Les monstres sous le lit
Sa main ensanglantée traça les kanas qui composaient son nom sur le parchemin, puis y déposa ses empreintes. Enfin prêt, il concentra son chakra et composa les mudra que nécessitaient cette technique. Un Uchiha aurait dû être impassible en toute circonstance, mais ce n'était pas son cas : il ne pouvait empêcher son corps de frémir d'impatience et ses yeux de briller, avides. Quand sa main se posa sur le sol, tout le chakra qu'il avait pu rassembler dépensé en un instant, un corbeau plus volumineux qu'un cheval apparut.
Sans doute surpris d'avoir été invoqué, l'animal déploya ses ailes et gonfla le poitrail. Avec son bec couleur perle entrouvert, il dominait de toute sa stature l'enfant qui venait de lui faire l'affront de le solliciter alors qu'il allait passer à table. Les humains ne pensaient jamais à ce genre de détails. Surtout les shinobi. Jadis, des siècles auparavant, quand le chakra et les arts ninjas en étaient encore à leurs balbutiements, le Contrat des Corbeaux appartenait aux moines d'un temple, caché au cœur de ce qui deviendrait le Pays du Feu. Des invocateurs bien plus respectueux.
— Parle, garçon, je n'ai pas toute la soirée devant moi.
Les corbeaux avaient toujours été ainsi faits, incroyablement intelligents mais impatients. Leurs pensées couraient plus vite que celles de n'importe quel humain et seul l'âge leur donnait le recul d'attendre que leurs invocateurs décident de ce qu'ils voulaient faire. Mais Shiromaru était encore un enfant aux yeux de son peuple, et n'avait appris de l'attente que ses mauvais côtés.
— Je voudrais rejoindre les rangs de vos invocateurs, Corbeau-sama.
Cette fois, quand la tête de l'oiseau fut rejetée vers l'arrière, personne n'aurait pu confondre le son saccadé qui s'échappait de son bec avec autre chose qu'un rire. Oh, personne ne lui avait jamais donné du « sama ». Quand il raconterait ça à Nee-chan...
— Notre contrat vient avec un prix, humain. Nous ne te laisserons pas te servir de nous sans te demander une contrepartie.
— Que demandez-vous pour vos services ?
Shiromaru contempla l'humain un instant, tentant de décider s'il serait du genre à accepter la contrepartie. Cette règle était venue après que le Village Caché ait volé le contrat aux moines que les Corbeaux avait tant aimés, dans l'espoir que les humains dégoûtés le rendent à leurs propriétaires ancestraux. De toute évidence, cela avait échoué, et depuis, les oiseaux avaient décidé de simplement profiter de l'offrande.
— Nous demandons les yeux de tes ennemis. Quand tu tueras, tu le feras sans jamais endommager les yeux, et tu appelleras celui d'entre nous qui décidera de t'assister quand leur sang sera encore chaud pour qu'il les ramène dans notre royaume.
Le garçon se tendit légèrement en entendant ces conditions, interloqué. Il avait trouvé ce contrat dans les archives du clan, bien dissimulé sous les traités les plus ennuyeux, les moins consultés, là où on s'attendait le moins à dénicher ce genre d'atout inestimable. Historiquement, les Uchiha avaient eu en leur possession plusieurs contrats : celui des Corbeaux bien entendu, celui des Chats passés dans le clan Yûhi comme cadeau de mariage plusieurs générations plus tôt, et bien entendu celui que seul Fugaku-sama avait le droit d'utiliser, le Contrat des Béliers. D'autres encore, extrêmement mineurs, étaient entre leurs mains, mais la plupart avaient été oubliés. Après tout, ils en conservaient surtout la propriété pour qu'ils ne soient pas perdus aux mains de leurs ennemis.
— Ce prix me convient. Que dois-je faire, maintenant ?
— Maintenant, humain, je vais t'observer pendant quinze jours et quinze nuits, puis je transmettrai mon évaluation à notre Ancienne, qui décidera qui sera ton compagnon.
