
Chapitre 2
Ashton
Il est sept heures trente pétante lorsque je grimpe dans une grosse berline aux vitres teintées. Jeff m'a donné quelques dernières recommandations avant mon départ et m'a expliqué qu'une enveloppe m'attendait dans le tiroir du bureau de ma piaule à l'université. Apparemment, elle contiendrait une partie de ma nouvelle vie. Sur le coup, ça m'a fait marrer. Nouvelle vie qui m'a été imposée, soyons clairs !
La caisse s'arrête sur la piste de l'aéroport privé de l'agence de protection pour laquelle je taffe et j'embarque dans un jet. Ce qui a encore une fois le don de me faire sourire. Qui aurait pu penser que moi, Ashton Atkins, délinquant récidiviste, volerais un jour en mode VIP ?
L'unique hôtesse présente dans l'appareil se plante tout à coup à côté de moi, puis me demande si quelque chose me ferait plaisir. Je lève un sourcil, lui adresse un sourire en coin, et la détaille, ce qui la fait rougir. Ton joli boule ? Je me rappelle les avertissements de mon référent et secoue la tête pour lui faire comprendre que je n'ai besoin de rien. Elle s'éloigne lentement et offre à ma vue ses courbes divines comme pour tenter le diable que je suis.
J'actionne le bouton de mon siège pour le faire basculer en arrière, ce qui m'offre cette fois une vue imprenable sur son petit cul, pendant qu'elle continue d'avancer. Je pouffe de rire et mes yeux glissent vers le hublot. Si cette nouvelle existence met à ma disposition ce genre de petit plaisir au quotidien, putain, je vais vite y prendre goût et kiffer grave.
Après trente minutes de vol, l'avion atterrit et je récupère mon sac. Lorsque je pose le pied sur la première marche pour descendre, le pilote me serre la main, puis l'hôtesse me tend la sienne. Je la saisis et sens qu'elle glisse un morceau de papier discrètement dans ma paume.
— À bientôt, Monsieur Atkins.
Un rictus étire le coin de mes lèvres et je la reluque une dernière fois avant de marcher vers la voiture qui m'attend sous le hangar. Je jette un coup d'œil au mot qu'elle m'a laissé. Elle y a juste inscrit son numéro de téléphone et je soupire avant de le balancer dans la première poubelle que je croise. Trop facile.
J'aurais très bien pu le fourrer dans ma poche pour plus tard. Un divertissement qui aurait très certainement été à mon goût, mais les filles trop accessibles, c'est pas mon truc. La concernant, rien qu'au premier regard qu'elle m'a adressé, j'ai lâché l'affaire. Elle est prête à m'offrir son corps, sans hésiter. C'est pas drôle, j'aime les choses plus amusantes et rien ne m'excite plus qu'une fille qui me résiste un peu. Une nana sauvage, rien de plus bandant. J'ai la dalle, c'est clair. Deux ans sans sexe pour un type comme moi qui ne jurais quasiment que par ça avant de me faire arrêter, c'est l'enfer. Elle aurait pu servir à éteindre l'incendie qui menace, mais quelque chose me dit qu'une fois sur place, j'aurais l'embarra du choix. Les filles à papa, sont pour certaines, plus difficiles à approcher.
Le chauffeur du gros 4x4 me dépose devant un portail métallique après une vingtaine de minutes. Je descends, récupère mon sac dans le coffre et le balance sur mon épaule. Une clope déjà coincée entre les lèvres, j'approche, tente d'ouvrir, mais il est fermé. Je remarque un interphone et appuie sur le bouton qui lâche une sonnerie, suivie d'une musique qui me met en attente. Je secoue la tête et soupire. Ils sont sérieux ? Rien que ça, ça pue le fric.
Après quelques secondes, la voix d'une femme retentit et me demande mon identité.
— Ashton Atkins, soufflé-je, en me penchant vers l'appareil pour qu'elle m'entende.
— Ho, Monsieur Atkins, nous vous attendions, je vous ouvre immédiatement.
Je ne réponds rien, zyeute le portail qui coulisse le long du mur qui entoure le campus, puis m'engage sur l'allée pavée. Une vraie forteresse. Ou prison, au choix. Putain, qu'est-ce que je fous là ?
Un grand bâtiment en brique me fait face, à quelques mètres et deux autres, aussi immenses se trouvent de chaque côté de l'allée que je remonte. Je pousse la lourde porte en bois et avance dans le couloir qui semble interminable. Objectif : trouver le bureau des admissions dans ce foutu labyrinthe. Ça me soule déjà, putain.
