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L'examen de promotion des Jônin

Un Chûnin montait la garde à l'entrée des terres Nara. En les voyant arriver côte à côte, cet homme dont Hitomi ignorait le nom s'inclina très bas, comme s'ils étaient de hauts dignitaires du clan et non deux simples membres, dont l'un de faisait même pas partie de la branche principale. Hitomi lui fit signe de se relever en rougissant légèrement, mais Ensui n'essaya même pas d'empêcher l'homme de leur rendre hommage. Il était venu à accepter sa place dans cette hiérarchie miniature si particulière. Hitomi apprendrait, elle aussi, il y veillerait.

Comme s'il avait senti leur approche, Shikaku sortit de chez lui pile alors qu'ils entraient dans la rue où le chef de clan habitait. Hitomi le dévora des yeux. Elle ne l'avait pas vu depuis tellement longtemps... Les pattes d'oie aux coins de ses yeux s'étaient un peu creusées, son bouc avait légèrement poussé et ses cheveux avaient sans doute besoin d'un petit raccourcissement mais, à part ça, il n'avait pas vraiment changé, pas physiquement. Elle voyait dans son regard l'étincelle de méfiance forgée au feu des épreuves qui avaient frappé les Nara ces dernières années. Elle la voyait parce qu'elle savait où la chercher.

— Je commençais à me demander si Shikamaru m'avait menti en annonçant votre retour. Qu'est-ce qui a pris si longtemps chez Hokage-sama ?

— Un très long rapport, de la paperasse, tu sais exactement comment ça se passe, grommela Ensui en approchant de son chef.

Celui-ci serra la main qu'il lui tendait et profita de ce levier pour l'attirer dans ses bras. Hitomi n'avait jamais vu son oncle se comporter de la sorte, mais elle savait quel lien unissait son maître à leur chef. Elle se contenta d'observer, les mains dans le dos, jusqu'à ce que ce soit son tour de se retrouver enveloppée dans une étreinte qui sentait bon la sève et les épices – qui sentait bon la maison. Elle s'autorisa à savourer l'affection que l'aîné lui offrait sans honte, même si la sensation du chakra de sa mère, une maison plus loin, lui donnait terriblement envie d'avancer encore.

— Ensui, tu as réglé la question de l'examen d'Hitomi avec Tsunade-sama ?

Le Jônin hocha la tête, un petit rictus satisfait et fier aux lèvres.

— Demain matin, huit heures. Tu seras là, pas vrai ?

— Je ne raterais ça pour rien au monde. Yoshino m'écorcherait vif si je n'assistais pas à l'une des rares promotions Jônin du clan.

Les deux hommes rirent, tandis qu'Hitomi se contentait de les observer. Personne ne doutait qu'elle réussisse, même des gens qui ne l'avaient pas vu se battre depuis des années, comme Shikaku et Tsunade. Certes, les Jônin n'étaient pas seulement de puissants combattants mais aussi des meneurs d'hommes, plus que les Chûnin, des shinobi capables de partir en mission seuls, d'enseigner ou d'inspirer des vocations. Mais comment pouvaient-ils savoir que toutes ces qualités se trouvaient en elle ? Tsunade avait écouté son rapport, Shikaku avait été tenu à courant au travers des lettres qu'ils avaient échangées, mais tout cela semblait insuffisant.

— Je ne vais pas vous retenir plus longtemps, tous les deux. Hitomi, Shikamaru est déjà allé prévenir ta mère. Je crois qu'elle prépare assez de gyôza pour nourrir tout le village.

Le sourire d'Hitomi quand elle entendit cela fut si large qu'il lui meurtrit légèrement les joues. Sous l'impulsion douce de la main d'Ensui contre son dos, elle s'élança, sans même dire au revoir à son oncle, en direction de la maison et de la lumière de la cuisine – il avait raison, ça sentait les gyôza. Elle ouvrit la porte à la volée, se déchaussa en vitesse, enfila ses chaussons avec des mains tremblantes. C'était drôle de constater à quel point son retour, après le premier long voyage qu'elle avait fait aux côtés d'Ensui, avait été différent à tous les niveaux. Cette fois, elle n'essaya pas de surprendre sa mère. De toute façon, elle savait déjà.

