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Le calme après la tempête

Sasuke fut le premier à rentrer à la maison. Hitomi et Shikamaru attendaient dans la cuisine, les mains serrées autour de leurs tasses de thé, un plateau de shôgi dressé entre eux comme un défi. Tous les autres étaient rentrés chez eux, pour voir si leurs familles allaient bien, et Naruto était resté près de Karin pour s'assurer que tout s'était bien passé au refuge relié à l'hôpital. Certaines cachettes avaient été percées par les ninjas ennemis : juste avant l'entrée du territoire Nara, une porte dérobée avait été défoncée et le corps de l'un des ninjas assignés à la défense des civils qui s'étaient cachés à l'intérieur était visible dans l'encadrement béant. Il avait eu l'air paisible, comme s'il était mort dans son sommeil. Les deux Nara s'étaient rapprochés l'un de l'autre en le repérant, s'efforçant de ne pas penser aux autres refuges.

Quand elle entendit des pas faire crisser les graviers devant l'entrée, Hitomi bondit sur ses pieds, renversant sa chaise dans une rare manifestation de maladresse. Elle échangea un regard chargé d'espoir avec Shikamaru. Ils avaient allumé toutes les lumières de la maison et prenaient bien soin de cristalliser leur chakra dans l'air environnant, même s'ils étaient épuisés, pour bien faire comprendre à tout ninja passant par là qu'ils étaient à l'intérieur. Se tordant les mains d'angoisse, la jeune Yûhi alla attendre dans l'entrée. Elle était sur des charbons ardents et laissa échapper ce qui ressemblait à un sanglot étranglé quand son frère adoptif franchit le pas de la porte. Il sembla surpris et soulagé de la trouver là. Pendant quelques instants, ils se regardèrent sans rien dire, et puis Sasuke murmura :

— Je suis de retour.

— Bienvenue à la maison, répondit-elle d'une voix peut-être un peu mouillée.

Elle le regarda ôter ses chaussures couvertes de sang séché, enfiler ses chaussons à la place. Il grimpa la marche qui séparait l'entrée du reste de la maison, puis ouvrit les bras avec un faible sourire. Aussitôt, elle s'y réfugia, inspirant profondément son odeur sous le sang, le feu et la mort qui lui collaient à la peau comme un vêtement trop serré. Après un instant d'immobilité, il enroula ses bras autour d'elle.

— Je suis content que tu n'aies rien, marmonna-t-il à son oreille.

— J'étais sûre que personne ne pourrait te blesser.

Ils savaient tous les deux que c'était un mensonge. Orochimaru n'était pas le seul ninja d'une puissance indécente dans ce monde, ni même dans les forces d'Otogakure. Les expériences du Sannin étaient célèbres à travers toutes les Nations Élémentaires, tout comme l'étaient les produits de ces expériences. Si Jûgo avait fait partie des attaquants, ou même Kimimaro qui ne devait pas encore être incapable de marcher... Le nombre de morts aurait sans doute doublé.

Bien vite, Shikamaru les rejoignit et ils décidèrent d'abandonner la cuisine à la faveur du salon après avoir préparé une tasse de thé pour le jeune Uchiha. Il avait l'air épuisé, de lourds cernes se dessinant sous ses yeux, et ses membres tremblaient, sans doute à cause du faible niveau de ses réserves de chakra. Ses cheveux étaient collés sur son crâne par du sang séché – en fait il en était pratiquement recouvert des pieds à la tête. Hitomi semblait incapable de s'éloigner de son frère, aussi fut-ce Shikamaru qui alla chercher des vêtements de rechange dans la chambre de son cousin d'adoption. Sasuke se changea devant eux, sans pudeur – ils étaient au-delà de ça, et ne pas se quitter des yeux semblait être le plus important.

— Comment ça s'est passé de ton côté ? demanda le jeune homme à sa sœur.