Après avoir tourné comme un con pendant plusieurs minutes, je repère l'endroit que je cherche, grâce à une petite plaque accrochée à la porte. Je frappe sèchement et une voix m'invite à entrer.
Je me pose sur la chaise et le type, assis derrière son bureau m'observe, curieux. Il me déballe tout le règlement sans que j'en écoute un traître mot et après m'avoir soulé, me donne mon emploi du temps. Je laisse échapper un soupir. Il me tend ensuite les clés de ma chambre et me demande de m'y rendre pour déposer mes affaires en précisant que j'y trouverais l'uniforme de l'université pour me rendre en cours. Je grimace. J'avais presque oublié ce détail. Va te faire foutre avec ton costume de premier de la classe.
J'ai laissé de côté les études depuis l'âge de seize ans. Traîner dans la rue était pour moi bien plus captivant. L'idée de devoir suivre des cours, me fout en rogne.
Au moment où je m'apprête à sortir de la pièce, le gars m'interpelle.
— Il serait plus convenable de dissimuler toutes vos... décorations, me conseille-t-il, l'air sévère en désignant vaguement mes avant-bras tatoués.
Je lève un sourcil. Il me prend pour un putain de sapin de Noël ou quoi ? Un rictus mauvais se pointe sur mes lèvres.
— Et pour ceux qui se trouvent sur mon cou, je suis censé porter une écharpe toute l'année ?
Il écarquille les yeux, apparemment pas habitué à ce qu'on lui réponde comme je le fais, puis me fait signe de la main de dégager et je ne me fais pas prier pour mettre les voiles.
Et en été, je devrais porter une doudoune aussi ? Quel guignol ce type. Des décorations. Sérieux, j'aurai tout entendu.
Je me marre tout seul en secouant la tête et ressors du bâtiment principal, pour me diriger vers celui des dortoirs des mecs. Je trouve la chambre 444 plus facilement que je ne l'aurais cru et balance mon sac sur mon lit. Enfin, si on peut appeler ça un pieu, ils sont encore plus petits que ceux du centre. À première vue, mon colocataire n'est pas là, mais est déjà bien installé. Rien d'étonnant, je débarque en plein milieu d'année. Je glisse la petite clé que m'a confiée mon référent dans la serrure du tiroir du bureau qui m'est réservé et récupère une grande enveloppe marron bien remplie. Je verse le contenu sur le bureau et fronce les sourcils en découvrant trois portes clés.
Je saisis la feuille qui les accompagne et la lis rapidement. Elle m'explique que l'une d'elles est censée servir pour ma voiture, l'autre pour ma moto et la dernière pour la maison. Une adresse est indiquée et Jeff me conseille de m'y rendre au plus vite pour découvrir les lieux. Mes yeux tombent sur un petit boîtier et je parcours le reste des lignes. Il s'agit de la télécommande qui permet d'ouvrir le portail du campus, afin de pouvoir accéder au parking privé de l'établissement, où je pourrai garer ma caisse.
Ma mission me paraît tout à coup plus kiffante. Dès que ma journée sera terminée, je compte bien aller découvrir la fameuse baraque.
J'ouvre mon sac pour ranger mes fringues dans mon armoire et découvre l'uniforme en question avec le blason du campus. J'attrape le cintre, l'observe et grimace. C'est vraiment à chier.
— Allez vous faire foutre, grogné-je.
Il termine en boule dans un coin du placard et je me déshabille, pour enfin virer le jogging du centre de formation. À la place, j'enfile un jean destroy noir et un t-shirt blanc oversize. Mes bras, couvert de tatouages, comme la plupart du haut de mon corps, ressortent par rapport à sa couleur, ce qui me fait sourire. C'est pas maintenant que je vais me cacher. Être sous couverture, ok, mais renier qui je suis vraiment, ils peuvent courir. Puis, il y a bien une section art ici, de ce que j'ai pu voir sur la brochure. Bah, je suis une œuvre d'art à moi tout seul ! Je peux même me dessaper pour poser et les laisser admirer s'il faut. Les go de la section artistique doivent être bonnes.
J'attrape le sac à dos posé dans le bas de l'armoire et l'ouvre. Bloc-note, stylo et tout ce qui me permettra de suivre les cours s'y trouve. J'attrape un crayon dans la trousse, le glisse dans la poche arrière de mon fute, puis range les clés qui se trouvaient dans l'enveloppe, dans le tiroir du bureau avant de le verrouiller.
