La Genin de Kusagakure
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Quand le soleil se leva, Hitomi se sentait un peu mieux, à peine assez pour agir comme l'écho d'elle-même. Elle se dégagea de l'étreinte de ses chats, qui s'étaient endormis autour d'elle et là où ils montaient la garde. Elle ne voulait pas les réveiller, ils avaient besoin de sommeil. En silence, elle ouvrit les portes de sa garde-robe, enfila son uniforme, ajusta son tantô de manière que la garde tombe naturellement sous sa main. Les gestes étaient familiers. Presque réconfortants.
Elle trouva sa mère, Ensui et Yoshino attablés quand elle descendit, ses doigts occupés à remonter ses cheveux en une queue de cheval désordonnée. Ils posèrent sur elle des regards soucieux qui lui firent légèrement froncer les sourcils. Elle allait... Non, elle n'allait pas bien, mais pas mal non plus. Elle avait juste besoin de se défouler, de s'occuper l'esprit, d'épuiser toute l'énergie qui surchargeait son corps pour combattre l'impuissance qui lui collait à la peau, et enfin elle pourrait commencer à aller mieux, peut-être.
— Ca fait quelques jours que tu n'as pas eu un entraînement au sabre, pas vrai ? Tu vas nous affronter tous les deux, Yoshino-san et moi.
La voix d'Ensui éveilla une nuance de soulagement à l'intérieur d'elle. Il comprenait et elle avait envie de sangloter de soulagement. À la place, elle hocha la tête et se dirigea vers le jardin ; c'était la première fois depuis des années qu'elle n'essayait même pas de prendre un petit-déjeuner, parce qu'elle savait qu'elle le vomirait immédiatement. Les souvenirs étaient encore trop frais, et sa Bibliothèque refusait encore de les ranger là où se trouvait leur place, derrière la Porte, qui avait fini par prendre une majuscule dans sa tête, comme un lieu à part.
Les deux adultes l'y retrouvèrent pendant qu'elle effectuait son salut au soleil, la routine de ces gestes réchauffant ses muscles, comme toujours. Ses doigts et ses poignets étaient encore un peu raides, mais elle savait qu'elle oublierait bien vite ces sensations. Ensui et Yoshino étaient tous les deux des adversaires redoutables, même séparément, alors ensemble, ils auraient beau ne pas y aller à fond, le défi qu'ils lui imposeraient serait sans doute terrible. Et elle en avait besoin.
À leur signal, elle se mit en garde. Dès qu'Ensui s'élança, son ombre ondula faiblement sous ses pieds, formant le cercle protecteur dont elle était si friande, tandis qu'elle levait la lame de son tantô pour l'accueillir. Elle prit son ombre dans la sienne, le força à écarter légèrement sa main droite, puis le relâcha et tenta de profiter de l'ouverture qu'elle venait ainsi de se créer. En vain. Il était trop rapide et elle, elle n'avait pas assez travaillé cette manière de combattre.
Elle dut battre en retraite précipitamment quand le poing de Yoshino siffla près de son visage, ne la manquant que de quelques millimètres. Sa tante se battait à mains nues. Contre un véritable adversaire, elle utilisait des scalpels de chakra comme armes, mais elle ne voulait pas blesser sa nièce trop sérieusement. Les deux adultes fondirent sur Hitomi sans pitié, la forçant à esquiver, parer, s'éloigner, encore et encore.
Ils ne lui laissèrent aucun répit et elle ne les toucha pas une seule fois sérieusement, alors que pour sa part elle récolta une dizaine d'hématomes et un goût de sang dans la bouche. Quand ils en finirent avec elle, l'ombre d'Ensui s'enroulant autour de ses chevilles pour la clouer sur place tandis que Yoshino enfermait sa nuque dans une clé solide mais assez légère pour qu'elle puisse respirer sans problème, son corps tremblait d'épuisement, mais l'éclat féroce était de retour dans son regard. Les deux Jônin la relâchèrent et elle s'effondra sur l'herbe, frissonnante et essoufflée.
