Mardi :

Il pleut. Oui il pleut encore. Depuis hier ça ne s'arrête pas. La journée s'annonce bien pourrie. Je lis dans le salon pendant que mon frère met la musique à fond dans sa chambre. C'est incroyable, même quand il pleut Nathan ne peut s'empêcher d'être joyeux et en forme. Moi dès qu'il ne fait pas beau, je passe ma vie à regarder des séries. Vous n'imaginez même pas comment sont les hivers avec moi. À ce stade de l'année, j'entre clairement en phase d'hibernation. Bon là ce n'est qu'une journée où il pleut mais quand-même ! Actuellement j'ai juste envie de rester au chaud et ne rien faire de la journée.

Message d'Evan:
Toi aussi tu déprimes face à cette pluie?

Message pour Evan:
Sauve moi !

Message d'Evan:
Rejoins moi à la piscine municipale.

Enfin ! Je vais sortir de mon ennui ! Je monte en vitesse me préparer.

- Maman je vais à la piscine !
- D'accord, dit-elle sans me prêter vraiment attention.

- Oh moi aussi je veux y aller, dit Nathan tout content.

Oh génial je vais me taper le petit frère. J'attends donc qu'il finisse de se préparer puis nous partons tous les deux direction la piscine, avec un parapluie cette fois.

En arrivant devant le grand bâtiment, je ne vois pas une personne, mais trois. C'est en m'approchant que j'arrive à distinguer les différentes silhouettes. Evan est donc accompagné d'Alia, mais aussi d'Arthur. J'évite le regard d'Alia, il y a comme une tension. Je préfère donc me concentrer sur Arthur.

- Tu as réussi ta mission apparement, dis-je à Evan.
- Oui, il faut croire que je suis convaincant.

Je ne donne pas plus d'importance à Arthur. Nous entrons tous les cinq dans le bâtiment. Jusqu'ici, personne n'a fait attention à Nathan.

- C'est qui lui en fait ? Demande Arthur.
- C'est mon petit frère et comme tu dois te faire pardonner, je suis sûre que tu serais heureux de t'occuper de lui.

Je pousse mon frère vers Arthur puis me dirige vers la caisse avec Evan. Celui-ci tient à payer les entrées, ce qui me met mal à l'aise mais j'accepte finalement. Nous nous dirigeons tous ensemble vers les cabines.

Il faut savoir que dans cette piscine, les bonnets de bain sont obligatoires et les shorts sont interdits donc je sens que ça va être un grand moment.

Lorsque je sors de ma cabine, je tombe sur Arthur en moule bite avec un bonnet de bain et forcément, je me tape un fou rire. Ça ne s'arrange pas lorsqu'Evan sort à son tour.

Mon rire s'arrête lorsqu'Alia sort de la cabine dans un maillot de bain deux pièces rouge. Comme moi, elle n'a pas encore mit son bonnet et la voir comme ça me retourne la tête dans tous les sens. Pourtant je l'ai vu une tonne de fois en maillot de bain, mais là elle est juste ... je veux dire ... enfin je ne trouve même pas les mots.

- Bon allez on y va ! Dis Nathan pressé.

Nous rangeons nos affaires dans des casiers puis nous nous dirigeons vers les douches. Arthur et Evan m'aident à mettre mon bonnet puisque je galère. Tous prêts, nous partons vers le moment fatidique du pédiluve. L'endroit le plus dégueu alors qu'il est pourtant fait pour plus d'hygiène, c'est assez contradictoire non? Nous traversons sur la pointe des pieds, comme si ça pouvait nous sauver des microbes. Les garçons sautent directement dans l'eau tandis qu'Alia et moi préférons passer par la méthode du petit à petit. Nous rejoignons les garçons qui se chamaillent. À peine arrivée, mon frère s'accroche à moi.

- Aide moi ! Il va me couler ! Cris Nathan.
- Ah ça, c'est pas mon problème.

Evan l'attrape et le lance dans l'eau. Alia va aider mon frère martyrisé, je me retrouve donc toute seule, avec Arthur.