Je claque la porte de la chambre derrière moi, puis redescends afin de rejoindre le bâtiment principal et trouver la salle où se déroule le cours que je dois suivre. Pas la peine de préciser que là non plus, je compte pas y mettre du mien. Je trouverai bien une occupation pour passer le temps.
Je sors le morceau de papier déjà chiffonné qui contient mon emploi du temps de la poche de mon pantalon pour vérifier que je me trouve en face de la bonne porte. Content de ne pas m'être gouré, j'esquisse un sourire fier.
— Ok, mec, soit le plus naturel possible.
Je pousse la lourde porte en bois qui grince et entre pour découvrir l'amphithéâtre. Putain, plus de monde tu meurs ! J'ai horreur des bains de foule. Je me fige et le battant que je n'ai pas retenu claque bruyamment dans mon dos. Tous les regards se tournent vers moi. Un peu plus et je jurerais que certains sont prêts à se planquer sous leur table comme si un terroriste venait de faire irruption.
— Fais chier !
Le prof lève le nez sur moi, me détaille et tous les étudiants semblent faire la même chose. Pour la discrétion, on repassera.
— Je ne suis pas sûr que les mots « Fais chier » soient de mise lorsqu'on entre dans mon cours, remarque le prof'. Bonjour à vous aussi, Monsieur... ?
Qu'il ne se plaigne pas, je suis resté poli. Ça aurait pu être bien pire. Puis, il se prend pour qui avec son chapeau, un cowboy ?
— Atkins, annoncé-je, de ma voix grave, alors que quelques filles gloussent.
De vraies dindes.
— Bienvenue, Monsieur Atkins, veuillez regagner une place libre, que je puisse continuer mon cours.
Une place libre, il est marrant lui !
Je scanne les rangs du regard, puis en repère une où je me glisse pour me retrouver entre deux gonzesses qui me sourient avec gourmandise. Là non plus, ça collera pas.
Je sors mon stylo de ma poche dans l'intention de faire croire que je prends des notes, sauf que sans feuille, je ne risque pas d'écrire grand-chose. La blonde à côté de moi qui remarque que je suis en galère en arrache une de son bloc-note et griffonne quelque chose sur le coin supérieur avant de la glisser sous mon nez. Je lève un sourcil. Un autre numéro de téléphone.
Je lui lance un regard qui semble la faire flipper, puis recouvre les chiffres de plusieurs coups de crayon pour lui faire comprendre que c'est mort. Elle murmure un connard avec son air outré, et instantanément, je lève mon majeur à son intention en lui souriant de toutes mes dents. Elle glisse un mot à sa pote de gauche qui se penche en avant pour me lancer à son tour une œillade d'incompréhension. Elles ne doivent pas avoir l'habitude de se faire recaler, mais je m'en branle.
Je suis censé suivre le même cours que la fille que je suis chargé de protéger. Je parcours la salle du regard pour essayer de la repérer, ayant en mémoire son visage grâce à la photo qu'on m'a donnée, mais ne la vois pas.
Le cours me fait grave chier et je ne capte pas un mot de ce que le cowboy raconte. Après plusieurs minutes, il se termine et lorsque je me redresse pour quitter enfin l'amphi', j'aperçois Ellyn. Elle discute et se marre avec une nana qui ressemble à celle de la photo où elle pose à côté. Sa meilleure amie et camarade de chambre, Mia.
Je tente de me dépêcher pour me glisser hors du rang, mais c'est sans compter sur les autres étudiants qui ne semblent pas pressés de quitter ce foutu cours. Ils discutent et échangent leurs avis sur ce que le prof a dit. Les gars ! C'est la pause, vous devriez déjà courir dans les couloirs !
— Putain, mais bougez, bordel, j'ai pas que ça à foutre !
Ils me dévisagent tous, ahuris, puis s'écartent pour me laisser passer. Je monte les marches quatre à quatre pour ne pas la perdre de vue, mais elle passe déjà la porte pour s'engouffrer dans le couloir. Une fois que j'y suis moi aussi, mon regard se perd dans la foule. Bordel, je l'ai perdue ! La règle numéro une va être bien plus compliquée à tenir que je le pensais.
Je dois remettre la main sur elle. Objectif : devenir son... Pote ?
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro