Alors que Sam continue de chercher des pistes, il envoie un message à Harley pour lui demander de trouver une activité dans l'école ou dans la vie de Carla en rapport avec les fléchettes.

Harley ouvre son téléphone pour faire des recherches sur le site de l'école. Après quelques clics rapides, elle atterrit sur une page expliquant la magnifique vie étudiante de la FAC. Notre enquêtrice se disait intérieurement et avec humour qu'un meurtre aurait pu être inclus dans la liste d'activité du campus.

Trouvé, c'était facile, une belle photo montrait en gros plan une cible dans la salle de repos des étudiants.

Elle s'imagine Carla jouer avec ses amis, fière de gagner les parties, belle, charmante. Une vie d'étudiante banale.

Au fond, elle aurait pu être sa fille, même si elle n'avait jamais eu d'enfant, Harley souhaitait en avoir, mais elle avait trop peur que son travail s'insurge dans sa vie de famille.

Après une énième tasse de café, Harley demande à ce que l'on fasse rentrer l'accusé pour un second interrogatoire. En entrant, la jeune fille était toujours aussi calme, froide et fermée. Harley lui tendit une barre chocolatée.

-Je sais très bien que vous me donnez ça pour me mettre en confiance.

-Oui et aussi parce que la bouffe ici est dégueulasse.

Carla eut un rictus de rire. Harley s'assoit sur la chaise et lui montre sur son téléphone les photos que lui avait envoyées Sam.

-Carla, pourquoi as-tu tué Thomas ?

-C'était un con.

-Un con ne mérite pas forcément une flèche empoisonnée dans le bras.

-J'aurais dû la lui mettre dans le cul.

-Ce n'est pas la réponse que j'attends de ta part.

-Thomas a été un crevard avec moi et Maelle, il est sorti avec, lui a promis Mont et Merveilles, puis il l'a trompé avec Lou.

Un homme qui changeait de copine comme de chemise ? Harley en avait connu des tas. Ces hommes-là entraient dans une vie pour nourrir leur égo et profiter un maximum des avantages, avant de partir voir ailleurs. Il faut dire que Thomas Yu avait la face d'un ange.

-Et tous les autres ? Ceux que tu as agressés avec des lampadaires et un couteau ?

-Ils étaient aussi insignifiants que Thomas.

-Et ton frère ?

-Quoi mon frère ?

-Ton frère. Comment te sentais-tu après ce qui lui est arrivé ?

Le regard de Carla se perd dans le vide. Harley pouvait ressentir les émotions qui la traversaient juste en la voyant : amour, peur, colère, tristesse, impuissance. Mille mots ne pouvaient pas décrire la douleur de perdre un frère.

-J'étais envahi par la douleur... C'était ma faute... Il était avec nous. J'aurais dû rentrer avec lui, plutôt que de le laisser partir seul.

-Tu ne savais pas.

-J'aurais dû savoir ! Ce n'est pas parce que tu es un homme que tu ne peux pas te faire agresser dans la rue !

-Je comprends.

Carla semblait revoir dans sa tête le visage heureux de son grand-frère. Sa sûreté disparut en quelques instants pour laisser place à une fillette fragile, instable et perdue. Le côté protecteur d'Harley avait envie de la prendre sous son aile, de la soutenir, de lui dire qu'elle pouvait lâcher prise. Mais elle était une tueuse et une agresseuse dont il fallait extirper la moindre vérité.

-Parle-moi du moment, avant que ton frère se fasse tuer.