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Pour un être cher

Le lendemain matin, Hitomi retrouva son maître dans la petite tente qu'il occupait. Elle était nerveuse, trop pour le cacher. De toute façon, elle n'avait pas honte d'exprimer ses sentiments devant lui. Pas alors qu'il la regardait toujours avec ce mélange de respect et de tendresse au fond des yeux qui lui donnait envie de se jeter dans ses bras et le laisser la protéger du vil monde extérieur. Il laissa un petit sourire triste jouer sur ses lèvres tandis qu'elle s'asseyait sur une chaise laissée vide en face de la sienne.

— Ne me déteste pas, ma puce. Cela n'aura rien d'agréable mais, je t'en prie, ne me déteste pas.

— Jamais, Père.

Il sourit à nouveau, sans qu'aucune lueur ne s'allume dans ses yeux si semblables aux siens, puis leva les mains pour exécuter une série de mudra qu'elle ne connaissait pas. Elle se tendit mais le regarda dans les yeux, le point de contact le plus probable de la technique. Le décor autour d'elle disparut, remplacé par l'intérieur d'une grotte bien connue.

— Non, murmura-t-elle d'une voix rauque.

Devant ses yeux déjà voilés de larmes se découpait la silhouette du Jashiniste dont elle n'avait jamais appris le nom, celui qui lui avait fait du mal. Le Murmure bondit à l'intérieur d'elle, furieux, cruel, mais il ne pouvait rien contre cet adversaire. Impuissante, elle ne lutta même pas contre les liens qui la maintenaient attachée à une colonne de pierre tandis qu'il s'approchait et saisissait une poignée de ses cheveux. Son premier sanglot lui échappa juste avant l'impact de sa tête contre la roche. Ses yeux roulèrent dans leurs orbites...

Et Ensui la rattrapa tandis qu'elle glissait de sa chaise. Elle le repoussa, se précipita dehors et vomit le peu qu'elle avait réussi à manger le matin même, son maître sur les talons. Il attrapa les cheveux qui lui tombaient sur le visage pour qu'elle ne se salisse pas, sa main libre frottant des cercles réconfortants dans son dos. Elle n'osait même pas imaginer comment il se sentait, lui, de lui faire revivre tout ça. Les cris de rage et de détresse qu'il avait poussés derrière l'éboulis hantaient encore ses cauchemars.

— Courage, ma puce. Je te promets que ça finira par aller mieux. Tu dois juste réussir à rester lucide, d'accord ? Quand ce sera le cas, je te montrerai comment te défendre, tu pourras toujours te défendre contre ce genre d'agression.

Elle grogna une réponse inarticulée mais se redressa en s'appuyant lourdement contre lui, une nouvelle preuve de sa confiance sans limite. Elle savait qu'il n'y avait pas d'autre moyen : à Kirigakure, la médecine avait cinquante ans de retard et la psychothérapie n'existait pas encore pour sauver les shinobi de leurs traumatismes. Ils ne pouvaient compter que sur eux-mêmes, sur la désensibilisation et le fait de répondre par une violence au moins égale. Elle savait qu'Ensui désespérait d'un autre moyen de l'aider, et que son échec sur ce plan le révulsait.

— J-je suis désolée, Père. Je l'endurerai mieux cette fois, je vous le promets.

Le regard immensément triste, il la guida en silence à l'intérieur de la tente jusqu'à la chaise qu'elle avait occupée auparavant. Tout son corps luttait contre ce qu'il avait à faire, Hitomi le voyait même dans son état. Elle distinguait chaque signe subtil de son état d'esprit, de la crispation autour de ses lèvres à ses yeux plus profondément enfoncés dans leurs orbites que de coutume, ses cernes plus sombres aussi. Avait-il seulement réussi à dormir cette nuit-là ? Hitomi, elle, n'avait dû son sommeil qu'à Haku, qui s'était dévoué pour un deuxième round afin de la laisser épuisée et détendue malgré la menace du lendemain matin. Quand elle s'était réveillée, elle avait trouvé Suigetsu blotti contre elle du côté que son petit-ami avait laissé libre et... Et cela l'avait immensément réconfortée, même si elle s'était demandé comment il avait fait pour ne pas la tirer du sommeil.

