Sans crainte de faire souffrir
L'heure passa ; Sai et Karin furent appelés au combat. Hitomi, qui avait retrouvé toutes ses forces, observa le combat dans le détail. Sa cousine adoptive fit étalage de ses talents, rendit sans doute sa shishou particulièrement fière – la jeune Yûhi pouvait sentir sa présence entre Shikaku et Ensui, attirée par leur chakra doux et réconfortant. Que n'importe qui d'autre puisse trouver leur présence écrasante ou menaçante, la faisait doucement sourire. Ils avaient raison, mais elle aussi.
Karin perdit, et Lee descendit dans l'arène face à la dernière kunoichi de Kusagakure. Hitomi ne put s'empêcher d'admirer sa posture déterminée, la force qu'elle lisait dans ses épaules, sa nuque. Elle se sentit rougir et frémir contre la balustrade, se mordit la lèvre inférieure et poussa le désir qui montait doucement en elle à retourner dans le secret de sa Bibliothèque, puis se concentra sur le match qui venait de commencer.
Elle accueillit Karin à ses côtés, enroulant son bras autour de ses épaules. Sa cousine adoptive avait été forcée à l'abandon par des liens constitués d'encre solidifiée, mais à part des marques d'abrasion qu'elle guérissait déjà à l'aide de son ninjutsu médical, elle allait bien. Une fois les traces disparues de ses poignets et de ses épaules, l'Uzumaki se joignit aux acclamations d'Hitomi, qui encourageait Lee de toute sa voix.
Chaque coup de poing, chaque coup de pied, passait à travers Eori comme un mirage, mais elle sentait le chakra passer à travers le corps de la kunoichi, lui enlever sa substance un instant avant l'impact. Elle était rapide, mais Lee... Lee était pratiquement inégalé dans ce domaine, et à chaque fois qu'il passait à travers le corps de son adversaire, il semblait comprendre un peu mieux ce qu'Hitomi lui avait expliqué sur la technique qui l'empêchait de la toucher. Et enfin, il frappa de la plante du pied sous son menton, et Eori fut soulevée de plusieurs mètres sous la violence de l'impact, assommée net.
— Rock Lee, vainqueur !
Elle l'accueillit d'un baiser qui lui donna des papillons dans le ventre et sourit en voyant ses joues rougir. Elle aurait voulu le garder près elle, mais déjà il devait repartir, redescendre dans l'arène pour affronter son plus ancien rival. Et elle devait rester là, observer en essayant d'ignorer le noeud qui s'était formé dans son estomac.
— Commencez !
Alors elle observa, les yeux grands ouverts. Quand un coup de Neji porta pour la première fois, elle se raidit, capable de sentir le point vital de Lee se fermer sous l'impact. Elle s'étrangla, serra les dents puis se reprit. Elle échangea un bref regard avec Karin, qui l'avait senti aussi. Parfois, leur sensibilité se portait comme un fardeau.
— Tout va bien se passer, murmura la jeune Uzumaki près de son oreille.
Elle acquiesça et tenta d'y croire, elle aussi. Neji n'était plus celui qu'il avait été lors du dernier examen, et Lee avait tellement, tellement progressé. Elle le vit s'effacer encore et encore devant les coups du prodige auquel il faisait face, sans encore prendre la peine d'ouvrir la première des Huit Portes. Même à une telle distance, même sans tourner le regard dans cette direction, Hitomi pouvait presque voir la fierté dans le regard de Gai-sensei.
Soudain, Lee se projeta en avant, et tandis que la foule retenait son souffle, le craquement que fit l'épaule de Neji en se déboîtant fut audible pour toute l'arène, capté et relayé par les micros qui truffaient la zone de combat. Laissant échapper une exclamation surprise, Hitomi s'accrocha à la balustrade comme si c'était tout ce qui l'empêchait de bondir et d'aller aider son petit-ami à vaincre son adversaire. Il avait les choses bien en main, mais le Murmure chantait dans ses veines, menaçait de monter à la surface et sublimait son désir de combat et de sang.
Elle serra les dents et ferma les yeux quand elle sentit le chakra de Neji enfler brutalement. Le coup final... Il heurta Lee sous le menton avec sa paume ouverte, et Hitomi, impuissante, regarda Lee s'effondrer sur place. Son coéquipier, son chakra à nouveau paisible, le rattrapa de son bras valide. L'examinateur le déclara vainqueur et une équipe médicale se rua à leurs côtés, plaçant Lee sur une civière. Neji resta à ses côtés, ne s'éloigna jamais de plus d'un pas, et ce fut ce qui convainquit Hitomi de ne pas les suivre.