Sans un mot, Ensui l'aida à s'asseoir et prit sa jambe droite entre ses mains, la pliant et la dépliant pour l'étirer. Il espérait ainsi minimiser les courbatures qu'elle aurait le lendemain, elle le savait même si elle était trop fatiguée pour pouvoir s'en occuper elle-même. Ce n'était pas la première fois qu'il devait se charger pour elle de cette étape cruciale. Leurs entraînements étaient souvent poussés au-delà du raisonnable, depuis qu'elle était toute petite. C'était exactement ce qu'elle voulait, ils le savaient tous les deux.
— Je suis passée à l'hôpital ce matin, dit Yoshino en revenant, un pichet de limonade dans une main et des verres dans l'autre. Ils disent qu'Hayate va s'en sortir, mais ils ont dû le plonger dans le coma une fois qu'ils ont pu le sortir du sceau de stase. Tu lui as sauvé la vie, gamine. Félicitations.
— Mais je... J'aurais aimé faire plus.
— Et qu'est-ce que tu aurais voulu faire de plus ? La plupart de tes pairs ne connaissent rien aux sceaux ni au ninjutsu médical. Qu'est-ce que Chôji ou Shikamaru auraient pu faire que tu n'as pas fait ?
— Mais...
— Non, Hitomi. La première vie que tu sauves devrait te remplir d'euphorie, pas de culpabilité.
Un long silence ponctua les derniers mots de Yoshino, comme pour appuyer la vérité qu'ils renfermaient. Hitomi ferma les yeux, se massa les tempes malgré les tremblements qui lui agitaient les mains. Dans son dos, les longs doigts francs d'Ensui traçaient des volutes réconfortantes, qui lui rappelaient les longues nuits dans la chambre d'hôtel, à Suna, quand elle travaillait sur son premier sceau. Comme cette époque lui manquait...
— Est-ce qu'il pourra continuer sa carrière de ninja ? finit-elle par demander.
— Sans doute pas, soupira sa tante. Mais Hayate a toujours été malade, ma puce. Il a dû quitter l'ANBU à cause de ça, et d'ici un an ou deux, il aurait sans doute dû devenir prof à l'Académie, ou alors postuler pour un travail à la Tour du Hokage. Sa vie sera, pour lui comme pour son entourage, plus précieuse que sa carrière.
Hitomi se souvint soudain de Yûgao Uzuki, la fiancée d'Hayate qu'on voyait quelques instants à peine dans le manga originel. La manière dont elle avait touché sa tombe, son expression en remettant son masque de l'ANBU... Hitomi avait évité que cela se produise. De justesse. Et « de justesse » était bien le problème. Cela ne suffisait pas, d'éviter les problèmes à un cheveu, parce que cela la forçait à improviser, et qu'en improvisant, elle oubliait souvent de penser aux conséquences de ses actes, ou aux petits détails pourtant cruciaux.
— Je ne te demande pas d'oublier ce que tu ressens, continua Yoshino d'une voix conciliante, seulement d'y réfléchir. Tu n'es pas toute-puissante, Hitomi-chan, tu ne peux pas sauver tout le monde. Le complexe du héros est l'une des choses les plus dangereuses qui soient dans notre monde.
La jeune fille laissa échapper un petit rire nerveux, ses pensées s'égarant en direction de Naruto. Son frère adoptif était un excellent exemple de ce que sa tante venait de dire, avec sa propension à se jeter tête la première dans les ennuis à tout bout de champ. Et elle... Honnêtement, elle était à peine mieux. Elle n'était ninja que depuis trois ridicules petits mois, et elle avait déjà frôlé la mort plusieurs fois, l'avait même regardée droit dans les yeux quand elle avait échoué à échapper à Orochimaru. Seule la chance absurde qui venait tempérer la malchance de l'Équipe Sept lui permettait d'être toujours en vie.