Au bout de quatre fois, elle était capable de garder les yeux ouverts, mais ce ne fut qu'au milieu de l'après-midi qu'elle réussit à bouger au cœur de l'illusion. Ensui semblait soulagé... Et au bord de la crise de nerfs. Chaque fois qu'il devait relancer le genjutsu, ses mains tremblaient un peu plus, le rictus sur ses lèvres apparaissait un peu plus clairement. À ce stade, ils avaient tous les deux la respiration laborieuse et les cheveux humides de sueur, mais ni l'un ni l'autre n'aurait accepté de battre en retraite avant que leur objectif ne soit accompli : Hitomi par fierté et Ensui par respect pour elle et son esprit combatif.

Enfin, il lui montra comment se défendre quand elle souffrait d'une blessure à la tête, comment rester lucide malgré la douleur et le sentiment de vulnérabilité qui lui envahissaient l'esprit. Une heure plus tard, elle se montrait capable de lutter – enfin, il fut satisfait. Il rompit l'illusion et se prit la tête entre les mains, la ligne de ses épaules trahissant un cocktail si instable d'émotions qu'elle détourna le regard. Non qu'elle ne veuille pas le voir faible et vaincu, elle savait qu'il était un homme avec toutes les faiblesses que cela impliquait, mais... Mais elle avait mal de voir les conséquences de ses propres problèmes sur lui.

— Va retrouver des amis, fit-il d'une voix rauque en regardant ses mains crispées sur ses genoux.

— Père, vous ne devriez pas rester seul...

— Je sais me gérer, ma puce. Va retrouver tes amis. Je viendrai te voir avant de partir en mission.

Elle eut un mouvement de recul en entendant l'accent dur dans sa voix, mais finit par céder à ses exigences, lui jetant un dernier regard triste avant de quitter la tente. Elle erra dans le camp, les nerfs à vif, jusqu'à ce que Suigetsu la remarque et se dresse sur sa route, la forçant à s'arrêter. Il pleuvait à nouveau, un crachin persistant qui s'infiltrait partout.

— Eien-chan ? Qu'est-ce que tu fais ?

— Uh ?

Elle l'avait entendu, mais elle ne savait que répondre. Elle ne faisait rien, sinon s'éloigner de son maître quand son instinct lui hurlait qu'il ne devait pas rester seul. Mais comment l'aurait-elle aidé ? C'était sa faute, la faute de ses faiblesses et de toutes les imperfections dont elle ne semblait jamais se débarrasser vraiment.

— Eien-chan, je vais te ramener dans ta tente, d'accord ?

Il arrêta un Genin qui passait à côté de lui, lui murmura quelque chose à l'oreille puis s'approcha d'Hitomi tandis que le jeune garçon s'éloignait au pas de course. La jeune fille, d'habitude si curieuse, ne manifesta pas la moindre réaction face à l'échange – son ami ne put que s'en inquiéter davantage. Il l'attrapa par les épaules et la guida en direction des tentes occupées par les Konohajin, mal à l'aise de la voir se laisser faire comme ça.

— Assieds-toi, je vais te faire du thé et puis on va pouvoir parler de ce qui ne va pas, d'accord ?

Elle acquiesça, absente, mais ne remua pas quand il la laissa au milieu de sa tente. Elle détestait cet endroit, cette petite cellule de tissu détrempée et surchargée. Un rictus révulsé se peignit pendant un instant sur ses lèvres puis la lueur combative et colérique disparut de son regard et elle resta là. Immobile. Perdue. Jamais elle n'avait avec tant de violence désiré se trouver sur les terres de son clan, la maison juste à côté de celle de Shikaku, là où ce genre de souffrances ne pouvait la poursuivre. Elle sursauta légèrement quand Suigetsu lui posa l'une de ses couvertures sur les épaules et l'attira sur son futon, qu'il avait déroulé. La couverture sentait comme Ensui. Elle l'avait sans doute emballée dans son paquetage par erreur... Cela ne l'empêcha pas de respirer cette odeur comme si sa vie en dépendait.

— À ce point, hm ? Tu veux en parler ?

Elle garda le silence quelques instants, ouvrit la bouche, la referma. Finalement, elle se décida :

— Mon père... I-il s'est fait du mal en essayant de me désensibiliser à la chose qui m'a fait me figer pendant notre mission. Il s'est fait beaucoup de mal.

