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La Princesse des Senju

Update surprise pour vous souhaiter un joyeux Noël ! ♥

Enfin, ils arrivèrent à Tanzaku. Hitomi avait découvert ces dernières semaines qu'elle était décidément plus à l'aise lors des longs voyages s'ils n'impliquaient pas de traverser ville après ville. Elle n'en pouvait plus des ambiances bruyantes et saturées qui se succédaient sans cesse jusqu'à se brouiller derrière ses paupières fatiguées. Depuis quelques jours, elle éprouvait une certaine reconnaissance pour la paix qui régnait à Konoha en presque toutes circonstances.

Tanzaku semblait au moins un peu moins agitée que toutes les villes touristiques qu'ils avaient traversées jusque-là, et Hitomi n'était pas la seule à accueillir la vue des rues calmes au petit matin avec soulagement : à ses côtés, Zabuza émit un discret soupir de contentement, comme s'il craignait qu'on l'entende avoir des émotions – quelle indignité ce serait. Avec un vague sourire, la jeune fille suivit Jiraiya qui se dirigeait vers un hôtel de plutôt bon standing – pas trop pour ne pas se faire remarquer, mais assez pour être confortable – afin de les y enregistrer tous les cinq. Étant la seule fille du groupe, Hitomi hérita d'une chambre seule. Elle ne put s'empêcher de froncer les sourcils en serrant les doigts autour de sa clé : elle finirait sans doute dans le lit de Naruto. Il n'était pas Sasuke, mais il avait accueilli certain de ses cauchemars à bras ouverts.

Ils auraient pu reprendre leurs recherches immédiatement, mais ils avaient un peu trop poussé la veille et le jour même pour arriver à Tanzaku, décidant de faire l'impasse sur une nuit de sommeil afin d'arriver plus rapidement en ville. Tous commençaient à se fatiguer de la chasse au Sannin, un sport qui se compliquait d'autant plus que la cible était douée pour dissimuler ses traces, malgré sa célébrité dans le monde des jeux d'argent. Ils firent le choix, après quelques délibérations, de s'installer dans leurs chambres pour dormir.

Hitomi était aussi fatiguée que les autres, mais elle pouvait sentir dans ses membres une énergie frénétique et malsaine qui chassait le sommeil tant convoité, aussi choisit-elle plutôt de travailler sur ses sceaux. Elle était presque arrivée à un niveau de maîtrise satisfaisant. Ce sceau que Jiraiya lui avait enseigné ne serait pas utile en combat direct, mais en embuscade... Elle pouvait imaginer plusieurs scénarios dans lesquels il serait la solution idéale.

Une fois son travail terminé, elle essaya à nouveau de dormir, sans succès. À chaque fois qu'elle fermait les yeux, elle avait le cœur qui palpitait de malaise, ses battements irréguliers lui sautant à la gorge assez souvent pour l'empêcher de fermer l'œil. C'était sans doute la forme la plus intense de mauvais pressentiment qu'elle ait jamais vécue. Les yeux fermés et le bras par-dessus, étendue sur le lit encore tout fait, elle laissa ses pensées s'égarer vers Fukuda, qui avait péri dans l'invasion. Elle aurait dû le faire bien plus tôt, s'arrêter pour songer, accomplir au moins une petite part de son deuil, elle le savait. Si seulement ce n'était pas si douloureux...

Elle ne dit rien, ne fit pas un bruit quand des larmes tièdes se mirent à rouler du coin de ses yeux à ses joues, puis jusqu'à son cou, ses cheveux, froides à ce stade. Elle n'avait jamais sangloté très bruyamment, mais cette fois, le silence était véritablement total, sa bouche entrouverte pour respirer sans le bruit de son nez qui déjà se bouchait. Elle était cruellement consciente de la présence de ninjas aux sens affûtés de l'autre côté des murs, à droite et à gauche de sa chambre, mais pour rien au monde elle n'aurait voulu les alerter.