— Maman, je suis rentrée ! s'exclama-t-elle d'une voix claire.

— Viens vite me rejoindre dans la cuisine, ma puce !

Elle obéit, incapable de cesser de sourire, tandis qu'Ensui franchissait seulement la porte de la maison avec un petit soupir amusé. La jeune fille regarda autour d'elle en passant, notant les menus changements – un cadre déplacé sur un autre meuble, une nouvelle couche de vernis sur la porte qui donnait sur le salon, un nouveau canapé dont elle n'apercevait qu'un accoudoir – et bondit sur sa mère en riant, l'enlaçant par derrière.

— Non, non, pas comme ça, laisse-moi te regarder !

La jeune fille obéit en riant, relâchant sa mère qui se retourna aussitôt, une partie de son attention toujours concentrée sur la viande qui cuisait derrière elle. Ses mains tièdes encadrèrent le visage d'Hitomi, ses yeux rouges identiques à ceux de son enfant observant ses traits à la recherche de chaque changement. Elle avait grandi, oui, c'était indéniable, et définitivement quitté l'enfance en apparence. Au bout de quelques secondes, elle l'attira dans une étreinte à lui broyer les os.

— Tu m'as tellement manqué, ma puce. Ne repars jamais aussi longtemps si tu peux l'éviter.

— C'est promis, Maman.

Kurenai la relâcha, ébouriffant gentiment ses cheveux, puis retourna à ses fourneaux tout en l'engageant dans une conversation légère. Elle fut ravie d'apprendre qu'Ensui et elle s'étaient arrêtés au sanctuaire du Pays des Tourbillons, horrifiée en entendant le résumé de leurs aventures à Suna, fière d'entendre parler des réussites de son enfant.

— Le Dieu de la Foudre, hein ? J'imagine que Père me doit cinquante mille ryôs, dans ce cas. Il avait parié que tu n'y arriverais pas avant d'être promue Jônin, mais je te connais mieux que lui. Tu n'aurais pas laissé un titre t'arrêter.

— Et quand est-ce que vous avez passé ce pari, tous les deux ? demanda Ensui l'air de rien.

— Quand il est devenu clair qu'Hitomi s'intéressait sérieusement au fûinjutsu, donc j'imagine quand elle était en deuxième ou troisième année à l'Académie.

La jeune fille grogna et se cacha le visage dans les mains.

— Franchement, je n'ai commencé à y croire que quand on a trouvé des documents appartenant à Tobirama Senju et Minato Namikaze qui parlaient de cette technique. Comment vous avez pu deviner aussi tôt que j'allais m'y intéresser ?

— Une mère sait ces choses-là, ma puce.

Hitomi haussa un sourcil sceptique et croisa les bras, un petit rictus amusé aux lèvres.

— Bon, d'accord, j'ai passé ce pari parce que tu étais déjà ambitieuse à l'époque et que tu clamais à qui voulait l'entendre que tu allais devenir une Maîtresse des Sceaux.

Hitomi éclata de rire, bien vite rejointe par Ensui puis Kurenai dans son hilarité. Elle aimait tellement, tellement sa mère. Elle avait l'impression de ne pas l'avoir vue depuis une éternité tout entière. Quand elle se fut remise de son hilarité, elle attrapa son ancien tablier et le noua autour de sa taille. Il était trop petit, juste un peu trop étroit. De toute façon, elle allait sans doute devoir encore changer toute sa garde-robe à la première occasion – peut-être après l'examen Jônin. Tout en réfléchissant à ce qu'elle allait vouloir acheter, elle se joignit aux préparatifs de sa mère.

— Maman, je passe l'examen Jônin demain. Est-ce qu'il y a quelque chose que je devrais savoir ?

— Hum... Non, pas besoin, tu t'en sortiras très bien. Il y a une tradition dans le village qui dit que les Jônin ne partagent pas le secret de l'examen avec ceux qui aspirent à ce titre. C'est l'une des rares que les Nara respectent.

— Pfff, ils auraient pu en choisir une autre, ça ne m'arrange pas.

— Tu peux toujours essayer de forcer quelqu'un à te dévoiler le secret, mais tu as peu de temps pour ça, pas vrai ?

— De toute façon, je préfère rester ici ce soir, avec toi.