- Je suis désolé pour ce qui s'est passé, me dit-il.
- Comment t'arrives à être un connard alors que t'es entouré de gens bien?
- Si tu veux mon avis, je suis peut-être un connard mais vous êtes loin d'être des gens bien. J'ai fais le con oui c'est sûr mais je me suis excusé. Je ne pensais pas que de ton côté t'étais autant attachée.
- Je n'étais pas attachée plus que ça, la preuve, tu es déjà oublié. C'est juste que je n'aime pas être prise pour une conne.

Dans son regard je sens qu'il est vraiment désolé. Ment-il? Dois-je le croire? Je ne sais pas mais je prends le risque.

- Bon j'ai pas le temps de te faire la gueule, disons que je t'accorde une deuxième chance. La gâche pas.

Il sourit puis me prends dans ses bras. À vrai dire il m'avait manqué, je n'avais plus personne sur qui me défouler.

- Arthur ramène tes fesses, on va aux toboggan ! Lui crie Evan.

Il sort de la piscine et les rejoins. Pendant ce temps, Alia se rapproche de moi.

- Alors comme ça, tu n'as plus envie d'égorger Arthur?
- Oh si, ça ça n'a pas changé. Disons que je lui accorde une deuxième chance.
- Quel chanceux.
- Je ne te le fais pas dire.

Elle rit puis se rapproche encore un peu plus de moi. C'est exactement le moment que je redoute depuis hier soir. Je ne sais clairement plus où j'en suis et je déteste être autant perdue.

- On n'a pas parlé d'hier, dit-elle en me regardant dans les yeux.
- Euh... je...
- Écoute si tu te poses la question, ça fait un petit moment que je rêvais de t'embrasser.

Je reste bouche bée et l'invite à continuer.

- En fait je te trouve irrésistible et c'est comme ça depuis le début. Je veux dire, au début tu dégageais quelque chose mais bon, je ne m'attendais pas à grand chose. Après j'ai appris à te connaître et là c'est parti en cacahuète dans ma tête.
- Mais tu es lesbienne ?

Ma question la fait sourire car elle voit bien que je suis complètement paniquée.

- Je ne suis pas vraiment dans une case. Je suis attirée par la personne, pas par leur sexe.
- Écoute, moi je suis complètement perdue et je...

À L'ATTAQUE !! Crie arthur.

Les trois garçons sautent dans la piscine en éclaboussant tout le monde sur leur passage.

D'un coup je sens quelqu'un au niveau de mes jambes. Je n'ai même pas le temps de comprendre quoi que ce soit que je me retrouve sur les épaules d'Arthur.

- Vous êtes soudain plus petits, dis-je en riant.
- Pas pour longtemps, me dit Alia.

Elle monte sur les épaules d'Evan.

- Je reste quand-même plus grande, la narguais-je.

Elle m'attrape par le bras et essaye de me faire tomber. Elle a bien failli mais Arthur est assez stable. Chacune se défend comme elle peut ce qui donne lieu à une vraie bataille. Après une lutte acharnée, elle cède puis tombe. Je me sens fière mais je vois dans son regard que ce n'est pas terminé.

Arthur me fait descendre de ses épaules. Je vais rejoindre Alia qui est adossée à la paroie de la piscine. Je me colle à elle et lui chochotte :

- Pas trop déçue d'avoir perdu?

Elle me lance un de ses regards ultra intense puis me repousse.

- On va aux toilettes, dit-elle à l'intention d'Evan.

Elle me prend la main et m'entraîne hors du bassin. Nous passons devant les douches, puis les toilettes.

- Tu voulais pas aller aux toilettes?
- Tais-toi.

Surprise, je la laisse faire. Elle entre dans une cabine puis m'entraîne à l'intérieur. Elle enlève son bonnet et le jette sur le banc. Ses mains viennent se poser sur mes joues puis ses lèvres rejoignent les miennes pour se lancer dans un fougeu baiser. Ma langue vient trouver la sienne. J'enlève à mon tour mon bonnet et le balance. Je la plaque contre la paroi puis remonte ses bras au-dessus de sa tête. J'embrasse son cou ce qui fait frémir tout son corps.

