17-Hôpital
XVII- Hôpital
Trois semaines plus tard, me voilà aux urgences de l'hôpital emmenée par le SAMU : j'ai à nouveau une anémie, des difficultés à respirer, des nausées et je vois trouble. Je peux entendre ma mère hurler de sanglots à côté de moi. Je parlai faiblement :
« Ma...maman... »
Les brancardiers me transvasèrent sur un lit d'hôpital pour m'amener au service d'oncologie où je suis régulièrement suivie par mon oncologue. L'ascenseur était long. Ma respiration se fit plus douce et moins saccadée lorsqu'un masque d'oxygène fut posé au niveau de mon nez et de ma bouche. Je fermai les yeux, un peu plus apaisée. L'infirmière avait prise mes constantes et elle les transmettait à ma mère :
« Elle a une tension à 9, c'est très bas. Il faut absolument la prendre en charge. Elle a une saturation à 82%. Elle a besoin d'aide pour la respiration. »
Ma mère redoublait d'inquiétude et sanglota un peu plus :
« J'ai l'impression que le cauchemar recommence, qu'elle ne guérira jamais de son cancer. »
Elle cacha ses yeux larmoyants dans ses mains quand l'infirmière tenta de la réconforter :
« L'équipe prendra soin d'elle, nous ferons de notre mieux pour la remettre sur pied. »
Les portes de l'ascenseur s'ouvrirent tout d'un coup et je sentis le lit s'avancer à l'intérieur de celui-ci. La main de ma mère se posa la mienne et j'ouvris légèrement les yeux croisant son regard. Au quatrième étage, mes parents ne purent pas rentrer dans la chambre. Le médecin de garde devait arriver d'une minute à l'autre. Je pris connaissance de mon nouvel environnement. Une télé était accrochée au mur, les sanitaires étaient en face. Deux infirmières arrivèrent et elles furent triste de me voir débarquer. Elles se sont occupées de moi durant plusieurs mois. Elles me disaient :
« Oh Emilie, tu nous fais peur... »
Moi aussi j'ai peur, me répétai-je. Le médecin de garde arriva dans la chambre et ordonna aux infirmières de reprendre mes constantes en se présentant :
« Bonsoir Emilie, je suis Aurélien l'interne de garde. Je vais t'examiner. Je vais d'abord te prescrire un bilan sanguin d'urgence. Est-ce que tu as des douleurs ? »
J'hochai légèrement la tête et désignai mon estomac. Je chuchotai :
« Estomac...brûlures...
-Je vois...à combien estimes-tu ta douleur ?
-Neuf...
-T'es courageuse, répondit une des infirmières à la queue blonde, tu as tellement l'air de souffrir.
-Poumons aussi...Je ne respire pas bien.
-On va vous mettre sous morphine en attendant les résultats de la prise de sang. Après ça, nous te ferons des examens. »
L'infirmière brune nota les constantes dans le fichier de l'interne. Il parla encore un peu avec moi pour me rassurer et écrivit ses prescriptions dans le dossier. Avant de faire une prise de sang, l'infirmière m'aida à me déshabiller pour mettre une chemise ouverte de l'hôpital. Elle me dicta ensuite les consignes :
« Allonge ton bras...parfait...serre fort le poing....Tu as des belles veines, je te préviens quand je pique. »
Elle désinfecta le pli de mon coude et me dit :
« Attention, je pique. »
A vrai dire, je n'ai rien senti, je me sentais au bout du rouleau avec toutes ces douleurs qui me rongeaient de partout. Après avoir prélevé mon sang, elle piqua une nouvelle fois pour me poser un cathéter. Elle afficha un sourire rassurant et passa une perfusion de sérum glucosé une pompe à morphine. Elle sortit pour que je puisse me reposer. Je fermai les yeux et entendis seulement les chuchotements indiscrets de mes parents. Mon père avait quitté son travail pour moi...