— Shikaku, Shikamaru et Yoshino nous rejoindront pour le dîner. Juste la famille proche. Et Ensui bien entendu. Enfin, il fait officiellement partie de la famille proche, maintenant, pas vrai ?

Le maître et l'élève s'entreregardèrent en silence jusqu'à ce que Kurenai pousse l'épaule de l'autre adulte, l'air joueuse.

— Ne fais pas l'idiot, Ensui, je t'ai donné cette autorisation pour que tu l'utilises, pas pour que tu en fasses un origami. Oh, tiens, Asuma sera là aussi, bien entendu. J'ai demandé à Shikamaru de l'inviter dès qu'il en aura l'occasion.

— Je m'attendais à moitié à ce que vous soyez mariés à notre retour, musa Ensui d'une voix amusée et légère. Ce n'est pas ton genre d'attendre des années comme ça ?

— Jamais je ne me marierais si ma fille n'était pas là. Mais maintenant que vous êtes de retour, je vais pouvoir me remettre à le harceler de préparatifs, et vous aussi d'ailleurs.

Hitomi éclata à nouveau de rire quand elle vit les traits d'Ensui prendre une expression absolument horrifiée, rejetant la tête en arrière pour laisser toute liberté à son hilarité d'occuper l'espace. Kurenai la regarda comme si elle était un incommensurable trésor, pensant sans doute qu'elle était trop occupée à rire pour le remarquer – une erreur. Des coups frappés à la porte attirèrent leur attention – ses sens l'informèrent qu'il s'agissait d'Asuma, Shikamaru et ses parents. Un sourire aux lèvres, elle alla leur ouvrir.

— Entrez, entrez ! Le repas est bientôt prêt, surtout si Maman et Ensui-shishou se concentrent dessus plutôt que de se taquiner jusqu'à ce que l'un d'eux explose d'embarras.

Et honnêtement, à son avis, son maître serait le premier à céder à ce niveau. Ce n'était pas qu'il manquait de résistance, mais son point faible avait toujours résidé dans ce genre de joutes verbales que Kurenai maîtrisait comme l'une de ses lames. Elle entendait toujours les deux adultes se disputer avec légèreté, même depuis le hall d'entrée. Elle tendit des chaussons à leur taille à chacun des invités, ses gestes aussi naturels que si elle n'était jamais partie. Serait-ce vraiment aussi simple ? Sa place dans la vie qu'elle avait menée avant son départ existait-elle toujours ? Était-elle capable de s'y glisser à nouveau ? Pendant un instant, elle se prit à espérer.

Le repas fut aussi joyeux et exubérant qu'elle l'avait imaginé en entendant que sa mère avait décidé de cuisiner. Hitomi fut assise en bout de table par sa mère et son maître, à la place d'honneur. Elle n'aimait pas trop ce genre de mise en avant, pas dans un milieu familier et protecteur, pas quand elle n'avait rien à prouver, mais s'il ne fallait que cela pour faire plaisir à sa famille, elle les laisserait admirer tout leur soûl. Ils ne la menaçaient pas, se répéta-t-elle derrière un sourire constant et presque lumineux – faux, faux.

Son regard croisa celui d'Ensui, qui hocha discrètement la tête. Il comprenait. Contrairement à elle, il n'avait jamais espéré se retrouver totalement en phase avec ce qui les attendait à Konoha. Il leur faudrait réapprendre à se détendre totalement en présence d'êtres chers, réapprendre à dormir dans un lit imprégné de leur odeur seulement, réapprendre la routine de l'entraînement sur un terrain familier. Ce sentiment de perdition, le vétéran l'avait déjà vécu et vu chez ses camarades après de longues missions à l'étranger, mais ces shinobi étaient souvent plus âgés que son apprentie quand ils partaient. Plus stables aussi.

Après le repas, Shikamaru et Hitomi s'assirent au salon, en seiza à même le sol, tandis que le cadet installait un plateau de shôgi dans l'espace qui les séparait. Les adultes s'entassèrent tous les cinq sur les deux canapés, les couples ensemble, Ensui se demandant sans doute où se trouvait Shizune. Tous savaient ce qui allait se produire sous leurs yeux privilégiés : la première partie de shôgi entre deux jeunes prodiges depuis plusieurs années. Un accord tacite détermina qu'Hitomi ouvrirait la danse. D'habitude, le hasard décidait qui commençait, mais les shinobi manipulaient de tels paramètres avec aisance.