Le garçon hocha la tête et, les gestes précis et respectueux, essuya sa main ensanglantée avant de refermer le rouleau qui portait désormais sa signature. Shiromaru l'observait attentivement. Pendant ces deux semaines, il devrait découvrir ses plus beaux atouts et ses faiblesses les plus profondes, pour que son rapport à l'Ancienne soit le plus complet possible. Il allait enfin pouvoir découvrir le monde physique... Natsutaiyô lui avait tellement donné envie de le découvrir à travers les histoires qu'elle racontait lors des rassemblements.
— D'accord. Si tu prévois de rester auprès de moi aussi longtemps, arrête de m'appeler « humain ». Je m'appelle Shisui. Et toi ?
Hitomi se réveilla en sursaut, le cœur battant la chamade et le souffle saccadé. Quand elle leva les mains pour se frotter le visage, elle trouva ses joues humides de larmes. Elle ne comprenait pas pourquoi elle rêvait autant du passé. Parce que ça ne pouvait être que le passé. Shisui était mort, il s'était suicidé pour soustraire son dernier œil à Danzô et l'offrir à Itachi. Un gémissement angoissé franchit ses lèvres, elle se dépêcha de l'étouffer en plaquant son poing contre sa bouche, tentant comme elle le pouvait de retrouver son calme.
Même quand ils n'avaient rien de terrifiant, comme cette fois, ces rêves provoquaient toujours chez elle une réaction physique extrêmement violente. Elle avait l'impression qu'elle venait de courir un marathon avec son ancien corps, une sensation qui la rebutait. Ses articulations étaient douloureuses, ses poumons en feu. Rien ne lui faisait plus plaisir que de courir et se sentir libre, forte, en bonne santé, mais les rappels de ce qu'elle avait été dans le monde d'avant la plongeaient toujours dans une morosité qui la mettait mal à l'aise, qu'elle avait du mal à cacher.
Même Sasuke, qui l'accueillait dans son lit à chaque fois qu'elle avait un cauchemar, ne savait pas ce qu'ils lui montraient exactement. Il n'en avait pas besoin pour comprendre qu'elle supportait mal sa chambre vide et obscure une fois réveillée. Après tout, il vivait quelque chose de comparable lui-même depuis le Massacre. Elle lui avait juste dit qu'elle n'avait pas envie d'en parler, et ça avait suffi pour qu'il ne pose plus jamais une question à ce sujet. C'était mieux comme ça : elle ne pouvait pas exactement commencer à lui parler de ses cauchemars où elle revivait des moments du passé, certains mettant en scène des membres de son clan décimé. Elle ne pouvait lui dire que, parfois, c'était son propre frère qu'elle voyait en rêve.
Avec un petit frisson, elle sortit du lit et tituba jusqu'à la salle de bain, évitant de justesse une rencontre douloureuse entre son petit orteil et le coin d'un livre qu'elle avait posé au milieu du chemin. Pourquoi faisait-elle toujours ça ? C'était stupide. Elle avait des étagères assez spacieuses pour tous les livres dont elle pouvait rêver. Peut-être se sentait-elle vaguement réconfortée par un peu de désordre ? Une fois dans sa salle de bains, elle se passa un peu d'eau sur le visage et contempla son reflet, le regard froid, fatigué, détaché.
Elle avait beaucoup changé ces dernières années. Si elle restait petite pour son âge, des muscles fins et nerveux se dessinaient désormais le long de ses membres et sous sa chemise de nuit. Ses cheveux noirs, ondulés comme ceux de sa mère, étaient encore détachés, mais elle s'empara bien vite d'une brosse et d'un élastique pour les nouer à la manière des Nara. Ils étaient trop longs pour rester dressés vers le haut comme ceux de Shikamaru et de Shikaku et lui atteignaient désormais, attachés, le bas des omoplates, mais le geste restait important pour elle.
Ses yeux rouges étaient toujours un peu trop grands pour son visage, la couleur vive tranchant nettement avec ses cils et sa peau pâle. Elle avait depuis longtemps perdu le bronzage que le voyage à Suna lui avait octroyé ; désormais, sa peau était clairement parsemée de légères taches de rousseur, surtout sur le nez et le haut des joues. Elle perdait lentement les rondeurs de l'enfance sur les lignes des joues et du menton : ses pommettes s'annonçaient hautes et saillantes, comme celles de tous les Nara.
