Deux cappuccinos, une légère odeur de tabac et les rayons du soleil qui s'étalaient sur la terrase d'un café. C'était tout ce qu'il fallait à nos deux policiers après ce procès plus qu'éprouvant.

-Ça va un peu mieux ? Demanda son collègue en sirotant sa mixture. Je sais que pour toi les instances sont éreintantes.

-Oui. Le café apaise les esprits.

-Tu t'en veux toujours pour ce qui est arrivé à Kelly ?

-Toujours.

-Tant que tu ne me tues pas au bal de fin d'année. Ça devrait aller. Plaisanta le blond.

Harley eu un léger rire.

-Et toi ? J'ai appris que tu as été rétrogradé.

Il posa sa tasse avec un soupir. Pendant des mois, la police des polices l'avait questionné, surveillé et accusé. Ils avaient fait leur propre enquête, tout pointait du doigt le jeune enquêteur.

-J'ai eu de la chance. J'aurais pu perdre mon travail. À la place, l'IGPN m'a envoyé à la police générale.

-Ton air macho va me manquer.

Harley avait quelques regrets en attrapant sa tasse. Sam, lui, était plutôt confiant.

-Je ne suis pas mort, pas encore. J'aurais juste à refaire mes preuves et à repasser une formation. Je reviendrais très vite t'emmerder.

Le visage de sa coéquipière se para d'un sourire.

-Y'a intérêt ! Tu te rends compte que Alain veut me mettre avec Paul ? Paul quoi !

-Il est plutôt beau gosse. Plaisanta son ami.

-Il est insupportable oui ! Hautain et ennuyeux à mourir.

-Moi ça va tellement me faire des vacances de ne plus t'entendre !

-Connard.

Ils explosèrent de rire sous les regards interrogateurs des autres clients du café. Après tout, ils ne passaient pas inaperçus dans leurs costumes et leurs façon de parler. Petit à petit, la tranquillité reprit sa place sur la grande terrasse.

-Sam ? Tu en penses quoi de Carla ?

Il déposa son cappuccino en réfléchissant.

-Je pense que c'était une gamine qui aimait la vie, ses amis et sa famille. Une fille sans histoire qui a mal tournée.

-À quel point une fille "normale" peut tomber dans la folie ? Je veux dire, des gens comme nous... Comme... Enfin, avec le travail que nous faisons... Il serait normal qu'on pète un câble et qu'on tire sur tout le monde. Mais Carla ? Elle est devenue si froide, si effarouchée, si sûre d'elle-même.

-Tu sais Harley. On est tous différent. Est-ce qu'on a déjà tué quelqu'un ?

-Non jamais.

Il prit une posture assurée, entremêlant ses doigts.

-Tous le monde ne tue pas par vengeance.
Carla a eu une sacrée malchance. Mort d'un proche, trahison, le monde sur lequel elle gravitait a disparu. Soudainement, elle se réveille d'un rêve. Carla était tombé dans une réalité effrayante. Tout ce qu'elle avait connu, était différent. C'est beaucoup pour une gamine de son âge. Peut-être qu'elle et son amie avaient moins de force de caractère ou d'esprit. Enfin, je suppose, je t'avoue que je ne suis pas psy pour le déterminer. Mais tous le monde ne peut pas réagir de la même façon face à des drames. Certains tuent, d'autres s'écroulent, d'autres oublient et encore d'autres se relèvent.

La brune marmonna dans sa main.

-Si les gens avaient moins pensé à leurs intérêts...

-Mais elles aussi ont pensé de cette manière. Je ne crois pas qu'elles aient demandé l'avis de la mère de Thomas.

-C'est vrai. Par contre, Carla a beaucoup été là pour Maelle. Remarqua la policière. Elle lui a demandé de prendre la fuite pour que toutes les charges lui reviennent.

-Je pense que c'est parce que Maelle était la seule personne qui l'avait vraiment écoutée.

La jeune femme hocha la tête. Un léger vent fit secouer les restes de café, rafraîchissant l'atmosphère.

-Tuer n'a jamais été une solution. Conclua le blond.

-Non jamais. Tuer fait plus de mal qu'aimer.

L'enquêtrice plongea son regard dans le paysage, perdue dans ses pensées.

-Le monde ne tourne pas rond.

-Toi non plus, tu ne tournes pas rond.

Elle se retourna vers lui avec un demi-sourire.

-J'espère que tu seras dans une brigade de femme.

-Et toi j'espère que tu seras avec Paul.

Harley leva sa tasse en direction de son ami.

-À notre enquête et à nos nouveaux collègues ?

-Tchin tchin.

Ils entrechoquèrent leurs tasses entres elles et passèrent le reste de la journée dans une humeur plus sereine. Malgré les difficultés, l'enquête était terminée et ils étaient sûrs d'une chose. ils aimaient profondément leur métier.