Elle voulait être seule, se refermer sur elle-même, enfin. Elle aimait profondément ses proches, qui veillaient toujours sur elle avec attention et tendresse, mais parfois c'était cruellement insuffisant. Dans ces cas-là, elle ne connaissait aucune autre solution que l'isolement. Ne serait-ce qu'un mois plus tôt, elle aurait pris des notes mentales sur son état, et en aurait parlé à Fukuda lors de sa prochaine séance, mais c'était le sujet central de cette crise de larmes, pas vrai ? La thérapeute, si gentille, si rassurante, n'était plus là pour l'écouter et l'aiguiller dans la bonne direction.

Au bout d'une heure ou deux, elle se calma et le sommeil vint, exceptionnellement sans rêve, mais bref. Elle se réveilla en sursaut quand quelqu'un frappa à la porte de sa chambre. Derrière, la voix rauque de Zabuza lui indiqua qu'il était temps de se préparer. Elle roula hors du lit, consulta ses messages, écrivit une rapide réponse pour Ensui puis pour Gaara. Son ami était devenu Chûnin aux côtés de son frère et de sa sœur. Un coup de poker : il était juste rentré à Suna et avait dit au Conseil qu'ils étaient Chûnin désormais. Personne n'avait osé le contredire.

Elle retrouva ses camarades dans le hall de l'hôtel. Ils avaient tous l'air plus reposés qu'avant leur arrivée en ville, même si c'était difficile à dire dans le cas de Zabuza, qui avait toujours l'air impassible et dissimulait une bonne partie de son visage sous des bandages. Leur groupe attirait l'attention des clients civils : il était sans doute rare pour autant de ninjas de s'arrêter dans une ville aussi éloignée d'un Village Caché. Les habitants du Pays du Feu qui vivaient en-dehors de Konoha avaient tendance à voir les guerriers de l'ombre presque comme une légende. En temps de paix, ils pouvaient vivre une vie entière sans jamais croiser un shinobi – ou sans jamais le réaliser, en tout cas.

— Mes sources m'ont indiqué dans quelle maison de paris elle aime passer sa matinée en ce moment, dit Jiraiya une fois qu'ils furent dans la rue.

Le temps était couvert, mais les cieux ne semblaient pas prêts à s'ouvrir de sitôt. Hitomi ne pouvait s'empêcher d'en être soulagée : elle craignait de devoir se battre aujourd'hui, et même si elle pouvait le faire par temps de pluie, y avait même un avantage grâce à son affinité élémentaire, elle était plus à l'aise quand le sol et l'air étaient secs. À Konoha, on voyait rarement de grosses pluies. C'était sans le moindre doute une faiblesse dans l'entraînement des recrues de l'Académie, mais comment la rectifier ?

Le groupe marcha en silence à travers les rues, tentant sans succès de se fondre dans les petits groupes de passants qui s'animaient en cette fin d'après-midi. C'était une période creuse, entre l'effervescence fiévreuse du soir et l'agitation du midi. Pour leurs sens saturés par les villes précédentes, les bruits ténus des conversations et des pieds qui frottaient le sol était une bénédiction. Il leur était compliqué d'aiguiser leur vigilance quand ils pouvaient à peine entendre à deux mètres avec le boucan des attrapes-touristes, et un ninja qui ne tenait pas compte de ses alentours était un ninja mort.

— C'est là. Laissez-moi entrer d'abord, elle me connaît, elle se méfiera moins...

— Sauf votre respect, Jiraiya-sama, je ne pense pas que ça serait prudent. Elle vous connaît, oui, mais elle vous associe à Konoha, à des souvenirs qu'elle voudrait oublier. Laissez-moi y aller, je la convaincrai de nous parler.

Les regards sceptiques des deux adultes pesèrent sur Hitomi, qui réagit en redressant fièrement le menton. Ils savaient qu'elle avait raison : si Jiraiya s'occupait du premier contact, Tsunade serait sans le moindre doute dans de mauvaises dispositions à leur égard. Et personne de sain d'esprit ne voulait se mettre une médic aussi douée à dos. Réticent, l'aîné du groupe finit par acquiescer.

— D'accord, mais on se tiendra prêts à intervenir au cas où, et toi, prépare-toi à esquiver. Si tu l'énerves, elle frappera.

