J'aime beaucoup lire, en vérité je n'aime presque que ça ... et Lorena, le reste du monde est fade ... je suis fade. Je devrais aller au lycée mais je n'en ai pas envie, non pas que les cours ne m'intéressent pas mais me retrouver parmi tant de gens me dérange, du coup je sèche, tous les jours... qui viendra vérifier de toutes façon ... mes parents ? Non, jamais ... Ils ont trop à faire pour s'occuper de leurs fils unique !

Depuis quelques mois déjà j'échange avec trois autres ados des livres sur un banc. Je ne sais pas pourquoi jamais personne d'autre n'y a jamais touché ni même pourquoi les deux filles ont une apparence aussi étrange, aussi proche de celle des personnages de mes romans favoris. Peut être le destin...

Pendant les premiers mois j'ai échangé les livres sans me préoccuper autrement des autres puis un jour je me suis caché pour voir qui ils étaient... Je m'ennuyai alors j'ai attendu et pendant plusieurs semaines je suis revenu très souvent, jusqu'à arriver à la conclusion que, moi compris nous étions quatre, seulement quatre. Quatre, un si petit nombre, si insignifiant mais qui veut pourtant tout dire pour moi.

Un jour l'une de ces personnes a finis par m'apercevoir plusieurs fois de suite a l'observer alors qu'elle venait récupérer un livre. Je ne sais pas comment, elle a compris qui j'étais et est venu me voir. On a parlé, beaucoup, longtemps, comme jamais je n'avais parlé avec qui que ce soit, en quelques jours nous n'étions plus des inconnus mais des personnes liés pour la vie par les fils invisibles et imperceptibles de l'amitié. Et puis nous avons décidé de rencontrer les deux autres personnes. Alors elle a laissé cette fois ci un message dans le livre qu'elle venait de déposer et depuis les deux autres on répondu positivement.

Après avoir passé quelques heures en centre ville je me rends au parc, la tête remplie d'idée plus désespérantes les unes que les autres comme à mon habitude mais une vision me fais sourire : Lorena est sur le banc et, pour une raison que j'ignore, elle embrasse l'autre jeune fille amie des livres.

Je m'approche d'elles, elles ne se sont pas encore séparée alors je m'écris :

-Dit donc Lorena tu m'avais caché une petite amie !

Elles s'écartent et rougissent toutes les deux.

-J-je, non. Enfin, je... ça n'est pas... bégaye la gothique.

Elle me lance un regard noir. Je lui affiche mon plus beau sourire puis m'adresse à l'autre jeune fille. Je lui annonce que je suis Tom, elle reste figée un instant, à la fois gênée et surprise puis m'annonce qu'elle se nomme Marie. Je m'assois à côté d'elles sur le banc et nous restons silencieux une dizaine de minutes. Ça n'est pas le silence lourd de ceux qui n'ont rien à se dire mais plutôt celui qui plane entre de vieux ami complices, qui n'ont pas besoins de plus qu'un regard pour se comprendre.

Brusquement la sonnerie d'un téléphone retentit, brisant la calme harmonie qui reposait entre nous. Je mets quelques instants avant de réaliser que c'est le mien qui produit ce vacarme. Il s'agit d'un numéro inconnu, je décroche en adressant un regard d'excuse aux filles.

-Allo !

La voie féminine me semble familière.

-Tom !

Ah, oui heureusement qu'elle me semblait familière, il s'agit de ma mère.

-Oui maman ? Que me vaut l'honneur de ton appel !

-Rentre tout de suite à la maison. Nous avons un client important qui vient dîner avec son fils ce soir et nous voulons que tu sois là !

-Je... Ok j'arrive...

-Et assure-toi d'être bien habillé !

Et elle raccroche brusquement sans me permettre de protester. Je soupire, me lève du banc et m'excuse avant de partir en traînant les pieds.

Sur le trajet du retour je garde la mâchoire et les poings serres, j'ai presque envie de me mettre à pleurer mais je me retiens ; cela ne servirait à rien, mes parents on comme toujours gâché un des rares moments heureux qui me restent encore et, encore une fois je n'ai pas réussis à protester.

Arrivé dans l'immense loft qui me tient lieu de maison familiale, je me traîne dans ma chambre pour enfiler une chemise et un jean slim avant d'aller dans le salon pour saluer nos invités.

Je me fige brusquement en apercevant le couple et leurs fils qui se tiennent sur un des luxueux canapés en face de mes parents.

C'est lui !

Le jeune homme dans mon salon est le garçon du banc. Celui que je suis censé rencontrer dans maintenant 4 jours.

Il est, comme à chaque fois que je l'ai vu, plutôt grand et vêtu avec beaucoup de style, ses yeux bridés légèrement maquillés et ses cheveux teints d'un gris argenté magnifique.

Ma mère me remarque enfin et m'incite à venir d'un geste de la main

- Tom je te présente monsieur et madame Kim et leur fils Jaemin, tu vas lui montrer ta chambre et nous laisser entre adultes discuter ! Hum ? Me dit-elle de son air hautain qu'elle adopte à chaque fois qu'elle me parle en présence de personne importante pour sa carrière

J'acquiesce et fais signe de la tête à Jaemin pour qu'il me suive. Il s'exécute et nous nous retrouvons tout deux dans cette pièce que j'ai toujours détesté.

- Bonjour, me dit-il avec un accent asiatique à couper au couteau.

- Oui, bonjour ! je souris.

Puis, j'enchaîne :

-C'est toi !

Je voulais que ma phrase sonne comme une interrogation mais ça n'est pas le cas. C'est plus une affirmation catégorique à laquelle il semble ne pas nécessiter de réponse.

-Je... Pardon ?

-Le mec des livres du banc, c'est toi. Tu es le quatrième !

Sa bouche s'arrondit dans air de surprise avant de venir afficher le plus grand des sourires que je n'ai jamais vu chez personne.

-Oui... C'est moi. Affirme-t'il, rendant ainsi mon cœur plus léger qu'il ne l'a jamais été.