— Nous allons faire une pause de quinze minutes avant les matches suivants, annonça l'examinateur. Shino Aburame, Hitomi Yûhi, soyez prêts et à l'heure.
Une bouffée de nervosité s'empara d'Hitomi et elle crispa les mains sur la balustrade pendant une seconde avant de reprendre le contrôle. Elle croisa le regard de Sai, quelques mètres à sa droite. Maintenant que Neji était blessé – personne ne pouvait parfaitement soigner une épaule démise en quinze minutes – il avait une bonne chance de gagner son match. Si elle gagnait le sien, ils s'affronteraient en finale. Elle le connaissait à peine, juste un nom, un visage, quelques mots échangés quand leurs connaissances mutuelles se retrouvaient autour d'eux, quelques politesses vides de sens.
Mais elle sentait le sceau maudit ronronner sur sa langue.
Une bouffée de colère l'envahit tandis que ce qu'elle avait vu sur les terres Uchiha – de leur vivant et après leur mort – lui revenait à l'esprit. La manière dont elle avait presque distingué l'écho Itachi avancer à travers le massacre, déduit ses faits et gestes d'indices que le temps n'effacerait jamais vraiment, l'éclat morne, hanté, dans ses yeux quand elle l'avait confronté des années plus tard. Elle détourna le regard pour que Sai ne voie pas la haine pure qui enflammait ses iris, la soif de vengeance et le Murmure qui s'épanouissait en elle, uniquement maintenu dans sa cachette par les derniers filaments de sa volonté. Sai n'avait rien fait. Sai était un innocent, un enfant brisé puis manipulé pour devenir la main armée d'un monstre.
Quinze minutes plus tard, elle descendit dans l'arène aux côtés de Shino. Une certaine intensité courait entre eux, construite au feu des années et des épreuves. Ils étaient amis. En-dehors d'Hinata et des membres de sa famille, il était sans doute celui de ses pairs dont elle était la plus proche, parce que son calme et son sérieux attiraient la part d'elle saturée en permanence d'impressions, de sentiments et de sensations trop intenses, cataloguées sans fin dans sa Bibliothèque. Ils échangèrent l'ombre d'un sourire, le Sceau de la Discorde, et se mirent en place.
— Commencez !
Les insectes se détachèrent du corps de Shino comme un nuage sombre et menaçant, mais Hitomi était prête. Elle effectua un Shunshin, et à l'instant où ses pieds touchèrent à nouveau le sol, elle dégaina l'un des sceaux cachés dans les bandages qui protégeaient son bras. Elle avait été prudente jusqu'ici de limiter les compétences qu'elle montrait à ses opposants et au public. Ce match ne ferait pas exception. Elle attrapa d'une main experte la guirlande de petites bombes qu'elle avait empaquetée spécialement pour cette occasion. Trois Shunshin ensuite, si rapides que Shino se tournait toujours dans sa direction un instant trop tard. Son chakra explosa, elle s'éloigna d'une téléportation supplémentaire, et l'arène fut brutalement noyée dans un épais nuage de fumée gris foncé et noir. Elle utilisa son chakra pour placer une cloche autour de la fumée, la maintenant fermement autour de Shino et de ses insectes.
Il jaillit du nuage et, en esquivant le coup de poing qu'il dirigeait vers sa tête, Hitomi prit le temps d'écouter ses méridiens : tous les insectes à l'intérieur du volume de fumée dormaient, sédatés par la fumée froide concentrée qu'elle avait utilisée pour les neutraliser. Bien. Maintenant elle ne devait plus avoir peur qu'il lui vole son chakra. Ses mains composèrent la Mudra du Rat et son ombre s'éveilla, comme un fauve affamé.
Il était rapide, elle devait l'admettre. Rien d'étonnant – il s'entraînait régulièrement avec Kiba, le plus rapide des Genin de sa génération après Sasuke. Elle serra les dents et se concentra, tous ses sens saturés de chakra à lui en faire mal. Elle bondit de plusieurs mètres en arrière quand il lança une dizaine de shuriken dans sa direction, projeta du chakra dans son ombre pour l'allonger encore, la soulever de terre et lui donner vie – un animal étrange, au volume réel mais inconsistant, constitué d'un délicat mélange entre son énergie et le pur pouvoir de visualisation de son esprit.