Et si elle frappait, elle lui exploserait les os en mille morceaux. Inspirant profondément, Hitomi hocha la tête à son tour, puis entra dans le bâtiment. Elle était sans conteste la personne la plus jeune. Les regards prédateurs de plusieurs hommes à l'air louche se posèrent sur elle. Elle les laissa observer tout leur soûl, fendant la foule comme si elle se trouvait chez elle. S'ils osaient faire usage de leurs mains plutôt que de leurs yeux, eh bien... Ce serait de la légitime défense. La loi des ninjas n'indiquait pas cette défense comme proportionnelle, après tout.

Elle trouva immédiatement la femme qu'elle était venue chercher. La vingtaine, incroyablement belle, elle attachait ses cheveux en deux queues basses posées sur ses épaules et mettait en valeur ses atouts physiques les plus prononcés sans honte, dans l'espoir de déstabiliser ses adversaires. Ses yeux couleur d'ambre brillaient d'une étincelle malicieuse tandis qu'elle relançait sa mise. Sagement, Hitomi attendit que la partie soit finie et qu'elle perde, comme de juste. Alors seulement elle s'avança, un sourire innocent et timide sur les lèvres. Vulnérable, toujours.

— Madame, est-ce que vous jouez au shôgi ? Vous aurez peut-être plus de chance à ce jeu pour cette fois.

Tsunade Senju ne lui avait jusque-là accordé aucun regard. Hitomi eut envie de se tenir plus droit sous la pression de ses yeux sur elle. Une légende vivante la regardait, et c'était incroyablement grisant. La femme nota son bandeau frontal. Un froncement de sourcils se dessina sur son visage.

— Konoha m'envoie ses gamins, maintenant ? Ils n'ont rien de mieux à faire ?

— Hum... Pas exactement Konoha. C'est mon oncle qui m'envoie. Il m'a dit que je pourrais jouer contre vous pour aiguiser ma technique.

Ce n'était même pas faux – Shikaku lui avait dit une fois que Tsunade était une excellente joueuse de shôgi, que le seul moyen de lui faire perdre la partie était de parier sur son issue, et que même comme ça, c'était serré. Heureusement qu'elle ne pouvait résister à l'attrait d'un pari... Soutenant toujours le regard de sa cible, Hitomi sourit à nouveau, empruntant tout ce qu'elle pouvait du répertoire expressif d'Haku. Il était la seule personne qu'elle connaissait à toujours être naturellement mignon, sans effort, bien après être sorti de l'enfance.

— Bon, très bien, gamine, puisque tu tiens tant que ça à te faire écraser...

Tsunade fit signe à une autre femme qui portait un petit cochon de compagnie dans ses bras – Shizune, sans le moindre doute – puis lui attrapa le poignet d'une main ferme et la guida jusqu'à une salle de jeu privé. Quand elles passèrent devant une autre salle, dont la porte se fermait, Hitomi entraperçut un homme, un client, et une femme sans doute professionnelle qui s'enfermaient pour d'autres buts. Elle frémit, détourna le regard.

— Alors, gamine, fit Tsunade une fois qu'elles furent toutes les trois installées, tu es une Nara, c'est bien ça ?

— En quelque sorte. Mon père était Shikano Nara, mais techniquement, je suis une Yûhi.

— Yûhi ? Je croyais que ce clan avait disparu.

— Hm hm, c'est le cas. Selon la loi de Konoha, on est tout juste assez pour pouvoir prétendre à ce titre, parce que les enfants que Maman a adoptés ne comptent pas.

— C'est Kurenai Yûhi, ta mère, pas vrai ? Elle était une Genin prometteuse quand je suis partie.

— Oui, c'est bien elle. Elle est Jônin maintenant, elle a même des Genin sous sa charge.

Tout en discutant, la femme et l'adolescente se mirent à jouer. Hitomi comprit tout de suite ce que Shikaku avait voulu dire : Tsunade était vraiment douée. Chaque pion qu'elle déplaçait était un piège plus tordu que le précédent. Mais Hitomi n'avait jamais affronté que des maîtres en la matière, même son cousin Shikamaru méritait ce titre. Elle déplaça son cavalier et sourit à nouveau, l'air de rien.