Les sourcils froncés, Suigetsu s'assit à ses côtés, son bras retrouvant sa place sur ses épaules. Il semblait un peu perdu ; elle se souvint soudain que lui n'avait jamais pu compter sur des parents pour le guider et le soutenir, seulement son frère, qui était mort si jeune. Haku avait fini par lui raconter l'histoire : Mangetsu était décédé devant les yeux de son frère, en tentant en vain de le protéger d'Orochimaru. Tout leur entraînement avait été insuffisant face à la puissance du Sannin et de son très fameux – à l'époque – Quintet d'Otogakure.

— Parfois, on doit se faire du mal pour les gens qu'on aime. On appelle ça le sens du sacrifice. Je sais que tu es bien placée pour connaître cette notion.

Il ne pouvait pas, bien entendu, aborder les évènements particuliers à voix haute en plein cœur du camp, sans sceau d'isolement, mais elle savait. Il y avait eu tant d'exemples durant ces dernières années de moments où elle s'était interposée entre ses amis et un grand péril, quand elle aurait pu tout simplement fuir... Elle replia ses genoux et y posa son menton après avoir entouré ses jambes de ses bras, le regard rivé au sol.

— C'est juste... Je n'ai aucun problème à le faire, encore et encore, mais le voir faire... Est-ce que ça fait de moi une hypocrite ?

— Un peu, admit Suigetsu, mais j'imagine que c'est normal d'être hypocrite avec ce genre de sujets. Senjin-san est un shinobi, Eien-chan, et l'un des plus droits que je connaisse si tout ce que m'a raconté Haku est vrai. Comment peux-tu être surprise qu'il se sacrifie pour ton bien ? Est-ce que tu ne lui rendrais pas la pareille ?

— Sans hésiter.

— Alors comment peux-tu le blâmer s'il réagit de la même manière que toi ? Je sais que c'est difficile, je sais que tu l'aimes de tout ton cœur, mais tu ne peux pas toujours protéger les gens que tu aimes, surtout pas contre eux-mêmes.

Elle grogna, cacha son visage contre ses genoux mais ne nia pas. De toute façon, il était le maître et elle l'élève. Quel droit avait-elle de décider ce qui était bon pour lui, ce dont il avait besoin ? Suigetsu lui frotta gentiment le dos ; il la voyait se laisser atteindre par ses arguments et cela le soulageait un peu. Il savait comme elle pouvait être bornée et protectrice. Ses plans la mettaient toujours en première ligne – le meilleur exemple restait celui qui lui permettait de garder un œil sur les jinchûriki. On pouvait retourner la situation comme on voulait, elle resterait la personne qui se dressait encore et encore contre un ennemi plus puissant et retors qu'elle.

Haku entra soudain dans la tente, le regard légèrement alarmé. Il observa son petit-ami et son amante, sembla décrypter quelque chose dans leurs langages corporels qui lui montra tout ce qu'il avait besoin de savoir et s'approcha en douceur, se délestant de ses armes, de ses bottes et d'une épaisseur de son kimono de combat. Même ainsi, ils prenaient tous les trois quasiment toute la place disponible sous le dôme de tissu. C'était ce qu'Hitomi voulait, un espace trop étroit saturé de chakra et de chaleur corporelle dans lequel elle pouvait se rouler en boule et oublier l'extérieur.

— Qu'est-ce que tu veux faire aujourd'hui, Eien-chan ? Ressortir t'entraîner, te reposer ? Nous plumer au poker, peut-être ?

Elle émit un petit rire étranglé mais ne répondit pas, se contentant d'accueillir le poids et la chaleur d'Haku contre elle comme une bénédiction. Tous ses instincts de kunoichi auraient dû se révolter contre la proximité des deux shinobi étrangers, lutter contre leur contact, contre la manière dont ils envahissaient son espace vital. Elle laissa échapper un petit soupir soulagé quand Suigetsu l'enlaça par derrière, la tête posée sur l'épaule d'Haku. Tant pis pour ce qu'une kunoichi était censée faire, penser ou dire. Elle avait besoin de ses amis.

La nuit venue, elle retourna dans la tente d'Ensui, gorgée de la tendresse qu'Haku et Suigetsu lui avaient offerte sans réserve. Elle avait passé des heures allongée entre eux sur un futon trop mince, sous une tonne de couvertures, à cuire lentement dans la chaleur qu'ils dégageaient. Quelque chose s'était apaisé en elle, une angoisse sourde qui lui avait jusque-là mordu le ventre sans arrêt. Positivement saturée de réconfort, elle se sentait assez forte pour affronter ce qui l'attendait dans la tente de son maître.