Hitomi consacra la première heure à feindre de menacer le général d'or de Shikamaru et finit par lui prendre l'un de ses précieux, précieux cavaliers. Elle y perdit l'un de ces lanciers, mais elle ne le regrettait pas : ses affinités avec cette pièce se limitaient à la nécessité. Un rictus carnassier joua sur les lèvres de la jeune fille tandis que son cousin formait de ses mains le signe qui trahissait une intense réflexion. Elle le poussait dans ses retranchements. Elle se plongea dans la partie, des milliers de jeux passés dansant devant ses yeux tandis qu'elle luttait pour s'adapter à son style. Il avait tellement, tellement évolué ces dernières années...

Il obtint la première victoire, elle lui arracha la deuxième, et puis tout le monde décida d'aller se coucher. Hitomi laissa son maître – son père – effleurer ses tempes pour lui apporter un sommeil réparateur avant de se diriger vers sa chambre. Tout se trouvait exactement à la place où elle l'avait laissé en partant. La familiarité du décor lui caressait la peau avec la douceur d'une brise d'été – le sentiment d'incongruité qu'elle éprouvait à se trouver dans sa chambre d'enfant la secouait comme un tremblement de terre. Avec un soupir, elle s'allongea dans son lit et ferma les yeux, bien déterminée à s'offrir une pleine nuit de sommeil avant son examen.

Le lendemain, elle arriva à l'hôpital vingt minutes avant l'heure dite et patienta dans une salle d'attente du cinquième étage, Ensui et Kurenai à ses côtés. Elle haussa les sourcils en voyant arriver Inoichi, mais n'eut même pas le temps de le saluer qu'il filait déjà, franchissant la porte d'où quelqu'un devrait l'appeler d'une minute à l'autre. Elle croisa les bras puis les décroisa ; elle refusait de laisser paraître sa légère anxiété. Dans tout le chakra qui l'environnait, elle n'aurait su discerner un Jônin observateur d'un Jônin en convalescence.

— Hitomi, entre, fit la voix de Shizune de l'autre côté de la porte.

Elle s'exécuta et trouva l'apprentie de la Hokage aux côtés d'Inoichi, Tsunade, Kakashi, Ibiki, Tsume Inuzuka et quatre autres Jônin qu'elle ne connaissait pas. La salle était bien plus grande et large qu'elle ne l'avait pensé, mais meublée d'un seul lit et d'une machine qui éveillait chez elle un sentiment de mal-être. Elle ressemblait à ce que le chef des Yamanaka avait utilisé pour communiquer avec tous les shinobi au combat pendant la Quatrième Grande Guerre Shinobi du canon, mais des câbles la reliaient à un écran plat aussi grand qu'un homme et deux fois plus large.

— Hokage-sama, s'inclina-t-elle poliment en entrant dans la pièce.

Sa mère et son père adoptif l'imitèrent. Tous deux semblaient savoir ce qu'il se passait, aussi Hitomi se contenta-t-elle de hausser un sourcil interrogateur plutôt que d'arborer une expression méfiante. Si seulement elle avait eu plus de temps, elle aurait sans doute réussi à tirer les vers du nez... D'Asuma. Kurenai était insensible à ses manipulations la plupart du temps, Kakashi refuserait juste par amusement et Gai – non, elle ne voulait même pas penser à essayer de manipuler Gai.

— Bonjour, Hitomi, fit Shizune d'une voix tranquille. Je serai ton examinatrice aujourd'hui. L'examen sera très simple : Inoichi va te plonger dans une illusion que tu n'auras pas le droit de rompre et qui simulera une mission en solitaire. Il se servira de cette machine pour diffuser les images qui jouent dans ton esprit, pour qu'on puisse tous voir comment tu te débrouilles. Inquiète ?

Elle prit le temps d'y réfléchir. Elle avait déjà effectué des missions de Jônin, vu la malchance qui lui collait à la peau dès qu'elle mettait un pied hors du village. Et seule... Oui, elle avait déjà accompli de telles missions seules. Elle repoussa le souvenir de sa traque à travers le Désert et secoua la tête.