— Tsunade-sama, je ne vous mentirai pas, mes camarades attendent de moi que je vous convainque de leur parler. Je n'ai aucune envie d'affronter les conséquences si j'essayais de vous forcer la main, je vous propose donc un pari.

Tsunade et son apprentie échangèrent un regard que la jeune Yûhi fut incapable de décoder, puis la princesse des Senju se pencha légèrement vers elle, l'air avide.

— Un pari ? Et qu'est-ce qu'une gamine comme toi pourrait bien avoir à mettre en jeu ?

— Oh, c'est simple... Toutes mes économies des missions que j'ai effectuées jusqu'ici, dont deux de rang A. Je sais que l'argent vous intéresse, Tsunade-sama. Si je perds cette partie, elles sont à vous. Si je gagne, vous accepterez de me suivre, et de parler avec mes camarades. Deal ?

La femme éclata d'un rire sec. La situation d'Hitomi sur le plateau n'était pas idéale, mais pas catastrophique non plus. Elle s'était volontairement placée en difficulté, se faisant passer pour plus facile à battre qu'elle ne l'était réellement, chacun de ses coups comme le plus délicat des appâts.

— Pff, deal ! Dépêche-toi de jouer, gamine.

Toujours souriante et paisible, elle s'exécuta. La danse des pions sur le plateau, voilà quelque chose qu'elle connaissait. La plupart des gens apprenaient le shôgi en étudiant des joueurs de légende, ceux qui avaient remporté tous les titres du Pays du Feu et dont les parties étaient soigneusement consignées dans d'épais traités. Hitomi avait fait un peu de ça, mais elle avait ses propres joueurs de légende à la maison. Shikaku, s'il n'avait pas été un ninja, aurait pu vivre de ses prouesses à ce jeu, et Shikamaru aurait pu suivre ses traces sur cette voie, peut-être même le surpasser un jour, quand bien même le fils n'avait jamais battu le père. Elle les étudiait eux et leurs esprits guerriers, c'était bien plus stimulant.

Un silence tendu s'était installé dans la petite pièce privée. Même Shizune n'osait intervenir, montant la garde près de la porte tout en veillant sur l'adorable cochon domestique qui dormait à côté d'elle. Qu'est-ce que ça faisait, d'être l'apprentie d'une telle légende ? Hitomi se demandait parfois comment elle se serait sentie si c'était elle, et non l'un de ses amis, qui avait été remarquée par les Sannin. Bien sûr, elle devait toujours empêcher Orochimaru de mettre la main sur Sasuke et la simple idée de se confronter au serpent la rendait malade, mais qu'est-ce que ça lui aurait fait ?

En quelques coups, la situation s'était renversée sur le plateau. Hitomi, comme Shikamaru, était redoutable avec ses cavaliers, les utilisant souvent tous les deux ensemble pour tendre ses pièges. Ses adversaires Nara avaient bien vite compris qu'il fallait les retirer du jeu le plus rapidement possible – c'était même le signe déterminant d'une partie entre son cousin et elle, qui perdrait ses cavaliers en premiers – mais Tsunade n'en savait rien, elle, et se contentait de se défendre, attaquant parfois sur d'autres fronts sans jamais se concentrer sur ses pièces maîtresses.

Au bout d'une heure, elle installa son deuxième cavalier à l'opposé du Roi, coupant totalement sa retraite. Un faible sourire dansait sur ses lèvres. Elle avait gagné, et battu une légende. Pff... Shikamaru ne voudrait jamais la croire, ou alors déciderait que lui aussi voulait se frotter au jeu de Tsunade pour voir s'il pouvait reproduire un tel exploit. Et il le pouvait, sans le moindre doute. Il apprenait bien plus de ses parties qu'elle, après tout.

