Chapitre 2
~•~
"Merci d'être honnête avec moi."
Tsunade-Sama -dont il venait d'apprendre son statut de cinquième Hokage-, était la seule qui ne l'infantilisait pas depuis qu'il s'était réveillé.
"Je dois bien admettre que dans toute ma carrière, je n'avais jamais vu ça."
C'était pas très rassurant.
"J'avais fait un deal avec Naruto quand on s'était rencontré. Dit-elle après un silence. J'avais perdu foi en ce qui m'entourait. Plus rien n'avait d'importance autour de moi. Mais il a rendu l'impossible possible, et maintenant c'est à mon tour."
Naruto. Iruka avait la douloureuse impression qu'il lui échappait sans savoir comment. Sa mémoire était ce qu'il possédait de plus précieux. C'était ce qui faisait brûler en lui la flamme de la volonté et il se préférerait mort plutôt que ignorant.
"Vous pensez réellement pouvoir me sauver ?"
Le ton de la princesse changea soudainement, un rictus hautain s'éleva dans la pièce.
"Hm, à qui crois-tu t'adresser, gamin. C'est pas un morceau de chakra dans un cerveau qui va m'arrêter aujourd'hui."
Iruka n'ajouta rien. Il n'avait pas envie de contrarier la petite fille du Premier. Après un silence, il fit vagabonder son regard sur ce qu'elle tenait entre ses mains.
"Vous tenez un livre depuis tout à l'heure, nota-t-il. Est-ce qu'il a un rapport avec ce qui m'est arrivé ?"
Au lieu de lui répondre, elle lui tendu le livre pour qu'il le regarde de plus près et lui demanda:
"Est-ce qu'il t'évoque quelque chose ?"
Même en se concentrant, Iruka peinait à y trouver quelque chose de familier. Il tendit sa main valide pour le prendre.
"J'ai l'impression que... que je devrais savoir ce que c'est. Mais en même temps... je n'en ai aucune idée. C'est peut-être... la forme du livre. Il est usée et épouse parfaitement les contours de mes doigts."
Il continuait de l'inspecter en le feuilletant. Tsunade l'observait avec inquiétude. Elle s'attendait à ce que peut-être il eusse du mal à le lire, mais de là à ne pas le reconnaître...
"Le troisième t'avait confié la tâche de le traduire avant l'examen chunin."
Iruka opina, c'était un dialecte ancien qui ressemblait à l'un de ceux de l'est du Pays du feu qu'il maîtrisait.
"Je reconnais quelques mots, mais le sens global m'échappe. Est-ce que je suis censé le comprendre ?"
"Tu as beaucoup travaillé dessus ces derniers mois, répondit Tsunade."
Elle donnait très peu de détails, remarqua Iruka.
"Est-ce qu'il a un rapport avec... ce qu'il m'est arrivé ?"
"Il y a des chances, évinça-t-elle en reprenant le livre. Il a été volé pendant l'examen Chunin. Puis Suna nous l'a ramené à genoux en priant pardon. Sauf que de nombreux ninja ont déserté Suna depuis le renforcement de notre alliance et Konoha a besoin de savoir ce qu'ils ont pu en tirer. C'est pour quoi moi aussi je t'avais donné la mission de le traduire."
Ca ne répondait pas franchement à sa question, mais Iruka se cantonna à sa réponse en hochant la tête. En tant que linguiste, il était l'un des seuls à maîtriser les vieux dialectes du pays du feu et probablement le seul à comprendre ceux de l'est.
"Je suis désolé, je n'ai rien compris à ce qui était écrit. Je comprends pourquoi vous voulez me sauver à tout prix maintenant."
Il reçut un coup de livre sur la tête et poussa un cri désinvolte. "Eh !"
"Bien sûr que la traduction de ce bouquin est vitale pour la sécurité de Konoha. Il n'empêche que de te sauver l'est encore plus. Tu es apprécié de tout le monde ici, pour qui on me prendrait si je laissais mourir Iruka-sensei, hein ?"
Il se frotta la tête en décrochant un sourire. "Je suppose que je peux reprendre le travail pendant que ma tête fonctionne encore ? Ma main droite fonctionne parfaitement, et je peux quand même tourner les page avec l'autre ! Dit-il en soulevant sa main bandée."
