Un groupe d'étude
L'idée vint à Hitomi tandis qu'elle expliquait des notions de mathématique à Naruto. Ce n'était vraiment pas sa spécialité, même des maths aussi basiques, et elle avait du mal à trouver les bons mots pour lui expliquer la marche à suivre. Elle aurait tellement aimé pouvoir passer la main à Shino, bien plus doué qu'elle dans cette branche, et assez patient pour expliquer encore et encore la même chose au petit blond jusqu'à ce qu'il ait compris et assimilé la matière.
Ses pensées dérivèrent sur d'autres élèves de sa classe, et leur spécialité. Hinata connaissait les moindres subtilités de chacune des traditions du Pays du Feu. Shino maîtrisait très bien tout ce qui touchait à la faune et la flore. Shikamaru était le roi de la stratégie, et Ino était très douée pour décoder des messages qui n'étaient pas écrits, mais transmis au travers des positions, couleurs, orientations d'un objet. Pourtant, en bout de course, ils devraient tous se qualifier dans tous ces sujets, et pas seulement leur spécialité.
Le groupe d'étude naquit d'une conversation sur le temps de midi. Comme d'habitude, Hitomi, Hinata, Naruto et Shino étaient assis dans les creux et sur les bosses des racines de « leur » arbre, mais Shikamaru, Ino et Chôji étaient là aussi. En général, ils prenaient leur déjeuner à part et se retrouvaient en classe – ils occupaient tout le dernier rang, à présent.
— Tu voudras sans doute inclure Sakura dans ce groupe, dit Ino. Elle est très intelligente et elle travaille beaucoup, même si elle n'a pas vraiment de spécialité.
Hitomi hocha la tête avec approbation. Elle n'avait pas oublié que Sakura deviendrait l'apprentie de Tsunade – et si ça n'arrivait pas exactement comme dans le canon, elle forcerait les évènements à se produire tout de même. Elle aurait de l'importance dans l'histoire, même si ce n'était pas forcément celle qu'elle avait eue à l'origine...
— J'aimerais bien Sasuke aussi, marmonna-t-elle d'un ton songeur, mais je ne le vois pas accepter ce genre de proposition. Trop fier.
— Mais ça le rend tellement cool, soupira Ino d'un air rêveur.
À cela, la petite fille échangea un regard amusé avec Hinata. Ino n'avait rien d'une insupportable groupie, mais elle ressentait clairement un petit quelque chose pour l'enfant des Uchiha, comme beaucoup de filles de leur classe. Et des deux autres classes de première année. Et de certaines classes des années supérieures. Oh, Hitomi pouvait voir pourquoi : il était beau, distant, doué, juste assez arrogant pour attirer sur lui un regard attentif. Cela ne rendait pas les réactions des autres filles à sa présence moins drôles.
— On pourrait aussi prendre de l'avance sur le programme. Ensui-shishou m'a montré des choses qu'on ne voit pas encore à l'Académie mais qui sont au programme, alors...
— Ah, comme les katas que tu me montres chez toi, c'est ça ?
— Oui, Naruto. Comme ça on pourrait prendre de l'avance, peut-être même libérer du temps pour apprendre des choses qu'on ne voit pas à l'Académie. Ça vous tente ?
Les autres échangèrent des regards manifestement songeurs avant de répondre.
— Du travail en plus ? Pénible... Mais j'imagine que si on veut être bons, on doit passer par là.
Cette remarque de Shikamaru relâcha la légère tension qui avait régné sur le groupe ; même Hinata rit, un petit son doux et léger dissimulé derrière la pudeur de sa main et de ses joues rougies. Elle était incontestablement la plus fragile du groupe sur le plan émotionnel et si personne ne pouvait rien faire pour l'aider à adoucir ce qu'elle vivait dans le cadre familial, il était devenu habituel, surtout pour Hitomi et Ino, de l'inviter à passer les week-ends chez elles.