— Ha ! s'exclama Tsunade en observant le jeu pour vérifier que le mat était bien total. Félicitations, gamine, tu as réussi à me battre. Et un pari est un pari, pas vrai ? Emmène-moi voir tes coéquipiers, qu'on en finisse rapidement avec tout ça.

Heureuse de s'en sortir comme ça – Tsunade n'était pas réputée pour avoir l'échec tolérant – Hitomi se redressa et entraîna ses deux aînées jusqu'à la sortie de la salle de jeux. De l'autre côté de la porte l'attendaient ses camarades, entassés sur un banc – seul Zabuza était resté debout, montant la garde et fusillant du regard tous ceux qui osaient porter au groupe un peu trop d'attention.

— Ah, tu as réussi, je vois ! lança Jiraiya quand elle réapparut, Tsunade et Shizune à sa suite. Tsunade-hime, ça fait si longtemps ! Je t'ai manqué, pas vrai ?

— Pas le moins du monde, Jiraiya. Bon, je sais que vous vouliez me parler, mais on ne va pas discuter en pleine rue, pas vrai ? Invite-nous à boire un verre et à manger, j'ai faim.

Il y avait une étrange étincelle de bonne humeur, d'affection même dans le regard de Jiraiya quand il accepta et entraîna tout le petit groupe jusqu'à une taverne presque déserte. Il était un peu tôt pour le dîner, et la plupart des buveurs préféraient les bars. Ils s'installèrent à la table du fond, la seule qu'on ne pouvait pas voir en entrant directement par la porte. Ninjas, jusque dans les moindres détails. Quand leurs boissons arrivèrent, Jiraiya prit la parole, de sa voix la plus apaisante.

— Tsunade-hime... Je suis venu t'apporter de bien tristes nouvelles. Hiruzen-sensei... Il est gravement blessé.

Les yeux de la médic s'écarquillèrent, son visage l'expression-même de l'incompréhension, avec une touche de crainte qui tordit le cœur d'Hitomi. Elle qui méprisait Hiruzen comme la digne élève de son maître avait tendance à oublier que d'autres l'aimaient, et pas seulement parce qu'il était leur Hokage.

— C'est grave ? Comment c'est arrivé ?

— Grave, sans aucun doute. Les chirurgiens ont dû le placer en stase, dans l'espoir que tu viennes le soigner. À part toi, ils doutent que quelqu'un soit capable de lui sauver la vie, et dans tous les cas sa carrière est finie. Quant au coupable... Tu le connais, bien sûr. Il s'agit de notre très cher coéquipier.

— Ochimaru a donc fini par tenir ses pires promesses...

— En effet. Il a lui aussi été grièvement blessé dans leur combat, sans quoi il aurait sans doute achevé notre sensei. On doit la vie d'Hiruzen à la gamine juste devant toi. Elle a compris comment briser la barrière derrière laquelle ils se trouvaient tous les deux pour que des ANBU viennent à son secours.

Le regard calculateur de Tsunade tomba sur Hitomi, qui redressa fièrement le menton. Elle n'avait pas honte de ses actes lors de l'invasion, même si le regard terrifié et chargé d'incompréhension de Tayuya restait une souillure dans sa mémoire.

— Je vois... J'imagine que je dois te remercier, Hitomi-chan ?

— Pas besoin de ça. J'ai fait mon devoir. J'ai vu une occasion et je l'ai saisie. J'imagine que personne d'autre n'avait identifié le fonctionnement de la barrière, mais le fûinjutsu est mon domaine préféré. Je veux devenir Maîtresse des Sceaux.

À cela, la légendaire médic renversa la tête en arrière et éclata de rire. C'était un son vivant, sauvage, magnifique, qui devait avoir brisé bien des cœurs. Hitomi aurait aimé avoir un rire pareil.

— Toi, Maîtresse des Sceaux ? Gamine, le dernier à avoir porté ce titre était le Quatrième Hokage, un génie. Tu n'as pas vraiment l'air d'un génie, pour moi.

Elle aurait pu s'offusquer, tenter de prouver sa valeur à tout prix, mais ça, c'était plutôt la spécialité de Naruto. Elle se contenta de sourire et de hausser les épaules comme si ce n'était rien, buvant une gorgée de son thé.