— Non, ça va. On commence ?

Inoichi étouffa un petit rire, ceignit le casque relié à l'écran par une technologie plus que rare à Konoha, puis lui fit signe de s'installer sur le lit et s'en approcha. Quand elle fut allongée, il posa une main tiède et calleuse sur son front. Elle sentit une étincelle de chakra danser sur sa peau puis pénétrer lentement à l'intérieur de son crâne. Ses sens résistèrent un instant, un instinct profondément ancré en elle par l'enseignement de sa mère, puis ses yeux roulèrent dans leurs orbites et elle se laissa aller, glissant dans le monde qu'il dessinait pour elle.

— Hokage-sama, salua-t-elle en entrant dans le bureau de Tsunade.

— Hitomi-chan. J'ai une mission pour toi. Je sais que tu n'es pas Jônin depuis longtemps, mais Shikaku m'assure que tu es prête pour une mission en solo. Voici les instructions.

La jeune fille attrapa le rouleau que sa cheffe de guerre lui lançait d'un geste négligent mais efficace et l'ouvrit, ses sourcils se haussant légèrement à la lecture des ordres sous ses yeux. S'infiltrer dans une forteresse du Pays des Collines. Elle n'y était jamais allée, mais Ensui lui avait raconté bien des histoires concernant cette région, qui n'avait jamais été alliée avec le Pays du Feu malgré leur frontière commune. Durant la Troisième Grande Guerre, quelques-uns de leurs ninjas avaient voulu prendre l'unité Minato à revers. Aucun n'avait survécu.

— Fais tout ton possible pour ne pas être vue ou tuer tous ceux qui t'apercevraient. Cette mission doit être accomplie, mais si on pouvait ne pas provoquer la Quatrième Grande Guerre, ce serait bien.

Un petit rictus se peignit sur les traits d'Hitomi, mais elle acquiesça. Elle comprenait. Le monde n'avait pas besoin d'une nouvelle guerre. Konoha luttait encore pour reconstituer ses forces après les multiples catastrophes qui l'avaient frappées. Elle s'inclina profondément, sa queue de cheval haute coulant par-dessus son épaule gauche dans une cascade de boucles noires. Comme cette vision lui avait manqué... Elle se redressa, son masque le plus professionnel en place sur son visage.

— Ce sera fait, Tsunade-sama.

— Je n'en doute pas. Va.

Hitomi s'élança et, sans la moindre hésitation, sauta par la fenêtre. Elle n'avait pas le souvenir d'avoir déjà agi de la sorte, mais ses gestes trahissaient une telle habitude que son esprit s'arrêta sur cette étrangeté. Il y eut un tiraillement quelque part près de sa Bibliothèque, puis la sensation passa. Elle laissa son corps amortir sa chute d'une roulade et bondit dans la même impulsion, volant de toit en toit avec une grâce dangereuse. Elle croisa Anko qui filait en sens inverse, la salua d'un signe de la main et se dirigea vers les portes du village. Pour cette mission, elle avait le droit de franchir l'entrée principale, en plein jour, à la vue de tous.

Elle montra ses papiers à Izumo, le salua à son tour et s'éloigna, avide de dévaler la route à toutes jambes. Le sentiment de hâte qui frémissait en elle ne supposait aucune patience, aucun temps mort. Elle se serait arrêtée pour invoquer ses chats ninjas si une certaine discrétion n'avait pas été primordiale durant sa mission, cette discrétion incluant son trajet jusqu'au Pays des Collines. Elle voyagerait de jour jusqu'à la frontière, puis uniquement de nuit, le visage dissimulé et son bandeau frontal oublié au fond d'un sceau de stockage, peu importait à quel point elle répugnait à s'en séparer.

Il lui fallut deux jours en solitaire pour avaler la distance jusqu'à la frontière. Elle n'avait pas l'habitude de travailler seule. La seule fois où cela s'était produit, Yatagarasu veillait sur elle, envoyé par Itachi pour l'assister et la protéger quand c'était possible. Ce que son village lui demandait cette fois impliquait une solitude plus absolue, plus prégnante. Mais n'avait-elle pas vécu seule dans sa vie du Monde d'Avant ? Elle savait ce qu'elle faisait. Elle pouvait supporter le sentiment de malaise qui grattait sous sa peau et attisait inutilement le Murmure.

