Que le combat commence
— Mais si, tu es prête, insista Ensui d'une voix amusée.
Devant eux se dessinaient les murs de Kusagakure. Ils avaient tous deux pris la tête de la délégation envoyée par Konoha : Tsunade et Shizune en faisaient partie, bien entendu, mais aussi tous les autres participants au tournoi et leurs sensei. Pour accompagner et protéger tout ce beau monde, la Hokage avait réquisitionné plusieurs Jônin, dont Ensui, Shikaku et Shibi, le père de Shino. Hitomi avait été extatique en voyant son maître aux portes du village, mais là, au dernier moment, une vague d'angoisse venait la frapper. Elle s'y était un peu attendue. C'était stupide, parce qu'elle était prête pour chacun de ses opposants éventuels, mais son inconscient possédait sur le reste de son esprit un pouvoir étrange par moments.
— Tu vas tous nous éblouir, intervint Kakashi dans son dos. Si j'étais le seul à décider, tu serais déjà promue depuis longtemps, tu le sais.
Elle tourna légèrement la tête pour regarder son professeur, grand, mince, les cheveux défiant la gravité, vaguement menaçant comme un Jônin se devait de l'être. Si elle était promue, il ne serait plus son sensei, mais elle ne le voyait pas l'abandonner, au contraire. Il avait pris ses aises dans sa vie et son entourage. S'il essayait de disparaître, Kurenai le retrouverait et l'étriperait, juste pour le principe.
— C'est pas la partie sur la promotion qui m'inquiète, grogna-t-elle.
Après tout, Shikaku et Tsunade avaient d'énormes attentes la concernant. Elle savait qu'il n'y aurait pas de réelles conséquences si elle ne parvenait pas en finale, mais elle les décevrait, et ça... Elle ne pouvait se le permettre. Le regard qu'elle porta devant elle avait retrouvé de sa détermination. Elle fit un pas en avant, sa posture retrouva en ampleur – elle avait énormément travaillé pour paraître importante et dangereuse quand bien même elle était minuscule – et la ligne de ses épaules retrouva en fierté. Son mentor perçut immédiatement le changement, le retour de son courage et de sa ferme volonté. Un rictus satisfait joua sur ses lèvres tandis qu'il lui emboîtait le pas.
Ils retrouvèrent l'hôtel qu'ils avaient occupé un mois plus tôt, cette fois totalement réservé pour pouvoir accommoder les participants et les adultes qui les encadraient. Hitomi s'installa confortablement dans son lit près de la fenêtre tandis que Karin et Sakura s'emparaient des deux autres, et s'occupa des lettres qui l'attendaient tandis que ses camarades allaient se doucher et se préparer pour la nuit.
Elle sourit et dut refouler quelques larmes en constatant que chacun de ses correspondants, y compris Shikamaru resté à Konoha, lui avait envoyé un petit mot d'encouragement pour le lendemain. Elle pinça les lèvres afin de les empêcher de trembler, prit un moment pour se frotter les yeux, s'enrouler dans cette couverture abstraite de réconfort et de confiance. Elle avait besoin de ressentir cette chaleur jusqu'au plus profond de ses os, de s'en imprégner tant qu'elle le pouvait encore. Puis ses camarades revinrent dans la chambre, et ce fut son tour de se préparer pour la nuit.
Son dernier geste fut d'envoyer une bonne partie du chakra qui lui restait à l'intérieur de son tatouage, une partie convertie en énergie Suiton, l'autre soigneusement neutre. Ses réserves se rempliraient à nouveau durant la nuit. Elle avait agi de la sorte chaque soir depuis que le sceau s'épanouissait au-dessus de son nombril, le remplissant lentement de tout le chakra qu'elle pouvait sacrifier. Si elle se débrouillait aussi bien que Shikaku s'y attendait, elle devrait se battre quatre fois le surlendemain : elle aurait besoin de tout le chakra qu'elle pouvait rassembler. Heureusement, elle aurait de quoi s'échauffer avant : le lendemain aurait uniquement lieu les huitièmes de finale, durant lesquelles elle ne devrait se battre qu'une fois, puis pourrait s'asseoir pour admirer le spectacle.