Il dormait, prostré sur un futon trop petit et à peine couvert malgré l'humidité qui aggravait le froid incessant sur cette île. La chaise sur laquelle Hitomi avait été assise quelques heures plus tôt gisait brisée en plusieurs morceaux dans un coin. Elle étouffa son chakra, se déplaça sans le moindre bruit comme il le lui avait appris jusqu'à se trouver à ses côtés, s'agenouilla tout en le regardant comme elle le pouvait dans l'obscurité presque totale. Il avait les yeux rouges et gonflés. Même dans le sommeil, une tension s'attardait sur ses traits, de ses sourcils froncés à ses lèvres plissées. Avec un petit soupir, elle rajouta deux couvertures sur sa forme endormie, s'allongea derrière lui et lui enlaça la taille, le front pressé contre son dos.

Quand elle se réveilla quelques heures plus tard, il s'était retourné et lui faisait désormais face, un long bras la maintenant contre lui, sa tête par-dessus la sienne. Sa respiration semblait plus calme, plus profonde ; son chakra lui aussi circulait à un rythme plus tranquille à l'intérieur de son corps. Profondément satisfaite, Hitomi referma les yeux et retourna dans sa Bibliothèque. Elle s'était attendue à la trouver dévastée, les hautes étagères écroulées les unes sur les autres mais, à sa grande surprise, seule une vague odeur de sang rappelait la fragilité qu'elle avait ressentie quelques heures plus tôt, au cœur de l'illusion d'Ensui. Rien qu'un peu de rangement et de lecture ne puisse arranger.

Le soleil levant les trouva tous deux dressés devant la tente, perdus dans la routine de leur salut rituel avec un mélange d'aisance et de soulagement. Leur lointaine affiliation aux Nara, qui avaient leur propre salut, expliquait sans difficulté pourquoi leurs gestes étaient différents de ceux de leurs camarades Konohajin, dont aucun n'était issus d'un clan. Mamoru menait cette troupe-là à travers l'enchaînement, les gestes encore aussi gracieux, vifs et saturés d'énergie que ceux du plus jeune shinobi du groupe.

— Je dois y aller, soupira Ensui quand ils eurent fini. J'ai tout juste le temps de boire une tasse de thé et de manger mon petit-déjeuner en marchant avant de retourner en mission avec Ao-san et un Jônin que je ne connais pas.

— Il vaut mieux ne pas arriver en retard, accorda son apprentie. J'ai entendu dire qu'Ao-san détestait les retardataires.

— Hm hm. Après trois missions effectuées avec lui, je n'arrive pas à décider s'il te détesterait ou s'il t'adorerait. Tiens-moi au courant de ce que Mei-sama te veut, d'accord ? Je t'aime, ma puce.

Le souffle coupé, elle le regarda terminer de remonter le fermoir de ses bottes. Là seulement elle se reprit et répondit d'une petite voix étranglée :

— Je vous aime, Père. Soyez prudent.

— Tu sais que je le serai.

Il se pencha sur elle et lui embrassa le front sans le moindre égard pour les Konohajin qui assistaient à ces adieux effusifs avec un air vaguement gêné puis s'éloigna d'une démarche souple et rapide à travers l'océan de tentes. Le cœur enflé d'un mélange de joie amère et de mélancolie, la jeune fille se détourna à son tour. Elle aussi devait se préparer. Si elle se présentait échevelée devant Mei, celle-ci s'en montrerait sans doute offensée, puisqu'elle n'aurait pas l'excuse de revenir de mission.

— Ah, Eien-chan, parfait, la salua la Mizukage quand elle fut annoncée et entra dans la tente de commandement. Ton père t'a transmis le message.

— Oui, Mei-sama. Il m'a dit que vous vouliez me parler de certains plans particuliers ?

Le geste que fit la Mizukage en devenir pour congédier ses ANBU et autres gardes ne manquait pas de subtilité – pourtant, Hitomi le vit, peut-être parce qu'elle s'y attendait, tout comme elle sentit les signatures de chakra qui les environnaient s'éloigner les unes après les autres.