La Cinquième prit le temps d'y réfléchir. Le professeur avait besoin de repos, mais stimuler ses cellules cérébrales serait probablement bénéfique pour freiner le chakra parasite le temps qu'elle trouve une solution. Et puis, ils avaient vraiment besoin de savoir ce qu'il y avait dans ce fichu bouquin.
"C'est d'accord, affirma-t-elle. Mais pas plus de deux heures par jour divisés en deux séances. Les examens quotidiens prennent déjà un temps fou et il doit te rester du temps pour te reposer et recevoir de la visite."
"De la visite ? S'exclama Iruka avec joie et Tsunade hocha positivement le menton."
"Et je vais envoyer une infirmière t'amener le nécessaire pour te mettre au travail."
"Merci infiniment, Tsunade-Hime."
Il inclina sa tête en guise de gratitude. La Hokage lui offrit un sourire et tourna les talons vers la porte.
"Est-ce que je peux vous poser une question avant que vous ne partiez ?"
La cinquième leva un sourcil dans sa direction.
"Est-ce que j'aime quelqu'un ? Je veux dire... dans le sens romantique ?"
Ce n'était pas une bonne idée que de lui dire la vérité. D'autant plus qu'elle n'était pas censée être au courant de la relation que Kakashi et lui entretenaient. Lui mentir ne la ravissait pas non plus. Elle feint alors l'ignorance en répondant :
"Je l'ignore, Iruka. Tu as toujours été célibataire aux dernières nouvelles."
"Je vois, répondit-il avec un air déçu."
Elle hésita avant d'ajouter :
"Mais peut-être que personne n'est au courant et que cette personne veindra te voir bientôt."
Ca, Iruka peinait à y croire.
Il sursauta quand il entendit la porte de sa chambre se fermer. Le calme commençait à devenir effrayant.
Heureusement qu'il allait recevoir de la visite.
Pourquoi ça lui faisait peur, ça aussi, soudain ?
~•~
"S'il se souvient de l'examen chunin pourquoi ne se souvient-il pas du bouquin ?"
Kakashi perdait rarement patience. Mais il avait l'impression qu'ils tournaient en rond pendant que la tâche grandissait à une vitesse effrayante.
"Je n'en sais rien ! Répondit-elle, agacée. Et ça lui coûtait de le dire. Quand il s'agit de mémoire, poursuivit-elle, c'est toujours incertain. Et encore plus quand un chakra Doton s'amuse à coloniser le cerveau de mon patient !"
Il laissa échapper un soupir. Il avait proposé d'étudier Iruka avec son Sharingan mais la vieille Akiko Hyuga lui avait rigolé au nez. Le jour où le Sharingan surpassera le Byakugan en terme examen médical n'est pas arrivé, avait-elle claqué. Il avait haussé les épaules, indifférent à la remarque. Il s'en fichait pas mal de la guéguerre entre les Hyuga et les Uchiha. Lui, ce qu'il voulait, c'était être utile et sauver la personne qu'il aimait.
Cela faisait des jours qu'il traînait dans le département Diagnostic de l'hôpital. Tous les internes s'extasiaient devant le cas exceptionnel qu'était Iruka comme s'il était une bête de foire et aucun n'était fichu de proposer ne serait-ce que l'embryon d'une solution. Kakashi se retenait d'en prendre un pour faire valser les autres.
"Je vois, dit-il avec contenance à Tsunade non sans avoir fusillé du regard un rouquin qui osait avoir des étoiles dans les yeux à la vue des radios du Sensei."
Heureusement, il avait du sang froid.
"Qu'est-ce qu'il fait la lui d'abord ? S'insurgea ledit nterne en le désignant du doigt. On se donne à fond et lui il fait que râler et n'est même pas médecin. Il sert à rien."
Mais il avait aussi des limites.
"Ah, parce que tu sert à quelque chose toi peut-être ? Dit-il froidement d'un regard de travers. Parce-que jusqu'ici à part te disputer Iruka-sensei avec tes camarades pour en faire ton sujet d'étude, je t'ai pas entendu proposer quoi que ce soit d'intéressant."