Elle n'avait pas envie de raconter, mais elle savait qu'il avait besoin de savoir, parce que ce besoin était réciproque. Elle se lança d'une voix hésitante d'abord, puis plus ferme. Elle ne cilla pas en abordant les différents meurtres qu'elle avait commis, passa sans émotion sur sa maîtrise du Shunshin, une technique pourtant généralement réservée aux Chûnin et supérieurs. Elle raconta l'hôpital, la prison. Sa voix se mit seulement à trembler quand elle posa des mots sur l'après. La destruction, les dizaines de morts qu'il fallait parfois contourner ou enjamber pour passer, les enfants aux membres brisés et aux visages méconnaissables.

Sasuke écouta avec attention, parfaitement immobile. Hitomi n'avait pas besoin qu'il hoche la tête ou intervienne, juste qu'il écoute. Qu'il sache avant qu'elle se referme sur elle-même, qu'il la prépare au rapport qu'elle devrait écrire et remettre quand ses mains auraient cessé de trembler et ses oreilles de bourdonner. Elle avait envie de se rouler en boule et de disparaître, mais ce n'était qu'un écho distant dans sa Bibliothèque, une caresse sur les parties les plus faciles à corrompre de son esprit. Elle ne voulait pas écouter, mais c'était comme ne pas vouloir penser à l'éléphant au milieu du magasin de porcelaine. Alors elle écoutait, mais elle ne faisait que ça, écouter, et cataloguer ce qu'elle entendait ainsi loin, loin au fond d'elle-même.

— Et toi ? finit-elle par demander d'une voix qui tremblait légèrement.

Car en demandant pour lui elle demandait pour Kakashi, pour Kurenai, pour Gai et tous ceux qui étaient restés dans le stade pour défendre les civils qui s'y étaient trouvés. Ses pensées s'attardèrent encore sur Sugi Aburame et Hanabi Hyûga, qu'elle avait vus dans les gradins. Ils étaient de très bons élèves à l'Académie, mais ils n'étaient qu'en première année. Face à des ninjas confirmés, ils n'avaient aucune chance. Et combien de membres de l'ANBU avaient été des shinobi d'Otogakure déguisés ?

— Kakashi-sensei était avec moi, au début. Il m'a ordonné d'aider à mettre les civils à l'abri. Parfois, j'arrivais avant les ninjas d'Oto et Suna... Parfois non. Kakashi-sensei, Gai-sensei et l'arbitre, Shiranui-san, me couvraient de leur mieux. Ils ont dû tuer plusieurs membres de l'ANBU qui essayaient de s'en prendre à moi – j'ai découvert ensuite qu'ils étaient des ennemis qui avaient mis la main sur un uniforme.

Le jeune homme poursuivit son récit durant de longues minutes, racontant l'atmosphère chaotique du stade, les nobles qui ne comprenaient rien et refusaient d'écouter un simple adolescent, les blessés, les morts. Une fois l'ordre ramené sur place, il avait été envoyé à la Tour, pour aider à sa défense. Là, il avait croisé Kurenai et Shikaku, mais ils étaient tous les deux occupés avec leurs propres adversaires. Il avait aussi aperçu trois ninjas d'Oto qui s'enfuyaient, les membres restants du Quartet si on en croyait ses descriptions. D'Orochimaru et Kabuto, il n'avait même pas vu l'ombre. Hitomi ne put dissimuler son soulagement en entendant cela.

Sasuke avait fini par se retrouver dos à dos avec Jiraiya des Sannin, qui essayait désespérément d'avancer vers l'endroit où son ancien sensei se battait pour sa vie, et avait utilisé ses câbles et sa maîtrise du Raiton pour lui offrir l'ouverture nécessaire. Si Jiraiya avait réussi à rejoindre Hiruzen, alors, il était peut-être en vie... Mais le jeune Uchiha n'en savait rien : il avait été réquisitionné par une unité de l'ANBU pour nettoyer les rues des derniers attaquants. Cela expliquait son épuisement. De toute l'Équipe Sept, il était celui qui avait le moins de chakra, et d'après le sang qui maculait encore ses mains, Hitomi pouvait dire qu'il avait utilisé l'Éclair Pourfendeur au moins une fois.

— Le village va être sens dessus dessous pendant au moins plusieurs semaines, estima Shikamaru quand Sasuke eut terminé son récit. L'ordre de Gaara s'est vraiment bien propagé aux troupes de Suna, elles ont très vite abandonné le combat ou carrément aidé Konoha, mais restent la question de leur trahison, et de la réponse appropriée à l'agression d'Oto...