Elle devait se réveiller, sortir de sa torpeur, parce que les évènements n'attendraient pas gentiment qu'elle soit prête pour se produire. Le prochain échelon sur sa route, le prochain tournant que prendrait la politique de Konoha, serait son invasion lors de l'examen. Elle avait douté que cela se produise, puisque leur diversion parfaite, Gaara, était de son côté à elle, mais l'attaque qu'avait subie Hayate la débarrassait du moindre doute. Orochimaru attaquerait. Elle ne savait juste pas s'il le ferait avec l'aide de Suna ou d'un autre village, mais ça, elle n'avait de toute façon aucun moyen de le découvrir.
Une détermination glacée sur les traits, elle se redressa. Elle avait mal partout, mais elle ne voulait pas s'arrêter, ne voulait pas rester désoeuvrée. D'une main ferme, elle dégaina son tantô à nouveau, tandis qu'Ensui faisait de même avec son katana. Avec un petit soupir, Yoshino recula d'un pas, déjà prête à soigner les plaies superficielles qu'ils s'infligeraient au combat – ou plutôt qu'Ensui infligerait à Hitomi quand il n'aurait pas le temps de dévier ses coups. Il ne pouvait pas la protéger de tout.
Longtemps, le jardin résonna du bruit des sabres qui s'entrechoquaient encore et encore. A deux reprises, Yoshino dut intervenir pour soigner une blessure d'Hitomi, mais à part ça, elle se débrouilla bien. Ensui se faisait un devoir d'inscrire l'esquive dans ses réflexes les plus profonds, et ne la ménageait pas dans cette entreprise. Oh, il ne déchaînait pas sur elle le maximum de ses capacités, elle serait morte sinon... Mais il n'y allait pas non plus de main morte.
Kurenai vint les chercher à la nuit tombée. Le repas était prêt. Elle avait passé la journée aux côtés d'Hinata, qui se remettait doucement mais ne pouvait pas encore avoir beaucoup de visiteurs. Elle raconta à table que la jeune fille avait l'interdiction de quitter son lit. Hitomi se mordilla la lèvre en entendant ça. Elle pouvait peut-être aller voir Hinata, lui apporter des livres pour qu'elle ne s'ennuie pas ? La jeune Yûhi n'avait pas encore osé rendre visite à son ex petite-amie. Elles avaient toujours l'une envers l'autre un comportement très cordial, mais l'ombre de leur relation passée jouait encore entre elles, et elle devait l'admettre, ça faisait mal.
Finalement, le lendemain, elle prit son courage à deux mains, remplit un sac à dos de romans et prit la direction de l'hôpital avant de changer d'avis. Elle ne voulait pas laisser une chance à son envie de fuir de reprendre le dessus. Hinata ne méritait pas qu'elle l'ignore. Elle n'eut pas besoin de s'arrêter au comptoir d'accueil, sa mère lui ayant donné le numéro de chambre. Contrairement aux civils qui attendaient en petit groupe, elle dédaigna l'ascenseur, préférant l'énergie que lui coûteraient les escaliers.
Arrivée devant la chambre, elle frappa timidement à la porte et entra quand elle en eut l'autorisation. Hinata avait l'air minuscule dans son lit aux draps blancs, les traits tirés, de lourds cernes sous les yeux. Les mains légèrement tremblantes, Hitomi s'approcha. Elle se sentait intimidée, nerveuse, et son regard errait vers la fenêtre comme s'il s'agissait d'une sortie de secours vers laquelle elle pouvait se précipiter. Stupide et inutile. Hinata ne lui ferait pas de mal.
— Hum... Je suis venue te donner quelques livres, pour que tu puisses t'occuper si tu veux.