"Répète un peu ?"
Kakashi sursauta quand son col fut attrapé par deux mains vigoureuses.
"Je serais toi je lâcherais l'affaire tout de suite, menaça Kakashi d'une voix molle. Il était fatigué."
"Ce n'est pas parce que tu es Kakashi au Sharingan que tu possèdes le droit de mal me considérer !"
La force de ce gamin malgré sa poignée était risible. Kakashi attrapa son poignet et exerça une pression assez forte pour inciter le gamin à le lâcher. "En voilà une façon de t'adresser à tes aînés, souffla-t-il avec lassitude."
Mais au lieu de lâcher prise, le rouquin resserra plus fort son emprise et colla son front au sien.
"Je m'en fou de ce mec avec le cerveau qui déconne ! Cria-t-il. Mais c'est moi qui le sauverait. Moi. Et. vous. me. gênez."
Kakashi en eut le souffle coupé. Rares étaient ceux qui osaient lui tenir tête et encore moins les bambins. Que ce soit pour son statut de fratricide, de sang pitié ou bien encore son visage caché, les étrangers à son cercle rapproché avait toujours au moins une raison de le craindre. Ce gamin lui rappelait Naruto. A un détail près.
"Tu ne te soucis pas de tes patients, dit-il en resserrant son emprise sur son poignet. Tu manque de respect à ses proches qui s'inquiètent, par pur égocentrisme. En plus de cela, tu considères tes alliés comme des obstacles à te débarrasser."
L'air en devient presque palpable tant Kakashi était sérieux. Le gamin ne se laissait pas impressionner pour autant, mais Kakashi ne cherchait pas à l'impressionner.
"Tu n'es pas digne d'être un ninja. Ni même un médecin."
"Je n'ai rien à recevoir d'un fratricide, lui cracha-t-il en réponse."
Il était temps pour la Hokage d'intervenir. Elle savait que Kakashi perdait rarement son sang froid mais il habitait en lui une fêlure et elle voyait ses mains commencer à trembler.
Elle racla sa gorge pour les faire revenir à eux-mêmes. Ils étaient devenus le centre d'attention du reste de l'équipe. Quand leurs regard se tournèrent vers elle, elle désigna la porte du doigt.
"Kakashi, va prendre l'air."
Il en avait besoin de toute façon. Avec dextérité et sans aucune rudesse, il se défit de l'emprise de l'apprenti médecin qui retenait difficilement un sourire vainqueur. Il salua son Hokage respectueusement avant de s'évaporer dans un tourbillon de feuilles.
"Ce n'est pas un duel, gronda la cinquième quand Kakashi eut quitté la pièce. Toi aussi tu vas aller prendre l'air et te remettre les idées en place."
"Mais- Il- Tsunade-Sama...geint-il."
"Je n'ai pas besoin de pleurnichard sous mes ordres. Et je ne laisserais pas un avorton parler si mal d'un de mes meilleurs hommes. Tu vas aussi t'excuser."
S'excuser ? "Mais, c'est lui qui-"
"Il a raison, coupa-t-elle. Je suis d'accord pour dire que tu es l'un des meilleurs internes et c'est pour ça que je t'ai intégré à cette équipe de crise. Mais Kakashi a raison. Il te manque quelque chose pour être médecin ninja."
"Dites-le moi, je ferai tout pour être le meilleur, Tsunade-Sama !"
Elle souffla, puis désigna la porte du doigt une nouvelle fois.
"C'est quelque chose que tu dois découvrir par toi-même. Maintenant hors de ma vue et va t'excuser auprès de Kakashi. Vous allez devoir apprendre à travailler ensemble."
Il grogna et dut se contenir pour ne pas claquer la porte derrière lui. Qu'est-ce qu'il lui manquait pour être un médecin ninja hein ? Fils de civil, Il avait toujours donné le meilleur et été le meilleur, premier de sa classe à l'académie, premier au concours d'entrée en médecine ninja, premier partout. Tsunade en personne avait reconnu son talent d'analyse et de maîtrise du chakra, et il avait fallu que cet enfoiré d'Hatake Kakashi ouvre sa gueule !