Le lendemain matin, elle arriva dans le stade avec un peu d'avance. L'arène en elle-même était un cercle large de plusieurs dizaines de mètres, entourée de murs de béton à peu près hauts de trois mètres, séparée en deux parties par un mur transparent et infranchissable, délimité par un sceau très complexe que la jeune fille enregistra aussitôt dans sa Bibliothèque. Rien ne passerait ce mur, qu'il s'agisse de personnes, de chakra ou de débris projetés par un combat particulièrement vigoureux. Tant mieux, elle n'aurait pas à craindre de gêner le combat d'Hinata, de l'autre côté de la barrière, tandis qu'elle botterait le cul de Kakui Fuyuta, le Genin d'Amegakure qui avait osé se moquer des « gamines de Konoha ».
Au-dessus de l'enceinte de béton se trouvait un balcon directement incrusté dans la roche qui faisait tout le tour de l'arène, réservé aux candidats et à leurs sensei, religieusement découpés par village pour éviter les rixes non-autorisées. Kusagakure avait déployé un trésor de technologie pour cette édition du tournoi : sur la balustrade étaient fixées des dizaines de caméras qui encerclaient l'arène et filmeraient chaque détail des combats, tout en capturant le son, pour le retransmettre via des écrans géants et haut-parleurs aux spectateurs, dont les sièges étaient disposés en auditoire un mètre au-dessus du balcon des candidats. Les figures importantes des différents pays, celles qui avaient droit à leur loge privée, étaient réparties là où on avait la meilleure vue sur l'arène, mais même eux bénéficiaient de cet équipement, pour ne rien rater de la gloire de leurs ninjas.
Les camarades d'Hitomi la rejoignirent les uns après les autres, envahissant la partie la plus large du balcon, qui leur était réservée. Cette année, Konoha avait totalement submergé l'examen, personne ne pouvait le nier. Dans les gradins, la jeune fille vit déjà des bookmakers prendre les paris du public. Oh, elle ferait perdre de l'argent à bien des gens aujourd'hui. Son adversaire était un Genin de seize ans, mesurait un mètre quatre-vingt-trois et ses avant-bras étaient tellement musclés que leur largeur équivalait presque celle de ses cuisses à elle.
Elle avait tout fait ce matin, en se préparant, pour avoir l'air aussi petite, inoffensive et jeune que possible. Karin lui avait montré comment maquiller ses yeux pour leur donner une apparence encore plus grande par rapport au reste de son visage et Sakura avait rajouté des petites tresses et des rubans rouges à sa queue de cheval habituelle. Elle portait aussi un gloss qui accentuait le rose de ses lèvres et un peu de fard à joues. Sa tenue, quant à elle, n'avait pas changé : kimono de combat gris sombre, obi rouge, des vêtements en résille d'acier près du corps pour la protéger de la plupart des chocs, des bandages un peu partout pour cacher ses sceaux, son tantô suspendu là où elle l'attraperait facilement... Mais avec le reste de ses préparations, elle avait sciemment l'air d'une enfant qui jouait au ninja.
Lee rougit et écarquilla les yeux quand il la vit, et elle lui répondit d'un sourire retors. Elle espérait vraiment ne pas l'affronter en finale, même si, des trois possibilités, il avait de bonnes chances d'y parvenir. Elle, elle ne doutait pas d'avoir de très bonnes chances d'y arriver. Elle s'était préparée, après tout, Ensui, Kakashi et Shikaku avaient veillé à ce qu'elle soit tellement prête qu'elle récitait les composants de ses sceaux dans son sommeil. Elle s'approcha de son petit-ami, évitant soigneusement de penser à leur rupture à venir, entrelaça ses doigts aux siens et s'appuya contre la balustrade tandis qu'en bas apparaissait l'examinateur dans une explosion de fumée colorée. Cabotin.