La petite fille se raidit légèrement en sentant son carnet refroidir sur ses jambes, là où elle l'avait posé pour pouvoir manger. Elle ne le lâchait jamais, le cachant comme elle pouvait pendant les contrôles pour toujours savoir quand un message arrivait depuis Suna. Ses amis, à qui elle avait brièvement expliqué la situation, n'hésitaient pas à l'aider dans ses dissimulations.
Ensui était arrivé à Suna et avait aussitôt été intercepté par Temari, qui l'avait emmené là où Kankurô et elle cachaient Gaara. Depuis, l'homme lui donnait cours, comme il l'avait fait pour Hitomi. Il était tout à fait capable de couvrir le programme de l'Académie. Son frère et sa sœur avaient donc repris les missions dans le village, mais venaient très souvent le voir, que ce soit pour apporter des provisions ou simplement pour lui tenir compagnie.
Shikaku avait soupiré en apprenant que son bras droit tout juste trouvé allait donc passer au moins quatre ans – et plus probablement six – dans le désert, jusqu'à ce que Gaara soit un Genin et puisse prendre des missions qui le feraient sortir de son village, à moins qu'il trouve une autre solution. Hitomi aussi avait ressenti un peu d'une tristesse égoïste, mais avait vite refoulé le sentiment. Gaara était en sécurité. C'était exactement ce qu'elle avait voulu. Ensui lui manquerait, mais elle serait capable de gérer ce sentiment.
Et puis, ce n'était pas comme si elle ne pouvait pas lui parler : il lui envoyait des messages tous les soirs, à la suite de celui que Gaara lui écrivait avec la même régularité. Elle ne se sentait pas vraiment seule, entourée comme elle l'était. Son ami Sunajin avait bien plus besoin de compagnie et d'adultes qu'elle. Elle pouvait bien partager, même si elle avait envie d'être auprès de son shishou.
Quelques jours plus tard eut lieu le premier cours réservé aux futures kunoichi. Il ne s'agissait pas exactement d'une activité obligatoire, mais très rares étaient les petites filles à sortir diplômées de l'Académie sans avoir suivi ce cursus supplémentaire. Hitomi ne trouvait pas ça très juste : il s'agissait de deux fois deux heures par semaine, pendant lesquelles les garçons étaient libres d'observer les nuages – Shikamaru – ou de s'entraîner encore plus – Naruto.
Heureusement, elle n'était pas seule. Ino et Sakura étaient là, mais pas Hinata, qui avait sans doute accès à de bien meilleurs tuteurs chez elle. Hitomi n'avait pas encore trouvé l'occasion d'approcher l'enfant Haruno à propos du groupe d'études, mais une excuse rêvée se présenta tandis qu'elle choisissait, sous les conseils d'Ino, les fleurs qui composeraient son bouquet pour la professeure. La blonde lui donna un petit coup de coude pour lui faire relever la tête et désigna du menton Aimi et sa bande, qui entouraient Sakura. Cela ne pouvait pas être une conversation amicale. Laissant son bouquet derrière, elle se leva et s'approcha de la scène, Ino sur les talons.
— Et qu'est-ce que tu sais de la beauté exactement, Aimi ? lança-t-elle d'une voix volontairement forte et cruelle. Laisse les gens plus brillants que toi tranquilles, et travaille sur tes propres talents, tu rendras service à tout le monde.
La petite fille ne supportait pas qu'Hitomi ait pris la première place du classement des lunoichi et ne cessait de tenter de lui causer des problèmes. En général, une seule remarque brusque suffisait à lui faire perdre ses moyens, et la jeune Nara en profitait pour s'esquiver. Mais cette fois, Aimi réagit en serrant les poings et en réaction, elle se laissa tomber dans une posture de défense devant Sakura, le souffle paisible et le regard assuré.