Elle franchit la frontière sous le regard indolent d'une demi-lune et d'une poignée d'étoiles. La forêt se raréfia puis disparut, cédant la place aux collines qui donnaient son nom au pays. Elle ralentit le pas, rangea son bandeau frontal et décida de se faire passer pour une civile. Cela ne la ralentirait pas trop : la forteresse qu'elle devait infiltrer se trouvait à quelques kilomètres à peine du premier hameau qu'elle traversa, dont les habitants dormaient tous. Elle se félicita silencieusement pour son choix de ne pas dormir cette nuit-là.

Une fois le jour levé, elle se trouva un fourré assez épais pour dissimuler sa présence et se plongea dans sa Bibliothèque pendant quelques heures, gardant juste assez de prise sur la réalité pour être capable de réagir si qui que ce soit de plus menaçant qu'un boulanger approchait de l'endroit qu'elle avait choisi pour se reposer. Elle ressentait une étrangeté à l'intérieur de son esprit, mais n'arrivait pas à déterminer de quoi il s'agissait, si bien qu'elle décida plutôt de passer en revue les outils qu'elle pourrait utiliser pour accomplir sa mission. Tant de possibilités...

Elle se réveilla une heure avant le crépuscule et atteignit la forteresse tandis que le soleil achevait de se coucher. Elle se cacha dans un autre buisson, au pied des murailles, ferma les yeux et usa de son sixième sens pour sonder l'entièreté du château. Elle identifia les ninjas, les simples gardes, évalua leurs niveaux respectifs. Elle se sentait capable d'en tuer certains sans même sonner l'alarme. Il leur manquait la rigueur organisée des shinobi de Konoha. Elle resta là un jour et une nuit complète, assez de temps pour obtenir une vague idée de leurs habitudes, ne remuant que pour s'occuper de ses besoins primaires quand ils se manifestaient. Personne ne la repéra – personne ne chercha non plus.

La Lune atteignait son zénith une nouvelle fois quand elle passa à l'action. D'un seul vif mouvement, elle se téléporta derrière un garde – elle avait jeté un galet marqué de sa balise à cet endroit quelques heures plus tôt, quand le bruit de la garde qui changeait avait parfaitement couvert le petit bruit mat de la pierre contre la pierre – et l'enlaça fermement, le poignardant au cœur de la main gauche tout en lui couvrant la main de la droite. Ses doigts exercèrent une légère torsion sur la garde de son sabre, juste de quoi faire entrer une bulle d'air à l'intérieur de son cœur, et il mourut en un instant, sans la moindre résistance.

Tenant toujours fermement son cadavre, elle se téléporta à sa balise dans les fourrés, s'assura que personne ne trouverait le corps et retourna sur le mur. Une tour la protégeait de la vue du garde suivant à gauche, tandis que celui de droite regardait dans la mauvaise direction. Toutefois, elle ne poussa sur sa chance et se dépêcha de se réfugier à l'intérieur de la tour, où elle ne sentait aucune présence. Elle devait trouver quelqu'un, et si elle jouait correctement ses pions, ce quelqu'un serait sa seule autre victime cette nuit-là.

Il ne lui fallut pas bien longtemps pour dénicher sa cible. Il dormait dans son lit orné de dorures, inconscient du danger accroupi sur son appui de fenêtre. D'un simple Sunshin, Hitomi se téléporta à l'intérieur. Il y avait un garde derrière la porte, inutile et gauche. Elle approcha sa cible d'un pas silencieux, contemplant ses traits secs et sévères même dans le sommeil, ses cheveux sombres étalés sur les oreillers rebondis. Cela devait avoir l'air d'une mort naturelle, ou en tout cas ne devait pas crier à l'assassinat. Elle s'accroupit à son chevet et réfléchit, une part de son attention se dédiant à l'écoute de sa respiration. Si elle changeait, elle se cacherait au cas où.

