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L'enfant égaré

Bonjour mes petits lapins ! Ce chapitre contient une scène de sexe explicite. Vous connaissez la chanson : si vous voulez la lire, vous la retrouverez sur Archive Of Our Own, la fanfic y est publiée sous le même nom. Par ailleurs, petit rappel que nous devrons bientôt (chapitre 146) ouvrir un nouveau recueil pour les chapitres de Shippuden afin de ne pas atteindre la limite de 200 chapitres imposée par Wattpad. Je vous le rappellerai régulièrement, et ce jour-là, vous aurez non pas un mais deux chapitres ! Enfin, petite annonce : j'ai commencé à publier sur Plume d'Argent et Scribay mon projet en cours, une romance très douce à Londres. Ca s'appelle Le Sourire d'Eleanor, n'hésitez pas à passer découvrir cette histoire adorable !


— Hi-Hitomi-nee, souffla Sasuke en la reconnaissant.

Elle n'avait pas tant changé que ça ces dernières années, mais il l'avait attaquée de dos, et elle ne portait pas ses vêtements habituels. Il n'aurait pas dû s'en vouloir, puisque rien de grave ne s'était produit. Pourtant, ses traits se tordirent de culpabilité pendant un instant avant de retrouver une expression glacée, impassible. Elle se sentait engourdie, émotionnellement épuisée d'un seul coup, si bien qu'elle ne savait que dire – elle n'eut pas le temps de trouver parce que Sai s'effondra à ses pieds en gémissant de douleur, les paumes pressées sur ses yeux.

Sans parvenir à détourner le regard de Sasuke, Hitomi s'agenouilla près de son camarade et posa une main contre sa carotide, prise de court par l'emballement de son cœur. Comment avait-il pu éveiller le Sharingan ? Non, ce n'était pas la question la plus urgente. Comment avait-il pu le faire sans accès à son chakra ? Elle essaya de trouver une réponse dans le souvenir des traités médicaux qu'elle avait lus mais elle n'était pas Tsunade ou Shizune. Elle n'était pas son maître – et elle devrait les laisser tous les trois trouver une réponse à cette question. Son rôle à elle serait de cacher Sai à Danzô... Elle trouverait quelque chose, n'importe quoi.

Il finit par perdre connaissance, sans doute dépassé par la douleur dans ses yeux et son crâne. Sasuke avait observé sans rien dire, ses Sharingan ouverts eux aussi. Il n'avait pas formé son Kaléidoscope, mais le simple souvenir de sa toute première ouverture blessait Hitomi... Et Sasuke aussi. Elle se souvenait de son expression quand elle l'avait forcé à la poignarder. Il serra les poings quand elle se redressa mais ne l'attaqua plus ; il avait même rengainé son sabre, celui qu'il avait récupéré des années plus tôt dans la chambre de ses parents.

— Qu'est-ce que tu fais ici ? finit-il par demander. Qui est ce type ?

Elle avait envie de fermer les yeux et de s'imprégner de sa voix devenue plus grave, plus profonde. Elle ne disposait pas d'un tel luxe, cependant. Elle ne savait pas combien de temps Sai resterait évanoui, et quand il se réveillerait... Elle n'était pas prête à lui confier ce secret.

— On était en mission au Pays des Crocs et nous avons été trahis. L'Akatsuki et Crépuscule nous ont attaqués, on a été blessés tous les deux, mais Sai a été empoisonné par Akasuna no Sasori. Il a survécu, heureusement.

— Un de tes nouveaux amis ?

Une once de souffrance perça dans la voix de Sasuke, comme une insécurité. Il était parti et s'attendait à avoir été remplacé. Comme si c'était possible. Il était son précieux, précieux petit frère.

— Pas vraiment un ami, répondit-elle d'une voix douce, mais un camarade. C'est un orphelin de l'ANBU qui a été intégré dans les rangs officiels... Et il fait partie de la Racine.