D'une démarche tendue, elle quitta l'endroit où elle s'était figée, dans l'encadrement de la porte, et prit place sur la chaise que quelqu'un, sans doute sa mère, avait placée au chevet d'Hinata. Sous le regard intimidé de son amie, la jeune fille se défit de son sac à dos, l'ouvrit, et en sortit volume après volume, décrivant brièvement leur contenu. Elle indiqua ceux qu'elle avait écrits, ceux qu'elle avait lus et aimés. Hinata posait parfois une question ou l'autre, et les deux adolescentes prenaient bien soin d'éviter le sujet dont l'ombre les séparait.
Au bout d'une heure, après s'être assurée qu'Hinata allait bien et n'avait besoin de rien, Hitomi prit congé. L'énergie qui lui parcourait le corps était malsaine, nerveuse, et elle avait besoin de la défouler d'une façon ou d'une autre. Elle décida de sortir par les toits et s'enfonça dans les étages, les doigts agités de petites contractions sporadiques. Soudain, au milieu du couloir du cinquième étage, elle se figea. Parce que le nom écrit à l'encre rouge à côté de la porte, elle le connaissait.
Uzumaki Karin.
Ses yeux s'écarquillèrent, son souffle se coupa. Elle fouilla dans ses souvenirs mais n'y trouva rien qui expliquait la présence de la cousine de Naruto à Konoha. N'était-elle pas censée être au service d'Orochimaru ? Les sourcils froncés, elle frappa à la porte.
— Entrez ! fit une voix étouffée derrière le battant.
Elle s'exécuta, et découvrit l'inconnue en train d'enfiler un pull – d'où le son étouffé. Elle ne la connaissait pas, et pourtant, elle la reconnaissait, avec ses cheveux rouges, ses yeux de la même couleur et ses lunettes rectangulaires.
— Eh, tu es qui toi ? Je ne te connais pas. J'ai des problèmes ?
— Ah, non, non, ne t'en fais pas.
Après un instant d'hésitation, la jeune fille entra dans la chambre, observant les lieux d'un œil attentif. Il n'y avait pas grand-chose à voir : la pièce était blanche, impersonnelle. Là où Hinata avait reçu des fleurs, des cartes de vœux, pour Karin il n'y avait rien. Peut-être était-ce parce qu'elle n'était pas de Konoha... Mais même comme ça, il était très peu probable qu'elle soit venue seule au village. Les gens qui étaient venus jusqu'ici avec elle, pourquoi ne lui rendaient-ils pas visite ? Elle était plutôt amochée, pourtant, avec les bandages qui recouvraient ses bras et le ventre qu'elle avait brièvement entraperçu en entrant. Quelqu'un aurait dû s'inquiéter pour elle.
— Hum... Je suis entrée parce que tu as le même nom de famille que quelqu'un que tu connais. Naruto Uzumaki. Enfin... Uzumaki-Yûhi. C'est mon frère adoptif.
Un silence estomaqué accueillit ses propos. Karin la fixa du regard pendant quelques secondes, la bouche entrouverte. Ses yeux étaient écarquillés, sa posture raide.
— T-tu es sûre ? Tu es sûre que c'est bien son nom ?
Hitomi ne put s'empêcher d'être surprise en entendant l'accent vulnérable dans la voix de son interlocutrice. Elle hocha vigoureusement la tête.
— Je ne pourrais pas me tromper.
— J-j'ai un cousin ?
— J'imagine que c'est ton cousin, oui. Les Uzumaki étaient un très grand clan avant leur destruction, on en parle encore beaucoup ici. Ils étaient nos alliés dès la fondation du village, le souvenir est resté fort.
— Je ne savais pas que les Uzumaki étaient un clan...
Hitomi sourcilla, étonnée. Elle hésita avant de se décider, et d'aller s'asseoir au chevet de Karin, comme elle l'avait fait un peu plus tôt pour Hinata. Pendant quelques dizaines de minutes, elle lui parla de toute la gloire du clan Uzumaki et de son histoire conjointe avec celle de Konoha, de Mito Uzumaki la première jinchûriki, de Kushina Uzumaki la dernière en titre avant Naruto. Tout ce qu'elle disait, elle l'avait lu dans les archives du village. Certaines choses ne lui avaient pas été inconnues grâce au canon, et d'autres, elle les avait découvertes, comme le fait qu'on ignorait toujours qui était à l'origine du massacre.