— Peut-être que j'y arriverai, peut-être que j'échouerai. Nous verrons.

La conversation se poursuivit tranquillement pendant quelques minutes, Jiraiya mentionnant d'autres malades qui auraient bien besoin de l'aide de Tsunade. Elle promit qu'elle passerait à Konoha, au moins pour voir ce qu'elle pouvait faire, mais ajouta qu'ils ne devaient pas s'attendre à un miracle, avec les problèmes qu'elle rencontrait récemment. Les deux Sannin échangèrent un regard lourd de sens. Hitomi savait qu'ils pensaient tous deux à la même chose : la phobie de Tsunade pour le sang, développée au fil de la guerre.

— Les malades ne sont pas la seule raison de notre venue, Hime. Le conseil t'appelle à sortir de ton exil. Nous avons besoin d'un nouveau Hokage.

La médic regarda son ancien camarade en silence pendant quelques secondes, puis éclata de rire. C'était un son très différent cette fois, presque des pleurs pour qui savait écouter. Pensait-elle à son frère et son amant, tous deux morts avant d'accomplir cette ambition ? Pour elle, la fonction allait avec son lot de fantômes, et pas seulement le grand-père et le grand-oncle qu'elle avait à peine connus.

— Oh non, Jiraiya, hors de question. Tu ne me mettras pas ça sur les épaules. Démerdez-vous, je n'en veux pas.

— Quoi ? s'exclama Naruto. Comment vous pouvez dire non ? C'est un honneur d'être Hokage !

Un lourd silence plana sur la table. À côté d'Hitomi, Zabuza rajusta sa position comme s'il s'apprêtait à brandir son épée. La jeune fille posa une main sur son avant-bras pour l'immobiliser. Elle savait que la pression le rendait nerveux, prompt à s'enflammer, mais elle était à peu près certaine que si le déserteur, venu d'un autre village qui plus est, dégainait face à Tsunade, il souffrirait. Elle ne le tuerait peut-être pas, mais la jeune Yûhi n'était pas prête à faire le test.

— La position de Hokage, c'est de la merde, cracha Tsunade avec de l'acide dans la voix. On attend d'eux qu'ils meurent pour nous protéger, et tout ça pour quoi ? Lancer la prochaine guerre, rembarrer le prochain soulèvement, se baigner dans le sang ? Très peu pour moi.

— Mais justement, si quelqu'un d'autre devient le Hokage, il reçoit le pouvoir de changer ça ! Moi, quand je serai Hokage, je ne déclencherai pas de guerre et je protégerai tout Konoha, vous pouvez le croire !

— Tu n'as pas l'étoffe d'un Hokage. Tu n'es qu'un gamin avec des rêves plein la tête et pas grand-chose d'autre. Tu mourras, comme tous ceux qui ont partagé ton ambition.

Furieux, Naruto se leva, s'échappant de son bout de banc dans un sursaut d'énergie.

— Je suis mille fois meilleur que vous ! Vous n'êtes qu'une vieille aigrie qui croyez tout savoir ! Vous feriez un Hokage merdique de toute façon, j'en suis sûr !

Hitomi ne put retenir une grimace en entendant le grognement dans la voix de son frère. Peut-être sans le savoir, il frappait là où ça faisait mal.

— Ah, vraiment, tu es meilleur que moi ? Je te propose quelque chose, avorton. Toi et moi, on va régler ça dehors, et on verra qui est le meilleur ninja. Et puisque j'ai quarante ans d'expérience sur toi, je vais même te faire une faveur : je n'utiliserai qu'un seul doigt. Alors, tu tentes ta chance ?

— Pfeuh, je vais vous botter le cul, vous pouvez le croire !