Toutefois, Aimi n'eut même pas le temps d'attaquer qu'Ino intervenait déjà, jetant des fleurs par leur racine dans les bouches entrouvertes des quatre filles venues ennuyer Sakura. Alors que son amie informait leurs adversaires des propriétés empoisonnées des fleurs qu'elle avait choisies comme projectiles, Hitomi tourna la tête vers Sakura, blême et manifestement secouée.
— Tu vas bien ? Désolée pour Aimi, elle est insupportable. Elle n'arrive pas à comprendre qu'on puisse être meilleures qu'elle en cours, mais elle ne fait rien pour s'améliorer.
Et comme ça, ce fut réglé. Sakura se joignit à leurs réunions dans la cour de récréation, et au groupe d'étude qui avait pris forme sous la supervision de Kurenai, deux heures tous les jours après les cours et quatre le week-end. Souvent, cela se prolongeait jusqu'au dîner, surtout quand Hitomi essayait d'expliquer des notions un peu plus compliquées à ses amis. Lentement mais sûrement, leur petit groupe progressait, chacun récoltant les compliments d'Iruka-sensei à une occasion ou une autre – à part Shikamaru, parfaitement satisfait de feindre quelques difficultés pour ne pas attirer l'attention sur lui. Même Naruto eut droit à son lot d'encouragements, ce qui le ravit à chaque fois.
L'un des talents cachés de Sakura était la calligraphie. Ses parents, des marchands venus du Pays du Thé pour s'installer à Konoha quelques années avant de devenir parents, avaient veillé à lui prodiguer, à la maison, une instruction variée. Alors qu'Hitomi étudiait un traité sur les sceaux de stockage emprunté à la bibliothèque de la Tour du Hokage – c'était censé être un livre uniquement accessible aux Chûnin et supérieurs mais, eh, ils n'avaient qu'à mieux protéger leurs bouquins – sa camarade aux cheveux roses se pencha par-dessus son épaule pour lire, elle aussi.
— Oh, ce sont des mouvements compliqués ! Tu arrives à faire ça ?
— Pas encore vraiment, soupira Hitomi. Les sceaux que j'ai créés jusqu'ici sont surtout des sceaux de transfert, les mouvements sont plus simples. Ensui-shishou m'a dit qu'il m'apprendrait à créer ces sceaux-là, mais comme il est à Suna en ce moment...
— Tu voudrais qu'on essaye ? En échange, tu pourrais m'apprendre comment ça marche en général.
Hitomi réfléchit à cette proposition un instant, puis hocha la tête. Le fûinjutsu était un art qui se perdait, malgré son extrême utilité. La petite fille comprenait bien qu'on ne pouvait pas laisser n'importe qui avoir accès à ce genre de savoir, mais même à Konoha, le village connu pour au moins quatre maîtres des sceaux de légende – les Sannin et le Quatrième Hokage – les gens qui savaient faire plus que simplement recopier les sceaux vendus en magasin étaient rares.
Cet après-midi-là, après les cours, les deux petites filles se rendirent jusqu'à la maison des Haruno. Sakura devait aller chercher quelques-uns de ses cahiers de calligraphie pour guider son amie dans des exercices plus complexes. Pendant qu'elle était occupée à fouiller sa chambre, Hitomi discuta de l'Académie avec ses parents, décrivant les professeurs et les cours. Apparemment, la communication était un peu difficile dans la famille, et les adultes ne comprenaient pas pourquoi, de tous les choix de carrière qui s'offraient à elle, leur fille avait décidé de devenir un ninja.
Un peu plus tard, elles rebroussaient chemin vers l'Académie quand elles durent s'arrêter au milieu d'une ruelle. Un homme, la vingtaine peut-être, les cheveux bruns coupés ras, leur bloquait le passage, les bras croisés sur son large torse. Tout, de sa posture à son regard sinistrement satisfait, hurlait à Hitomi qu'elles étaient tombées dans un piège, et elle en fut certaine quand elle tourna légèrement la tête sur le côté, juste assez pour apercevoir, derrière elle, la forme d'un second homme.