Elle me repousse puis me regarde d'un air joueur. Sa main vient caresser le haut de ma poitrine. Je me mord la lèvre inférieure.

- Léna ?! Alia?! Vous êtes où?!

La voix grave d'Arthur est reconnaissable. Non mais c'est une blague?! Ça fait deux fois quand même !

Alia et moi sommes prises d'un petit rire nerveux, collées l'une contre l'autre. La voix d'Arthur commence à s'éloigner alors nous sortons discrètement.

- Arthur? On est là.

L'instant d'après, Arthur apparaît.

- Vous étiez pas aux toilettes?
- Si mais on pense qu'on va sortir. On allait chercher nos gels douche, dit Alia, très convaincante.
- Ouais nous aussi on va sortir.

Les garçons sont venus nous rejoindre puis après une bonne douche, nous nous retrouvons tous les cinq devant le bâtiment. La pluie s'est arrêtée.

- Bon ça vous dit une soirée cinéma ce soir? Demande Evan.

Nous acceptons tous l'invitation puis nous repartons chacun de notre côté pour nous préparer. Nathan et moi faisons un bout de chemin avec Alia. Elle est toute souriante. Qu'est-ce qu'elle est belle quand elle sourit.

En rentrant, je monte directement me faire une beauté. Je vous avoue que j'ai fais en sorte d'être séduisante pour Alia. Après cette aprem', je veux arrêter de me poser des milliers de questions. Je veux juste profiter.

Enfin prête, je préviens mes parents et sors direction le cinéma. Quand j'arrive, Arthur et Evan sont déjà là. Arthur me tend un billet.

- On a acheté les places.
- Je vous rembourserais.
- C'est pas la peine.
- Si vraiment, j'y tiens, insistais-je.

Alia est comme à son habitude en retard. Les garçons vont alors réserver des places et moi je l'attends devant le cinéma.

Lorsqu'elle débarque, je suis complètement éblouie. Elle est dans une robe noire qui lui va tellement bien. Quand elle arrive à ma hauteur elle me sourit puis me fait un bisou sur la joue. Un contact qui me fait frémir.

- Les garçons sont déjà à l'intérieur, lui dis-je.

Elle me prend par la main et m'emmène jusqu'à la salle.

Durant la séance je vous avoue que je n'ai pas vraiment été concentrée. J'ai passé la plupart de mon temps à la regarder. Elle est si belle, je la veux. Oui je veux être dans ses bras et l'avoir près de moi. Alors que je l'observe, elle se tourne vers moi et même dans le noir je sais qu'elle sourit. Je sens alors sa main venir vers la mienne. Nos doigts s'entrelacent. Je profite de ce contact.

Lorsque les lumières se rallument, j'enlève rapidement ma main.

Les garçons débattent sur le film tandis que j'échange des regards complices avec Alia.

- Bon les filles, nous on finit notre soirée entre mecs désolé, nous dit Evan.
- Pas de soucis, on est mieux sans vous, répond Alia en m'embarquant.

Sur le chemin, nous nous sourions bêtement. Arrivées près de la plage, elle s'arrête puis me regarde sans rien dire.

- Tu sais que tu es ultra perturbante quand tu me regardes comme ça, lui dis-je.
- Tu me plais vraiment tu sais.

Je baisse la tête parce que je ne peux plus supporter de la voir comme ça. Je veux l'embrasser mais je ne peux pas. Chaque passant qui passe me bloque encore plus.

- Tu me plais aussi mais c'est nouveau pour moi alors je ne veux pas que tu t'emballes, je veux juste qu'on profite de mes derniers jours ici.
- Ça me va.

Nous rentrons et je suis tellement heureuse. Contrairement à d'habitude, tout se passe bien. J'ai enfin le droit à un peu de bonheur.

Pour une fois c'est elle qui m'accompagne jusqu'à chez moi. Avant de partir, elle dépose un léger baiser sur mes lèvres.

Ça fait bien 15 minutes que je souris bêtement, allongée sur mon lit. Pays des rêves me voilà ! Après de longues nuits remplies de cauchemars, je sens que cette nuit sera remplie de rêves.