— Bonjour et bienvenue pour les huitièmes de finale du Tournoi de Promotion des Chûnin ! dit l'homme d'une voix forte que les micros propagèrent sans peine.
La foule se répandit en acclamations. Hitomi pouvait presque sentir leur excitation sur sa peau. Ils regarderaient des adolescents s'écharper pour leur divertissement et y prendraient du plaisir. Prendre part à un tel spectacle ne la dérangeait sans doute pas autant que cela n'aurait dû. Quand le calme fut revenu, l'examinateur se lança dans un discours qu'Hitomi n'écouta que d'une oreille. Il parlait de coopération internationale, de diplomatie, de paix.
— Je vais à présent vous rappeler la liste des participants au tournoi ! Tout d'abord Amegakure avec trois Genin : Kuse Tansyû, Kakui Fuyuta et Jirou Mitani ! Pour Sunagakure, Eiza Furuyama, Ibara Yumeda et Oda Keizu ! Pour notre très chère Kusa, Yarito Shiozawa, Mizuiro Abe et Eori Tsukui ! Pour Konohagakure, enfin, avec le plus grand nombre de Genin qualifiés dans un tournoi depuis six ans...
Hitomi sourit fièrement et échangea des regards lourds de sens avec ses compagnons. Ils y étaient, enfin. Un ardent désir de faire leurs preuves les unissait, mais aucun d'eux n'avait perdu de vue le pacte auquel ils avaient pris part un mois plus tôt. Quand ils devraient s'affronter les uns les autres, ils se laisseraient mutuellement une occasion de briller avant de se battre sérieusement. Tous impatients et tendus, ils écoutèrent l'examinateur rappeler les règles du tournoi – essentiellement, les combats qui pouvaient se finir par la mort d'un participant, son abandon ou l'intervention de l'arbitre, tous les coups permis excepté mettre le public en danger – puis rappeler la liste de combats des huitièmes de finale.
— J'appelle dès maintenant Ino Yamanaka et Shino Aburame pour le premier combat, ainsi que Sakura Haruno et Kuse Tansyû pour le deuxième combat ! Vous avez deux minutes pour descendre dans l'arène.
Les trois Genin de Konoha se dirigèrent vers l'escalier le plus proche en silence, le dos droit et le regard fier. Personne parmi leurs pairs n'estima devoir leur souhaiter bonne chance ou bon courage – ils n'en auraient pas besoin. Ils s'étaient tous entraînés et dépassés durant le mois écoulé. Faire reposer leur réussite sur de la chance ou du courage... C'aurait presque été irrespectueux. Serrant la main de Lee dans la sienne, Hitomi s'accouda à la balustrade, cherchant une position confortable, puis se concentra sur les combats qui se dérouleraient très bientôt en contrebas.
De là où elle se trouvait, Hitomi aurait une meilleure vue sur le combat opposant Ino et Shino que sur celui où Sakura démolirait sans se retenir l'un des ninjas d'Amegakure. Pour ses deux autres camarades, en revanche, le problème était plus complexe. Shino était un ninja redoutable, et même contre ses alliés, il n'y allait pas de main morte. Certes, Ino ne limitait désormais plus son arsenal à la technique emblématique de son clan, mais ses aptitudes n'étaient pas faites pour le combat, plutôt pour le support. En silence, la jeune Yûhi les regarda se saluer avec le Sceau de la Discorde qui fit courir un murmure perplexe parmi les spectateurs et se mettre en garde.
— Commencez !