— Active un sceau d'isolement, s'il te plaît, Eien-chan. Ce que j'ai à dire ne concerne que toi.

La jeune fille se mit aussitôt au travail. Elle effleura du bout des doigts l'un des sceaux de stockage dissimulés dans les bandages qui enserraient son avant-bras droit, attrapa celui demandé par Mei et l'activa d'une étincelle de chakra. Aussitôt, un dôme iridescent entoura les deux femmes – sa créatrice le savait parfaitement opaque de l'extérieur pour l'avoir fait tester par Ensui et Shikaku, une éternité plus tôt.

— Vous pouvez parler, Mei-sama. Le sceau est en place.

La cheffe de guerre se redressa sur sa chaise à haut dossier comme si elle se trouvait assise dans un trône et lui fit signe d'approcher. Docile, Hitomi avança jusqu'au pied de l'estrade mais ne poussa pas l'audace jusqu'à monter dessus. Les seuls shinobi qu'elle avait vus poser le pied sur les tréteaux de bois étaient ses généraux, et encore. Même eux semblaient préférer rester au niveau du sol. Mei, elle, n'avait pas de choix : le maintien de son commandement passait par ce genre d'apparences, aussi superficielles soient-elles.

— Tout d'abord, je voulais t'avertir qu'Utakata-chan est rentré de mission. Je n'ai pas de Salle des Sceaux, mais je l'ai convoqué dans une heure pour qu'il vienne recevoir ton sceau. Tu auras assez de place ?

Hitomi évalua l'espace autour d'elle puis hocha la tête en signe de confirmation. Ce serait juste, et pas aussi confortable que sur un sol de pierre parfaitement lisse, mais elle savait que son travail ne pouvait pas toujours s'effectuer dans un cadre optimal. Les Maîtres des Sceaux devaient entre autres faire preuve d'une capacité d'adaptation exemplaire. Une partie de son esprit s'ingénia aussitôt à calculer les adaptations nécessaires ; elle resta malgré tout concentrée sur Mei, qui semblait soulagée de pouvoir enfin faire protéger son jinchûriki.

— Parfait. Passons à la raison principale de cette convocation.

Hitomi se redressa légèrement en entendant ces mots, alerte et attentive. Elle sentit le chakra de Mei s'agiter légèrement et dut réprimer un frisson d'anticipation tandis qu'une vague d'adrénaline courait dans ses veines en réponse.

— Tu vas m'aider à élaborer un plan qui nous permettra d'entrer dans la salle d'audience de Yagura à l'aide du Dieu de la Foudre. Le reste des troupes attendra en stationnement tout autour de Kirigakure et lancera l'assaut dès que nous aurons disparu, avec une petite sélection de shinobi. Combien peux-tu en transporter en une seule fois ?

Hitomi haussa les épaules. Elle avait fait des tests en ce sens au sanctuaire, bien consciente qu'il lui serait utile de s'habituer à la manipulation différente et plus complexe qu'une simple téléportation seule.

— Vous incluse, une dizaine de personnes, je dirais. Le problème n'est pas là, Mei-sama. Quand j'ai commencé à utiliser le Dieu de la Foudre, je ne supportais pas le paradoxe créé par mon déplacement. Je vomissais, j'avais la tête qui tournait... En combat, j'aurais été inutile. Les shinobi que vous choisirez pour nous accompagner devront tout comme vous s'entraîner à supporter le contrecoup jusqu'à ce qu'il disparaisse.

La jeune fille vit bien que cette nouvelle contrariait Mei, mais elle possédait assez de bon sens pour ne pas protester contre les dires de la Konohajin. Les délais imprévus se produisaient en permanence depuis que la rébellion avait grandi au-delà d'une simple rumeur dans les ruelles de Kirigakure. Elle préférait attaquer quand ses troupes seraient aussi prêtes que possible plutôt que de les voir se faire massacrer parce qu'elle aurait voulu se précipiter.

— Combien de temps, à ton avis ?

— Deux, trois semaines d'entraînement quotidien, peut-être un mois pour les personnes plus sensibles. Vous ne serez que des passagers, le contrecoup est moins fort dans ce cas.

— Très bien. On commencera demain, dans ce cas. Est-ce qu'il y a assez de place ici ? Je ne veux pas que le plan s'ébruite, au cas où.

— Je devrai installer un sceau d'isolement plus large à l'intérieur de la tente dans ce cas mais oui, ça devrait convenir.