Jiraiya avait l'air absolument catastrophé et les deux déserteurs de Kiri n'étaient pas loin derrière lui sur cette palette émotive. Même eux avaient entendu parler du légendaire tempérament de Tsunade des Sannin, et de sa force inégalée. Elle pouvait réduire des montagnes en poussière, alors un gamin qui avait une trop grande gueule et tendance à se frotter à plus dangereux que lui... Ils ne donnaient pas cher de sa peau, et peut-être avaient-ils raison. Avec un soupir, Hitomi suivit ses camarades dehors. Les rues commençaient à se remplir, mais quand ils comprirent que des ninjas allaient se battre, les civils se dispersèrent aussi vite qu'ils le pouvaient.

Naruto n'avait aucune chance, bien entendu, mais Hitomi suivit ses gestes avec précision tandis que Tsunade le bazardait à droite, à gauche, toujours en n'utilisant que son index droit. Il avait beaucoup progressé au cours de ce voyage, et était presque arrivé à maîtriser le Rasengan. Il lui manquait seulement la dernière étape, la couche protectrice autour de la rotation explosive du chakra, et il y arrivait tout de même une fois sur cinq, ce qui n'était pas trop mal.

L'expression stupéfaite de Tsunade quand Naruto forma son espèce de Rasengan valait de l'or. Elle réagit d'une manière bien moins contrôlée par rapport à ses gestes jusque-là, son doigt fendant la terre comme on fendrait l'eau pour créer une crevasse dans laquelle Naruto tomba, surpris de voir le sol s'ouvrir sous ses pieds. Le bruit qu'il fit en s'effondrant tira une grimace empathique à Hitomi, qui s'approcha pour le tirer de son trou, prenant soin de s'interposer entre Tsunade et lui.

— Vous avez gagné, Tsunade-sama. Mon frère a la langue bien pendue et ne sait pas quand battre en retraite. Pardonnez-lui, s'il vous plaît.

— Ton frère ? Je croyais que tu étais une Yûhi, et lui...

Elle s'interrompit d'un coup. Même en-dehors de Konoha, on ne révélait pas ses secrets impunément.

— Hm hm. Vous vous souvenez, je vous ai dit que ma mère adoptait des gamins. Naruto est l'un d'eux, Sasuke Uchiha le second. Enfin, il y en aura peut-être même une troisième d'ici quelques mois ou années, mais vous ne la connaissez pas, elle.

Pas encore, en tout cas. Hitomi comptait bien présenter Karin à Tsunade, et Sakura aussi bien entendu. Elles avaient droit à leur heure de gloire, elles aussi. À travers le carnet communicant qu'elle avait laissé à la jeune Uzumaki, Hitomi avait appris deux semaines plus tôt que l'amie que Karin s'était faite à force de services à l'hôpital n'était l'une autre que l'héritière Haruno. Avec Ino, apparemment, elles formaient un trio d'enfer, pas totalement fermé à l'idée d'intégrer Hinata voire même Tenten dans leur cercle quand les deux jeunes filles le souhaitaient.

— Ne vous en faites pas, poursuivit-elle d'une voix douce. Personne ne vous forcera à devenir Hokage si vous ne le voulez pas. Nous sommes déjà soulagés et honorés que vous acceptiez d'essayer d'aider Hiruzen-sama et nos autres blessés graves.

Encore une fois, ses pensées s'égarèrent en direction d'Hayate, que Karin et Sakura surveillaient pour elle. Il ne s'était toujours pas réveillé, avait même fait plusieurs arrêts cardiaques, mais sa situation s'améliorait, lentement. Les médecins étaient assez confiants quant à son réveil. S'il pouvait malgré tout recevoir un coup de pouce de la meilleure médic que cette terre ait jamais portée... Elle serait reconnaissante, bien évidemment.

Ce soir-là, Haku et Naruto rejoignirent Hitomi dans sa chambre. Jiraiya avait emmené Tsunade dans un bar pour tenter de la dérider, tandis que Shizune avait choisi d'accompagner les enfants et les déserteurs. Elle discutait pour l'instant avec Zabuza. En tendant l'oreille, on pouvait entendre leurs voix à travers le mur, mais pas au point de comprendre leur échange. Dommage. Hitomi n'avait rien contre un peu d'espionnage de temps à autres.

— Tu penses vraiment apprendre le Rasengan en une semaine ? demanda Haku d'une voix douce.

