*M. Pedro*
Monsieur Pedro en plus d'être un homme maigre avec une légère tendance à s'habiller en violet aubergine, ce qui n'allait pas du tout avec ses cheveux gris ébouriffés, est un homme au regard hautain et qui avait la manie de jouer avec son bracelet en argent, ce qui agaçait la policière.
-Votre nom et votre profession ?
Combien de fois avait-elle posée cette question ce soir ?
-Monsieur Pedro, je suis professeur de littérature contemporaine et le professeur principal de la promo de Carla.
-Hmm. Et, comment décriveriez-vous Madame Garneur ?
-Calme, très calme et appliquée dans son travail.
Comme tous les élèves, l'enquêtrice se demandait si on ne se fichait pas d'elle à force.
-Vous êtes sûr ? Il me semble que Carla avait perdu son frère ce 2 avril.
-Oui. C'est vrai, que quand j'y repense, sa mort a été une forte perte pour notre élève. Elle est revenue en classe le lendemain.
-Est-ce que vous lui aviez parlé ?
Un tic se forma sur son visage.
-Pourquoi aurais-je dû lui parler et de quoi ?
-De la mort de son frère ? Ça aurait pu influencer sur ses notes.
-Voyons. Je suis professeur. Pas parent ou assistante sociale. Ma seule fonction est d'enseigner.
-Je vois.
Une belle image de l'éducation nationale.
-Pouvez-vous me décrire Carla juste après l'événement ?
Le 3 avril, M. Pedro mit un temps fou à régler le rétroprojecteur qui était censé projeter son diaporama, qu'il avait, bien évidemment, terminé la veille. Les élèves rentraient et s'installaient dans un bruit fracassant. M. Pedro se tourna vers sa classe, observant les visages des élèves déjà présents et comptant dans sa tête les élèves déjà en retard. Après quelques minutes de galère, il a réussi à allumer son diaporama.
-Très bien, n-
Il fut coupé par le bruit de la porte. Mademoiselle Garneur était sur le pas, les vêtements et les cheveux en bataille, essoufflée. M. Pedro la regardait de la tête en bas, elle ne s'était sûrement pas levée du lit. Mais il était étonné, car Carla était toujours la première arrivée.
Elle s'étala sur la table comme une carpe. Exaspéré, M.Pedro reprit son début de cours, avant d'être interrompu par deux autres retardataires.
Le cours dura deux bonnes heures où le professeur tenta de faire comprendre la beauté de la littérature contemporaine à ces adolescents écervelés. À la fin de ce long monologue prosaïque, les élèves partirent dans le même son euphorique qu'à leur arrivée.
-C'est tout ?
La policière coupa la rêverie du professeur.
-Oui. Vous vous attendiez à quoi dans une salle de classe ?
Elle se doutait qu'il manquait quelque chose à son histoire.
-Ce sera tout.
Elle se lève et se dirige vers le couloir, fatiguée, c'était son dernier interrogatoire. Dès qu'elle aurait rédigé un long dossier, elle rejoindrait son collègue qui était déjà sur le lieu de l'incident.
La nuit allait encore être longue.
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