Finalement, la solution lui vint, simple et élégante tout à la fois. Elle se dirigea vers l'endroit où un pied sortait de la couverture, dégaina une simple aiguille de couture et piqua entre ses orteils. Une goutte de sang se forma sous l'aiguille, trop menue pour rouler sur la peau, pourtant cela suffit à ce que le Murmure s'éveille, curieux et appréciatif. Elle effleura la blessure et commença à aspirer le chakra, aussi délicatement que possible malgré la gourmandise de son Kekkei Genkai, jusqu'à ce que les réserves du civil se vident complètement.

La première moitié de sa mission était accomplie. Cet homme, un seigneur du pays, avait attisé les conflits entre Konoha et Iwagakure ces derniers mois, imputant des agressions de pillards et pirates à des shinobi de son village qui n'avaient jamais mis les pieds dans les hameaux dévastés. Hitomi le savait, parce qu'Ensui faisait partie des hommes accusés dans l'ordre de mission remis par Tsunade, alors qu'à cette période il était encore à Kirigakure avec elle. Quelque chose tirailla dans sa Bibliothèque et elle l'ignora. Elle avait encore du travail, après tout.

Elle s'échappa de la pièce comme elle était entrée, escalada le mur jusqu'au toit, plus haut que n'importe quel point de garde du domaine – stupide, stupide. Elle avait eu de la chance avec cette mission : Tsunade avait pu joindre aux documents un plan du château, si bien qu'elle savait où trouver le bureau de sa victime. Pas de vigile dans le couloir qu'elle traversa d'un pas vif, comme si les informations derrière la porte qu'elle visait ne valaient pas la peine d'être protégées. Elle crocheta la serrure à l'aide des outils qu'Ensui lui avait offerts des années plus tôt, toujours acérés et entretenus avec soin, et referma le battant derrière elle.

Son regard vaguement intéressé passa sur un buste en marbre à l'effigie de l'homme qu'elle avait tué, encore un peu plus de dorures, une fleur rare du Pays du Fer. Elle n'avait pas le temps d'observer dans le détail. Elle fouilla d'abord le bureau, sans trouver la liasse de documents demandée par la Hokage, mais s'y attendait un petit peu : elle non plus n'aurait pas rangé de telles informations à l'endroit le plus évident. Elle inspecta la bibliothèque, les bibelots – rien. Pressée par le temps, elle s'arrêta, respira profondément et observa. Qu'avait-elle manqué ?

Finalement, elle carra les épaules et un sourire retors apparut sur ses lèvres. Oh, c'était si intelligent et si surprenant tout à la fois. Elle avait pris les grilles de ventilation pour un simple luxe importé de Sunagakure, d'autant que le climat très tempéré du Pays des Collines n'en nécessitait sans doute pas souvent l'emploi, mais pour un bureau pas spécialement spacieux, quatre grilles, c'était beaucoup, non ? Les deux premières s'avérèrent être exactement ce qu'elles prétendaient, mais son sourire s'accentua quand elle délogea la troisième et découvrit à la place un tiroir rempli de documents. Elle prit seulement celui qui l'intéressait – elle ne voulait pas éveiller les soupçons. Un seul dossier manquant pouvait passer pour perdu, mais une cache entière vidée ? Suspect.

Elle repartit comme elle était venue, sans éveiller le moindre soupçon, et ne s'arrêta que pour ramasser le cadavre du garde qu'elle avait exécuté pour se créer une ouverture. Elle le stocka dans l'un de ses rouleaux de stase. Il n'était pas un ninja, mais peut-être son corps servirait-il un autre but aux mains des légistes de Konoha. Mieux valait un ennemi potentiel que l'un des siens, même ceux qui avaient accepté de céder leur dépouille à la recherche.

Le chemin retour fut dénué du moindre évènement, non qu'elle se soit attendue à en trouver. Au bout de trois jours de voyage, légèrement ralentie par une pluie torrentielle qui s'était abattue sur le Pays des Collines quelques dizaines de minutes après qu'elle ait quitté la forteresse, elle atteignit à nouveau Konoha. Ce fut Kotetsu cette fois qui s'occupa d'inspecter ses papiers et l'insigne de retour sur son front, blaguant et flirtant tout du long, comme il en avait l'habitude. Elle le laissa faire, vaguement amusée, puis se dirigea vers la Tour.

