Personne
Je pose mon crayon, enfin, il me semble avoir finis, avoir finalement tout dis tout ce que j'ai pus cacher pendant si longtemps. Toutes mes envies, mes passions enfin exprimées. Le monde va pouvoir enfin savoir, enfin entendre tout ce que j'ai à dire. Tout ce que j' ai pu penser alors que je laissais la vie défiler devant moi sans jamais l'interpeller, tout ce que mon imagination pouvait dire de mes anciennes peurs et complexe. Tout ce que mes parents n'ont jamais su et n'aurait jamais su si je n'avais pas pris cette décision fatidique. Tout ce que j'ai toujours voulu hurler mais que je n'ai jamais pu ne serais ce que murmurer.
Je relis une dernière fois cette nouvelle extravagante, souriant devant ces personnages bien trop beaux pour être vrais.
J'ai pu expliquer mes sentiments les plus profonds, ceux qui me rongeaient le cœur à chaque pas que j'ai fait sur le trop long chemin qu'est ma vie.
Tout est là, bien cacher derrière ma prose maladroite : ma peur des gens, de leurs regards, mon homosexualité refoulée, ma haine envers mes parents, tout ce que je n'ai jamais osé faire face à toutes ces gens qui foulaient des sentiers adjacents aux miens, mais aussi les seules joies que je n'ai jamais eues : les livres. Autant ceux que j'écrivais que ceux que je lisais, mes seuls "amis", les seules choses qui ont compté pour moi. Alors, aujourd'hui, avant de mettre un point final, je voudrai les remercier, merci à vous tous, ô grand héros qui m'ont toujours accompagnés, mais surtout merci Marie, Lorena, Tom et Jaemin, merci d'avoir dit et fais ce que je n'ai pu dire et faire !
Il ne me reste plus qu'une seule chose à faire avant de partir, une petite dernière pour pouvoir me libérer. Il me faut disparaître, glisser de se monde sans un bruit et pour cela il ne faut qu'aucune de mes pensées ne résonne plus jamais en ces lieux. Alors, je fais ce qu'il faut, j'ouvre mes tiroirs et en sors mes écrits, tous, du plus petit poème au plus grand roman que j'ai un jour écrit, pour finir par cette nouvelle. Je m'empare du briquet posé négligemment à cote d'un paquet de cigarette sur mon bureau. Pendant une dizaine de minutes j'observe les feuilles disparaître sous la morsure des flammes. Et puis, lentement, je me lève, pose un dernier regard sur cette chambre trop grande pour moi, remplie de tout ces objets qui n'ont jamais rien signifié pour moi et m'avance vers la salle de bain attenante pour y prendre cette petite boite contenant l'objet de ma délivrance.
Et, enfin, je peux fermer les yeux sereinement.
Enfin, je peux me reposer.
Enfin, je peux oublier.
Enfin, je peux dormir.
Enfin, je dors.
Enfin...
***
Deux jours plus tard.
Aujourd'hui, on enterre une jeune fille, seize ans, à peine.
Les gens diront qu'elle était trop jeune pour mourir. Ils auront surement raison.
Les voisins diront qu'elle ne le méritait pas, une personne aussi jolie et généreuse après tout ça ne mérite pas de mourir.
Ils diront que cet accident et sa perte sont très regrettables.
Ses camarades de classe diront à quel point ils sont tristes, ils raconteront comment elle était bonne élève et à quel point elle leur manquera.
Mais en vérité ils seront surtout heureux grâce à ça de pouvoir échapper au bac en fin d'année, parce qu'après tout elle était bien trop étrange pour qu'ils puissent l'apprécier.
Ses parents feront un discours éploré sur à quel point elle était une fille formidable et dévouée et qu'il ne comprenait pas comment une crise cardiaque pouvait emporter quelqu'un de cet âge.
Mais pour tout vous dire aucun de leur mot ne sera sincère car, ils auront caché au reste de l'assemblée funéraire les véritables circonstances de la mort de leur fille pour que cela ne puisse pas venir entacher leur réputation.
Sa meilleure amie quand à elle sera la seule personne sincère durant cette mascarade grotesque car seul de violents sanglots passeront ses lèvres, elle, elle aura comprit comment cette personne qui était tout pour elle avait trouvé la mort.
Sa meilleure amie ?
Notre héroïne n'était donc pas seule ?
Non bien sur que non, personne dans ce monde n'a aucun ami, personne n'est vraiment seul.
Mais, c'est un fait, les gens dans un tel état d'esprit que notre personnage principal, pensent souvent que personne n'est là pour eux, même si ils ont avec eux les amis les plus franc du monde.
Au fond de la grande église, se tiendront quatre adolescents bien étranges, détonnant avec le reste des êtres se tenant dans l'édifice.
Leurs mains seront étrangement tachées de noir, comme si ils avaient plongé leurs mains dans de la suie.
Eux, ils ne diront rien, personne ne les remarquera, ils ne pleureront presque pas.
Ils attendront juste la fin de la cérémonie avant de se séparer et de ne plus jamais se revoir comme si jamais rien n'était survenue.
Mais s'est-il bien passé quelque chose ?
Rassurez moi, je ne suis pas folle n'est ce pas ?
Je n'ai pas tout rêvé ?
Tous ces beaux moments ont bien existé ?
Marie,
Lorena,
Tom,
Jaemin,
Merci.
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