Il poussa vigoureusement la porte vitrée de la cours intérieur de l'hôpital pour prendre l'air comme on venait de lui ordonner. Merde, il n'était plus un gosse à la fin !
Il mit ses mains dans les poches et ne quitta pas le sol des yeux jusqu'à atteindre une pierre dans laquelle il donna un grand coup de pied.
"Fais chier ! Jura-t-il."
S'il était exclu trop longtemps de la cellule de diagnostic de l'autre prof, il se retrouverait à la ramasse et perdrait l'opportunité de l'utiliser comme sujet d'étude. Et tout ça, ce serait la faute de ce fichu jônin. Et il fallait qu'il s'excuse auprès de lui en plus ?! Et travailler avec lui ? Il n'était même pas un médecin.
Il remarqua d'ailleurs sa présence dans la cour. Il était assis sur un banc et tenait un livre dans ses mains. Son œil était pourtant dirigé vers les airs, ou plutôt vers la fenêtre d'une pièce de l'hôpital.
Il décida de ravaler sa fierté pour s'assoir près de lui. Quand ce dernier ne prit même pas la peine de noter sa présence, il se racla la gorge pour briser le silence, mais il se fit devancer:
"Il a le droit aux visites maintenant."
Il ne voyait pas trop où l'autre voulait en venir, mais il supposait qu'il s'agissait du professeur.
"Cela n'est-il pas une bonne chose ?"
"Je suppose que si, répond-t-il d'un haussement d'épaule. Il doit être aux anges. C'est un bon gars."
"Pourquoi vous n'allez pas le voir alors ? Demanda le rouquin sans grand intérêt."
Il sut qu'il avait touché une corde sensible puisqu'il glissa son livre dans sa poche.
"On va faire un deal tous les deux, proposa Kakashi. Je vais répondre à ta question si tu réponds à la mienne."
C'était pas très équitable, mais il opina. Plus vite cette histoire était réglée et plus vite il pouvait retourner bosser sur son cas d'étude. "Je vous écoute."
"Pourquoi tu veux être médecin ninja ?"
Il s'attendait à tout sauf à ça. Mais il connaissait la réponse par cœur, alors c'était pas plus mal.
"Pour prouver qu'un enfant de civil peut être un très bon medic-nin. Je veux devenir le plus grand Medic nin."
Kakashi du se retenir de ne pas rouler des yeux. Bien-sûr il était noble de vouloir devenir médecin mais la raison comptait tout autant et faisait toute la différence.
"Si je ne vais pas le voir, c'est parce-que je suis en partie responsable de son état. Et aussi parce qu'il se demanderait bien ce que je foutrais là, termina-t-il sur la rigolade mais le rouquin y décela une certaine amertume."
"A cause de son amnésie ?"
Kakashi hocha la tête en guise de réponse et précisa: "C'est bien mieux ainsi. Je me suis fais la promesse de ne retourner le voir que lorsque j'aurai réparer mes fautes. Lorsque sa vie ne sera plus en danger."
Le gamin baissa les yeux en silence. S'ils ne parvenaient pas à sauver le prof, alors il ne pourrait même pas lui dire au revoir ? C'était injuste.
"Votre promesse est stupide, accusa-t-il. Si vous tenez à cette personne vous devriez être à ses côtés plutôt qu'avec nous."
"Je suis pas certain qu'il apprécierait ma présence. Alors j'aide comme je peux."
Ah oui, l'amnésie. Le rouquin s'intéressait rarement à la vie de ses patients pour cette raison précise. Se préoccuper des faits, des chiffres, des réactions chimiques étaient tout ce qui lui importait.
D'ailleurs, voilà où ça l'avait amené cette histoire. Il souffla en croisant les bras.
"Je suis désolé pour ce que j'ai dis sur vous tout à l'heure."
"Tu ne le pensais pas, t'as entendu ça dans les rues, je sais, coupa platement Kakashi. J'ai l'habitude. Je m'en fou de tes excuses."
"Vous ne rendez pas les choses faciles, hein."
"La faute à qui ? Claqua Kakashi."