— Merde, grogna Shino.
L'ombre venait de s'enrouler autour de son poignet. Elle veilla à rester loin de sa gorge – elle savait qu'elle pourrait le tuer si elle serrait trop fort à ce niveau par inadvertance. Soumise à sa volonté, l'ombre appliqua la pression qu'elle désirait le long des membres du jeune Aburame. Elle dut ouvrir le sceau au-dessus de son nombril, abreuvant ses méridiens en chakra pour maintenir son emprise. Il lutta pendant plusieurs minutes mais elle refusa de le lâcher, les yeux rivés aux siens malgré les lunettes dont il ne se défaisait jamais. Quand il comprit qu'elle ne le laisserait pas partir, il se décontracta, mais même à ce stade, elle maintint son ombre, craignant qu'il essaye de la flouer. Il soupira, secoua légèrement la tête, et prit la parole :
— Je me rends.
— Vainqueur : Hitomi Yûhi !
Elle expira lentement et coupa l'afflux de chakra qui avait alimenté son ombre, refermant soigneusement son sceau avant que ses portes ne soient totalement débordées. Il lui sourit quand elle se redressa et ils joignirent leurs mains pour le Sceau de la Réconciliation. Un hématome se formait déjà sur son poignet, mais il ne semblait pas dérangé par la douleur qu'il ressentait sans doute.
— Tes insectes commencent à se réveiller, nota-t-elle d'une voix douce.
— Hm hm. Merci de les avoir juste assommés. Vu comment tu les as piégés, ça aurait pu être du poison et pas de la fumée...
— Mais je sais qu'ils comptent pour toi. Qu'ils sont une partie de toi. Tu ne tuerais pas Akamaru dans un combat pour un examen, pas vrai ?
— Non, bien sûr, mais... Mais peu de gens comprennent.
— Je suis ton amie, Shino. Bien entendu que je comprends ce genre de choses.
Ils remontèrent lentement les escaliers, savourant le sentiment de camaraderie qui avait remplacé la tension entre eux. Lee était de retour quand elle remonta sur le balcon ; elle se précipita aussi délicatement que possible dans ses bras, évitant soigneusement l'hématome sous son menton.
— Tu étais magnifique, murmura Lee avec ferveur contre son oreille. J'ai vu la fin de ton combat. Sublime.
Elle se mordilla la lèvre inférieure, crispa légèrement les mains sur ses épaules et cacha son visage rougissant dans le creux de son épaule. Hormones. Foutues hormones. Elle se pressa contre lui, s'abreuva de son odeur, de sa présence, de sa chaleur, le sentit répondre à son contact, enrouler ses bras autour de sa taille. S'ils n'avaient pas été en public, s'ils s'étaient à nouveau retrouvés dans cette chambre d'hôtel tous les deux, elle... Elle l'aurait embrassé jusqu'à ce qu'il perde la tête.
— Neji Hyûga et Mori no Sai !
Les deux jeunes hommes se retrouvèrent face à face dans l'arène ; le bras droit de Neji était coincé dans une attelle, mais Hitomi pouvait voir de là où elle se tenait le pli déterminé de ses lèvres, ses sourcils légèrement froncés. Le flux de son chakra était perturbé là où son épaule avait été déboîtée : l'os, en sortant de son logement, avait appliqué une telle pression sur les méridiens qu'ils n'étaient toujours pas remis en place.
Le combat commença, mais l'issue de faisait aucun doute. Sai coupait systématiquement la route à Neji quand il tentait d'échapper à ses attaques. L'encre qu'il utilisait pour peindre ses animaux était plus épaisse que la normale, et son adversaire en était imprégné de partout. Les sourcils froncés, elle s'agenouilla derrière le balcon, s'ouvrit la première phalange de l'index et mobilisa son chakra dans un motif chaleureux et familier.
— Invocatrice ! C'est bientôt notre tour ?
Elle posa un regard sur les cinq chats qu'elle venait d'appeler, Hoshihi à leur tête, imposant et fier. Son sourire illumina brièvement ses yeux, quelque chose que le jeune félin n'avait pas vu depuis des semaines, peut-être même des mois – depuis le premier examen Chûnin, au moins. Il se frotta contre elle avec tant d'enthousiasme qu'il la déséquilibra et qu'elle dut s'accrocher à son cou pour ne pas s'effondrer. Exactement comme il l'avait voulu.