**
Vers six heures et demie, l'interne de garde était à mon chevet avec une aide-soignante et une infirmière. Je papillonnai des yeux. Je louchai vers l'aide-soignante, puis l'infirmière et enfin l'interne de garde. Ce dernier fit un signe de tête vers l'aide-soignante et il quitta la chambre. Les deux femmes me proposèrent de m'aider pour une toilette avant de faire une série d'examens. J'acceptai bien que je sois très pudique. Elles préparèrent leur matériel : elles ramenèrent une bassine d'eau chaude, des gants, serviettes et savon. L'infirmière coupa les perfusions le temps de ma toilette. Je les laissai me dévêtir et me toucher partout. J'étais trop faible pour faire quoique soit. J'étais toujours aidé de la pompe d'oxygène pour respirer, des perfusions pour m'hydrater. Mon cancer me faisait trop souffrir. Ma mère pleurerait toutes les larmes de son corps si elle voyait ça.
Elles me mirent une chemise ouverte propre et me parlèrent gaiement. L'aide-soignante essayait de me donner le sourire pendant que l'infirmière réajustai à nouveau les perfusions. Je pensais à Calum. Mon petit ami n'est même pas au courant que je suis hospitalisée, il doit se faire du souci. Je demandai faiblement :
« Où est mon téléphone, j'en ai besoin absolument. »
L'aide-soignante nommée Magali chercha dans mes affaires et trouva mon IPhone. Il était allumé et j'avais énormément de messages dont les principaux étaient de Calum et également : « Appel manqué (13) Calum »
De Calum :
22h54
Bébé, je t'aime
23h30
Pourquoi tu ne réponds plus ?
23h31
Tu dors ?
23h35
Emilie ? Je m'inquiète là !
00h05
Arrête ce n'est pas drôle, je vais débarquer chez toi !
Je ne pris pas le temps de répondre et l'appelai aussitôt. Le personnel quitta la chambre. Il répondit quasiment à la seconde.
« EMILIE ? JE ME SUIS INQUIETE TOUTE LA NUIT ET TU NE REPONDS QUE MAINTENANT ?! »
Je le laissai parler sans l'interrompre et lorsqu'il termina, je dis faiblement :
« Salut...
-Euh...ça va ? Attends, je passe chez toi !
-Je...non Calum...
-Quoi non ? Quoi non, répéta-t 'il paniqué.
-Je suis hospitalisée Calum...
-Quoi ? Pourquoi est-ce que tu ne me l'as pas dit, dit-il soudainement au bord des larmes.
-J'en étais incapable, j'ai manqué d'oxygène, je ne suis toujours pas capable de respirer par moi-même. J'ai mal Calum. Je sens que mon cancer s'installe... »
Cette dernière phrase lui arracha ses larmes. Il s'en voulait sûrement d'avoir hurlé comme ça mais je ne pouvais pas lui en vouloir : j'aurai sûrement réagi de la même façon. Calum souffla plusieurs minutes pour calmer ses sanglots. Il reprit ensuite d'une voix faible et vidée d'émotions :
« Est-ce que je peux venir te voir ?
-Passe chez moi, mes parents y sont jusqu'en début d'après-midi, tu ne peux venir qu'à partir de treize heures trente. »
Il soupira, il n'avait pas le choix d'attendre toute une matinée. Avant de raccrocher, je lui dis :
« Repose-toi Calum, je sais que tu n'as pas beaucoup dormi. Je t'aime.
-D'accord...Moi aussi, je t'aime. »
A présent, j'attendis la suite des évènements, je me demande quels examens j'allai devoir faire. Je fermai à nouveau les yeux pour dormir encore un peu : la journée risquait d'être longue...
**
Mon oncologue passa dans la matinée, informé par l'interne de garde de mon état. Il était assis sur une chaise dans ma chambre. Mes parents n'étaient pas encore là. Il me dit lentement :
« Tu as fait une rechute, le cancer s'est multiplié à nouveau rapidement et ton corps n'a pas supporté. Je te propose de faire plusieurs examens, je veux être sûr qu'aucune métastase soit apparue. Pour cela, il faut que je fasse une scintigraphie. Cet examen dure un peu plus de cinquante minutes. J'espère que tu n'es pas claustrophobe car si tu acceptes, tu vas rester un moment enfermé dans un long tube.
-D'accord, je continue toujours de me battre. Mais...si jamais mon état empire, ne prévenez personne. Je vous demande de mentir. »
Ma demande était délicate mais j'étais décidée, je ne veux plus que mon entourage souffre de cette horrible vérité : à l'heure d'aujourd'hui, je ne suis pas sûre de pouvoir guérir. Pourtant, j'acceptais de tout donner pour profiter au maximum de peut-être mes derniers moments de vie...
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