Le bras de Lee autour de sa taille, Hitomi regarda ses deux amis se lancer dans un brutal échange de taijutsu. Shino avait indiscutablement le dessus en la matière, mais Ino esquivait particulièrement bien. Toutefois, si le jeune Aburame parvenait à la toucher avec ses insectes, ce serait la fin... Mais non, il avait signé le pacte, lui aussi. Il laisserait Ino déployer ses talents au vu et au su de tous leurs éminents spectateurs. La foule éclata en applaudissements et cris enthousiastes quand, de l'autre côté du mur transparent, Sakura envoya son adversaire voler de l'autre côté de leur moitié de l'arène.
— Ino a perdu, soupira Lee contre son oreille quelques minutes plus tard.
Hitomi hocha la tête. Elle l'avait vu, elle aussi, le moment où son amie avait décidé de passer à l'offensive à l'aide de sa technique clanique. Elle n'avait pas encore commencé à apprendre la technique de combat Yamanaka suivante, parce que son Kekkei Genkai était bien moins orienté vers le combat brut et qu'il fallait une maîtrise pratiquement du niveau Jônin pour qu'un shinobi Yamanaka puisse être un véritable danger en un-contre-un.
Elle grimaça en regardant la blonde activer sa technique de possession, suivant dans l'éclair de chakra la trajectoire de son esprit volant vers le corps de Shino... Qui, au contact, explosa en un nuage d'insectes. Il s'était substitué à un clone plusieurs minutes plus tôt, et se dissimulait à l'aide de la Dissimulation dans la Poussière, une technique Doton. Ino s'effondra comme une poupée de chiffon et Shino s'approcha d'elle, posant délicatement un kunai contre sa gorge. De l'autre côté du mur, Sakura mit son adversaire au tapis d'un coup de poing à la tempe.
— Vainqueur du premier match, s'exclama l'examinateur, Shino Aburame ! Vainqueur du deuxième match : Sakura Haruno !
Il y eut un tonnerre d'applaudissements que les deux Konohajin savourèrent, droits et fiers, chacun de leur côté du mur qui séparait l'arène en deux. Ils saluèrent le public puis se dirigèrent vers les escaliers tandis que les candidats suivants étaient appelés. Un sourire sournois sur les lèvres, Hitomi descendit à son tour. Devant elle se dressait son adversaire, grand, menaçant. Elle ne souriait plus désormais. Elle écarquilla les yeux et prit la parole d'une voix un peu plus aiguë et joyeuse que son ton habituel :
— Oh wow, tu as l'air vraiment fort ! Faisons de notre mieux, hm ?
Il se contenta de répondre d'une grimace dégoûtée et elle se mit en garde. Pas de Sceau de la Discorde cette fois : il n'était pas l'un de ses camarades, après tout. Il ne méritait aucun autre égard que la joie avec laquelle elle le détruirait. Elle prit une profonde inspiration et la relâcha lentement. Oh, elle allait adorer arracher ce rictus de son visage.
— Commencez !
Elle agit en un instant, invoquant le Fouet Aqueux dans sa main droite. Une demi-seconde plus tard, la tête de son adversaire pivotait violemment sous l'impact de la mèche de son fouet : une ligne ensanglantée se dessinait soudain sur sa joue.
— Q-quoi ? laissa-t-il échapper d'un air interloqué.
Hitomi ne lui laissa pas le temps de se reprendre : elle dissipa sa technique et s'empara de deux épais rouleaux de parchemins qu'elle ouvrit d'une secousse des poignets, envoyant son chakra à travers l'encre et le papier. Aussitôt, les deux rouleaux explosèrent tout autour d'elle, déversant des milliers de mètres cubes d'eau à leurs pieds. Sans laisser le temps au liquide de la submerger – elle avait tout de même libéré l'équivalent d'une piscine olympique – elle mobilisa son chakra dans ses jambes et, quelques secondes plus tard, elle se tenait fière et droite au-dessus du liquide tandis que Kakui se débattait toujours pour l'imiter.
