Vendredi :

*vibreur*
Je me réveille en sursaut. Je prends mon portable. C'est Alia qui m'appelle. Merde. Je décroche.

- Euh allô ? Dis-je avec la bonne voix cassée du réveil.
- Il est 11h 30, ça fait 30 minutes que je t'attends. Tu fous quoi ?
- Oh merde, je suis désolée, je ne me suis pas réveillée. Je l'entends râler, mais elle lâche finalement : Dépêche-toi.

Je sors de mon lit rapidement et enfile des vêtements à la va vite. Je me coiffe et me brosse les dents en 4ème vitesse.

- Je vais à la librairie ! Dis-je à l'intention de mes parents.

Je sors et prends mon vélo. Je pédale vite. J'ai d'ailleurs faillit écraser une ou deux mémés au passage.

J'arrive enfin à la librairie puis attache mon vélo à un poteau. Alia m'attend devant la boutique.

- Ah bah enfin !
- Je suis vraiment désolée.

Elle a toujours le visage fermé alors je fais une tête de « s'il te plaît, arrête de faire du boudin».

Elle rit puis me pousse légèrement.
Nous entrons dans la boutique.

- Tu sais ce que tu cherches ?
- Absolument pas.
- Ah bah super, ça nous avance beaucoup ça.

Je lui tire la langue et pars à la chasse du livre qui me fera voyager.

Elle me propose à plusieurs reprises des livres, mais aucun ne me convient. Puis soudain, elle me tend « J'étais là, de Gayle Forman ».

- Celui-là me plaît.
- Ah bah enfin.

Nous allons à la caisse et nous payons. Pour moi, choisir un livre ne se fait pas en deux minutes : je dois prendre mon temps, regarder 5 ou 6 fois le même bouquin avant de me dire que oui, c'est celui la que je vais prendre. C'est rare que je ne finisse pas un livre que j'ai commencé, mais c'est arrivé, une fois. Et vous savez pourquoi ? Parce que je l'ai choisi à la va vite. Il m'avait l'air sympa mais au final, impossible de le terminer. Je ne referais plus jamais cette erreur.

- Tu veux que je te ramène ? J'ai mon vélo.
- Ça ne te dit pas d'aller te balader un peu, avant de rentrer ?
- Oui si tu veux.

Nous marchons le long de la plage. Il n'y a pas trop de monde, c'est l'heure de manger.

- Alors cette journée avec Arthur ?
- Parfaite ! C'était trop bien !

Je vois qu'un sourire forcé se dessine sur son visage.

- Il s'est passé des choses ? Vous avez fait quoi ?
- Il m'a emmené sur une île, on y a passé l'après-midi. On s'est embrassé.
- Ah... C'est cool.. Donc vous êtes en couple ?
Je ne sais vraiment pas pour le moment. Je n'ai pas eu le temps d'en parler avec lui mais je crois que c'est le début de quelque chose.
- Tant mieux pour vous. On peut rentrer s'il te plaît ? Me demande-t elle en changeant brusquement de ton.
- Oui d'accord, dis-je sans chercher à comprendre ce changement soudain.

Nous revenons chercher mon vélo puis nous rentrons. Je la dépose devant chez elle. Elle part vite avec un simple petit merci.

Lorsque j'entre chez moi, je remarque qu'il y a des invités. Je ne les connais pas.

- Ah te voilà ma puce. Je te présente les Parker, me dit ma mère tout en s'approchant de moi.
- On les a rencontrés à la plage, en début de semaine. Nathan et leur fils, Jonathan, se sont très bien entendu donc on les a invités à déjeuner.
- Euh d'accord bah bonjour. Moi c'est Léna.

Je fais la bise aux Parker. Par pure politesse bien sûr, même si je sens une couille arriver.

- Léna, viens me voir s'il te plaît.

Je rejoins ma mère dans la cuisine.

- Je ne sais pas si tu avais prévu quelque chose avec tes amis, mais aujourd'hui tu passes la journée avec nous. On va aller à la plage avec les Parker.
- C'est une blague ?
- On ne t'a rien demandé de la semaine, tu pourrais faire un effort.
- Oui c'est bon.

J'envoie donc un message à Alia.

