Petite visite à l'Armée A
Ils l'ont analysé de tous les cotés. Ils connaissent le moindre détail de sa vie, lu directement dans son cerveau. Et pourtant pas un seul membre de l'équipe neuro-chirurgicale hors de prix d'Alma (autre petit nom de Pam Rosewood) n'a réussit à guérir son amnésie.
A présent les spécialistes hésitent à le valider ou non : rien dans leurs test n'a révélé si ce fameux Chat, ex-flic encore dans les limbes floues séparant les justiciers des assassins, sera oui ou non un bon partenaire pour l'Armée A. Etant donné que des gens puissants et susceptibles les payent pour savoir ça, ils trouvent la situation très déplaisante.
Chat fait pencher la balance en sa faveur en adoptant le profil du partenaire idéal et surtout capable de se montrer généreux envers ceux qui donneraient un précieux coup de pouce à sa carrière.
« Ce qui me gêne, marmonne l'un des membres de l'équipe (avec leurs blouses blanches et leurs masques sur la bouche, Chat est incapable de les reconnaître), c'est ce réflexe de sauver Altran.
‒ Justement, c'est un réflexe ! Vous pensez vraiment que je sois le genre de gars à écouter ses réflexes quand un beau paquet est en jeu ? Ou la confiance de mes chefs ? Sérieusement ?
‒ Et le refus de l'autorité..., marmonne un autre (ou peut-être le même)
‒ Je suis créatif, ça fait partie de mes compétences. Je suis capable d'obéir.
‒ Ce n'est pas ce qu'indique ceci...
‒ Je suis sûr que les chefs en tiendront compte en me confiant des missions. Si on me laisse faire à ma manière, admettez que je suis un allié en or. »
Encore quelques marmonnements et oui, ils l'admettent. Sous le pseudonyme d'Elliott, le surinspecteur Crimian rejoint officiellement la branche la plus active de l'Armée A.
A condition bien sûr qu'il déjoue la surveillance des clones, amène Lynn Dlera à l'endroit indiqué et la tue de ses mains. Analyse mentale ou pas, Falor – son supérieur direct si jamais il réussit – croit aux bonnes vieilles méthodes de "faire ses preuves".
Chat retourne chez Mia. Lynn n'est pas au courant de plus de détails que la dernière fois et elle le suit sans mal lorsqu'il lui dit que la mise en scène est prête et n'attend plus que son actrice principale.
Il prend même la peine de dire adieu à Mia et de la remercier pour son hospitalité. Il lui laisse en cadeau des partitions de morceaux qu'elle a aimé, qu'il lui a écrit de mémoire sur son cahier de musique, avec une petite dédicace affectueuse. Maintenant que les barrages sont levés et les avis de recherche effacés il n'a pas trop de mal à semer l'équipe 5 (utilisant pour ça deux voitures volées, un couple acceptant de les prendre en stop, les égouts, un virus informatique dans les satellites de télésurveillance gentiment installé par un ami et un bouclier d'onde protégeant des pisteurs à ADN emprunté à un policier en service).
Il sait qu'en acceptant de lever les recherches Altran a pris ce risque qu'il leur file entre les doigts et qu'il l'a pris sciemment puisqu'il connaît très bien Chat et ses méthodes. Le jeune homme s'est juste donné la peine d'utiliser la manière forte là où la douceur aurait marché afin de ne pas laisser une piste de "coups parfaits". Tout indique que les clones ne remonteront pas jusqu'à lui.
Il se demande parfois de qui il peut bien être le clone, s'il croisera son original au détour d'une rue, si son modèle a été choisi pour le clonage à cause de ce talent si précieux ou si on lui a greffé ce sixième sens à la suite d'une expérience plus ou moins légale.
A part ça il évite de penser à son passé tel que l'a évoqué Altran, surtout à l'idée que tout ce qu'il connaisse comme famille soit l'équipe 5. Il ne veut pas laisser des souvenirs imaginaires influencer ses décisions.
Il a dans sa poche une paire de menottes bioniques. Une fois arrivés il les passe aux poignets de Lynn avant qu'elle ait eu le temps de protester. Elles sont crées pour agir directement sur le métabolisme.
Celles-ci sont réglées sur "abrutissement" – la femme d'affaire peut toujours marcher et même comprendre des ordres simples, mais son cerveau est enveloppé dans un cocon chimique qui la rend aussi réceptive au monde qui l'entoure que si elle n'avait pas dormi depuis une semaine.
Il la tient par l'épaule et elle le suit docilement. Ils sont entrés dans la cour d'un immense complexe hôtelier luxueux. C'est dans la cave que l'affaire doit se régler une fois pour toutes.
Si Chat avait eu son mot à dire, il leur aurait conseillé de laisser tomber les caves et les trous à rat, ça fait trop cliché et c'est mauvais pour l'image. Même si une fois sur place il doit admettre que l'endroit ressemble davantage à un centre d'entraînement de la NASA qu'à une cave et n'a vraiment rien d'un trou à rat.
Il passe encore deux tests, l'un mesurant ses intentions belliqueuses, l'autre s'il dit la vérité lorsqu'il raconte tout ce qu'il a fait pour semer les clones. Ils sont satisfaisants. L'un des soldats A veut prendre en charge sa prisonnière mais il refuse tranquillement, expliquant que c'est son test d'entrée, qu'il n'est encore qu'à l'essai.
Le soldat rit puisque Chat est autorisé à aller dans une zone où lui-même n'a jamais mis les pieds, le saint des saints, réservé à l'élite de l'Armée A et à leurs contacts haut placés. Tous ceux qui le croisent trouvent tout à fait normal qu'il soit recruté à de hautes fonctions dans leur organisation.
Il a l'air tellement assuré et impitoyable, on sent dans son attitude une force brute à peine tempérée par une intelligence froide et presque inhumaine. Quoiqu'en disent les tests, les soldats seraient incapables de croire qu'en ce moment Chat lutte contre lui-même, à moitié mort de peur.
Il entre en tirant Lynn doucement derrière lui.
Ils sont six à le fixer. Pam Rosewood est parmi eux. La porte blindée se referme derrière Chat et sa prisonnière.
« Je pense que vous avez mal compris, grince un homme sec vêtu de gris. Personne ne vous a demandé d'exécuter votre prisonnière sous nos yeux – vous auriez dû faire votre sale boulot ailleurs. »
Chat le regarde, puis il regarde chaque personne dans la pièce, droit dans les yeux, l'un après l'autre. Il paraît perdu dans ses pensées.
Il a dans la poche une petite bille noire qui une fois déclenchée dispense un gaz soporifique très puissant. Personne n'aurait rien pu dire contre cette présence dans sa poche. Après tout, il tente des choses dangereuses avec des gens dangereux, il faut bien qu'il sache se défendre.
Par contre ses interlocuteurs auraient sans doute beaucoup à redire contre la présence, dans son autre poche, d'un neuroscan semblable à celui qui a sondé ses maigres souvenirs dans l'autre laboratoire. C'est d'ailleurs là qu'il l'a volé.
Cette petite machine se branche directement sur la moelle épinière pour informatiser chaque instant vécu par une personne et a valeur de preuve pour la police.
La petite bille noire tombe au sol et rebondit. Trois fois. Elle clignote en rouge – signe qu'elle est déclenchée et envoie en ce moment même un paquet de personnes tout droit au pays des rêves. Chat se met alors au travail.
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