A certaines périodes de la vie, nous faisons parfois des choses surprenantes, nous avons des comportements dont nous ne réalisons pas toujours la portée.

Quand j'avais dix sept ans, je n'étais pas forcément très à l'aise dans ma peau. Un peu renfermée, solitaire. Voulant comme à peu près tous les ados m'émanciper de ma famille. L'image que je montrais n'était pas celle que je ressentais au fond de moi et je ne savais pas comment l'exprimer.

Cette rage, cette colère qui grondait sans pouvoir la verbaliser me rendait dingue.

Alors je l'ai empruntée visuellement. Oui, je crois que c'est cela. Je souhaitais réellement exprimer ce que je ressentais, je réalise à présent que je me cachais une fois encore. Mais face à moi, le retour n'était pas le même.

Il faut dire qu'à la place de la jeune fille, en jeans et baskets, sweat larges, apparaissait une jeune fille, pantalon moulant, déchiré au genoux, des très longs pull me recouvrant les fesses. Puis petit à petit, la métamorphose s'accentua avec les cheveux dressés en crête que je mettais beaucoup de temps à dompter. L'image était efficace. La rage était en moi, tout le monde le voyait.

Bien évidemment, cela n'allait pas sans difficultés à la maison. Le pantalon avait déjà eu du mal à passer, la coupe de cheveux, nettement provocatrice, fût une source de conflit,vous vous en doutez.

Et c'était mon but : dire n'était pas possible - Je n'y arrivais pas- alors l'idée de montrer que j'étais révoltée m'avait semblé être une bonne idée.

Bof.

Au final, je me retrouvais avec une image qui ne me convenait pas vraiment mais qui provoquait malgré tout une réaction innatendue : un désintérêt total de la part de ceux que je voulais interpeller.

Alors tout en découvrant un monde, des musiques correspondant à ce mouvement punk-rock, faisant mon propre choix , hurlant des chansons des Sex Pistols, je m'en suis détachée puisqu'il n'aboutissait pas.

Au final, il aurait juste fallu que je prenne mon courage à deux mains et que je dise ce que je ressentais.

Est-ce qu'avec le recul, je regrette ?

Non. Cette période, relativement courte ( deux petites années ) m'a construite, m'a appris à grandir.