*Le meilleur menteur*
Après ce détour, les deux policiers déposent Cathy chez elle. Ils se mettent d'accord de passer la soirée à faire un point sur l'enquête dans l'appartement de Sam. Après avoir attendu de longues minutes dans les bouchons à cause d'une manifestation contre les violences policières, ils arrivent enfin devant l'immeuble, simple, à l'image du jeune homme.
Ils montent à l'étage et déposent leurs affaires, l'enquêteur habite dans un simple studio, excessivement propre, avec un canapé au centre de la pièce et une petite cuisine, une fenêtre offre une drôle de vue sur le bâtiment d'en face. Même le bric à brac sur la cheminée est rangé avec une précision déconcertante. Jacot, le perroquet, se pose sur l'épaule de son maître en chantonnant gaiement. Sam caresse son plumage gris cendre et invite sa camarade à s'asseoir sur le fauteuil.
Rapidement, les deux policiers se font couler un café et rassemblent tous les éléments de l'enquête contre le comptoir de la cuisine, juste en face du canapé. Ils avalent entre temps un sandwich sans grand appétit. Une fois le travail de fourmis terminé, il était temps de décortiquer la moindre information les menant vers la vérité tant recherchée.
-Bon, on a beaucoup de choses, mais il y en a très peu qui sont vraiment concrètes.
Harley est en pleine réflexion, mâchouillant un feutre noir. Son camarade prend du recul, ils ont là un bon méli mélo de témoignages et d'indices et il n'y a qu'une seule façon de faire le trie, une seule façon de ressortir l'essentiel. Tous les deux l'ont bien compris et le pragmatique pointe du doigt le portrait de la mère de Thomas.
-Menteuse.
Harley note le mot sur un papier puis le colle en dessous de la photo du témoin. Cette fois, Sam pointe du doigt l'image des parents de Carla.
-Menteurs.
Harley réitère l'opération et le manège continue, le doigt du jeune homme passant d'un portrait à l'autre avec toujours le même mot en bouche : "Menteur", "Menteuse". Le manège se termine par la photo de Carla qui n'échappe pas à l'annotation. Seul la photo de Maelle, d'Alex et de Kévin ont évités de passer sous le jouc des policiers. Sam sourit, les bras croisés.
-Nous avons là un beau lot de mensonges.
Sa collègue hoche la tête en faisant tourner entre ses doigts le feutre.
-Il y a aussi des vérités, mais chacun c'est amusé à transformer ou à modifier des passages pour son propre intérêt.
-Harley, je sens qu'on se rapproche de la solution. Il faut juste qu'on démêle le faux du vrai.
Un regard complice s'échange entre la jeune femme et son ami, un certain soulagement l'envahi, ils en avaient presque finit.
-Ça te dit de retrouver le meilleur menteur ?
-Je suis sûre qu'avec ton esprit étriqué, tu n'y arriverais pas. Dit Sam avec une voix légèrement malicieuse.
-Ha ? Tu crois ? Je vais te montrer qu'une femme sait aussi réfléchir !
L'amusement se glisse sur le visage du policier.
-C'est ce qu'on verra.
À deux, ils s'accroupissent près du comptoir et commence à observer leurs notes d'un œil attentif, rajoutant encore des commentaires sur le mur déjà trop remplis, ils bougent par ici et par là certains éléments et échangent de brèves paroles pour savoir s'ils sont en accord avec tel ou tel événement.
Après quelques heures et plusieurs tasses de cafés vident, le mur ressemble sous toutes les coutures à un cliché de théorème de mathématiques, il faut dire qu'il peint un tableau bien complexe, une composition de notes, de photos et de papiers officiels. Les deux amis sont accroupis, concentrés à se récapituler une dernière fois tous les évènements qui se sont déroulés depuis le début de l'enquête.
-Je pense qu'on a résolu la plus grosse partie de l'énigme. Annonce Harley dans un souffle.
-Je suis d'accord. Mais il nous manque un élément et le plus important.
-Les preuves. C'est à dire la boîte.
Un sourire se dessine sur le visage de Sam.
-Et un aveu. Je pense que la boite, on la trouvera très bientôt.
-Je l'espère.
La policière se relève et s'étire, plus loin, Jacquot chantonne sur une lampe de chevet bleu gris. Son regard se perd vers la fenêtre qui dessine dans la nuit, la forme de plusieurs nuages annonçant peut-être une grosse pluie.
-On devrait se reposer. Il se fait tard. Dit-elle.
Sam commence à débarrasser les tasses et à nettoyer la table, avec un peu trop d'exagération.
-Oui. Tu peux dormir sur le canapé. Je prendrais le fauteuil.
-Je ne suis pas si grosse ! Je peux te faire une place !
Haussant un sourcil, il passe devant elle, tasses à la main, en la regardant de la tête aux pieds.
-Pas grosse, pas grosse, mais pourtant...
-Tais toi ou je retire mon offre.
Tandis qu'elle prend des photos du mur avec son téléphone. Il range les tasses sans faire la moindre remarque et déplie le clic clac. En repassant devant le mur il finit par dire :
-Alors ? Selon toi, qui est le meilleur menteur ?
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