— Comment es-tu arrivée ici ? finit-elle par demander. Je ne t'avais jamais vue, je sais que tu n'es pas une de nos kunoichi.
— Tu as raison... Je suis venue participer à l'examen Chûnin avec une équipe de Kusa. On a passé la première épreuve sans problème, mais dans la Forêt de la Mort... Des ninjas de Konohagakure ont t-tué mes coéquipiers et j'ai réussi à m'enfuir de justesse, je ne sais même pas comment j'ai survécu ! J'étais vraiment, vraiment terrifiée.
En voyant Karin au bord des larmes, Hitomi passa un bras sur ses épaules et l'attira vers elle, le corps de la jeune fille basculant dans son étreinte sans résistance.
— Des ninjas de Konoha, hum ? Tu connais leurs noms, ou tu pourrais les décrire ?
Après tout, elle voudrait rester loin de ceux qui étaient capables d'une telle brutalité.
— I-ils avaient tous les trois des lunettes, habillés en noir... Deux d'entre eux avaient le visage et les cheveux cachés, l'autre avait des cheveux argentés.
Le corps d'Hitomi se raidit contre celui de Karin et ses doigts se resserrèrent durement sur son épaule. Elle plissa les lèvres, le regard agité d'une étincelle cruelle.
— Kabuto Yakushi et ses acolytes. L'un d'eux est mort des suites de son combat lors des éliminatoires. Les autres ont été accusés de traîtrise et de désertion. Ils travaillent avec Orochimaru et s'ils reviennent à Konoha, ils mourront.
Après un instant de silence, Hitomi s'adoucit de nouveau, sa prise se transformant en caresse discrète. Elle tentait d'imiter la façon dont Ensui ou Kakashi se comportaient avec elle quand elle allait mal, quand elle était effrayée ou en pleine détresse.
— Ils ne reviendront pas te faire de mal. Tant que tu seras ici, les ninjas de Konoha te protégeront. Dans notre hôpital, tu es sous notre protection.
Et puis une idée terrible, vicieuse, fit son chemin à l'intérieur de l'esprit de la jeune fille. Elle lui offrit son sourire le plus doux, tentant de projeter autant d'apaisement que possible dans sa gestuelle.
— Tu pourrais... Tu pourrais demander à rester ici. Une pupille du village. Ton nom t'en donne le droit, peu importe comment tu t'es retrouvé à Kusagakure. Le Hokage ne refuserait pas un ninja prêt à travailler pour le village, et puis comme ça, tu pourrais rencontrer Naruto, passer du temps avec lui. Il est adorable, solaire, gentil. Il serait ravi d'avoir de la famille. Bien sûr, il nous a, ma mère, notre frère et moi, mais tu sais, une famille de sang, ce n'est pas pareil.
Et puis elle se tut, laissant l'idée faire son chemin dans l'esprit de Karin. Elle la tentation exercée par ses paroles sur la jeune fille, dont les mains s'étaient crispées sur la couverture.
— Je... Je ne suis pas sûre d'avoir encore envie de me battre. J'ai peur, je crois.
Compréhensive, la jeune Yûhi hocha la tête. Si elle n'avait pas tant aimé se battre, la peur aurait pris le dessus depuis longtemps chez elle, et Karin, du peu qu'elle la connaissait, avait l'air timide, renfermée. Ce n'était pas un tempérament guerrier.
— Konoha ne recrute pas seulement des combattants. Tu sais, notre hôpital est réputé le meilleur des Nations Élémentaires. Il y a trente ans à peine, ces couloirs étaient habités d'une chirurgienne de légende, Senju Tsunade-sama. Tu as appris le ninjutsu médical ?
