Quelques mois plus tard, le jour du procès arriva. Nos deux acolytes s'étaient bien apprêtés pour assister au dernier acte de l'enquête. Une foule s'amassait déjà pour rentrer dans l'énorme palais de justice qui se dressait juste en face du parc. Sa figure imposante rappelait à tous que la loi n'était jamais bien loin. Harley prit une grande inspiration, elle n'aimait pas cet endroit. Mais elle était bien obligée d'y assister.

-On y va ? Lui dit son ami.

Elle hocha la tête et ils marchèrent jusqu'à la grande entrée.

Le hall était en ébullition, des personnes dans de longues tuniques faisaient des aller-retour. Il y avait une cacophonie monstrueuse. Après un certain temps d'attente, ils entrèrent dans la cour de justice et s'installèrent à leurs places. Le juge, les jurées et les avocats arrivèrent. Harley se sentait flotter, à moitié présente. Elle revit la face sombre du juge, son amie sur le banc des accusés et le procureur la pointant du doigt. Le marteau s'abbatit.

"Kaily Warens, je vous déclare coupable du meurtre de Jeremy Yuns."

À l'époque, elle avait crié, mais rien ne pouvait empêcher le marteau d'imposer sa sentence.

-Harley, ça va commencer. Chuchota Sam, la faisant revenir à la réalité.

Depuis la sanction de Kaily, elle voulait absolument contrôler tout dans son quotidien et cette cour de justice la mettait à chaque fois dans une transe phénoménale.

Les accusées entrèrent, Carla et Maelle n'étaient plus les filles qu'ils avaient interrogées il y a de cela quelques mois. Elles étaient un peu plus maigres, un peu moins jolies et un peu plus tiraillées par les journées en prison. Des pleurs se firent entendre, à quelques mètres, leurs parents ne pouvaient que les observer, impuissants. Les policiers eurent de la peine pour ces familles brisées. Le procès débuta...

Ce fut deux longues heures qui ponctua l'instance. Toutes les preuves étaient à la charge des deux coupables. Leurs avocats ont dû plaider les troubles dont elles souffraient pour alléger la peine. Ce fut un débat sans relâche entre le procureur et les avocats de la défense. À la fin, la sanction fut claire, elles étaient soumises à une peine de soixante année avec la possibilité d'une remise de peine. Les cris des familles déchirèrent la salle et la mère de Thomas eu un soulagement amer. Elle était heureuse que la mort de son fils eu justice, mais triste pour la sentence de ses deux anciennes amies.

Les filles eurent quelques mots de regrets, pas envers Thomas, mais envers l'entourage. Elles avouèrent avoir agit sous l'impulsivité et la haine qu'elles avaient envers l'égoïsme autour d'elles.

En les regardant disparaître, Sam eu de la pitié et une pointe de regret. Elles auraient pû mener une vie heureuse, pleine de succès, mais leurs choix en avaient décidé autrement. Harley, elle, se demandait comment deux filles pleine de vie pouvaient en quelques jours à peine devenir des tueuses organisées, tourmentées.

C'était réellement la fin. Le rideau venait de se fermer et les spectateurs commençaient à s'en aller. Ariane, accompagnée de Lou, se dirigea vers les deux policiers, essuyant prestement les larmes qui avaient coulées avec un mouchoir.

-Je ne vous remercierai jamais assez de tout ce que vous avez fait. Sans vous, mon fils n'aurait jamais eu la paix. Je sais que ce n'était pas un bon garçon... Mais il ne méritait pas... Enfin... Vous voyez... ?

-Oui. Je suis heureux que vous soyez soulagé. Dit Sam en posant sa main sur son épaule, ce qui surprit sa collègue.

Pour lui, son travail était avant tout de rétablir la vérité et rien de plus.

-J'espère que chacun d'entre nous arrivera à revivre malgré tout. C'est en se laissant emporter par un trop d'émotions négatives qu'on finit par devenir comme ces deux jeunes filles.

Elle leur fit un sourire triste et s'en alla. Désormais, il fallait du temps à tous pour se reconstruire. Les deux policiers sortirent à l'extérieur, le vent frais les soulagea, il fallait maintenant tourner la page.

-On se prend un café ? Demanda le blond, voulant que le procès ne gâche pas le reste de la journée.

-Aller, c'est toi qui paye. Sourit son amie encore un peu hébétée.

-Rêve toujours gonzesse. Fit-il avant de partir prestement vers la voiture sous le regard outré et amusé de son amie.