— Suiton : l'Appel à la Meute !
L'eau autour d'elle s'éleva brutalement et cinq formes imitant chacune un loup en jaillirent, se jetant sur leur adversaire désigné. Hitomi n'avait pas besoin de se joindre à eux : ils attaqueraient sans relâche tant qu'elle les abreuverait en chakra, à moins que Kakui montre enfin un peu de résistance et parvienne à briser la technique. C'était presque honteux à ce stade : il n'avait montré aucune de ses aptitudes. Oh... Peut-être qu'elle ne lui en laissait pas l'occasion ? Bha, s'il ne pouvait pas se battre pour une opportunité, il ne la méritait pas.
Kakui hurla quand l'un des loups le mordit à la cheville, tombant sur un genou. Elle s'approcha calmement, dégaina trois senbon qu'elle coinça entre ses doigts comme des griffes disproportionnées et surnaturelles, puis s'abaissa à la hauteur, plaçant les longues aiguilles meurtrières au contact de la peau tendre de sa gorge. Si elle poussait, elle lui percerait la carotide. Il leva sur elle un regard empli d'une terreur abjecte auquel elle répondit par un air impassible, un écho de légèreté et de fragilité s'accrochant encore à elle comme un mirage. Elle haussa un sourcil, dans l'expectative.
— Je... Je me rends, chuinta-t-il d'une voix rauque.
— Vainqueur du troisième match : Hitomi Yûhi !
Sans plus consacrer une pensée à son adversaire, la jeune fille se releva et s'approcha du mur fûinjutsu, foulant l'eau comme s'il s'agissait des terres de son royaume, comme si ses pensées pouvaient commander au liquide et le contraindre à se plier à sa volonté. C'était le cas, après tout. Un sourire hautement satisfait aux lèvres, la kunoichi regarda Hinata envoyer son adversaire, un shinobi de Suna qui avait l'air un ou deux ans plus âgé qu'elles, au tapis pour de bon.
— Vainqueur du quatrième match : Hinata Hyûga ! Vous pouvez toutes deux regagner vos places pendant que vos adversaire et l'eau sont évacués.
Hinata écarquilla légèrement les yeux en remarquant la quantité de liquide sur laquelle Hitomi se déplaçait, mais un sourire euphorique vint bien vite remplacer son expression éberluée. Ce sourire était tellement plus franc, plus intense que la palette émotive habituelle de la jeune Hyûga qu'il fit battre le cœur d'Hitomi un peu plus vite, lui rappelant chaque instant qu'elles avaient passé ensemble en tant que couple. Elle se reprit fermement. Cette histoire appartenait au passé désormais. Laissant les miettes de son adversaire derrière elle, elle atteignit les escaliers et monta les marches aux côtés de sa meilleure amie. Elles ne passaient plus beaucoup de temps ensemble depuis qu'elles étaient devenues des kunoichi, et encore moins depuis la rupture, mais elles s'étaient promis de toujours se soutenir mutuellement.
— Hi-Hitomi ? appela Hinata sur le premier palier.
— Hm ?
— Je... J'aurais besoin de tes conseils. Est-ce qu'on pourrait se voir ce soir ?
La jeune fille battit des paupières, interloquée, puis hocha la tête avec un petit sourire doux.
— Bien sûr. Je crois que Sakura et Karin ont prévu d'aller s'amuser en ville ce soir. Tu n'as qu'à venir me voir après le dîner, je serai dans ma chambre.
La jeune Hyûga acquiesça et les deux kunoichi poursuivirent leur route jusqu'à leurs compagnons, qui les accueillirent en fanfare. Aucun des leurs n'avait été battu pendant ce round : ils ne risquaient pas de froisser quelqu'un en congratulant son adversaire. Très vite, Tenten et Sai durent s'esquiver pour aller rencontrer leur concurrent, respectivement Yarito et Mizuiro, tous deux de Kusagakure. Hitomi s'accouda contre la balustrade et se concentra sur les deux Genin de son village, qu'elle risquait d'affronter le lendemain. Son premier combat du jour serait contre Hinata – son ventre se nouait d'appréhension à cette seule idée – mais si elle le remportait, elle devrait se battre contre Tenten, et Sai était l'un des prétendants au titre de finaliste de son côté du tableau.
