Filles pour tous et tous pour filles
- Bonjour ! Excusez moi du retard ! Y'avait des problèmes de métro sur la ligne 5.
Bonjour, asseyez vous ce n'est pas grave.
Fille s'asseoit. La Loutre et la Croqueuse se regardent, Fille remarque l'échange.
Elles ont peur.
Pourquoi ?
Parce que Katsuki a peur. Parce que le Tiroir a peur. Parce que tout le monde a peur.
Cette classe se transforme en cocotte-minute. Qui explosera ? Qui dira la vérité ? Qui se dénoncera en premier ? On se regarde en chien de faïence, on attend de se sauter dessus, la bouche mordue.
Fille prend place chez les Filles et bientôt c'est une masse informe. Elles gloussent un peu. Gêne.
Salut, ça va ?
Ouais et toi ?
Fille lance un dernier regard à la Croqueuse. Ça y est, c'est bon, elle ne pourra plus la regarder, sinon elle se fera repérer. Elle n'a pas le droit de se retourner pour attraper le rubis de ses yeux doux sans que les Filles le remarquent.
Le prof passe dans les rangs. On ploie l'échine et on attend qu'il distribue ses papiers. Fille tient tête aux yeux bleus du professeur, elle lui sourit et charme:
- Merci !
- Vous allez mettre votre prénom, votre situation familiale et un souvenir heureux du collège.
La Loutre se penche vers la Croqueuse, elles discutent de ce qu'elle pourrait mettre. Fille écoute. La loutre met qu'elle a deux grands frères, que ses parents sont séparés, qu'elle les aime beaucoup. Fille regarde le stylo de la Croqueuse bouger sur la feuille.
Elle a une petite soeur.
Fille pense à quoi bien ressembler la petite soeur. Peut-être qu'elle est aussi jolie que la grande. Aussi gentille.
- T'es dans la lune toi !
Filles reprennent la Fille qui tourne la tête. Ses jolis cheveux décrivent un arc de cercle quand elle bouge, ça les impressionne. Elle voit sur leurs visages qu'elle a regagné la place qu'elle vient de perdre à la seconde, mais il faut pas qu'elle continue. Son regard ne partira plus en arrière vers la Loutre et la Croqueuse.
Prof interrompt les gloussements des Filles. Il dit que ceux qui veulent peuvent venir lire à voix haute ce qu'ils ont écrit. Personne ne bouge.
Une mouche passe.
Filles rigolent. Elles sont embarrassées, n'ont rien écrit parce qu'elles rigolaient. (Que pourraient-elles marquer, de toute façon ? Le groupe Filles n'a pas d'identité. Il n'en veut pas, il reste creux, charmant, souriant, gloussotant)
- Le jeune homme blond, au troisième rang. Oui, toi. Tu veux venir passer ? J'ai vu que tu avais beaucoup écrit.
- Vous avez vu ? disent Filles, elles se regardent en battant des cils.
- Il se lève vraiment ! IL n'a même pas rechigné.
- On dirait qu'il tremble, regardez ! Regardez Katsuki trembler !
Filles pouffent, donc Fille rit aussi. Mais elle sent le regard torve des deux filles derrière elle qui mettent un avis de recherche sur son dos. Elle courbe un peu l'échine, elle ne sait pas pourquoi elle rigole mais elle trouve ça moins cool. Filles la regardent. Elle pouffe:
- Attendez, écoutez le lire !
- Il est vraiment beau, les Filles murmurent. Garçons et Filles se rejoignent là-dessus. C'est vrai que Katsuki est charismatique.
- Tes parents sont séparés ? demande le professeur en entendant Katsuki dire qu'il a une mère.
- Nan.
Filles se regardent, écoutent la cocotte minute s'apaiser dans les soupçons de la rancune. Katsuki décoche un regard noir au professeur. Celui-ci ne l'interrompt plus.
- Mon souvenir heureux... C'est quand j'avais demandé si jpouvais faire partie du club d'échecs.
- C'est génial, dit le professeur en regardant les élèves qui s'affaissent dans leur chaise pour ne pas croiser son regard-terreur. Ça fait longtemps que tu y es ?
- Ils m'ont pas accepté.
Tic tac tic tac. La Cocotte minute est sur le point de craquer. Ca fait rire les Filles, et Fille rigole aussi pour être une Fille. Elle dit:
- Evidemment qu'ils l'ont pas accepté ! Tu as vu sa tête ?
- Tu as vu comment il parle ? Il ne sait même pas s'habiller !
Tic tac.
- On dirait un mec de la cité, et puis je crois qu'il sait même pas jouer aux échecs.
Tic tac tic tac.
Les Garçons rient aux remarques et leurs voix graves suintent dans les oreilles du garçon qui est allé au tableau plus rien n'est sous contrôle et Garçons aiment ça ils profitent du vacarme pour s'esclaffer.
- Y'a que des pédés au club échecs du collège de toute façon.
- Tu crois qu'il est... Haha ça m'étonnerait même pas ! T'as vu comment il était avec le Soleil ?
Tic tac tic tac tic tac
- C'était pas Lui qui l'a tej du club ? Si j'crois ! Ça m'étonne pas vu ce qu'il Lui faisait !
La peur. La peur qui se lit dans le visage des Garçons, des Filles, de la Croqueuse, de la Loutre, du Tiroir. C'est cet effroi qui fait parler les Filles encore plus fort, qui fait ricaner les garçons, pour surpasser l'épouvante.
Tictactictactictac
Ils savent.
Et ils parleront.
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