Il marquait un point, mais qu'est-ce que faisait un non ninja dans la cellule de diagnostic aussi ?
"Dites, je m'en fiche de vous, je vous connais pas. Mais c'est qui c'est pour vous ce professeur ?"
L'œil solitaire glissa en sa direction. C'était... pesant.
"Tu le connais ?"
"Bien-sûr ! S'offusqua l'apprentie médecin. Umino Iruka, professeur de classes de pré-genin, linguiste reconnu, née le 26 Mai, matricule 273-"
Kakashi laissa échapper un long soupir en se frottant les tempes.
"J'ai dis, est-ce que tu le connais ?"
"Je l'ai déjà aperçu, répondit-il avec mesure."
"Alors tu devrais aller le voir."
Lui aussi, son regard se posa sur la fenêtre de la chambre 47. Il se retenait de demander pourquoi, estimant avoir déjà joué assez avec la patience de l'homme au Sharingan.
"Je sais que tu t'en fiches de lui, dit Kakashi en se redressant du banc. Il mit ses mains dans ses poches et continua avec flegme: "Mais lui, il est du genre à prendre un fuma shuriken géant dans le dos pour sauver un supposé cancre sans avenir et détesté de tous car c'est son élève et son devoir."
"C'est stupide, personne ne fait ça."
"Lui si, répondit sombrement Kakashi. En tant que professeur, ses élèves sont sa priorité. Alors en tant que patient, il mérite bien le dévouement de son médecin tu ne crois pas ?"
"Je n'ai pas besoin de le voir pour le soigner."
"Je sais. Mais en tant que Ninja de Konoha, il ne s'agit pas uniquement de toi."
Il était barbant ce ninja, pensait le jeune médecin. Lorsqu'il fut laissé seul dans le parc, sans l'autorisation de retourner au service diagnostic, il ne lui restait pas grand-chose à faire à part réfléchir.
~•~
"C'est vrai que le temps passe plus vite depuis que vous êtes autorisés à me rendre visite."
Asuma décrocha un sourire malgré l'inquiétude qui le rongeait. Iruka avait le moral au moins. Il fit vagabonder ses yeux dans sa chambre d'hôpital. Il avait reçu de nombreux présents tels que des fleurs, des chocolats, des confiseries et des cartes de bon rétablissement. Lui n'avait rien amené. Il venait seulement de rentrer de mission avec Kurenai et lorsqu'ils avaient appris la nouvelle, ils avaient accourut.
"Ce n'est pas grand chose, mais j'ai pensé qu'un petit remontant pouvait te faire du bien."
Kurenai lui fit un clin d'œil quand elle déposa la petite bouteille près de son lit.
"C'est une boisson médicinale avec plein de bonnes choses dedans. Ca ne pourra que te faire du bien."
"C'est très gentil, remercia-t-il. Je vais avoir besoin d'énergie."
Kurenai prit sa main valide dans la sienne pour la serrer dans un geste presque maternel.
"Ils vont te sortir de là, sois en sûr, affirma la jeune femme."
Kurenai était ce genre de personne toujours optimiste. Lui aussi l'était, habituellement. Seulement, il avait un chakra parasite qui se délectait de son cerveau actuellement et qui le menaçait de devenir un légume, alors exceptionnellement, il s'autorisait à avoir des doutes.
"Je suis certain qu'ils font tous ce qu'ils peuvent pour trouver un traitement, opina-t-il. Il remarqua la grande main calleuse de Asuma sur la taille délicate de Kurenai. Il demanda d'une voix tendre: "Vous vous êtes enfin décidés alors ?"
Ils ne comprirent pas sur l'instant, alors Iruka leva sa propre main en désignant son annulaire.
Asuma prit la main de Kurenai dans la sienne et répondit sobrement: "Oui, on s'est fiancé récemment."
Encore quelque chose qu'il avait oublié, devina-t-il. Mais n'empêche, il était quand même content pour son presque grand frère alors même si son autre lui les avait déjà félicité, il voulait le faire aussi. "Félicitations, je suis si heureux pour vous."
"Merci, 'Ru. Répondit-elle."