— Fais ça en attendant Utakata-chan. On travaillera sur le plan en lui-même pendant que tu entraîneras les ninjas que j'ai choisis pour nous accompagner. Certains détails ne sont pas encore déterminés, je veux ton avis dessus. Tu es la mieux placée pour savoir ce qui est possible ou non.

Puisque ni Minato ni Tobirama ne foulaient encore le sol des Nations Élémentaires, cette vérité prenait un arrière-goût amer qu'Hitomi décida pourtant de ne pas relever. Elle rompit le sceau d'isolement et commença à en tracer un autre le long des limites de la tente de commandement, aussi large et discret que possible. Très peu de gens connaissaient suffisamment de fûinjutsu pour identifier la fonction du sceau qu'elle traçait – ceux qui en étaient capables ne hausseraient pas un sourcil à l'idée que le centre de décision de la rébellion soit protégé de la sorte. Malgré tout, son instinct de shinobi la poussait à dissimuler, tromper, mystifier.

— Mei-sama ? appela le Chûnin de garde depuis l'extérieur de la tente. Utakata-san est arrivé.

— Parfait. Fais-le entrer.

Soudain attentive, Hitomi se redressa de l'endroit où elle s'était agenouillée pour terminer son tracé et rangea son matériel dans un sceau de stockage. Dans l'un des carnets remplis de l'écriture serrée et inélégante de Minato, elle avait lu qu'il était de mauvais genre de montrer ses pinceaux à la personne qui voulait recevoir son travail sans qu'on le lui demande. Elle se trouvait étrangement attachée à ces traditions que tout le monde avait oubliées, sauf peut-être les deux derniers maîtres vivants de son art. Ils étaient vieux, tous les deux, en particulier pour des shinobi de leur rang. Ils mourraient sans doute avant elle – et soudain elle deviendrait la seule représentante de l'ordre auquel elle aspirait à appartenir. Une perspective effrayante.

— Mei-sama, Zabuza-san m'a dit que vous vouliez me voir ?

— Entre, Utakata-chan.

Un homme grand et mince franchit le battant de tissu, ses cheveux noirs et ébouriffés dissimulant la partie gauche de son visage. Un cerne épais soulignait le seul de ses yeux visible, d'un brun tiède, seul signe immédiatement identifiable de la fatigue qu'il ressentait sans doute après sa longue mission. C'était la première fois qu'il revenait au campement depuis l'arrivée d'Hitomi et Ensui. Il portait l'uniforme classique des Jônin de Kirigakure, froissé et sale – était-ce par attachement qu'il ne l'avait pas adapté à son style particulier, ou pour mieux se fondre dans la masse ?

— Utakata-chan, je te présente Eien Senjin. Je t'ai parlé d'elle, tu te souviens ? La prodige du fûinjutsu de Konohagakure ?

Il se raidit légèrement mais acquiesça. Dans son regard apparut une lueur de méfiance, discrète, maîtrisée, mais pas assez bien cachée pour échapper à Hitomi. Elle comprenait.

— Je me souviens, Mei-sama, répondit-il docilement.

— Le moment est venu de la laisser faire son travail. Déshabille-toi et allonge-toi, ordonna-t-elle en désignant le centre de la tente.

Hitomi rosit légèrement et détourna le regard quand elle vit Utakata se tendre et serrer les mâchoires.

— C'est, hum, nécessaire parce que le sceau prend beaucoup de place et que tracer sur des vêtements est beaucoup plus difficile. Je ne regarderai pas, Utakata-san, si ça vous gêne.

Il renifla d'un air amusé mais se détendit, exactement comme la jeune kunoichi l'avait voulu en adoptant une attitude clairement timide. Il dézippa sa veste rigide, dont la coupe était légèrement différente de celle de Konoha, puis se débarrassa du sous-pull matelassé qu'il portait dessous avant de s'attaquer à son pantalon et ses sous-vêtements. Elle détourna le regard par respect mais aussi pour entretenir l'image de timidité qu'il lui associait. Une fois qu'il se fut allongé sous le regard vaguement intéressé de Mei, Hitomi s'agenouilla et posa une main sur son front.

— Dormez bien, Utakata-san.