Alors qu'elle écoutait son interlocutrice avec soin, les traits de Karin s'étaient progressivement éclairés. Elle se redressa très droit sur son lit, le regard rempli de fierté, d'espoir.
— Oui ! Je suis très douée, même ! J'ai une capacité secrète qui me permet de soigner n'importe quelle blessure, mais comme c'est coûteux en chakra, j'ai appris tout ce que je pouvais de médecine pour ne pas devoir me rabattre constamment sur elle.
Hitomi haussa les sourcils. Elle n'avait pas à beaucoup feindre l'intérêt.
— Tu veux dire la capacité dormante des Uzumaki ? Mon grand-père m'a dit que c'était très rare, seulement présent chez une branche mineure du clan qui s'était mélangée à un clan du Pays du Fer.
— C'est là où vivent les samurai ?
— Oui ! Ils utilisent leur chakra de manière différente, mais ils ont aussi recueilli des clans, ceux dont les membres ne souhaitaient pas devenir ninjas.
Les deux jeunes filles discutèrent encore un moment, avant qu'il soit l'heure pour Hitomi de partir. Elle promit de revenir le lendemain avec les documents qui permettraient à Karin de demander l'asile au Hokage, et décida de faire immédiatement un crochet par la Tour pour se les procurer. Elle échangea quelques plaisanteries avec Genma Shiranui, qui avait l'air de s'ennuyer comme un rat mort et avait sans doute perdu un pari pour se retrouver à faire un travail administratif, puis se dirigea vers le bureau de sa thérapeute. C'était l'heure de sa séance, et cette fois, elle était particulièrement nerveuse.
Parler à Fukuda était devenu une évidence. Elle n'avait qu'à entrer dans son bureau, s'asseoir sur l'un des sièges à disposition des patients, pour que sa langue se délie. Elle parla d'Hayate, du sang qu'elle rêvait encore sur ses mains, des sensations gravées dans son esprit, et elle pleura, enfin. Elle s'était attendue à ressentir une forme de délivrance, mais ce ne fut pas le cas. Patiente et douce, la psychologue dut travailler sur la crise d'angoisse qui s'emparait de la jeune Yûhi, lui apprenant des exercices de respiration et de relaxation qui pourraient peut-être l'aider.
Elle sortit de son rendez-vous à fleur de peau, comme toujours. Lee l'attendait devant la porte, un sachet de chocolats dans la main. Dès qu'elle le vit, elle s'élança dans ses bras et l'embrassa, sans timidité ni pudeur. Surpris, le jeune homme la rattrapa et la serra contre lui. Elle sentit ses mains se crisper sur ses hanches, ses épaules se tendre légèrement. Il grogna légèrement quand elle frôla sa lèvre inférieure du bout de la langue, la pressant plus fort contre lui. Un vieil homme qui entrait dans le bâtiment toussota à leurs côtés et il se reprit, les joues rouges, les yeux légèrement écarquillés et le souffle peut-être un peu court.
— Hum, b-bonjour à toi aussi. Dure journée ?
Hitomi sourit d'un air contrit, entrelaçant ses doigts à ceux de la main libre de Lee. Elle aimait la sensation de ses bandages contre ses doigts, la force de ses mains qui traitaient toujours les siennes avec délicatesse et prudence, elle aimait aussi parvenir à lui faire perdre le fil de ses précautions. Cela lui donnait une forme de pouvoir qu'elle découvrait apprécier. Tandis qu'ils s'éloignaient tous deux d'un pas tranquille, elle posa sa tête sur son épaule.
— Tu en as peut-être entendu parler par ton sensei... Il y a deux nuits, l'examinateur des éliminatoires a été attaqué par un ninja inconnu. J'ai senti une odeur de sang et je l'ai suivie. Je... Je l'ai trouvé plus mort que vif, mais Ensui-shishou m'a appris un sceau de stase qui te garde dans l'état exact où tu te trouves, et ça lui a sans doute sauvé la vie. Il vivra, mais il ne sera plus jamais un ninja.