— Sakura, avertit-elle d'une voix tendue.
La petite fille comprit immédiatement et pressa son dos contre le sien, couvrant l'angle de vue dont elle ne pouvait s'occuper. Comme elle le pouvait, elle tomba dans une position de défense. L'une de ses mains, dans sa large manche, s'était refermée sur le manche d'un kunai. Ensui lui avait appris comment les cacher, exprès pour qu'elle puisse se défendre dans de telles situations. Elle plissa les lèvres, ses yeux rouges analysant la situation. Sakura n'avait commencé à apprendre les katas de combat que depuis une semaine, et ne savait pas comment envoyer son chakra dans ses muscles. Pour l'instant, elle était une civile.
Et elle... Elle était bonne, oui, pour une élève, à peu près du niveau d'une Genin fraîchement diplômée. Elle avait une arme, et elle ne se battait pas trop mal. Elle était capable d'utiliser son chakra pour améliorer ses performances physiques. Mais elle n'avait jamais réussi à battre un adulte, et encore moins deux d'entre eux. Cela dit, ils ne pouvaient posséder plus d'un centième de la force d'Ensui-shishou, mais même ainsi... Son attention revint sur la menace quand l'homme devant eux dégaina un couteau dans un sifflement métallique.
— Vous allez venir avec nous bien sagement, toutes les deux. Si vos parents sont intelligents, on vous fera pas de mal.
Hitomi répondit en avançant d'un pas, tous ses muscles parcourus de chakra, puis planta un coup de pied vicieux sur le côté de la rotule de l'homme devant elle. Derrière, elle entendit Sakura se mettre au travail. Son adversaire grogna et tomba à genoux en jurant. Sans lui laisser le temps de réagir, elle le frappa d'un coup de poing à la tempe. Si elle avait été plus forte, son coup l'aurait sonné, voire assommé, mais il se contenta de grogner encore et riposta. Avec son couteau.
Hitomi glapit de douleur quand la lame se planta d'une bonne demi-douzaine de centimètres dans sa jambe droite. Pendant une seconde, elle se figea, juste le temps de laisser le choc la dépasser puis, renforçant sa main avec tout le chakra qu'elle pouvait y envoyer, elle riposta d'une gifle de l'arrière de la main si violente que son adversaire tomba en arrière et se cogna la tête contre le sol assez fort pour ne pas se relever. Finalement, elle n'avait même pas pensé à utiliser son kunai. Stupide.
Quand Hitomi se tourna vers Sakura, ses yeux s'élargirent d'horreur : l'autre homme avait un couteau lui aussi, et prenait le dessus sur Sakura, dont les bras étaient parcourus de blessures défensives. Elle s'élança vers son amie, mais son cerveau lui hurlait qu'elle n'avait pas le temps, qu'elle arriverait trop tard, ses lèvres entrouvertes sur une exclamation d'angoisse tandis que le couteau entamait sa descente vers la gorge de Sakura. Son chakra se déplaça si vite de sa main à ses jambes qu'il fut visible pendant une seconde. Ce n'était toujours pas assez.
Et puis il fut là, une main interceptant le couteau d'un geste étudié, calculé. Ses yeux virèrent doucement du noir profond des Uchiha au rouge du Sharingan. Hitomi se figea, sous le choc, en comprenant qui, exactement, venait de sauver son amie. Elle reconnaissait le collier autour de son cou et les lignes d'épuisement qui, lentement, s'étireraient sous ses yeux, année après année, jusqu'à ce qu'il soit rongé.
Et disparaisse.
Sauf si elle pouvait l'éviter.
