On franchit alors la porte.

Chloé se met à courir joyeusement après s'être éloignée de notre classe. Elle s'est libérée d'un grand fardeau.

Quant à moi, je ne suis pas vraiment rassurée, j'ai peur, la sueur coule le long de mes pommettes. Je n'ai pas pensé qu'il va nous croire.

J'essaye d'arrêter Chloé et de la raisonner pour qu'on retourne en cours, mais elle court beaucoup plus vite. Je ne vous cache pas qu'en ce moment j'ai remis toutes mes décisions en cause.

Cela ne me ressemble pas, je sais que je fais quelque chose de mal. Mais je ne sais pas pour quelle raison, je ne parviens pas à m'arrêter.

C'est déjà trop tard pour moi, le fait de sécher le cours et trahir le professeur, me donne l'impression d'être une mauvaise personne.

Peut-être qu'au final ce n'est pas qu'une simple impression.

Par contre Chloé, s'en fout complètement, elle a trouvé son petit bonheur en séchant les cours.

On cours encore et encore dans les couloirs du collège, et vu que je ne suis pas sportive, mes pieds souffrent énormément.

On est cependant à deux doigts de franchir la porte.

Quand j'ai vu la porte de sortie devant moi, toute l'inquiétude s'est dissipée. J'ai cru qu'on a réussi à sortir sans nous faire remarquer.

- Et merde...

C'est fou comme mon cœur peut s'emballer en entendant un seul mot.

J'arrête aussitôt de courir et me redresse en voyant le proviseur devant nous, et il ne semble pas heureux du tout.

-Tu as dit qu'on va pas se faire choper ! Dis-je en murmurant

- C'est ce que j'ai cru... .

Le proviseur s'approche de nous en fronçant les sourcils.

-Vous allez où ?

Mon cœur bat la chamade à un simple regard du proviseur, je suis consciente que si mes parents l'apprennent, je vais mourir. Je me suis mutée, mentir ne va qu'empirer la situation.

Sauf que Chloé ne pense pas aux conséquences.

- M...mon... monsieur, hum..., on va à l'infirmerie.

-Ah, parce que l'infirmerie se trouve derrière la porte de sortie ? Nan mais êtes-vous sérieux ?! Ce n'est pas marqué sur mon front "con" ou "naïf", suivez-moi dans mon bureau, et que ça saute!

Elle a réussi à aggraver la situation beaucoup plus qu'elle ne l'est déjà...

On exécute son ordre sur-le-champ.

En route vers le bureau, mes pieds me trahissent.

Le fait que je suis convoquée au bureau du proviseur m'a fait mal à l'estomac.

J'essaye de ralentir mes pas, comme si ça va arranger les choses.

Après deux minutes, on est malheureusement arrivés au bureau.

C'est une pièce peinte en blanc, dans laquelle trois cartes une de la France l'autre de l'Europe et la dernière du monde sont collés au mur.

Il a un grand siège où il s'est assis, avant de nous demander de nous asseoir à notre tour sur deux autres sièges plus petits, posés en face du sien.

Je le fais tremblante de peur, toute pâle, je sens à chaque fraction de seconde, mon cœur rater un battement.

Chloé semble froide, elle ne laisse apparaître aucune émotion sur elle.
Ce qui me stresse encore plus que je ne le suis déjà.

Du blanc à régné dans la conversation durant certaines minutes, pendant lesquelles, le proviseur est allé chercher des dossiers.

Il a des dizaines de dossiers classés dans des étagères et d'autres posés sur le bureau à côté de son MacBook.

Une fois en sa possession, il allume sa lampe, qui se situe à côté d'un globe terrestre bleu, enfile ses lunettes de vue et sans lever son regard en notre direction, il nous dit fermement :

-À ce que j'ai pû comprendre, vous avez essayé de sécher les cours, menti au prof, tenté de sortir du collège, et vous avez menti à moi également. Un mot pour votre défense ?

Je ne peux pas nier, je baisse la tête, honteuse de mon acte immature.

Chloé fait de même.

- Eh bien, puisque les cours ne semblent pas vous intéresser, je vous renvoie du lycée pendant une semaine. Et par la suite, nous allons voir si cela vous à servi de leçon, sinon une autre punition sera appliquée. Est-ce bien clair? Ajouta-t-il en nous regardons droit dans les yeux jusqu'à nous couper le souffle.

-oui monsieur... Dit Chloé en baissant la tête.

-Vous pouvez vous en aller maintenant, et ne revenez qu'après une semaine.

- Dé... désolé monsieur, mais cette semaine on a des examens, euh...on va faire comment pour les passer.

Il pousse un rire ironique pour à la fin nous dire:

-Vous n'allez tout simplement pas les passer, mesdemoiselles, si vous vous préoccupez des examens vous n'allez pas sécher les cours. Vous allez avoir toutes les deux un zéro.

Mon cœur à de nouveau rater un battement en entendant le mot "zéro", je ne suis pas très intelligente, mais je n'ai jamais eu un zéro. Je peux me considérer morte si mes parents le découvrent.

Je me lève du bureau, me dirige vers la porte de sortie en regardant dans le vide.

Chloé essaye de me parler mais je l'ignore, après tout, c'est à cause d'elle que j'ai des ennuis.

Elle, au moins, à la chance d'avoir des parents laxistes, au contraire des miens.

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Sur le chemin du retour...

Je marche lentement pour me rendre à la maison.

Celle où mon cœur sera meurtri sans cesse, celle où mes parents seront déçus de moi.

Je décide alors de changer de route, et m'éloigne un peu trop du chemin qui est censé me guider vers la maison.

Je déambule tristement.

Je m'arrête pour m'asseoir sur un banc près d'une forêt, dont j'ignorais l'existence, le temps de réfléchir.

Trois options sont en ma possession :

1- Aller à la maison et leur dire la vérité ce qui implique que je vais être punie et mes parents ne vont plus avoir confiance en moi, et pourront peut-être me demander de sortir de la maison.

2- Aller à la maison et faire semblant de partir à l'école. Mais si le proviseur appele mes parents, ça va aggraver la situation.

3- Fuguer, sauf que je risque de finir S.D.F.

Le fait que dans toutes les options j'ai de fortes chances de finir à la rue, rend le choix très difficile.

Je préfère largement me préoccuper de mon anorexie et de ma solitude, plutôt que de voir ma vie entrain de se gâcher petit à petit, à chaque décision que je prends.

Si vous étiez à ma place, qu'allez-vous faire?

_____________ À suivre _____________