— Sans compter que nos daimyô ne seront vraiment pas contents. Le traité de paix après la troisième Grande Guerre devait être respecté à tout prix, et là...

— Oui, on peut compter sur des problèmes de ce côté-là aussi. C'est une chance que notre seigneur ait été dans la tribune aujourd'hui. Comme ça, il a pu voir que nous n'avons pas commencé, que nous n'avons fait que nous défendre... Il faudra que ça suffise.

Longtemps, les trois adolescents restèrent silencieux, contemplant l'éventualité d'une guerre qui flottait entre eux comme une menace. Ils n'étaient pas prêts, ils le savaient après la bataille d'aujourd'hui, mais les plus faiblement gradés étaient toujours envoyés dans de ridicules missions-suicide pendant les conflits de grande envergure. Si la guerre éclatait, combien d'entre eux y survivraient ? Et leur héritage, ce qu'ils avaient commencé à l'Académie, au sein de leurs clans, qu'est-ce qui resterait ?

— Ca ne sert à rien de ruminer, finit par soupirer Hitomi en se levant. Je vais aller prendre une douche. Vous devriez faire la même chose, après, ça ne sert à rien de mariner dans la sueur et le sang comme ça. Quand on sera propres, on pensera à manger, et ensuite on attendra.

Les deux garçons grognèrent leur approbation. En s'éloignant, Hitomi entendit la faible rumeur de leur discussion qui reprenait. Elle n'avait pas envie d'écouter aux portes et se sentait de toute façon bien trop fatiguée pour ça. Elle laissa échapper un soupir de soulagement en se glissant sous le jet d'eau brûlante qui ruisselait rose et gris sur son corps, emportant avec lui le sang et la crasse de ses combats. Le souvenir de Kakashi, du soin avec lequel il avait nettoyé ses bras ensanglantés le soir où elle avait trouvé Hayate, lui revint bien malgré elle. Elle savait qu'il était censé sortir de l'invasion pratiquement sans égratignure, mais tout avait été si différent par rapport au canon... Les sourcils froncés, elle se força à penser à autre chose.

Elle revint dans le salon vêtue de son pyjama le plus confortable et réconfortant, un t-shirt ayant appartenu à Ensui et un short un peu trop grand pour elle qui lui descendait presque jusqu'aux genoux. Elle ne sentait plus depuis longtemps l'odeur de son maître sur le tissu bleu marine, mais le simple fait de savoir qu'il l'avait porté apaisait quelque chose d'indéfinissable à l'intérieur d'elle. Tandis que Sasuke disparaissait à son tour dans la salle de bain, elle s'appuya au dossier du canapé et posa une main sur l'épaule de Shikamaru, qui y était toujours assis.

— Tu t'en es bien sorti, tu sais ?

— Hm... C'était la première fois que je tuais quelqu'un, aujourd'hui. Je n'arrive pas à oublier l'expression sur son visage.

Lentement, la jeune fille se courba, jusqu'à ce que ses deux bras enlacent les épaules de son cousin par-dessus le dossier du canapé. Ce n'était pas une position confortable, mais elle n'en avait que faire. Elle voulait juste lui faire comprendre qu'elle était là, qu'il n'était pas seul, qu'ils s'en sortiraient ensemble comme ils l'avaient fait par le passé.

— Tu n'oublieras pas de sitôt, répondit-elle avec honnêteté. Les visages de mes premiers morts me hantent encore, moi aussi. Et ceux d'aujourd'hui. Mais... Je crois qu'on apprend à faire avec, à les ranger dans un coin de notre esprit qu'on visite très rarement. Ce n'est pas exactement de l'oubli, mais c'est mieux que de ressasser sans fin.

— Mon père dit toujours que le poids de la guerre repose sur les génies, et aujourd'hui je... Je comprends ce qu'il essayait de me dire. Quand tu es partie t'occuper de la barrière, j'avais tellement peur qu'une de mes décisions nous fasse tuer, le groupe et moi... Je ne sais pas comment tu fais.