Elle ne payait vraiment pas de mine quand elle sortait du lit. C'était différent à l'Académie, où elle était l'une des seules filles à porter une tenue adaptée à l'exercice physique auquel les enfants se soumettaient tous les jours. Elle était petite, incroyablement rapide, et si elle manquait de force par rapport aux garçons de sa promotion, elle avait l'intelligence nécessaire pour compenser ce léger désavantage. Avec un soupir, la petite fille se détourna de son reflet et jeta un coup d'œil à l'horloge accrochée au-dessus du miroir.
Que faire maintenant ? Il était trop tôt pour réveiller quelqu'un et s'entraîner. Désoeuvrée, elle revint dans sa chambre et alluma la lumière pour écrire une lettre à Gaara. Lui aussi savait qu'elle faisait des cauchemars. Elle avait voulu le dire à Ensui, et s'était dit que ce ne serait pas juste de ne pas confier le même secret à son ami. C'était par son carnet qu'ils passaient là... Elle ne leur avait pas non plus parlé du contenu de ces rêves, prétendant ne pas s'en souvenir. Ensui la connaissait mieux que ça, mais n'avait pas posé de question.
Désormais, il lui était devenu habituel de conclure ses lettres à Gaara par un petit mot pour son frère et sa sœur. Temari avait une passion pour les énigmes : les deux jeunes filles s'amusaient à s'en échanger, espérant gagner ce petit concours amical. Des mois après qu'elles aient commencé leur petite compétition, aucun vainqueur n'était visible à l'horizon. Avec Kankurô, elle parlait surtout de la faune et de la flore de Konoha. Le jeune garçon rêvait de construire ses propres marionnettes un jour et cherchait de l'inspiration dans ce que la nature avait à lui offrir.
Une fois cette mission accomplie, la petite fille se leva à nouveau et prit la route de la cuisine. Kurenai et les garçons se lèveraient dans deux heures. Il était trop tôt pour leur préparer un petit déjeuner, mais elle espérait pouvoir se faire un petit quelque chose. Manger la réconfortait toujours. Elle comprenait tout à fait que les Akimichi, véritables empathes dans un monde de brutes, aient besoin d'avoir en permanence une source de nourriture à proximité. Quand Chôji lui avait confié que leurs jutsus n'étaient pas la seule raison derrière ce comportement, elle n'avait pu qu'approuver, et partager avec lui les onigiris que Kurenai avait glissés dans son sac pour son repas de midi. Pour les Akimichi, partager sa nourriture était une preuve d'amitié profonde.
Lorsque le désoeuvrement menaça encore, elle décida de sortir, quand bien même la nuit était-elle encore là pour un peu plus d'une heure. Assise au bord du porche, elle observa la nuit paisible et fraîche qui déroulait ses minuscules évènements autour d'elle. Des lucioles voletaient non loin, et elle les suivit des yeux quelques instants, jusqu'à ce qu'autre chose attire son attention – un membre du clan qui partait en mission, et parvenait à avoir l'air à la fois rapide et fainéant. Elle sourit avec affection ; seuls les Nara étaient capables d'une telle prouesse.
Elle fit volte-face en entendant du bruit derrière elle, un kunai à la main, et se sentit bête quand Asuma ouvrit la porte... De l'intérieur... Ses sourcils se haussèrent et elle rougit légèrement quand elle comprit, gagnant un maigre réconfort dans la gêne et la surprise qui se lisaient comme en miroir sur le visage du Jônin.
— Erh... Bonjour, Hitomi-chan.
— Vous savez, vous n'avez pas besoin de vous faufiler quand vous voulez passer la nuit ici. Je suis sûre que je peux convaincre Sasuke de ne pas s'en prendre à vous.
— Hum... En fait... C'est plutôt de toi que j'avais un peu peur. Les rapports de l'Académie disent que tu es une petite chose vicieuse.