Elle aurait aimé avoir un Sharingan à cet instant, pour ne rien rater et analyser sans erreur les styles de combat de ses deux camarades. Elle ne s'était pratiquement jamais entraînée avec Tenten, et Sai... Sai était tout simplement à part. Il faisait partie de la Racine, après tout – elle pouvait sentir l'appel de son sceau sur la langue, exactement la même signature qu'elle retrouvait sur celles de Kakashi et Asuma, et tant d'autres parmi les hauts gradés de Konoha que c'en devenait effrayant. Son cœur s'emballa légèrement dans sa poitrine mais elle se força à garder son calme et à se concentrer.
Ils battirent leurs opposants en quelques minutes, puis Lee et Karin furent appelés pour leurs combats, respectivement contre Ibara de Sunagakure et Jirou, le dernier membre de l'équipe d'Amegakure. Puisqu'elle savait comment sa cousine adoptive se battait pour s'être retrouvée de l'autre côté d'un terrain d'entraînement face à elle plus d'une fois, elle se concentra sur son petit-ami. Lui aussi, elle l'avait affronté plus d'une fois, mais elle voulait l'encourager, même s'il ne pouvait l'entendre crier son nom de là où il se trouvait.
Elle regarda, et ce fut magnifique. Mizuiro était le dernier camarade de Kakui. Il n'avait pas insulté Hitomi, Karin et Sakura, ne s'était pas moqué, mais il avait laissé son coéquipier bafouer les règles de savoir-vivre les plus basiques d'un évènement international avec un rictus ironique sur les lèvres. Hitomi n'entretenait pas la même amertume envers ceux qui l'offensaient et ceux qui se contentaient de rester là et de profiter du spectacle, mais un petit tour de roue du destin ne pouvait faire de mal à personne, pas vrai ? En plus, elle l'avait vu regarder Lee de haut quand leur combat avait été annoncé, un mois plus tôt. Ah, il faisait moins le malin maintenant, étalé au sol par le tout premier coup du Konohajin, qui lui avait fauché les jambes. Sous la menace du kunai qui se trouvait tout contre sa gorge, il dut se déclarer vaincu.
Quand Lee et Karin, tous deux victorieux, remontèrent dans les gradins, Hitomi accueillit son petit-ami d'un baiser suffisamment fougueux pour que, derrière elle, Kakashi-sensei se racle la gorge d'un air un peu gêné. Le pauvre avait toujours un peu de mal à voir les Genin de cette génération comme des adolescents. Il avait même ressenti une pointe de panique en lisant dans son dossier médical qu'Hitomi avait eu ses premières règles, alors qu'il savait qu'il n'avait pas besoin de s'occuper de ça, que les femmes de Konoha prenaient les choses en main.
Comme elles l'avaient toujours fait.
La main ferme de Gai s'abattit contre son épaule avec la violence d'un bloc de fonte. Il dut réprimer une grimace, mais ne chassa pas son camarade et ami, se contentant d'écouter son sermon sur la Fougue de la Jeunesse et l'importance de laisser les passions adolescentes s'épanouir selon leur propre cours. C'était apaisant, d'une certaine façon, une valeur sûre, une constante dans sa vie qui l'empêchait de prévoir quoi que ce soit. Il soupira, un peu soulagé : au moins, ses petites élèves avaient toutes passé les huitièmes de finale. Tsunade l'aurait écorché vif si ce n'avait pas été le cas.