— Franchement, je ne sais pas non plus. Je fais des erreurs, je les regrette, j'essaye d'en tirer des enseignements. Et je répète ce cycle encore et encore, jusqu'à ce qu'elles s'atténuent, jusqu'à ce qu'elles deviennent un simple bourdonnement à l'arrière de mon esprit.

Naruto rentra à la maison un peu après ça, pendant que Shikamaru était sous la douche. Karin le suivait à la trace. Une partie de ses cheveux roux était ébouriffée, comme si quelqu'un avait tiré dessus. Naruto avait l'air à deux doigts de pleurer de soulagement en voyant Sasuke sain et sauf. C'était étrange de le revoir, d'être à nouveau à ses côtés, après un long mois sans entendre parler de lui. Son regard et sa posture avaient changé, mais c'était difficile d'attribuer ça à l'entraînement auquel Kakashi l'avait soumis ou au rôle qu'il avait joué dans l'invasion.

Pendant que les deux garçons comparaient les bienfaits de leurs maîtres respectifs, Hitomi emmena Karin dans sa chambre. La jeune fille était plus grande qu'elle, avec des formes plus marquées, mais comme elle affectionnait les pyjamas amples et sans forme, elle trouva des vêtements à lui prêter pour après sa douche. Elles discutèrent en attendant que Shikamaru ait fini dans la salle de bains : apparemment, l'hôpital avait repris du service quelque part dans la soirée, mais uniquement pour les cas les plus sérieux. Les menus blessés, eux, devraient compter sur les rares ninjas à avoir des connaissances en ninjutsu médical sans être de véritables médics. Jamais l'ombre de Tsunade n'avait plané avec plus d'ironie sur le village, les civils pestant que son système de formation aurait dû être maintenu même après la troisième Grande Guerre et l'attaque de Kyûbi.

Plus tard dans la soirée, alors qu'ils se faisaient à manger avec ce qu'ils trouvaient dans le frigo – ce ne serait sans doute pas très sain, mais avec Naruto aux fourneaux rien ne pouvait avoir un mauvais goût et c'était tout ce qui comptaient à cet instant – ils entendirent à nouveau des pas dans l'allée. Hitomi reconnut immédiatement ce chakra. Avec un sanglot étranglé, elle fusa à travers le salon et le hall d'entrée, arrachant presque la porte de ses gonds dans son empressement à retrouver son shishou.

Aussitôt, elle remarqua la balafre qui lui barrait la joue, le sang qui n'avait pas encore tout à fait séché. Elle aurait voulu inspecter la blessure mais il ne lui en laissa pas le temps, la serrant contre lui à lui en broyer les os. Elle lui rendit son étreinte, inspirant son odeur à plein poumons comme pour s'en imprégner malgré la note suave de feu, de sang et de guerre qui la recouvrait. Au bout de quelques minutes, il la repoussa à bout de bras, ses larges mains tenant son visage en coupe comme pour l'inspecter à la lumière de la lune. Ses yeux gris sombre étaient perçants malgré la fatigue manifeste, inquisiteurs même. Finalement il soupira de soulagement, ses pouces calleux traçant des petits cercles réconfortants sur ses pommettes, l'une lisse, l'autre marquée de la cicatrice qu'elle avait récoltée dans la Forêt de la Mort et ne remarquait même plus dans le miroir.

— Tu vas bien, murmura-t-il. Tu n'es pas blessée, tu es en vie.

Sa voix était rauque, mais il aurait pu hurler son soulagement sans le rendre moins flagrant. Elle prit l'une de ses mains entre les deux siennes. Ses ongles étaient ébréchés, ses doigts couverts de sang et de saleté, de cendre aussi.

— Venez à l'intérieur, shishou. Naruto est en train de préparer à manger. Sasuke et Shikamaru sont là aussi, avec la cousine de Naruto, Karin Uzumaki. Nous allons tous bien, je vous le promets. Prenez une douche, changez-vous, et puis on soignera la blessure sur votre joue. Tout ira bien.