— Tsunade-sama, salua-t-elle quand on lui fit signe d'entrer. Voici le dossier que vous avez demandé. L'homme est mort, bien entendu.

Juste au moment où la main de la cheffe de guerre se posait sur la couverture cartonnée du document, Hitomi se réveilla en sursaut dans son lit d'hôpital. Légèrement engourdie, elle se redressa et regarda tout autour d'elle. Elle vit Inoichi Yamanaka ôter son casque étrange, aperçut les sourires sur les lèvres de ses parents, de Tsunade, et même celui qui plissait légèrement le masque de Kakashi. Battant lentement des paupières, elle attendit le verdict de quelqu'un – ce fut Shizune qui prit la parole :

— Félicitations, Hitomi, tu es promue. Tous les choix que tu as effectués étaient les plus optimaux, à l'exception peut-être du fourré que tu as choisi pour dormir sur le retour. Avoir les pieds mouillés n'est pas vraiment idéal dans un combat. Distrayant.

Une sensation de chaleur envahit la poitrine d'Hitomi tandis que la réalisation s'imposait à elle. Elle avait... Réussi. Pour de vrai. Elle sourit, croisa le regard immensément fier de sa mère et esquiva de justesse en se courbant maladroitement la tape que Tsume Inuzuka voulait lui coller dans le dos.

— Je vous avais dit que la gamine réussirait ! Elle a réussi à convaincre mon Kiba de bosser quand il n'était qu'un gamin emmerdeur, alors un examen ? Pfrr, les doigts dans le nez !

Un petit rire échappa à Ibiki, qui avança d'un pas. Le mouvement attira l'attention d'Hitomi sur lui, ses yeux rouges se teintant d'une inquisition à peine voilée.

— Tsunade-sama, puis-je ? demanda-t-il d'un ton bourru.

— Bah, comme si je pouvais t'en empêcher !

— Vous pouvez m'en empêcher, Tsunade-sama, si vous êtes créative. Enfin, j'imagine que ce n'est pas le moment pour ça. Hitomi-san, six chefs de départements de Konoha désirent vous voir rejoindre leurs rangs. Notre Hokage, dans sa grande sagesse, a décidé qu'il était hors de question qu'on joue l'avenir d'un de ses shinobi au pierre-papier-ciseaux...

— Pardon ?

— C'était ça ou les enchères, mais concentre-toi, ce n'est pas le propos. Donc, elle a refusé, et décidé plutôt que tu ferais des stages d'essai de trois mois dans chaque département qui te veut, et que tu choisirais à la fin de ces dix-huit mois au total lequel tu rejoindrais. Ça te va ?

— Est-ce que j'ai le choix ?

Ibiki haussa les épaules.

— Tu l'auras à la fin, et c'est plus que ne peuvent en dire la plupart de nos ninjas, petite chanceuse. Tu as fait beaucoup parler de toi pendant tes deux examens Chûnin et tous les évènements qui ont ponctué notre histoire récente.

— D-d'accord. Et quels sont ces départements, du coup ?

— Torture et Interrogatoire, bien entendu, Recherche et Développement, Traque et Capture, Assassinat, Cryptage et Décodage, et Infiltration et Espionnage.

— Je vois... Merci des informations, Ibiki-san. Quand est-ce que je commence avec vous ?

— Demain. Habille-toi de vêtements sombres, génériques et dans lesquels tu peux bouger librement. Tes chaussures fermées sont un excellent choix pour ce domaine, aussi, tu t'en rendras vite compte.

Sur ces mots, le chef du département Torture et Interrogatoire s'inclina et prit congé, son long manteau virevoltant d'une manière plus que théâtrale sur son sillage. Hitomi battit des paupières, plus impressionnée qu'elle ne voulait l'admettre, et rechercha les regards de sa famille, leur approbation.

— Je suis très fière de toi, ma puce, sourit Kurenai. On ne peut pas manger des gyôza deux jours de suite, mais tu veux qu'on commande chez Ichiraku pour fêter ça ?

Un petit rictus amusé se peignit sur les lèvres d'Hitomi et elle acquiesça. Des ramen seraient un bon hommage à Naruto. Après tout, c'était un peu pour lui qu'elle avait voulu cette promotion et tous les avantages, toute la liberté qui allaient avec.

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