Message pour Alia :
Je suis coincée chez moi toute l'aprèm.

Message d'Alia :
On n'avait rien prévu. Juste ce soir rejoins nous au bowling.

Je ne sais pas pourquoi mais ce message me parait tellement froid.

Je rejoins tout le monde à table et m'installe à côté de Jonathan. Nous mangeons et il essaye de me faire la conversation pendant que nos parents rient entre eux. Le repas est long et tellement ennuyant, j'ai l'impression qu'il ne se finira jamais. Heureusement pour moi, la fin approche. Nous sortons de table et je décide de monter me changer. Je me mets en maillot de bain, prend mes affaires de plage et redescends. Tout le monde est prêt, ils n'attendent que moi. Comme d'habitude j'ai envie de vous dire.

Nous marchons jusqu'à la plage et, pendant le chemin, ma mère me prend à part.

- Quand je t'ai dit que tu ne verrais pas tes amis aujourd'hui, ça veut dire que tu ne vas pas les voir à la plage non plus.
- Sérieusement ?
- Je suis très sérieuse Léna.

J'accélère le pas pour dépasser ma mère afin de montrer à celle-ci mon mécontentement. Nous arrivons sur l'immense étendue de sable. Nous nous installons tous au même endroit, je m'éloigne un peu, pose mes affaires et étends ma serviette. Il est hors de question que je reste collée à eux. Je m'allonge et regarde mon téléphone.

Message d'Alia :
Tu fais quoi du coup cet aprèm' ?

Message pour Alia :
Là, je suis à la grande plage.

Message d'Alia :
J'arrive je viens te rejoindre.

Message pour Alia :
Non surtout pas ! Ma mère m'a explicitement demandé de ne voir personne.

Les minutes passent et je n'ai aucune réponse. Je décide donc de commencer à lire mon nouveau bouquin.

*vibreur*

Message d'Alia :
Euh bah trop tard..

Message pour Alia :
Merde, t'es où ?

Message d'Alia :
Au niveau des toilettes.

- Maman je vais aux toilettes, dis-je en me levant d'un bon.

Je pars en direction de celles-ci. J'entre mais ne vois personne. Soudain, une personne met ses mains sur mes yeux. Je me retourne et vois Alia. Elle me saute dans les bras. Elle m'a l'air beaucoup plus enjouée que ce matin, ça me fait plaisir.

- Dit donc, c'est très classe les toilettes pour un rendez-vous en cachette, me dit-elle.

Je ris.

- Ah parce que c'est un rendez-vous ?
- Bah oui.

Elle me fait un clin d'œil.

- Je ne peux pas rester longtemps. Ma mère va se douter de quelque chose.
- Oh donc tu vas me laisser seule comme ça ?
- Je n'ai pas le choix.

Elle me regarde avec sa petite bouille boudeuse. C'est une question de temps, je vais craquer. Il faut que je trouve une solution !

- Arrête de me fixer comme ça.
- Non je boude.
- Ah t'es sûre ? Dis-je sur un ton de défi.
- Oui, me répond-t elle, plus sûre que jamais.

Je n'ai donc plus le choix, je dois faire usage de la force. La machine à chatouilles est en route !

- Non !! Arrête !! Je ne suis plus sûre du tout !! J'arrête de bouder !! Dit-elle en gesticulant.
- Ah bah tu vois quand tu veux, dis-je ravie.

Je mets fin à son calvaire et stop mon moyen de torture.

- Bon bah vas-y alors, dit-elle déçue.

Je la prends dans mes bras et lui fais un bisou sur le front.

- On se revoit ce soir, d'accord ?

Je sors des toilettes comme si de rien n'était et repars vers ma serviette. Malheureusement pour moi, je vois ma mère s'approcher dangereusement vite de ma personne.

- Tu étais passée où ?
- J'étais aux toilettes.
- Il faut pas 30 ans pour pisser.
- J'ai le droit de faire la grosse commission non ?

Jonathan viens alors me voir, et nous interrompt.

- Tu joues avec nous au volley ?

Je sens le regard de ma mère peser sur moi, et je crois que je n'ai pas tellement le choix.

- Oui, dis-je malgré moi.

