VIII-Chimiothérapie

Ma meilleure amie avait insisté pour venir avec moi à l'hôpital pour faire ma chimiothérapie. J'étais assise dans le bureau du médecin pour ma consultation. Carla attendait dans la salle d'attente, elle n'avait pas le droit d'être là. Le médecin avait examiné mes derniers résultats de numération de formule sanguine. Il me dit :

« Vous êtes proche de l'anémie. Dès les premiers vertiges, je vous demande de venir à l'hôpital pour une transfusion sanguine. »

J'hochai la tête : ce n'est pas ma première transfusion sanguine et je connaissais les risques.

« De plus, nous allons devoir vous injecter vos médicaments et tenter l'immunothérapie. Vous êtes sortis dernièrement ?

-Oui, je suis allée à un car pour voir des camarades jouer de la musique et je suis retournée au lycée.

-Je comprends enfin votre fatigue intense alors, ce n'est pas conseillé de reprendre l'école.

-S'il vous plaît...je m'ennuie à la maison et je suis contente de revoir mes amis !

-Je veux bien tenter le coup cette fois mademoiselle Logan mais si ça dérape, vous ne sortez plus.

-D'accord... »

Il faut que je fasse attention à moi. Je sortis du bureau et indiquai à ma meilleure amie ma chambre. Elle m'attendit à une chaise à côté du lit médical pendant que j'enfilai une blouse d'hôpital dans la salle de bain. La chimiothérapie nécessitait que l'endroit soit stérile. Je m'assis dans le lit et retirait ma perruque. Carla eut un petit hoquet en voyant mon crâne dégarni. J'étais désormais sans cheveux et sans sourcils. Je commençai à perdre mes cils.

« J'ai l'air d'un monstre, je le sais, dis-je, ce n'est pas parce que tu es ma meilleure que ton regard va changer par rapport à celui des autres. Aux yeux des gens, nous sommes rabaissés.

-Ce n'est pas ça...Tu es justement ma meilleure amie et cela me brise le cœur de te voir comme ça...tu es si fatiguée...tu ne vas pas bien...Je ne comprends comment des gens peuvent juger des gens qui se battent contre le cancer...

-C'est le monde cruel d'aujourd'hui. »

Carla se mit à pleurer et je la serrai fort dans mes bras. Elle est tellement géniale, elle me soutient et m'encourage jusqu'au bout. Elle ne me lâchera jamais.

« J'ai peur de te perdre..., chuchote-t'elle dans mon cou.

-Je serai toujours là et même s'il y a une récidive et que je ne survis pas, sache que je serai toujours là. »

Première fois depuis deux mois que je pense à la mort. Elle a l'air si proche et si lointaine en même temps. Je sais que j'ai de la chance de ne pas avoir des métastases partout dans le corps même si je sens ces blastes tuer ma moelle osseuse à petit feu.

« Tu n'as pas le droit de mourir Emilie »

Je massai son dos et elle se recula un peu. Une infirmière toqua et entra dans la chambre en se présentant :

« Je suis Barbara, une infirmière. Je vais vous prendre en charge cet après-midi. Est-ce que vous êtes prête pour votre chimiothérapie ?

-Oui, dis-je en attrapant la main de Carla.

-Super ! Dégagez la manche de votre épaule pour que je puisse brancher la sonde au cathéter.

J'obéis et après avoir désinfecté autour de ma peau, elle brancha la sonde à la perfusion de médicaments.

« Est-ce que c'est douloureux, demanda Carla pendant que l'infirmière réglait la perfusion.

-Non, je ne sens rien. Le plus douloureux, c'est la pose du cathéter. J'ai eu mal une bonne semaine mais après on s'habitue.

-Et là est-ce que ça va ?

-Oui c'est loin d'être ma première chimio et j'en ai déjà eu des plus fortes.

-Tu es courageuse. »

J'haussai les épaules baissant les yeux vers la sonde. Un liquide blanchâtre s'écoula. C'est parti pour trois heures de thérapie.

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