Un secret dans le secret
— Droite !
Hitomi se décala sur la gauche en entendant l'exclamation de Kurokumo. Elle n'eut pas le temps de voir le kunai siffler près de son oreille, si près qu'il emporta quelques cheveux avec lui. Elle était trop occupée à exploser en mouvements dans la direction de Kakashi, des Chaînes Limpides jaillissant de sa main droite tandis qu'elle brandissait son tantô de l'autre. Toujours loyal, toujours féroce, Hoshihi se glissa à ses côtés et bondit lui aussi, les deux pattes avant étendues pour tenter de se refermer sur la silhouette du sensei.
Jamais elle n'avait eu autant envie de lui botter le cul.
Elle feula de rage quand il s'évapora juste devant la lame de son sabre et le suivit dans son Shunshin, laissant une traînée de paillettes là où elle s'était tenue un instant auparavant. Elle en aurait plein les cheveux, mais ça valait le coup, rien que pour l'expression de Kakashi quand elle réapparut devant lui. Cela faisait deux semaines qu'il l'entraînait sans relâche pour le tournoi. Elle avait appris deux techniques Suiton depuis, et bien avancé dans sa maîtrise du Raiton, même si elle n'était pas encore tout à fait capable de transformer son chakra jusqu'à cette nature. La technique ne serait sans doute pas prête à temps, mais ce n'était pas grave, ce serait toujours utile plus tard.
Tous les soirs après qu'il l'ait entraînée, il devait pratiquement la porter jusqu'à chez elle – d'accord, il la portait totalement jusqu'à chez elle. Généralement, Ensui l'entraînait le matin et Kakashi l'après-midi, puis elle finissait la journée avec des bouillottes sur les parties les plus meurtries de son corps tout en travaillant sur le matériel trouvé dans la cache de Tobirama. Ensui avait pu ramener tous les documents qu'ils avaient empruntés deux jours plus tôt, mais elle avait gardé les objets pour prendre le temps de les examiner après le tournoi.
Kakashi se téléporta à nouveau et cette fois, comme si elle l'avait senti, Sunaarashi se trouvait pile devant l'endroit où il réapparut. La chatte couleur sable bondit mais ses griffes manquèrent le bras du Jônin d'un cheveu – non pas parce qu'il n'avait pas eu le temps de faire mieux, mais parce qu'il économisait ses gestes. Hitomi tomba à nouveau dans une posture de défense, mais un sourire carnassier jouait sur ses lèvres. Elle recula légèrement, se courba et plaqua sa main sur le sol, là où elle avait passé les dernières minutes du combat à disperser une longueur de câble ninja. Son chakra fila à travers le métal et un petit clic se fit entendre comme une détonation dans le silence qui régnait soudain sur le terrain d'entraînement. Le sol explosa sous les pieds de Kakashi et une colonne de feu s'embrasa là où il s'était tenu un instant plus tôt. Elle se serait inquiétée si elle n'avait pas senti son chakra se téléporter.
— Essayer de brûler vif ton sensei ? Pas très gentil tout ça, Hitomi-chan. Si je ne t'avais pas dit d'attaquer avec l'intention de me tuer, je serais presque vexé.
Elle se figea en sentant la douce caresse d'un kunai sur sa gorge et jura entre ses dents. Des petits spasmes parcouraient ses muscles et son souffle s'était tant raccourci qu'elle avait l'impression de haleter. Elle rengaina lentement son sabre et claqua des doigts, le signal pour que ses chats s'assoient là où ils se tenaient.
— Je me rends, grommela-t-elle.
— Bien ! encouragea Kakashi en baissant son kunai. Est-ce que tu veux rentrer tant que tu tiens debout ou t'entraîner encore un peu ?
— M'entraîner encore un peu. J'ai presque chopé le truc pour l'Étreinte Mortelle de l'Ombre, alors...
— Ah, et la fin d'après-midi et le crépuscule sont les meilleurs moments pour t'entraîner. Je vois. Eh bien vas-y, je vais regarder ça.
Elle fut surprise quand le sensei, une fois assis le dos contre un tronc d'arbre, ne dégaina pas l'un de ses bouquins et riva en effet son regard sur elle. Elle savait qu'il était capable de lire et observer en même temps – il l'avait fait durant le premier test des clochettes et elle n'avait pas progressé à ce point depuis, pas si on comparait ses progrès à sa puissance à lui. Elle se mit en place, lentement, ses mains formant la Mudra du Rat avec la force de l'habitude. En un instant, son esprit attrapa le lien qui conduisait à ses compétences Nara et elle inspira profondément en voyant son ombre s'étendre légèrement devant elle en réponse.