Son grognement affirmatif mourut dans sa gorge à mi-chemin tandis que la technique imposait son emprise sur lui. Dès qu'il se fut totalement détendu, Hitomi se mit au travail. Elle n'aimait pas trop que Mei la regarde mais ne pouvait pas exactement lui ordonner de partir... De toute façon, si la Mizukage avait été assez avancée dans l'Art des Sceaux pour comprendre ce qu'elle voyait, ce que la jeune fille faisait, elle n'aurait pas besoin de ses services.

— Voilà, annonça-t-elle en se redressant quand le sceau fut contracté sous l'aisselle d'Utakata. Il se réveillera bientôt. Est-ce que quelqu'un lui a fait parvenir les explications sur comment s'en servir ?

— Haku me les a données et je les lui ai transmises mot pour mot, répondit Mei en s'étirant discrètement. Je lui ai aussi fait jurer sur son insigne de s'en servir. Il est borné mais il ne veut pas mourir.

Hitomi renifla tout en s'essuyant les mains, un discret sourire aux lèvres.

— J'ai l'impression que tous les jinchûriki sont bornés. À Kumogakure, la porteuse du Nibi a dû assommer celui du Hachibi pour que je puisse le marquer. Apparemment, il était certain de pouvoir se débrouiller seul, refusait de mettre quelqu'un d'autre en danger, bla, bla, bla.

Elle roula les yeux au ciel pour ponctuer son propos, jouant si bien l'indignation que Mei émit un rire léger et musical.

— Tu parles de lui comme s'il était un enfant, mais il n'a pas la trentaine ?

— Je ne sais pas, je n'ai pas eu l'occasion de lui demander du coup. Si quelqu'un se comporte comme un enfant, je le traiterai comme tel, même si cette personne est aussi vieille que Mamoru-san.

— Tu peux y aller, Eien-chan. Je te veux ici demain, une heure après l'aube et prête à entraîner les shinobi que j'aurai mandatés pour nous accompagner.

La jeune fille s'inclina et prit congé, les traits soigneusement figés en une expression neutre. Elle avait du mal à réaliser à quel point ses plans avaient avancé depuis sa fuite de Konoha sous le couvert d'une identité créée à la hâte. Tous les jinchûriki, sauf un, portaient désormais sa marque et l'utiliseraient en cas de problème. Il ne restait que le cas de Yagura à traiter. Certes, la situation était complexe, puisqu'il faudrait tuer le Mizukage pour libérer son démon, garder le lac autour duquel Kirigakure avait été bâtie jusqu'à ce qu'il y réapparaisse, lui assigner un nouveau jinchûriki, le sceller et puis seulement le marquer – elle fut prise de vertige rien qu'en énonçant toutes ces étapes. Difficile, oui. Insurmontable ? Non, pas vraiment.

Dès le lendemain, elle commença à entraîner la Mizukage et les neuf shinobi qu'elle avait choisis comme sa cheffe de guerre le lui avait ordonné. Haku, Chôjûrô, Suigetsu, Zabuza et Mamoru faisaient partie des heureux sélectionnés, tout comme les deux ANBU envoyés par Tsunade et un ninja qu'Hitomi ne connaissait pas. Ensui et Ao, toujours en mission elle ne savait où, n'avaient pas été inclus dans ce petit groupe, mais son apprentie avait rapporté à son maître ce qu'ils y faisaient. Elle le tenait informés, comme les Nara le faisaient toujours au sein de leur clan. Il répondait parfois, quelques phrases laconiques qui promettaient qu'il allait bien, que ses coéquipiers allaient bien, qu'il lui raconterait tout à son retour.

Dans la tente de commandement, les shinobi choisis par Mei s'entraînaient aux côtés de celle-ci entre les mains peu expérimentées d'Hitomi. Après avoir demandé conseil à Tobirama sous un sceau d'isolement, elle décida que la seule façon pertinente de procéder ne serait plaisante pour personne. Elle les attrapait par le bras et les téléportait à un autre bout de la tente quelques fois, jusqu'à ce que leurs jambes cèdent, puis passait au suivant. Au bout d'une semaine, ils cessèrent de vomir. Au bout de deux, elle pouvait tous les transporter d'un seul coup sans qu'ils ne rendent le contenu de leur estomac, mais arrivaient désorientés là où elle le voulait.

Au bout de trois semaines, comme elle l'avait prévu, ils étaient prêts.

Et leur plan avec.

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