Ils avaient toujours été beaux ensemble. Iruka avait passé son adolescence à les regarder de près et de loin pour se forger une idée sur ce qu'était l'amour, le vrai, celui qui ne s'épuise pas. Celui qui vous fait naître plus que des papillons dans le ventre. Celui dont on a besoin.
Ça toqua à la porte et un jeune rouquin en blouse fit quelques pas hésitants dans la pièce. Il gardait son regard fixé au sol.
Iruka ne reconnu sans mal.
"Bonjour Nori ! C'est gentil de me rendre visite."
Le jeune garçon redressa son visage avec surprise et demanda avec une voix urgente :
"Vous me connaissez ?"
Iruka échangea un regard paniqué avec ses invités. "Je... ne devrais pas ? Tu es un étudiant de l'académie n'est-ce pas ?"
"Iruka, ce garçon, semble être médecin, nota Asuma."
"On va devoir te laisser Ruru, on revient vite te voir."
Elle lui déposa un baiser sur le front et il eut droit à une main sur son épaule de la part d'Asuma. C'était fou cette manière de lui dire au revoir comme s'il n'était pas sûr que cela soit possible. Il ne leur en voulait pas, mais le sentiment était bizarre. C'était presque comme assister à son enterrement futur depuis le présent.
"A bientôt vous deux."
Il leva sa main pour les saluer avant de rediriger son attention sur le jeune médecin.
"Tu es ce fameux étudiant de l'académie n'est-ce pas ?"
"...Fameux ?"
Le jeune médecin fit quelques pas pour faire genre de vérifier les constantes du malade.
"Je me souviens, tu es rentré à l'académie très tard sans savoir ce qu'était le chakra en affirmant que tu deviendrais le meilleur Medic Nin du monde ! s'exclama Iruka en rigolant."
"Et je peux savoir ce qu'il y a de drôle ?! S'insurgea l'interne en se retournant d'un coup sec pour faire face au malade."
"Rien, c'est toujours une fierté de voir nos élèves réaliser leur rêve les plus fous. Tu peux être fier de toi. Je suis fière d'être celui qui t'a délivré ton bandeau de Genin."
Nori était certes jeune mais il était grand et de forte ossature. Les bras croisés ainsi, il surplombait le lit d'hôpital où était allongé le malade. Ce dernier était palot, ses cernes creusaient son visage, il avait une main et une jambe invalide et pourtant Nori ne s'était jamais senti aussi petit.
"M-merci, balbutia-t-il."
Il ne s'attendait pas à ça. A ce qu'un amnésique se souvienne de lui alors que lui, il n'avait aucune idée de qui il était. Il était vrai, qu'il était nombriliste et qu'il faisait rarement attention aux gens autour de lui. Et jusqu'ici il s'en était toujours carré le coquillard.
Mais il y avait comme une force qui jaillissait de cet homme malade. Ça lui rappelait ces conneries sur la flamme de la volonté qu'on lui avait dictées à l'académie.
Peut-être que son derrière égocentrique d'ex civil aurait pu être plus ouvert d'esprit.
"Je suis interne pour l'instant, rectifia-t-il. J'ai été affecté à la cellule de crise mise en place par Tsunade-Sama vous concernant."
Il s'inclina à quatre-vingts dix degrés et poursuivit.
"Je voulais faire de votre cas mon sujet d'étude pour ma thèse. Mais j'ai réalisé aujourd'hui que j'ai encore beaucoup à apprendre."
"Allons allons, redresse-toi. Je ne sais pas ce qui t'es arrivé aujourd'hui mais ça a l'air d'être important pour toi."
Iruka désigna la bouteille laissé par Kurenai et demanda: "Tu irais bien nous chercher deux verres pour fêter ça ?"
"Oh."
Pourquoi pas, il était plus à ça près.
Iruka redressa son lit pour être en position assise et parvint à attraper la bouteille. Il l'ouvrit avec sa main valide et huma. C'était sans alcool.
Le rouquin tendit les verres après s'être assis sur le fauteuil près du lit.
"Vous êtes toujours comme ça ? Demanda-t-il sans tact. Gentil avec votre prochain, enfin vous voyez l'genre.".