Elle n'avait jamais eu la moindre difficulté pour en arriver à ce stade depuis qu'elle avait appris cette technique entre les mains d'Ensui. La Manipulation des Ombres était facile en comparaison des autres techniques de son clan. Elle pivota légèrement sur ses appuis pour se trouver face au poteau qui lui servait de sac de frappe et de station d'entraînement. Un clone ne pouvait rester entier sous l'Étreinte Mortelle, et les seules personnes qui auraient pu l'aider étaient soit trop faibles et courraient un trop grand danger – Anosuke, Sugi, Hanabi – soit trop puissantes et lui voleraient tout son chakra en un instant – Kakashi, Ensui, Kurenai.
Elle devait à présent, par la force de la visualisation, convaincre son ombre de se dresser en trois dimensions, de prendre force et corps. Elle envoya son chakra dans la flaque d'obscurité à ses pieds et imagina comme une vague, épaisse, puissante, sauvage. L'ombre frémit, ondula en réponse, mais ne répondit pas comme elle l'aurait voulu. Elle ne se découragea pas, essayant tous les exercices de visualisation qu'elle avait en tête. Kakashi n'avait pas détourné le regard, scrutant ses moindres gestes d'un œil presque aussi perçant qu'un Sharingan.
Soudain, comme un flash, lui revint l'image d'un spectacle d'ombres chinoises auquel elle avait assisté à l'hôpital, dans le Monde d'Avant. Sa respiration eut un raté, une décharge de chakra parcourut tout son corps, et l'ombre de souleva de quelques minuscules millimètres au-dessus du sol. Ses yeux s'écarquillèrent, elle fronça les sourcils et serra les dents, ses jointures blanchissant en réponse à la tension qui soudain parcourait tout son corps. Elle malaxa autant de chakra neutre qu'elle le pouvait d'un seul coup et rappela le souvenir devant ses yeux avant d'expulser toute l'énergie à travers son ombre.
En réponse, celle-ci bondit du sol et s'étira à toute vitesse, un peu à la façon d'un serpent qui se jetait à l'attaque. L'extrémité du ruban d'obscurité s'enroula autour du poteau et se mit à serrer, si fort que le bois gémit et craqua. Elle sourit, l'expression peut-être un peu pincée par l'effort que maintenir la technique lui coûtait, mais quand elle tendit le bras et le reculait, imitant le geste qu'elle aurait fait si elle avait dû tendre la corde d'un arc, l'ombre suivit, emmenant le poteau avec lui dans un grincement de fin du monde. Quand elle eut réussi à le pencher vers elle de dix bons degrés, elle fut forcée de relâcher sa prise et tomba à genoux, le souffle court. Elle sentait soudain à quel point l'effort avait été violent : des gouttes de sueur froides lui couraient dans le dos et une vague nausée s'était emparée d'elle.
Tentant de retrouver son souffle, elle ferma les yeux, le corps agité de frissons, et sursauta quand une large main chaude se posa dans son dos, comme pour la maintenir en place. Elle n'avait pas fait attention à ses sens et n'avait pas perçu l'arrivée de Kakashi, mais son chakra, son odeur et sa chaleur corporelle l'enveloppaient soudain. Sans rouvrir les yeux, elle laissa un sourire épuisé danser sur ses lèvres et s'affala dans ses bras, bien consciente qu'il la rattraperait. Au-dessus d'elle, elle entendit un petit rire grave qui vibra dans le large torse contre sa joue.
— Eh bien, Hitomi-chan, on dirait que tu avais raison, hm ? Laisse-moi te ramener à la maison avant que ton maître ne débarque ici et ne convainque Kurenai de me tuer pour t'avoir laissée en faire trop et attraper froid, hm ?
— O-oui, sensei.
Elle somnola pendant une grande partie du retour. Les rues étaient encore chargées de civils qui terminaient leur journée et décidaient d'aller fêter ça ou de sagement rentrer chez eux, aussi le Jônin décida-t-il plutôt d'emprunter la voie des airs, s'élançant sur les toits qu'il aurait pu parcourir dans son sommeil. Hitomi perçut vaguement la présence de deux membres de l'ANBU qui passaient à sa gauche, puis les entendit saluer le Ninja Copieur d'une voix pressée mais amicale. Une mission, sans doute... Quoi qu'il se passe au village, elles n'arrêtaient jamais d'affluer.