Je joue pendant au moins 1 heure, et ce n'est clairement pas une partie de plaisir. J'en ai marre, je ne veux qu'une chose, c'est partir. Mme Parker me sauve alors de cette après-midi désastreuse.

- Bon, il est temps pour nous de rentrer, lance-t-elle.
- Oui, nous aussi, répond ma mère.

Nous rangeons toutes nos affaires et partons chacun de notre côté. Sur le chemin, j'en profite pour demander pour le bowling de ce soir. Et sa réponse est « non ».

Je fais comme si ce n'était rien, alors qu'au fond, j'ai juste envie de m'énerver. Mais si j'ai bien appris une chose, c'est que lorsque ma mère dit non, c'est non. Il est donc grand temps de mettre en place un plan pour me rendre à cette fameuse soirée.

Une fois rentrée, je prends une douche et me mets en pyjama. Ma mère prend un temps fou avant de se décider à faire à manger. Ou peut-être est-ce mon ressenti tellement je suis pressée de retrouver mes amis histoire de décompresser de cette longue journée.

Après le repas, je dis à mes parents que je suis fatiguée et monte dans ma chambre. Je remarque alors que je ne suis pas la seule à aller me coucher puisque j'entends mon frère monter dans sa chambre. De plus, je vois que les lumière s'éteignent. J'attends 10 minutes, histoire d'être sûre, et m'habille pour sortir. C'est parti, je mets mon plan à exécution.

J'ouvre la fenêtre et sors, enfin j'essaye de sortir. Ce n'est pas la plus grande fenêtre et disons que la souplesse et moi ne sommes pas très copines. Je marche sur le toit en faisant attention. J'arrive à l'échelle disposée sur le côté et la descend. Je traverse ensuite le jardin en mode ninja.
J'arrive enfin au bowling, essoufflée par cette mission. J'entre et ils sont tous là.

- Hey, la reine est arrivée ! Lance Evan.

Je souris et vais les rejoindre. Je fais la bise à tout le monde et, arrivée au tour d'Arthur, j'étais prête à l'embrasser sauf que ce n'est pas ses lèvres qu'il m'a tendu, mais sa joue. Je lui fais donc la bise, très surprise. Je viens clairement de me prendre un gros vent.

Heureusement que personne n'est au courant, sinon je me serais sentie encore plus gênée.
Nous formons deux équipes : filles contre garçons. Un grand classique. Nous jouons tous potablement sauf Alia, qui est extrêmement nulle. Je décide alors par gentillesse de l'aider. Ça me fait mal au cœur de la voir autant galérer. Elle n'a même pas touché une seule quille depuis le début de la partie. Je me mets derrière elle et lui montre comment lancer. Je ne suis pas une experte mais je ne pense pas qu'elle pourra faire pire que ce qu'elle nous a déjà montré.

Elle suit mes conseils et décide donc de jouer seule et, pour la première fois de la soirée, elle touche les quilles. Super contente de son exploit, elle me saute dans les bras. Les heures défilent et les parties s'enchaînent.

À la fin de soirée, je décide de rentrer avec Alia. Mais avant, je veux avoir une conversation avec Arthur. Il m'a ignoré toute la soirée, et c'est à peine s'il m'a regardé. Il a passé son temps à embêter Emma.

- Arthur, on peut parler s'il te plaît ?
- Pas ce soir. Je dois rentrer là.
- Ok.. dis-je sans insister.

Je repars un peu sur les nerfs. Même pas foutu de prendre ses couilles pour venir s'expliquer celui-là. Je vois qu'Alia me regarde depuis tout à l'heure.

- Léna ?
- Oui ?
- T'es pas avec Arthur ?
- Je sais pas. J'en sais rien.

Elle ne continue pas la conversation, voyant que je me braque. Nos chemins se séparent et je rentre. Je passe par le même chemin que tout à l'heure et vais me coucher.

Je n'arrive pas à dormir. Je pense trop à Arthur et la réaction qu'il a eu. Je ne sais pas quoi en penser. C'est moi qui devrait lui en vouloir non ? Ce n'est pas moi qui a eu un comportement bizarre. Je l'apprécie vraiment et c'est pour ça que ça me travaille. Je ne veux pas de prise de tête, je veux juste profiter de mes vacances. À force de cogiter, je finis par m'endormir.