Avant même qu'elle puisse réagir, il se mut, rapidité et élégance incarnées dans un corps mortellement affûté. Sa seconde main frappa le voyou à la gorge et tandis qu'il s'écrasait au sol en s'étouffant, Itachi le désarma, l'envoyant au pays des songes d'un rapide coup à la tempe. Ensuite, il dépassa Hitomi comme s'il la voyait à peine et alla vérifier que son adversaire était bien inconscient lui aussi.
Enfin seulement il se détendit, sa longue silhouette perdant un peu de sa dangereuse prestance tandis que le Sharingan s'évanouissait au fond de ses prunelles. Il ne l'aurait sans doute pas utilisé contre deux civils en temps normal, mais Hitomi avait entendu dire que les Uchiha avaient tendance à l'activer par instinct quand ils étaient en colère. Il les examina toutes les deux du regard, et elle vit ses yeux s'arrêter sur chacune de leurs blessures.
— Approchez.
Sa voix était incroyablement douce – elle fit courir un frisson sur l'échine de la petite fille alors qu'elle s'exécutait en boitant bas, Sakura à ses côtés. La jeune Haruno avait l'air terriblement secouée, les pupilles contractées à l'extrême et le corps agité de petites saccades sèches. Sans rien dire, Hitomi entrelaça brièvement ses doigts aux siens, comme si ce geste discret pouvait lui apporter un vrai réconfort.
— Je vais m'assurer que ces deux-là soient conduits au poste pour être interrogés, puis vous emmener à l'hôpital. Tout va bien se passer, maintenant, vous avez été courageuses.
Son timbre était calme, paisible, réconfortant. On entendait bien qu'il avait l'habitude de gérer de jeunes enfants – l'un d'entre eux en particulier. Les lèvres plissées, Hitomi le regarda utiliser un kunai pour s'entailler le doigt et invoquer un corbeau, auquel il ordonna d'aller chercher le policier qui patrouillait à quelques rues de là.
L'adrénaline commençait à retomber pour la petite fille, sa disparition éveillant toutes les petites et grandes douleurs du combat. La plus étourdissante était sans nulle doute celle qui lui dévorait la jambe là où elle avait été poignardée. La sensation du sang sur sa peau, qui roulait en doux ruisseaux jusqu'à sa cheville, lui donnait envie de vomir. Ses vertiges s'accentuèrent quand elle commença à ressentir les symptômes du manque de chakra, et à cela s'ajoutèrent encore les protestations de ses muscles et les élancements dans sa main, là où elle les avait renforcés pour frapper, brisant presque les os sous la violence de l'impact. Elle vacilla, soudainement épuisée.
— Doucement, murmura Itachi en interrompant sa chute avec délicatesse. Je suis désolé de ne pas être intervenu plus tôt.
Les yeux d'Hitomi croisèrent ceux du jeune garçon, acérés malgré la fatigue qui l'envahissait lentement. Un rapide calcul l'informa qu'il n'avait que douze ans, et que dans quelques mois, il massacrerait son clan, parce que personne n'avait été là pour l'en empêcher. Du haut de ses sept ans, la petite fille en était incapable et ne pouvait tout simplement pas aller trouver son oncle Shikaku en l'informant qu'elle connaissait le futur, « et voici comment l'empêcher, je te promets, Shikaku-ojisan ». Dans la liste des choses qui n'allaient certainement pas arriver, celle-ci figurait encore plus haut que « ma mère demande à Ibiki de jouer les baby-sitters et il accepte ».
— Hm... Merci d'être intervenu tout court, Uchiha-san. Vous avez sauvé Sakura.
Il secoua gentiment la tête, un sourire paisible sur les lèvres, et fit signe à la jeune Haruno de s'approcher à son tour, avant de poser un œil critique sur ses blessures.
— Je n'ai fait qu'accomplir mon devoir. Voilà le patrouilleur. Tiens bon juste encore quelques instants, et tu seras à l'hôpital.
Elle répondit d'un petit « hum » presque songeur avant de fermer les yeux, laissant toutes ses douleurs se fondre en une bienveillante obscurité.
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