— H-Hitomi ?
— Hm, shishou... J'en ai un peu trop fait, je crois.
Elle n'avait pas réalisé qu'ils étaient arrivés, elle s'était juste sentie en sécurité, et peut-être était-ce ce qui l'avait poussée un peu plus loin dans le sommeil. Elle sentit deux mains tripoter ses bottes, puis de l'air tiède sur ses pieds qui lui fit crisper les orteils. Uh. Un bain. Elle avait besoin d'un bain.
— Je sais, Hitomi, je vais m'en occuper tout de suite. Laisse-moi juste t'enlever ce kimono.
Elle répondit d'un grognement affirmatif, les yeux toujours fermés. Les bras de Kakashi la relâchèrent dans ceux d'Ensui et elle se blottit contre lui avec satisfaction, sans se soucier qu'elle lui compliquait sans doute un peu la tâche en agissant de la sorte. Elle entendit son sensei résumer les progrès et accomplissements de son entraînement du jour. Les mains d'Ensui se resserrèrent autour d'elle quand il apprit qu'elle avait maîtrisé l'Étreinte Mortelle de l'Ombre. Maintenant il ne lui restait plus qu'à apprendre à le faire sans se vider de son chakra, joie, allégresse... Et pourquoi est-ce qu'ils se mettaient à rire, tous les deux ?
— Ma puce, dit Ensui avec affection, tu râles à voix haute quand tu es fatiguée.
Elle se raidit légèrement dans ses bras mais grimaça quand ses spasmes d'épuisement empirèrent. D'accord, elle n'aurait peut-être pas dû forcer quand Kakashi lui avait laissé le choix de rentrer... Mais le temps lui semblait filer à toute vitesse à présent que son entraînement pour le tournoi avait véritablement démarré. Aucun de ses instructeurs ne la ménageait – Shikaku se joignait parfois à Ensui pour superviser l'une ou l'autre séance et lui offrir quelques perles de sagesse.
— Eh... Vous m'avez appelée « ma puce », remarqua-t-elle d'une voix épuisée.
Les deux hommes rirent encore. Une victoire. Les Jônin ne riaient jamais assez, si on lui demandait son avis.
— On dirait bien que oui. Je sais que c'est le surnom de ta mère, mais... Je pourrais l'utiliser aussi, si tu veux ?
— Franchement, j'ai eu peur que vous vous décidiez pour « chaton », alors « ma puce » c'est très bien en comparaison, shishou.
— Ooooh, je n'avais jamais pensé à « chaton » ! Tu as raison, je vais faire ça aussi.
— N-noooon...
Kakashi fit ce bruit étrange où il essayait de toute ses forces de se retenir d'éclater de rire et qu'un peu de son franchissait malgré tout la barrière de ses lèvres. Hitomi fronça légèrement les sourcils. En vérité, elle se fichait du surnom qu'Ensui voudrait bien utiliser pour elle. Après toutes ces années, elle s'était simplement dit que ce n'était pas son genre. Elle n'avait pas compris qu'il cherchait plutôt le bon. Ce n'était pas comme si sa mère était la seule à l'appeler comme ça, après tout. Elle se souvenait de Shikano, son père, qui avait été le premier à l'utiliser. Le souvenir de son sourire et de la douceur dans ses yeux quand il la regardait la fit frémir et elle se recroquevilla contre le torse d'Ensui.
— Courage, on y est presque. Kakashi, va chercher un plaid dans sa chambre, s'il te plaît.
Quelques instants plus tard, le tissu lourd et chaud de l'une de ses couvertures tomba sur ses épaules. Il sentait encore Hoshihi – c'était celle que le félin préférait, même maintenant qu'il était bien trop grand pour tenir entièrement dessus. Les yeux toujours clos, Hitomi laissa Ensui ajuster le plaid autour d'elle pour qu'il ne risque pas de tomber. Il l'avait assise sur la machine à laver, le dos contre le mur, le temps de remplir le bain. D'habitude, on se lavait avant d'y entrer, et l'eau servait pour toute la famille, ou alors on se contentait d'une douche, mais personne dans la salle de bain n'était assez optimiste pour penser qu'Hitomi resterait éveillée assez longtemps pour ça.