Le pari avait bel et bien été lancé. Hitomi savait que son frère y arriverait. Il avait la volonté qui convenait pour plier n'importe quel objectif, même hors d'atteinte, à sa volonté. L'apprentissage d'une simple technique...

— Aucun problème ! Je dois juste réussir à comprendre comment maintenir le chakra sous la cloche.

Finalement, Hitomi décida de l'aider un petit peu. Après tout, il avait le droit d'utiliser sa meilleure arme comme il convenait, à son plein potentiel...

— Je me demande si utiliser des clones me permettrait d'apprendre mes techniques plus vite. Le nouveau sceau que Jiraiya-sama m'enseigne est vraiment horriblement compliqué.

— Et qu'est-ce qu'il est censé faire ? fit Haku d'un air curieux.

— Stocker du chakra. Il y a une version sur parchemin et une autre sur peau. C'est le prélude passif d'un autre sceau, qui permet carrément de stocker des techniques. Quand je maîtriserai celui-là, si je veux, je pourrais par exemple demander à Naruto de stocker un Rasengan dans un tatouage sur mon corps et je pourrais le ressortir quand je le voudrai. Bien sûr, une fois utilisé, il faut recharger le sceau avec une nouvelle technique, mais c'est hyper utile. Je n'arrive même pas à imaginer tout ce que je pourrais faire avec ça.

— Tu deviendrais encore plus terrifiante, marmonna Naruto.

Elle laissa échapper un petit rire, basculant avec aise sur ses oreillers. Les deux garçons étaient assis à faible distance, Haku au pied de son lit et Naruto par terre, le dos contre le matelas. Ils n'avaient pas besoin de se regarder pour se parler. En fait, chez les ninjas, c'était même assez rare entre camarades proches de se regarder les uns les autres quand on discutait. On préférait plutôt surveiller les alentours, couvrir les arrières des autres en s'attendant à ce qu'ils fassent de même. D'un geste presque amoureux, Hitomi continua de huiler son fidèle tantô, passant les doigts sur les caractères gravés près de la garde. Ishi to Senrigan. Volonté et Clairvoyance. Elle ne pouvait pas oublier.

— Peut-être. Les bons ninjas sont souvent terrifiants. Ca me plairait d'être terrifiante.

— Tu l'es déjà ! Les gamins de l'Académie te suivent partout depuis la fin de l'Invasion comme si tu étais une espèce de gourou, c'est trop flippant. Ils veulent tous être comme toi. J'ai entendu dire qu'Hanabi Hyûga avait exigé que son père lui paye un kimono de combat, ça te rappelle quelque chose ?

À nouveau, elle rit. Bien entendu que ça lui rappelait quelque chose – elle en portait un en ce moment-même. Elle avança sa main pleine de taches d'huile et tapota les cheveux de Naruto sous le regard amusé d'Haku, qui essayait sans doute de calculer le nombre de douches qu'un certain blond devrait prendre pour se débarrasser totalement des résidus. L'huile dans les cheveux, c'était une plaie.

— Ne t'en fais pas, otouto, tu seras terrifiant aussi, un jour ! Les gens se jetteront à genoux devant toi en signe de vénération !

— T'es malade ? J'ai pas envie que les gens aient peur de moi, je veux qu'ils me respectent, c'est pas pareil. Ils apprendront à le faire parce que je suis fort, pas parce que je leur donne envie de se carapater en hurlant.

— Eh ! Je donne pas envie aux gens de se carapater en hurlant.

— Hum, je pense que si. Shikamaru s'est carapaté en hurlant la dernière fois que tu lui as proposé un entraînement de six heures d'affilée.

La discussion continua longtemps sur ce ton, jusqu'à ce que Shizune vienne leur dire qu'il était temps d'aller se coucher. Les deux garçons s'exécutèrent, retournant dans leur propre chambre, tandis qu'Hitomi se préparait pour la nuit. En pyjama, elle passa encore un peu de temps à répondre à ses messages, lut un peu, puis admit qu'il était temps pour elle de dormir... Même si elle ne pouvait compter sur un sommeil paisible.

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