— Et tu t'en veux, hm ?
— Uh... Oui, je m'en veux. J'aurais pu sentir l'odeur plus tôt, et peut-être faire mieux, ou, je ne sais pas...
— Tu feras mieux la prochaine fois. Ce n'est pas grave si tes actions ne sont pas parfaites du premier coup. Le principal c'est que tu t'améliores.
Ils arrivèrent tous deux devant la crêperie qu'ils aimaient fréquenter après les rendez-vous d'Hitomi avec sa thérapeute. L'ambiance rustique de la décoration donnait l'impression à la jeune fille de retrouver l'atmosphère de ses voyages avec Ensui, et les pâtisseries et boissons servies étaient vraiment bonnes. Sans lâcher la main de sa petite-amie, Lee commanda un choix généreux, puis la guida vers une table un peu à part. Il y avait un peu plus de clients que d'habitude, mais les serveurs et la barmaid les connaissaient bien à présent. En silence, le jeune homme se glissa en premier sur la banquette et attira Hitomi avec lui, de sorte qu'elle puisse poser sa tête sur son épaule.
— Je sais que c'est dur pour toi, je peux le voir. Est-ce que tu as de quoi t'occuper, pour ne pas y penser ?
Un sourire chaleureux se dessina sur les lèvres de la jeune Yûhi, malgré le sujet dont ils parlaient. Lee était tellement attentif aux petits détails la concernant... Ils ne sortaient pas ensemble depuis longtemps, pourtant il savait déjà comment son esprit fonctionnait et ce qui lui faisait du bien en période de crise. Avec un petit ronronnement bas dans la gorge elle releva la tête et l'embrassa à nouveau, sa main libre lui caressant la nuque du bout des doigts. Il frémit de tout son corps, serra les paupières, grogna encore et lui rendit son baiser.
— Tu vas finir par me faire tomber sérieusement amoureuse de toi, tu sais ?
Il accueillit sa déclaration affectueuse d'un silence stupéfait, puis un sourire se forma lentement sur ses lèvres. Il la serra contre lui, ses longs doigts forts jouant avec les mèches désordonnées qui s'échappaient de sa queue de cheval.
— Rien ne me ferait plus plaisir.
Elle laissa échapper un petit rire et l'embrassa encore. Leur commande arriva, mais ils ne s'interrompirent pas et le serveur ne dit rien, habitué à leurs démonstrations d'affection. Les civils étaient souvent plus prudes que les ninjas, qui vivaient sans espoir d'un lendemain et cueillaient chaque opportunité d'oublier ce que leur métier impliquait, mais certains avaient des shinobis dans leur famille, parmi leurs amis, et ceux-là comprenaient.
— Ton chocolat chaud ne sera plus chaud du tout si on ne s'arrête pas un peu, finit par marmonner Lee entre deux baisers.
— Oh, on ne peut pas laisser ça se produire, pas vrai ?
— Non... Non, on ne peut pas. Mais ce qu'on peut faire, c'est passer la soirée ensemble. Ça te dirait ?
Hitomi ne prit même pas le temps d'y penser. Elle avait besoin de ça, de la présence douce et solide de Lee à ses côtés, de ses mains sur elle, autour d'elle, de ses baisers, du mélange de candeur et d'attention qu'il lui offrait sans réserve. Elle but une gorgée de son chocolat, qui avait en effet perdu un peu de sa température, et posa leurs mains jointes sur la cuisse de son compagnon.
— Bien sûr que ça me dirait. Tu as prévu un programme en particulier ?
— Ça, très chère, tu le découvriras ce soir...
Hitomi ne put s'empêcher d'éclater de rire, et comme ça, ce fut réglé. Elle ne pouvait que remercier les dieux d'avoir Lee à ses côtés pour l'aider à affronter les petites et grandes épreuves qui l'attendaient encore.
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