XIII- Mars bleu

_Calum_

J'ai toujours été prêt à faire n'importe quoi pour les gens que j'aimais. J'avais un tempérament impulsif et un regard froid. J'étais ce garçon mystérieux, celui dont on ne soupçonnait pas de tomber amoureux d'une fille et pourtant c'était le cas. J'étais amoureux d'elle. Emilie Logan. Ce n'est pas une fille banale, elle est belle malgré qu'elle soit dégarnie à cause des médicaments. Elle a les plus belles formes du monde malgré sa maigreur intense à cause de sa maladie. Je risque peut-être de la perdre, j'y pense chaque jour de ma vie. Je me sens si vulnérable. Voilà un mois que nous sommes ensemble. Je profite de chaque moment pour la voir, elle est bombardée de médicaments. Elle est fatiguée et je n'ose pas sortir, je ne veux pas l'épuiser plus qu'elle ne l'est déjà. J'étais assis dans ma chambre sur le tapis, le dos contre le lit. J'étais avec ma basse. J'exprimais mes sentiments à travers la chanson car j'étais incapable de dire « Je t'aime »

« If I could fly,

I'd be coming right back home to you

I think I might

Give up everything, just ask me to »

Je pourrai faire n'importe quoi pour elle. Je pourrai traverser la ville entière, quitter un entraînement de musique pour elle. Je pourrai tout faire pour qu'elle aime sa vie avec moi-même si c'est possible que cela soit ses derniers moments...

« Pay attention

Cause I let my guard dowm

Right now I'm completely defenceless »

A vrai dire, j'ai pris ma guitare car je me sentais mal, impuissant face à sa maladie. J'ai un coup de blues. Je me sens inutile pour sa guérison. Je ne suis pas médecin, je n'ai pas le pouvoir de la soigner.

« For your eyes only

I showed you my heart

For when you're lonely, forget who you are

I'm missing half of me, when we're apart,

Now you know me, for your eyes only »

J'étais un garçon amoureux et je craquais. Je suis minable. J'ai donné mon cœur à celle qui ne pourra peut-être pas m'ouvrir le sien pour toute sa vie. Elle finira par partir...et je ne m'en remettrai jamais. Je laissais tomber ma guitare, ne terminant pas « If I could fly » des One Direction. Je me suis mis à déprimer lorsque notre proviseur est venu nous parler de Mars bleu. Mars bleu est le mois de l'année qui organise des dépistages contre le cancer colorectal. Notre lycée, comme tous les ans, organisait un petit concert pour soutenir toutes les personnes atteintes du cancer. J'étais réticent au départ puis j'ai pensé à ma copine. Je veux lui montrer que je suis là pour elle, que je la soutiens. Pour ça, j'ai accepté de chanter si la condition était que je choisissais la chanson. Je voulais une chanson qui pouvait montrer mon amour mais aussi être dans le thème de Mars bleu. Ashton m'avait proposé son aide. D'ailleurs, depuis quelques temps nous étions proches. Nous passons beaucoup de temps ensemble lorsque ma copine se repose chez elle. J'avais trouvé. Il n'y avait pas seulement de ça. Je devais parler à Emilie. Elle attendait une greffe et je voulais profiter de ce concert pour annoncer sa maladie. J'aimerai faire une cagnotte pour pouvoir lui faire une surprise et demander à l'ensemble de la ville de faire un test de compatibilité pour trouver un donneur de moelle osseuse et la guérir...

**

J'appréhendais beaucoup sa réaction. Emilie gardait sa maladie secrètement, elle ne voulait pas que le monde entier soit au courant. Elle voulait que les gens la voient telle qu'elle est et non pas comme une cancéreuse. J'avalai ma salive. Emilie me toisait silencieusement attendant que je parle :

« Tu ne vas pas vouloir, je le sais mais laisse-moi essayer...

-De quoi ? »

Sa voix sonnait plus froide que prévue. Elle déteste lorsque je me hâte aux conclusions sans énoncer mon idée. Je bougeais timidement mes pieds et commença doucement :

« Lors du concert Mars bleu, j'aimerai parler de toi et demander à la population de faire un test de compatibilité...

-Non. »

Elle trancha sec. A vrai dire, je m'en doutais. Je serrai les poings. J'étais énervé.

« Mais pourquoi ? C'est quoi le problème ?

-Je ne veux pas être de cette fille cancéreuse !

-Arrête ! Tu devrais assumer ta maladie, en faire ta force ! Tous les jours, tu te bats contre cette saloperie qui te ronge ! Tu fais chimio' sur chimio' ! Tu es épuisé et je suis là pour t'épauler !

-Tu ne m'aides franchement pas là !

-Tu vas trop loin. J'ai toujours été là, j'ai toujours fait de mon mieux pour t'aider mais j'en ai marre de te voir souffrir, de me faire l'idée que tu vas dépérir peu à peu chaque jour. Je me sens impuissant. Je veux que tu trouves un putain de donneur qui va te guérir de ta putain de leucémie ! »

Des larmes de rage et de tristesse perlèrent sur mes joues et je les essuyai furieusement en continuant de crier :

« Chaque jour, je déprime en me disant que je ne suis pas assez bien pour toi, que je ne fais pas le maximum pour te rendre heureuse. Chaque jour, je te perds un peu plus. Tu crois que je vais supporter de te voir mourir ? Je ne veux pas à voir ton cercueil sous mes yeux. Je ne peux pas croire en ta mort Emilie.

-Tout le monde meurt Calum, répondit-elle plus calmement face à mon monologue tranchant.

-Non...personne n'est censé mourir à dix sept ans. Tu as toute ta vie devant toi et tu vas laisser ta maladie te ronger ?

-Je me soigne Calum.

-Non, les médicaments ne suffisent pas. Parfois, avoir l'entraide et le soutien d'une ville, de ton entourage peur aider à ton moral.

-Je vais bien Calum.

-Non, tu ne vas pas bien. Tu es épuisée de cette chimiothérapie, ce n'est pas la vie que tu veux. En restant dans le silence, tu ne te laisses pas la chance de trouver un donneur. Mon groupe est connu dans la région, laisse-moi tenter.

-Calum...je ne veux pas être pris en pitié.

-Alors s'ils te prennent en pitié alors je suis concerné autant que toi. Tu es ma petite amie, tu es la mienne et cette maladie fait partie de moi également. Elle est avec nous.

-Je ne sais pas. »

Emilie se mit à sangloter et courut dans mes bras en s'excusant de me faire vivre un enfer pareil. Je la rassurai :

« C'est avec toi que je veux être. Je sais ce que tu penses. Tu n'es pas un boulet, tu as peur du regard des gens et je comprends...mais tu n'es pas seule, je suis là, je suis amoureux de toi Emilie. »

Elle me serra fortement dans ses bras et après s'être calmé, elle posa ses lèvres sur les miennes. Je l'aime tellement cette fille...

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