Ni l'un ni l'autre ne souligna qu'il était étrange de la part de l'élève de rassurer le maître. Hitomi savait très bien quelle peur étouffait le cœur d'Ensui, et pourquoi son regard s'était durci d'une étincelle protectrice et farouche quand il avait pu la regarder, s'assurer qu'elle était sauve. Il avait déjà perdu un fils à la faveur des guerres. Il était terrifié à l'idée d'y perdre aussi son élève, et ils le savaient tous les deux. Si elle ne s'assurait pas de survivre pour elle-même, pour sa famille ou pour ses amis, elle s'en assurerait au moins pour lui.

Sasuke et Shikamaru semblèrent se détendre légèrement en voyant Ensui, même après qu'il se soit réfugié dans la salle de bains à son tour. C'était vrai qu'il était un adulte et un shinobi de légende. Ce n'était plus à eux, de simples Genin fraîchement sortis de l'Académie, de prendre les choses en main. Ils n'avaient plus à prendre les décisions et affronter leurs erreurs, quelqu'un était là pour tenir ce rôle, quelqu'un de plus qualifié, plus expérimenté, plus fort tout simplement. Quand il sortit de sa douche, les cheveux humides lâchés sur ses épaules, Karin s'approcha de lui, les joues rouges de timidité.

— N-Nara-san, excusez-moi, j'ai appris un peu de ninjutsu médical avant d'arriver à Konoha pour l'examen. Je pourrais soigner votre blessure, si vous voulez.

Ensui évalua la gamine du regard, puis croisa celui de son apprentie, qui hocha la tête avec approbation, sûre et paisible. Il accepta donc sa proposition sans vraiment se méfier. Il demanderait des explications à Hitomi plus tard, quand la situation se serait un peu calmée.

— Voilà, dit la jeune Uzumaki au bout d'un moment. Il ne devrait pas y avoir de cicatrice.

— Merci, hm, Karin-san, c'est bien ça ?

— Oui. Karin Uzumaki, enchantée de vous rencontrer.

Le regard du Jônin s'attarda sur Naruto, qui répondit d'un sourire rayonnant de bonheur et de fierté. Il était sans doute le seul à pouvoir sourire avec autant de pureté et d'assurance dans une situation pareille, mais, ironiquement, cela semblait être ce dont ses pairs avaient besoin.

— Shishou ? demanda Hitomi. Est-ce qu'il y a des informations que vous pouvez nous donner, sur le village et Hokage-sama ?

Le Jônin sembla soupeser ses options, le regard perdu dans le vide. Son apprentie, ses frères et ses amis n'étaient que des gamins, c'était vrai, mais... Ils s'étaient battus, avec plus de rage et plus de détermination que certains de leurs aînés. Ils avaient avancé durant cette épreuve avec clairvoyance, guidés par des instincts excellents et un esprit d'équipe à rendre certains ANBU jaloux. Les Nara ne croyaient pas à la rétention d'information : ils affirmaient que toute forme de dissimulation poussait les plus jeunes à fouiner et se mettre en danger. Mieux valait les informer, répondre à leurs questions et s'assurer qu'ils ne restaient pas dans l'ombre. Le savoir c'était le pouvoir, et le pouvoir, les Nara le partageaient pour s'assurer de ne jamais le perdre.

— Orochimaru a réussi à fuir avec certains de ses sbires, finit-il par dire d'une voix assurée. Hiruzen était grièvement blessé quand les ANBU sont arrivés, mais c'est aussi le cas du serpent. Il ne pourra pas recommencer un coup pareil de sitôt. Le Hokage a été pris en charge par une équipe de médics. Le mot qui court à l'hôpital est qu'ils ont dû le plonger en stase en attendant de décider que faire... Il ne sera plus jamais shinobi.

Les pensées d'Hitomi s'égarèrent à nouveau en direction d'Hayate quand elle entendit cela. Elle avait à nouveau échoué à sauver parfaitement une vie mais cette fois elle n'en éprouvait pas de vrais remords. Était-ce parce qu'elle apprenait, ou parce que pour rien au monde elle ne serait entrée dans les limites du sceau, où s'étaient trouvé Orochimaru et sans doute les deux premiers Hokage réincarnés ? Elle n'aurait su le dire.

— Je vois... Quelqu'un a été choisi pour le remplacer ?