— Oui, c'est bientôt notre tour.
Quand elle se redressa, Lee grimaçait avec ce qui ressemblait à de l'empathie sur ses traits. Hitomi suivit son regard et vit que Sai, le regard vide, avait englouti Neji dans son encre jusqu'à lui couvrir le nez et la bouche. Il ne pouvait sans doute plus respirer, surtout vu l'épaisseur du liquide et la couche dont Sai avait réussi à l'imbiber. Elle envoya du chakra dans ses yeux, ses oreilles, son nez, tentant de comprendre ce qui se passait en bas. Elle finit par voir Neji utiliser sa main valide pour transmettre sa reddition par langue des signes.
— Vainqueur : Mori no Sai !
Les gradins éclatèrent en applaudissements et tandis que des ninjas médecins aidaient Neji à se débarrasser de l'encre, Hitomi descendit dans l'arène, ses chats derrière elle. Elle n'avait pas invoqué Hai : ce combat n'était pas pour elle. Sai n'était sans doute pas assez sensible pour comprendre la règle tacite des combats amicaux qui édictait une interdiction de blesser gravement les invocations. Elle ne voulait pas prendre le risque.
— Et maintenant, s'exclama l'examinateur, veuillez accueillir nos finalistes, deux fiers Genin de Konohagakure : Mori no Sai et Hitomi Yûhi !
Les acclamations de la foule lui parvenaient d'une manière assourdie, distante. Elle leva un instant les yeux, prit la mesure de la situation. Elle y était. Enfin. Elle sentait la présence de ses amis, de ses alliés, d'une partie de sa famille, leurs chakras à différents niveaux d'excitation. Même Shikaku, qui effectuait son devoir de garde du corps avec concentration, dégageait une certaine anticipation. Lentement, elle effectua le Sceau de la Discorde, bien déterminée à montrer à Sai que s'il le voulait, il avait une place parmi ses camarades. Elle savait qu'il ne saisirait pas cette perche tout de suite, même s'il reproduisit son mouvement. Il n'était pas encore prêt à quitter le giron de Danzô.
— Commencez !
Aussitôt elle s'élança, ses chats à sa suite. Elle dégaina son sabre, le couvrit de sa gaine de chakra et frappa en direction du bras de son adversaire, qui para de sa propre lame. Pour l'un comme pour l'autre, c'était la première fois qu'ils utilisaient leurs tantô dans ce tournoi. Hitomi le repoussa d'une bourrade et sauta pour éviter la boule de feu qu'Hoshihi cracha dans la direction de leur adversaire. Il esquiva de justesse, pas parce qu'il avait été pris de court, mais parce qu'il économisait ses gestes.
Elle utilisa le Shunshin pour éviter un oiseau d'encre qui volait dans sa direction pour tenter de la faucher en plein ventre. Kurokumo profita de sa disparition pour bondir en direction de l'oiseau et le faire voler en éclat d'un gros coup de griffe. Les deux Genin se retrouvèrent sabre contre sabre, utilisant toutes leurs compétences en la matière du mieux possible pour essayer de prendre le dessus sur l'autre. D'un commun accord tacite, ils se séparèrent pour repartir dans un combat à moyenne distance.
Sai était terriblement doué, et incroyablement calme. Son visage était un masque neutre, presque impossible à lire. Hitomi ouvrit les bras et un parchemin s'ouvrit de la même manière entre ses mains. Un éclat de chakra – des dizaines de kunai, de shuriken et de senbon volèrent en direction de Sai, la plupart d'entre eux parés par l'un de ses lions d'encre. Il en dévia quelques autres, mais le dernier kunai lui entailla la joue avant d'aller se ficher dans le mur. Un sourire carnassier et intensément satisfait se dessina sur ses lèvres. Le premier sang était pour elle.
— Tu es douée, accorda Sai. Difficile à prédire. Tu penses que ça suffira ?
— On est là pour le découvrir, pas vrai ?
— Je ne savais pas que tu avais signé un contrat d'invocation. L'as dans ta manche ?
— Hm, tu peux appeler ça comme ça, oui. Moi, je les appelle mes camarades.