Un rire léger franchit les lèvres de l'enfant tandis qu'une intense satisfaction lui emplissait la poitrine. Elle était heureuse que des gens s'en rendent compte. Elle espérait pouvoir couper un jour le « petite chose » mais « vicieuse » lui convenait parfaitement comme réputation.
— Qui, moi ? Non, je suis au courant depuis des lustres. Je ne dois pas vous rappeler que les ninjas sont des commères, puisque je vous ai entendu il y a trois jours à peine parler à Genma Shiranui à propos de la femme qu'Ibiki Morino voit après ses services.
Son sourire prit des airs carnassiers quand la surprise fit son grand retour sur le visage d'Asuma. Oh, elle adorait ce pouvoir. Sasuke et Naruto le trouvaient absolument terrifiant – elle n'aurait pas dû connaître sans avoir à faire de recherches la pointure de Mizuki, ou le fait qu'Iruka détestait les cornichons plus que tout, mais elle le savait. Elle, elle était assez satisfaite d'elle-même. Le fait de savoir écouter était une arme excellente quand on en venait à la collecte d'informations, une compétence essentielle pour un ninja.
— Par contre, si vous faites du mal à ma mère... Maa, je ne sais pas ce que je ferais. Mais j'ai du temps pour me préparer à cette éventualité, pas vrai ?
Le puissant Jônin, fils du Troisième Hokage et ancien Gardien du Daimyô, se raidit si visiblement que, cette fois, elle éclata d'un rire vif et sauvage, les yeux brillants et l'esprit léger pour la première fois de la journée. D'une main badine, elle tapota l'avant-bras de l'homme et tenta de le rassurer :
— Allons, allons, je suis sûre que vous n'avez rien à craindre. Pour l'instant, vous vous en sortez très bien.
Elle n'avait pas besoin d'insister sur sa menace et ne le fit donc pas, même si taquiner Asuma était d'une simplicité enfantine. Puisqu'elle avait tant de pouvoir sur lui, elle pourrait peut-être faire en sorte qu'il arrête de fumer ? Mais dans ce cas, il lui faudrait sans doute l'aide de Naruto et Shikamaru, et beaucoup de temps. On ne se lançait pas frontalement à l'assaut d'un Jônin, pas pour quelque chose comme ça. Elle tenait à la vie, merci bien.
Un silence confortable s'installa entre l'homme et l'enfant, que ni l'un ni l'autre ne sentit le besoin de remplir. Ils contemplèrent ensemble la lente arrivée de l'aube, elle assise de nouveau, lui debout, légèrement en retrait pour ne pas la gêner avec sa cigarette. Alors que les derniers rayons de lumière s'extirpaient de l'horizon, Hitomi se leva et commença sa routine de salut au Soleil, pas surprise pour un sou quand Asuma se joignit à elle, le bâton de nicotine fermement coincé entre ses lèvres. Une fois l'exercice fini, elle se secoua et se frictionna les bras, remarquant pour la première fois comme elle avait sous-estimé la fraîcheur de ces quelques heures entre nuit et jour.
— Bon, je vais aller préparer le petit-déjeuner. Vous devriez aller retrouver ma mère et lui dire que non, vous ne risquez pas une « mort par Hitomi interposée ». Descendez d'ici une demi-heure et amenez les garçons, tout devrait être prêt à ce moment-là.
Sur ces mots, la petite fille tourna les talons et rentra dans la maison, un sourire retors sur les lèvres. Décidément, Asuma était une proie facile, tout terrible Jônin qu'il soit. Peut-être était-ce parce qu'elle avait sur lui un certain moyen de pression qu'Hitomi le trouvait si facile à taquiner... Après tout, il n'avait pas exactement tort quand il craignait qu'elle fasse de sa vie un enfer si elle décidait qu'il ne lui plaisait pas. Elle n'était pas du tout capable de réellement lui faire du mal, mais elle pouvait certainement le gêner : elle était redoutablement intelligente, et si ça ne suffisait pas, elle avait toujours Naruto pour lui servir d'arme secrète. Redoutablement intelligente, c'était bien, mais redoutablement intelligente et imprévisible ? Encore mieux.