— Danzô a essayé, répondit Ensui d'une voix incroyablement amère. Heureusement, Shikaku-sama et Kakashi-san l'en ont empêché. Pour l'instant ils exercent le pouvoir ensemble. Ils enverront très bientôt Jiraiya-sama à la recherche de Tsunade-sama, la plus à même en ce moment de reprendre le poste.

— Hm... Ca s'annonce difficile, ça, non ? demanda Shikamaru.

— Tu n'as pas idée. Tsunade méprise Konoha. Jiraiya pourrait réussir à la convaincre mais ce serait sans doute par la ruse ou par les sentiments.

Le regard d'Hitomi s'attarda sur Naruto, qui écoutait mais ne détournait pas les yeux des fourneaux. Il savait au moins qu'il était trop jeune et trop novice encore pour tenter lui-même de s'emparer du titre. Un jour viendrait où il revêtirait le chapeau marqué du kanji du feu, mais pour l'instant il avait encore tant de choses à apprendre, et tant d'incertitudes – il n'était pas prêt.

— Jiraiya ne pourra pas y aller seul. Les sbires d'Orochimaru grouillent encore à travers le Pays du Feu, nous ne pouvons pas risquer qu'il soit attaqué ou capturé. Je me demande qui il choisira pour l'accompagner...

— J'étais là quand ils en ont discuté, lui, Kakashi-san et Shikaku-sama. Le nom de Naruto est ressorti et le tien aussi.

— Le mien ?

— Il a entendu parler de tes prouesses en fûinjutsu. Il veut déterminer à quel point tu es bonne et peut-être t'apprendre certaines choses dont j'ignore encore tout moi-même.

— Et moi alors, il me veut quoi ? intervint Naruto.

— Toi, il veut que tu éveilles la fibre sentimentale de Tsunade-sama. Elle avait un petit frère jadis qui rêvait comme toi de devenir Hokage, et qui en plus te ressemblait.

Ce qu'il ne dit pas, mais qu'Hitomi savait parfaitement, c'était que Tsunade avait connu le père de Naruto, Minato Namikaze, et que le fils lui ressemblait presque comme deux gouttes d'eau. La jeune Yûhi ne comprenait toujours pas pourquoi cette information était restée secrète. Que valait la réputation d'un mort face aux connaissances d'un vivant ? Naruto méritait de savoir qui était son père. Elle le lui aurait dit elle-même, si ce n'avait pas été courir le risque d'être jetée en prison pour haute trahison.

— Est-ce qu'il est encore temps de lui suggérer des noms pour cette expédition ? demanda-t-elle d'une voix songeuse.

— Hm... Je pense que oui. Pourquoi ? Tu as des gens en tête ?

— Zabuza-san et Haku-san. Ils ne font pas partie du village et ont dû repartir au Pays des Vagues pendant l'examen pour régler un problème à la frontière mais, si je leur envoie un message ce soir, ils pourraient être ici dans quelques jours. Je me sentirais plus en sécurité s'ils étaient à nos côtés. Zabuza-san est vraiment très fort, et Haku-san a des capacités uniques.

Elle avait regretté leur départ, en revenant à la maison. Elle aurait voulu pouvoir s'entraîner encore avec eux. Zabuza connaissait des techniques du répertoire Suiton qu'on ne trouvait tout simplement pas à Konoha, malgré toutes celles que Tobirama Senju avait inventées au sommet de son génie. Et puis avec une épée il était absolument inégalé. Haku... C'était sa camaraderie paisible qui lui manquait le plus, la douceur de sa voix et la perspective unique avec laquelle il observait le monde. Il aurait sans doute pu l'aider à s'accommoder des morts qu'elle laissait dans son sillage.

— Jiraiya-sama risque d'être un peu dur à convaincre, mais il est plutôt ouvert d'esprit, et toi, tu sais te montrer monstrueusement convaincante, n'est-ce pas ? La flatterie est la clé pour le faire plier, si ça peut t'aider.

La jeune fille remercia son maître d'un sourire rayonnant, puis baissa les yeux sur l'assiette que Naruto venait de déposer devant elle. Assise entre Sasuke et Shikamaru, elle commença à manger. C'était seulement maintenant que la faim s'éveillait à l'intérieur d'elle, comme si tous les efforts de la journée lui explosaient d'un coup à la figure. Elle avait utilisé énormément de chakra, et même si une bonne part de cette énergie ne lui avait appartenu qu'un temps, son corps montrait de sérieux signes de fatigue.

