter cette mélodie qui me rappelait une journée de printemps, je percevais la pluie, l'odeur de l'herbe mouillée et le bruit des gouttes sur le toit d'une maison en bois. Adossée au mur, je glissais le long pour m'asseoir et la tête sur mes genoux, je fermai les yeux pour me laissait guider par les notes qui me berçaient. C'était si beau, si parfait , aucune fausse note. Un morceau que je ne connaissais pas, une composition personnelle peut être. La musique ralentit, comme si la pluie venait elle aussi de s'arrêter. J'ouvris les yeux.
Avais-je fait du bruit sans m'en rendre compte ? La musique s'arrêta soudain. Ma respiration fit de même. Un sentiment mitigé de honte et de peur s'empara de moi et mes joues s'embrasèrent. Je me cherchai déjà une excuse car s'il montait l'escalier je n'aurais aucune échappatoire, aucune issue de secours ni même de porte dérobée. Je restai assise contre le mur attendant telle une condamnée, qu'on la juge.
Le silence devint pesant. On aurait pu entendre les battements de mon cœur de l'autre côté de la maison.
La musique reprit alors, douce, mélancolique presque triste cette fois-ci. Il ne la jouait pas de la même façon. J'aimais cette manière de faire passer des émotions au travers cette mélodie.
Je rouvris les yeux et soufflai lentement, soulagée de ne pas avoir été prise en flagrant délit d'espionnage. Je battais donc en retraite et regagnai ma chambre, regardant de temps en temps derrière moi. Je refermai la porte sans un bruit et sautai dans mon lit m'enveloppant dans ma couette sans même avoir pris la peine d'enlever mon apparat de camouflage . Je me mis à rire, me rendant compte du ridicule de la situation, le regard fixé sur la poignée de la porte.
Comme s'il allait venir ! Non mais franchement.
Je finis par me calmer et m'endormis paisiblement bercée par la délicate mélodie du piano que j'entendais au loin.
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