IX-Répétition

_Calum_

J'étais dans la salle de musique du lycée avec les garçons. Nous utilisons les instruments du bahut. J'accordai la basse pendant que Luke lisait la partition que le directeur nous avait imposé. Je voyais le blond souffler et Michael s'approcha de moi. Il me demande :

« Alors, est-ce que ça va mieux avec Emilie ?

-Bof, je ne sais pas trop. On ne se parle pas beaucoup et elle n'est pas là de toute façon, répondis-je d'un air triste.

-Elle est peut-être malade, dit-il, genre la grippe ou quoi.

-Ou bien elle aussi a le diabète, dis-je avec plein de sous-entendus en regardant Ashton.

-Non, elle n'est pas diabétique, répondit le bouclé avec une grimace.

-Qu'est-ce que tu en sais ?

-Je lui ai demandé...et elle m'a dit que non. »

Il ment. Je le vois fuir mon regard et il fait ça à chaque fois qu'il a quelque chose à se reprocher ou qu'il ment.

« Alors elle a quoi, demandai-je en me levant irrité.

-Je n'en sais rien, dit-il en montant le ton également. »

Second mensonge. Luke s'interposa entre nous. Luke, seize ans, le plus jeune mais le plus mature et le plus calme du groupe (enfin ça dépend) venait ramener sa fraise. Je soupirai et Luke changea de sujet :

« Kyo ça vous dit ? »

Oh non...C'est un groupe qui s'est composé dans les années 90's. Michael me demanda :

« Il y a cinq paragraphes, Calum tu ne veux pas en faire un ?

-Non, c'est mort ! »

Lors de notre prestation dans le bar où j'ai croisé le regard d'Emilie, j'avais envie de chanter mais les émotions se sont tues et j'avais changé d'avis. Je ne veux plus chanter. Je devais à nouveau être Calum Hood : le garçon froid et renfermé. A partir d'aujourd'hui, je devais contrôler mes sentiments.

« Tu n'es pas drôle, bouda le coloré.

-Ne l'oblige pas, me défendit Luke, je ferai les deux premiers, tu feras les deux suivants et Ashton terminera.

-Ça me va, tranchai-je en me mettant dans ma position habituelle. »

D'abord, Luke voulut le faire « a capella ». Il commença :

« Il a le droit de poser ses mains sur ton corps
Il a le droit de respirer ton odeur
Il a même droit aux regards qui le rendent plus fort
Mais moi la chaleur de ta voix dans le cœur

Et ça fait mal, crois-moi, une lame
Enfoncée loin dans mon âme
Regarde en toi
même pas l'ombre d'une larme »

Luke chantait bien, aidé par les paroles. C'était juste. Il a dû l'écouter juste avant pour être en harmonie avec la musique.

« Et je saigne encore, je souris à la mort
Tout ce rouge sur mon corps
Je te blesse dans un dernier effort »

Ensuite, Luke passa le relai à Michael après le refrain.

« Il aime caresser ton visage quand tu t'endors
Et toi tu te permets de dire encore, encore
Je sais que ce qui ne tue pas nous rend plus forts
Mais moi, mais moi je suis déjà mort
Et ça fait mal, crois-moi, une lame

Enfoncée loin dans mon âme
Regarde en toi
même pas l'ombre d'une larme

Et je saigne encore, je souris à la mort
Tout ce rouge sur mon corps
Je te blesse dans un dernier effort »

Mais je saigne encore, je souris à la mort
Mais je saigne encore,
Tout ce rouge sur mon corps

Tout ce rouge sur mon corps
Tout ce rouge sur mon corps »

Ils reprirent ensuite chacun leur tour pendant que j'étais sur mon téléphone. Emile ne m'avait pas répondu depuis une heure et je n'avais pas trop envie de jouer aujourd'hui. J'envoyai un nouveau message :

14h30

Emilie ???

J'étais inquiet et je flippais. J'ai peur de m'attacher à elle. Je soupirai et je lâchai la basse allant près de la fenêtre. Luke fronça les sourcils et s'approcha de moi :

« Qu'est-ce qu'il se passe ? »

J'haussai les épaules et lui montrai les messages. Luke et Ashton se regardèrent et le bouclé me dit :

« Ce n'est pas à moi de te le dire.

-Attends. Parce que tu es au courant de quelque chose et tu ne me le dis pas ?

-Ce n'est pas à moi de t'en parler putain !

-Il a raison, acquiesça Luke, c'est à Emilie Logan de te le dire.

-Et toi tu ne dis rien Michael ?

-J'aimerai savoir autant que toi mais je ne sais rien d'elle. Ashton l'a juste surprise à l'hôpital.

-Quand ?

-Il y a deux mois. Elle venait d'entrer pour une transfusion sanguine, j'ai entendu les infirmiers parler entre eux et les parents d'Emilie pleuraient, m'annonçait calmement Ashton. J'y étais pour voir mon endocrinologue, il regardait si mes injections d'insuline étaient suffisantes. »

Savoir également que l'un de mes amis sera diabétique à vie me brise le cœur. J'ai honte d'être le petit fumeur. Le tabac est l'une des premières raisons de toutes ses maladies cardiovasculaires, pulmonaires, cancers et même le diabète... Mes cigarettes me dégoûtaient, je me dégoûtais. Je sortis mon paquet de tabac et le jetai dans le mur opposé en jurant :

« Mais merde alors, je suis vraiment un sale con pour fumer cette saloperie alors que tu es diabétique et qu'Emilie semble avoir quelque chose de grave.

-Tu ne pouvais pas savoir Calum, tu fumes depuis deux ans. J'ai été diagnostiqué qu'il y a deux mois et je ne t'en veux pas, cela n'a rien à voir avec toi. Le diabète est transmis de génération en génération dans ma famille. »

Finalement, nous nous sommes posés en tailleur en cercle pour en savoir plus sur la maladie si compliquée d'Ashton.

« Durant plusieurs semaines, j'ai commencé à boire jour et nuit, aller régulièrement aux toilettes. J'étais super fatigué, j'ai perdu du poids et je suis devenu mauvais au soccer. C'est mon entraîneur qui m'a incité à consulter. Je l'ai mal vécu au départ.

-Je me demande ce qu'a ma petite Emilie... »

Les garçons me firent un sourire triste et mon téléphone vibra :

14h55

De Emilie :

58 rue Alfred Pinay, MARCIA. Je te dirai tout...

Les battements de mon cœur s'accélèrent : je vais enfin savoir ce qu'elle me cache depuis quelques temps. Je me levai rapidement attrapant ma veste en cuir noir ayant des interrogations de la part des garçons. Je pâlis et répondis :

« J'ai son adresse...Elle va tout me dire...

-Bon courage mec, j'espère que tu encaisseras le coup, murmura Ashton. »

14h56

A Emilie :

Ok je me mets en route.

Je flippais. La phrase d'Ashton remuait dans ma tête : « J'espère que tu encaisseras le coup » Qu'est-ce que cela veut dire ? Le pire était déjà dans ma tête.