Un spasme brutal contracta son biceps, envoyant une décharge de douleur à travers tout son bras. Avec un grognement de douleur, elle desserra sa prise sur ses baguettes, la marque de leurs arêtes gravées sur la chair tendre de ses doigts. Rien de tout cela n'échappa à Ensui, qui posa sur elle un regard sérieux. Ce n'était pas la première fois que cela lui arrivait ce soir, et elle n'était pas la seule : Sasuke et Shikamaru n'avaient pratiquement plus de chakra dans leurs réserves et souffraient, eux aussi. Mais ses réserves à elle allaient plutôt bien. C'était l'abus de chakra, l'extrême inverse, qui lui faisait mal.

Le reste du repas se déroula à travers le son léger des conversations, les garçons apprenant à connaître Karin. Ils l'avaient aussitôt acceptée comme l'une des leurs, poussés par Naruto et Hitomi qui s'étaient montrés tous les deux attentifs et confiants envers la nouvelle venue. Ensui observait tout cela avec un mélange de soulagement et de fierté. L'instinct agité et violent en lui s'était apaisé aussi simplement que ça, en rentrant à la maison, en voyant son apprentie en bonne santé et psychologiquement stable malgré les horreurs qu'elle venait de traverser.

Il ne se faisait pourtant pas d'illusion. Le contrecoup viendrait. Il pouvait presque voir la manière dont elle tenait le traumatisme à distance, et le fait qu'elle semble avoir l'habitude du procédé, s'y conformant sans difficulté, lui donnait envie de hurler et pleurer. Elle n'avait que quatorze ans. Elle était une enfant. Dans un monde meilleur, plus stable, elle aurait pu se consacrer à son apprentissage sans être jetée tous les quatre matins dans des situations de danger qui la dépassaient, elle aurait pu apprendre à gérer ses traumatismes avec une aide attentive et constante, jusqu'à devenir une adulte saine, sûre d'elle. Il ne pouvait lui offrir qu'une parodie de tout cela, et à ses yeux, c'était un échec. Il faisait de son mieux, mais ce n'était pas une excuse.

Une fois le repas terminé et la table débarrassée – la vaisselle pouvait attendre – il suivit les adolescents au salon. Si Kurenai n'avait pas tant aimé avoir une maison pleine de vie et d'invités, ils auraient été entassés les uns sur les autres, mais là, il y avait de la place pour chacun. Hitomi s'assit d'autorité à côté de lui, au centre du canapé, Shikamaru prenant place à droite de sa cousine. Naruto et Karin occupaient un fauteuil à eux deux, tandis que Sasuke s'était assis à même le sol, le dos appuyé contre les jambes de sa sœur adoptive. Une famille. Il inspira profondément quand son cœur se serra, le visage soigneusement impassible, puis sentit son apprentie poser une main sur son genou, comme si elle savait, comprenait. Avec un faible grognement, il posa un bras sur son épaule et l'attira plus près de lui. Elle était en vie, elle allait bien. C'était tout ce qui comptait.

— Où sont tes chats ? finit-il par demander. Tu les as renvoyés dans le Monde Spirituel ?

— Certains d'entre eux, oui. Hoshihi, Hai et Sunaarashi sont restés, mais après une telle journée ils ont préféré passer la nuit dans la forêt du clan. Ils reviendront demain matin et on ira voir si quelqu'un chez les Inuzuka peut soigner leurs blessures.

L'ombre d'un sourire se dessina sur les lèvres du Jônin. Les élans protecteurs d'Hitomi envers ses chats ressemblait drôlement à ce qu'il ressentait pour elle. La main sur son épaule, il malaxa discrètement du chakra médical et l'envoya masser ses muscles meurtris. Elle ne dit rien, ne recula pas, s'affaissant juste un peu plus sur lui avec un soupir d'aise. Après cela, le silence s'étendit un long moment. Ils devaient attendre... Il ne restait plus que cela à faire, de toute façon.

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