En chantonnant, elle se mit aux fourneaux. Longtemps auparavant, dans le monde d'Avant, elle avait eu du talent pour la musique, mais ni la santé ni l'envie de pratiquer. Qui l'aurait écoutée ? Si sa voix n'était plus la même, par un coup du sort, ce petit talent semblait lui être resté. Elle prenait garde toutefois à ne pas chanter dans l'une des deux autres langues dont le savoir dormait au fond de son esprit, soigneusement cadenassé pour ne pas ressortir par accident : elle ne voulait pas que les Jônin dont elle était en permanence entourée portent sur elle le genre d'attention qu'une langue inconnue pouvait attirer.
Kurenai et Asuma descendirent les escaliers juste à temps pour s'asseoir devant leurs petits-déjeuners fumants. Par une opération mystérieuse, Hitomi avait réussi à ne servir à l'homme que ce qu'il appréciait, laissant de côté le nori et le thé vert. Il ne pouvait pas savoir, bien entendu, qu'elle jouait au shôji avec Shikaku toutes les semaines et que son oncle était particulièrement bavard quand il jouait. Asuma et lui étaient amis depuis des années.
Quand Naruto et Sasuke arrivèrent à leur tour, elle leur servit leur petit-déjeuner également, puis s'assit et commença à manger. Il était encore trop tôt pour que le blondinet passe du stade du sac à patates à celui de pile électrique, mais elle savait que ça viendrait, vite. C'était tant mieux : après le rêve qu'elle avait fait, elle ressentait le besoin de s'entraîner. L'énergie qui bourdonnait en elle ne demandait qu'à sortir, et les lents étirements rituels du salut au Soleil ne suffisaient pas.
— Naruto, aujourd'hui, on va t'apprendre les bases du combat à l'épée. Asuma-san, une expertise dans le domaine ?
— On peut dire ça, oui. Les gardes du Daiymô devaient porter le katana. Ce n'est pas la même chose que l'épée de Naruto-kun, mais je devrais pouvoir vous aider.
La petite fille hocha la tête, absolument ravie d'avoir pu convaincre Asuma sans même avoir à forcer. Une part d'elle se demandait s'il faisait ça pour qu'elle soit contente, et dans son camp. L'autre part s'en fichait, tant qu'elle obtenait ce qu'elle voulait avec le moins d'efforts possible. Son repas terminé, elle commença à débarrasser pour les deux adultes et elle-même. Sasuke scrutait le moindre de ses gestes, comme s'il pouvait y lire quelque chose qu'elle ne disait pas. Cette pensée lui procura une bouffée d'angoisse bien vite réprimée. C'était stupide. Il était hors de question que ses cauchemars la rendent paranoïaque.
— Pour toi, Sasuke, de la lecture s'impose. Les rouleaux qu'on a ramenés du territoire des Uchiha sont dans ma chambre, je te les apporterai avant d'aller m'occuper de Naruto. Ça te convient ?
Le garçon hocha la tête, mais ne détourna pas le regard. Ce n'était pas comme si elle le contraignait à faire quelque chose qu'il n'avait pas envie de faire : il voulait maîtriser ce qui avait amené son clan parmi ceux les plus craints des Nations Élémentaires. Il le devait, s'il devait tuer un jour... Non, il ne pouvait pas penser à lui dans cette maison. Il ne voulait pas apporter le malheur sur la maisonnée. Hitomi, qu'il était venu à considérer comme sa propre sœur, avait déjà sous les yeux des ombres assez prononcées. Il se demandait souvent ce qu'il pouvait bien se passer dans ses cauchemars pour qu'elle refuse absolument d'en parler. Et puis il se rappelait ce qu'il voyait, lui, dans les siens, et la question s'évaporait sur ses lèvres.
Elle n'avait pas besoin de parler pour qu'il comprenne, tout comme il n'avait pas besoin de dire comme le pouvoir de ses propres yeux pouvait l'effrayer parfois. Ils se comprenaient.
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