"J'en ai bien peur, opina Iruka en penchant la bouteille. Elle était lourde et sa main tremblait. Il poursuivit : ça m'a souvent valu de terminer ici."
Nori hocha la tête et se chargea de servir le second verre. "La gentillesse est une faiblesse dans la sphère ninja."
"Je ne crois pas, se défendit Iruka. Elle est certe une contrainte dans les mission de type assassinat, mais elle peut être une force dans d'autres secteurs."
Ils trinquèrent sans réellement savoir pourquoi, burent et Iruka continua son explication :
"La sphère ninja est très vaste. Tout le monde y a sa place. Tu sais, c'est comme les natures de chakra. Aucune n'est meilleure ou plus mauvaise qu'une autre finalement. Et certaines peuvent s'allier ou même se mélanger."
Iruka laissa le silence s'installer avant de relancer la conversation :
"Au fait, pourquoi est-ce que tu es venu me voir ? Il y a du nouveau sur mon état ?"
"Oh, pas vraiment. À vrai dire, j'voulais même pas vous rencontrer à la base. Et pour être honnête, j'me souviens même pas de vous... avoua-t-il d'un air gené. Désolé."
Iruka fit un geste de la main pour évincer le sujet. C'était pas très grave. L'important c'était toujours le présent et la raison de nos choix.
"Quelque chose t'a fait changer d'avis ?"
Il n'y avait aucun jugement dans la voix du prof'. "A la base on m'a un peu forcé, je dois l'avouer. Mais j'regrette pas... Je crois que vous m'avez aidé à comprendre un truc... Merci, sensei "
Iruka décrocha un sourire. Combien de temps allait-il pouvoir se faire encore appelé ainsi ? Mieux valait en profiter...
"Merci à toi, fit-il echo plus bas. Je suis rassurée d'être entre les mains d'un si bon élève."
Une vague d'émotions submergea soudainement Nori. Comme si tout cela n'avait pas été réel jusqu'ici. Comme si jusqu'à quelques heures auparavant, la vie de quelqu'un n'avait pas été réellement menacée. Comme s'il venait seulement de réaliser ce que signifiait avoir la vie de ses patients entre ses mains.
Voilà ce qu'il venait de réaliser.
"Je ne suis plus à l'académie, sensei. Je suis votre médecin et je vais tout faire pour vous sauver. Merci pour votre sagesse."
~•~
A la tour Hokage, ça toqua à la porte du bureau de Tsunade. Le soleil se couchait déjà et la Hokage enviait l'astre de pouvoir prendre du repos.
"Entrez ! Cria-t-elle et deux hommes pénétrèrent dans son bureau."
Sa curiosité fit piqué quand elle se dessine la silhouette de son interne et Kakashi.
"Ca alors, murmura-t-elle en se servant un verre de saké. Vous vous êtes enfin mis d'accord ?"
"Mieux que ça, avança le jeune médecin. On a trouvé un moyen de sauver Iruka sensei !"
Kakashi semblait moins enjoué. L'intuition de la cinquième fut la bonne puisqu'il temporisa la situation d'une voix faussement détachée: "Je persiste à penser que c'est trop dangereux."
"Allez-y droit au but, j'ai pas la nuit, mentit-elle en avalant cul-sec son verre de saké. Elle avait déjà prévu de passer là nuit à feuilleter des vieilles reliques (des bouquins de médecine écrit par son grand-père)."
Bombant le torse, Nori pointa du doigt le jonin et sexclama:
"Il faut qu'il lui électrocute le cerveau avec son Raikiri."
Kakashi tomba des nues lorsque des étincelles jaillirent du regard de la princesse. Il s'attendait à ce qu'elle réfute l'idée sans espoir de négociation.
Il se passa tout l'inverse et Kakashi se demanda ce qui ne tournait pas rond dans la tête des medic-nin.
Pendant qu'ils discutaient, il redressa sa main droite devant son visage. Celle qui habitait moults brûlures microscopiques qu'avait laissé le Raikiri. Celle qui se noyait encore sous le sang de ses victimes. Elle avait transpercé tant de cœurs, arraché tant de tripes et prit tellement de vies...
Comment pouvait-elle sauver la vie d'Iruka ?
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