Il utilisa un Shunshin pour se retrouver hors de la route de Sunaarashi et Hokori qui avaient voulu profiter de sa légère distraction pour une attaque en tenaille. Les deux chats feulèrent d'une même voix, mais leur lien extrêmement profond leur permit de coordonner leurs mouvements pour ne pas se rentrer l'un dans l'autre. Kurokumo passa près d'eux comme une fusée noire. Il gonfla les poumons et envoya une bourrasque de vent tranchante comme un rasoir vers l'endroit où Sai réapparut. Le jeune homme se laissa tomber sous le courant d'air meurtrier, qui passa suffisamment près pour couper certains de ses cheveux.
Le combat continua pendant plusieurs minutes sans qu'aucun coup décisif ne soit porté. Les combats entre Genin duraient rarement aussi longtemps que le leur. La foule ne se calmait pas dans les gradins. Si Hitomi n'avait pas eu son sceau de chakra, elle aurait déjà perdu depuis longtemps. Elle devait finir ce combat bientôt. Elle perdait en armement, en endurance, en concentration. Mais de son côté, Sai fatiguait aussi. Ses mouvements étaient moins précis et elle pouvait sentir ses niveaux de chakra faiblir. Elle sentait distinctement le coût de chacune de ses techniques d'encre, et contrairement à elle, il n'avait pas de sceau pour lui permettre de tenir plus longtemps.
Enfin, Hitomi porta un vrai coup sous la forme d'Hoshihi, qui percuta Sai en plein ventre de sa patte tendue. Il grogna, tomba en arrière mais se releva d'une torsion du bassin, son sabre à nouveau dégainé. Elle bloqua immédiatement sa lame, bien avant qu'il puisse blesser son familier, et il répliqua d'un violent coup de pied dans son genou affaibli qui força un cri de douleur hors de sa gorge, mais elle ignora le feu qui courait le long de sa jambe. Elle le tenait. Son sabre traça une ligne ensanglantée le long de son bras armé, la cruelle morsure de l'acier touchant pile là où il le fallait pour forcer sa main à s'ouvrir et lâcher son propre tantô.
Elle le frappa entre les pectoraux de sa paume ouverte renforcée de chakra. Elle avait déjà fait ça à plusieurs reprises contre Naruto et Sasuke, qui lui avaient dit que c'était un peu comme se prendre un mur de brique en plein poitrail. Avec un bruit chuintant, Sai s'effondra, comme s'il ne parvenait pas à respirer. Dès qu'il toucha le sol, la patte massive d'Hoshihi le cloua en place, frappant exactement là où son invocatrice l'avait fait. Quelques côtes craquèrent. Il grogna, ferma brièvement les yeux, et quand il les rouvrit, il se retrouva face à une gueule ouverte, pleine de flammes retenues. Lentement, il se détendit sur le sol de l'arène.
— Je me rends, grogna-t-il dans un faible filet de voix.
— Vainqueur du dernier match et du tournoi : Hitomi Yûhi !
Sous les rugissements enthousiastes de la foule, elle se redressa et carra les épaules, tentant de calmer sa respiration haletante et son cœur qui pompait violemment à l'intérieur de sa poitrine. Elle l'avait fait. Elle avait gagné. Une vague envie de pleurer effleura ses yeux, mais elle réprima les larmes : même dans la joie, la fierté, la dignité, pleurer n'était pas un comportement de shinobi. Elle fit signe à son familier de relâcher Sai, l'aida à se relever. Son genou était en feu, mais elle parvenait encore à l'ignorer.
— Très bon match, Hitomi-san. Hum... Tu m'as sans doute cassé quelques côtes.
— Et tu as sans doute aggravé ma blessure au genou. J'imagine qu'on est quitte ?
— Quitte... Oui, on est quitte.
Elle le regarda tandis qu'il s'éloignait en direction des escaliers. Il avait passé une main sous sa veste comme pour tenter de tâter ses côtes. Elle ne se sentait pas coupable. En serrant les dents, elle avança à sa suite. Aucun d'eux ne s'était battu au maximum de ses capacités. Elle, elle avait le Murmure, et des techniques potentiellement mortelles. Lui, il avait été élevé dans l'ANBU, dans la Racine. Même avec les capacités qu'elle cachait dans sa manche, il aurait pu la tuer avant même qu'elle dégaine son sabre.
Mais ils avaient dû se battre à la loyale, comme des camarades.
Et elle avait gagné.
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