Elle était déjà presque endormie quand Ensui la dévêtit, le regard rigoureusement rivé à son visage – elle entendit Kakashi sortir de la pièce quelque part à ce moment-là – et la déposa soigneusement dans la baignoire, l'installant de manière à ce qu'elle ne glisse pas. Il prit l'une de ses mains dans la sienne et commença à frotter pour la débarrasser de la terre et de la crasse d'un entraînement bien trop vigoureux. Elle décida de rendre les armes : elle lui faisait confiance, elle était en sécurité, il veillerait sur son sommeil.
Elle se réveilla dans son lit le lendemain matin. Enfin, matin... Un regard dehors l'informa que pour la première fois depuis des années, elle avait fait la grasse matinée, et que personne ne l'avait réveillée. Elle aurait grogné de mécontentement si les paroles d'Ensui n'avaient pas encore été si vives dans sa mémoire. Elle devait travailler, oui, s'entraîner d'arrache-pied, mais se reposer aussi. Avec un soupir, elle sortit du lit et se changea. Apparemment, son mentor avait réussi à la rhabiller d'une chemise de nuit pendant qu'elle dormait. Même pour un ninja d'élite, c'était plutôt impressionnant.
Une fois prête, elle descendit les escaliers et trouva son maître dans le salon, plongé dans l'un des parchemins qu'ils avaient décidé de garder. Un bref passage dans sa Bibliothèque informa Hitomi que personne d'autre n'était à la maison – mais Shikamaru, dans la maison voisine, dormait encore. Elle salua Ensui d'une brève étreinte puis se dirigea vers la cuisine, guidée par son estomac vide. Chacun de ses gestes lui rappelait les efforts de la veille. La douleur des muscles, elle s'y était faite, des années auparavant, et ne la remarquait même plus, mais la brûlure à l'intérieur de ses méridiens... Elle devrait sans doute utiliser uniquement le strict minimum de chakra ce jour-là.
— Laisse-moi m'occuper de ton petit-déjeuner et lis plutôt ça.
Docile, Hitomi s'assit à la petite table de la cuisine et s'empara du parchemin qu'il lui tendait. Il lui fallut quelques secondes pour mettre son cerveau en route correctement, mais après ça... Après ça, elle écarquilla les yeux et ne remarqua même pas les plats qu'Ensui posait devant elle, trop profondément plongée dans sa lecture. Ses doigts picotaient à nouveau, appelés par la douce tentation que le fûinjutsu était devenue.
— C'est... Je n'arrive pas à y croire, shishou.
— Tu penses en être capable ?
— Hm... Peut-être ? Pas maintenant, non, ça c'est certain, mais si je ne me consacre qu'à ça pendant quelques mois, peut-être un an...
Si elle parvenait à maîtriser ce nouveau domaine de l'art des sceaux, elle pourrait utiliser le fûinjutsu en combat direct, et ça... Elle ne pouvait même pas imaginer toutes les applications possibles de ce qu'elle avait sous les yeux. La main d'Ensui passa devant ses yeux et lui retira le parchemin des mains avec délicatesse.
— Mange, exigea-t-il d'une voix douce. Je te promets qu'il ne va pas s'envoler.
— Quand même, shishou... Les sceaux de contact...
— Je sais. Si tu les maîtrises, cela dit, tu devras faire en sorte de garder ça secret, au moins jusqu'à ce que tu deviennes Jônin, avec les compétences qui accompagnent le titre. Ca ne veut pas dire que tu ne pourras pas les utiliser, bien entendu. Seulement que ceux qui te verront faire et en qui tu n'auras pas foi devront mourir.
Interloquée, Hitomi releva la tête de son bol de riz et rencontra le regard extrêmement sérieux de son maître. Elle le soutint un instant, puis hocha la tête. Elle comprenait. Si la moindre rumeur filtrait à ce sujet, elle deviendrait une cible de choix. Les chasseurs de prime de tous les pays, ainsi que la plupart des nukenin, seraient à sa trousse, simplement pour la valeur attachée à la maîtrise du fûinjutsu jusqu'à un tel niveau.
— Dans tous les cas, ce n'est pas pour tout de suite, répondit-elle avec prudence. Je dois d'abord en finir avec le tournoi, et après ça, j'aurai quelques travaux de fûinjutsu à finir. Et j'aimerais apprendre à tatouer, pour ne pas dépendre d'une tierce personne. Mais bon, d'abord, le tournoi !