Chôji et Kiba descendirent ensuite tous deux rencontrer leurs adversaires, Eori de Kusagakure et Oda de Sunagakure. Après cela, il ne resterait plus que le match de Neji – il affronterait Kiba ou son concurrent si celui-ci vainquait. Peu probable, releva Hitomi en les regardant échanger les premiers coups pour jauger leur force mutuelle. Mais du côté de Chôji... La jeune fille fronça les sourcils quand le bras de son ami passa tout simplement au travers du corps de la kunoichi qu'il affrontait. Elle concentra son chakra dans ses yeux et ses oreilles pour essayer de comprendre, les mains crispées sur la balustrade. Au bout de quelques minutes, elle secoua la tête et prit la parole :
— Chôji ne peut pas gagner ce match.
— Pourquoi tu dis ça ? demanda Karin d'une voix sceptique. Je l'ai vu s'entraîner, il est plutôt bon, et elle n'a encore rien fait pour lui rendre les coups.
— Justement, c'est ça le souci. Elle doit avoir un Kekkei Genkai ou quelque chose du genre. Tout lui passe à travers, et elle fait circuler une petite quantité de chakra à travers son corps à très grande vitesse en permanence. Il s'épuisera avant elle, et il n'a pas des capacités d'analyse suffisantes pour comprendre le pouvoir de cette fille.
Cela signifiait qu'elle s'opposerait à Lee le lendemain, aussi Hitomi se pencha-t-elle aussi attentivement que possible sur les actions de la kunoichi. Au bout d'un moment, alors que Chôji s'essoufflait, elle se redressa avec une exclamation victorieuse :
— C'est bon, j'ai trouvé la faille. Lee, viens par ici, je vais t'expliquer...
Elle l'attira à elle et lui chuchota quelques mots à l'oreille, puis gloussa quand il la remercia d'un baiser dans le cou avant d'enrouler un bras contre sa taille pour la maintenir près de lui. Une petite grimace inquiète déforma ses traits quand Chôji s'effondra, à court de chakra. Elle regarda des infirmiers l'emmener sur un brancard, sans doute pour qu'il puisse se reposer. Au moins, il ne serait pas seul : Ino s'y trouvait encore depuis son combat avec Shino. Quelques minutes plus tard, Neji descendit à son tour dans l'arène pour affronter Kiba, qui s'était économisé et avait écrasé Oda d'un seul coup. Un sourire aux lèvres, Hitomi s'appuya contre Lee et observa le match avec soin. Il se pourrait très bien qu'elle tombe sur Neji en finale, et elle ne voulait pas perdre une miette de ses compétences.
Neji respecta le pacte qui unissait les Genin de Konoha, mais sa victoire fut quand même indéniable : il n'avait pas la moindre égratignure, tandis que les méridiens des deux bras de Kiba étaient presque tous fermés. Il ne pouvait plus utiliser son chakra correctement... Et finit par concéder la victoire à son aîné, car continuer aurait été un vecteur de risque pour Akamaru. Hitomi espérait que ce qu'il avait montré suffirait tout de même à le faire promouvoir, car il le méritait, mais elle craignait que ce ne soit pas le cas. Certains Daimyô avait des idées particulièrement stupides et dangereuses concernant la prudence à laquelle un ninja devait se plier pour protéger sa vie et celles de ses camarades.
Une fois sa victoire proclamée, le prodige des Hyûga débloqua les méridiens de son allié et ils remontèrent les escaliers côte à côte tandis que l'examinateur rappelait la liste des vainqueurs et les combats du lendemain. Hitomi ne put s'empêcher de pincer les lèvres quand il annonça son affrontement à venir contre Hinata, et Lee, qui n'ignorait rien de l'histoire amoureuse de sa petite amie, lui posa une main réconfortante sur l'épaule. Il n'avait pas besoin de parler pour qu'elle comprenne le message.
Elle pouvait le faire. Elle était forte. Il croyait en elle.
Et c'était réciproque.
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