Ensui hocha la tête, approbateur, puis s'assit face à elle et commença à manger. Hitomi était toujours assez surprise de constater que presque tout le monde parmi ses connaissances savait cuisiner. Ino était terrible dans ce domaine, mais à part elle... Était-ce parce que les shinobi apprenaient dès le plus jeune âge à ne dépendre de personne ? Après tout, sa mère lui avait appris à remplir un brevet alors qu'elle était encore une simple aspirante, juste au cas où elle ne serait plus là pour le faire quand elle en aurait besoin... L'indépendance était gravée en elle, et en ses pairs, en lettres de feu.
— Quel est le programme aujourd'hui, shishou ?
Il la regarda d'un air vaguement amusé et secoua la tête, ses longs cheveux encore détachés coulant en vagues sombres sur ses épaules puissantes.
— Pour toi, rien. Tu as besoin de te reposer, et tu devrais éviter de malaxer du chakra aujourd'hui. Lis, écris, sors, même, si ça te tente, mais fais l'impasse sur l'exercice au moins jusqu'à demain.
Elle afficha une moue boudeuse mais finit par acquiescer, feignant une plus grande réticence qu'elle n'en ressentait réellement. Elle ne se sentait ni anxieuse ni pressée par le temps – et l'enjeu que représentait le fait de satisfaire Tsunade et son oncle. Elle n'était pas encore prête, pas tout à fait, mais son entraînement reposait entre les mains des personnes les plus compétences qui soient la concernant. Elle leur faisait confiance. Si Ensui décrétait qu'elle devait se reposer, elle se reposerait.
Elle commença par se consacrer à sa correspondance. Elle avait un message en attente d'Itachi, qui voulait savoir comment sa préparation au tournoi se passait. Leur correspondance s'était intensifiée au cours des dernières semaines. Le renégat comprenait mieux que la plupart ce qui se passait à l'intérieur de son esprit, les mers de sang dans lesquelles elle retrouvait parfois sa Bibliothèque, les cauchemars qui la réveillaient dans un sanglot étranglé et l'envie de se taire, de disparaître. Il comprenait, et tentait de la convaincre de s'ouvrir à la place, parce que c'était plus difficile, mais meilleur pour elle sur le long terme.
Elle était touchée, d'une certaine manière. Elle savait qu'Itachi avait un intérêt personnel dans sa survie – ne serait-ce que parce que Sasuke éprouverait de la détresse s'il apprenait un jour qu'il lui était arrivé du mal. Malgré cela, elle était touchée... Et en conséquence, elle s'investissait dans cette relation de papier avec plus de résolution qu'auparavant. Elle savait que le moment de s'occuper du nukenin n'était pas encore venu, malheureusement : elle n'était pas encore prête à déployer son plan, ne le serait pas pour au moins deux ans. Elle n'osait même pas encore lui en parler, parce que les détails n'avaient pas encore tous été déterminés, et qu'elle ne savait pas comment il le prendrait.
Seulement qu'il s'agissait de la meilleure option, de celle qui lui donnerait les meilleures chances de survie.
Ensuite, elle décrivit en détail sa santé psychologique et physique à un Gaara désormais inquiet en permanence – il détestait se trouver si loin d'elle, incapable de l'aider à se défendre contre les ennemis toujours plus dangereux, plus puissants, plus retors qui se trouvait sur son chemin. Il s'intéressait également à son entraînement et ne se gênait pas pour lui suggérer de nouveaux exercices qu'elle intégrait ou non dans sa routine temporaire.
Il lui restait encore un bref message d'Haku, qui lui parlait des plans de Mei pour préparer le siège de Kirigakure. Ce serait brutal, impitoyable... Mais rien d'étonnant au cœur du brouillard. Suigetsu avait bel et bien rejoint leurs forces et prêté allégeance à la Mizukage en devenir. Les serments des ninjas étaient étonnamment importants à leurs yeux, et la plupart des shinobi les respectaient. Zabuza avait ajouté une note à la fin de la lettre et Hitomi sourit en la découvrant. Comme Gaara, comme Itachi, il s'intéressait à son entraînement et au tournoi à venir.
Le reste de la journée fut consacrée à ses lectures et à de longues, longues périodes de détente. Elle savait qu'Ensui avait raison, que le monde ne s'écroulerait pas si elle prenait un jour de repos. Si seulement son inconscient finissait lui aussi par l'accepter...
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