— La Racine... La même Racine où est mort le fils d'Ensui-san ?

La jeune femme acquiesça, temporairement muette. Elle n'avait pas besoin d'expliquer à Sasuke comment elle savait, pas alors qu'il avait passé des années à la voir percevoir le chakra alentours avec une acuité qu'il ne posséderait jamais, quand bien même il était plutôt doué dans le domaine. Le jeune homme sembla ruminer ces nouvelles connaissances pendant un moment, les traits assombris par la concentration.

— C'est un Uchiha ?

Elle hésita mais finit par hausser les épaules, considérant l'idée tout en parlant :

— Je n'en ai aucune idée. Comme je t'ai dit, il est orphelin. Il ressemble à un Uchiha, en tout cas... Peut-être un bâtard dont le village n'avait pas connaissance ?

— Oui... Oui, c'est possible. Itachi n'aurait pas pu massacrer un enfant dont il ignorait l'existence.

Un peu de l'amertume de Sasuke envers son frère avait disparu au fil des années dans le giron de Kurenai, mais cela faisait plus de deux ans qu'il n'avait plus eu droit à un peu d'amour familial. Cela lui manquait-il ? Cela manquait à Hitomi en tout cas. Elle aurait aimé dormir une nuit à ses côtés, ses cauchemars chassés par sa simple présence dans le même lit, bien que tous deux soient trop vieux désormais pour une telle proximité. Elle aurait aimé partager un repas avec lui dans la cuisine de Kurenai. Elle aurait aimé... Trop de choses. Des choses impossibles.

— Tu as dit que tu étais blessée. C'est grave ?

Elle soupira et détourna le regard, mais finit par répondre :

— Ca ne le serait pas si je n'avais pas dû sceller nos chakras pour nous cacher d'une perceptrice dans l'équipe qui nous a attaqués. J'aurais guéri et j'aurais pu essayer de soigner Sai. Heureusement, le poison utilisé par Sasori n'était pas conçu pour le tuer mais pour rendre sa victime inoffensive.

— Tu es encore malade ?

Elle déglutit difficilement mais acquiesça – il ne servait à rien de mentir à Sasuke, son frère, même s'il portait sur son front un bandeau à l'insigne barré.

— Je suis en train de guérir mais nous avons épuisé tous nos médicaments. On avance tellement lentement... On devrait atteindre la frontière dans une semaine, à ce rythme. Tu vas nous laisser repartir, pas vrai ?

— Je vais faire mieux que ça. À vitesse de shinobi, ça ne prend que quelques heures et je peux disparaître pendant ce laps de temps sans problème. Je vais créer un clone et vous porter jusque-là, si ça te convient.

— Si ça me convient ? demanda-t-elle avec un petit rire. Sasuke, je t'aime énormément, mais je ne peux attendre d'être sortie du pays où Kabuto règne en maître.

— Je comprends. Je déteste travailler pour lui, mais Tsunade-sama me l'a demandé, alors... J'ai hâte qu'un Village Caché se décide à détruire Otogakure pour de bon.

— Tant que tu arrives à t'en aller avant, ça me va aussi. Enfin, ce n'est pas pour tout de suite, de toute façon. Les autres villages se fichent d'Otogakure, et Konoha n'est pas encore assez forte pour démarrer une nouvelle guerre.

Ce ne serait une Grande Guerre, mais tout de même, Konoha avait besoin de temps pour se remettre de toutes les calamités humaines et naturelles qui avaient entaché son histoire récente. Encore maintenant, les shinobi devaient travailler dur afin d'accomplir assez de missions pour que leur village fonctionne convenablement. Même si la situation commençait à se stabiliser, Tsunade n'était pas assez folle pour renvoyer ses troupes dans une situation qui leur coûterait un trop grand nombre de vies.

— Allez, grimpe sur mon dos. Je vais m'assurer que ton camarade reste endormi et créer un clone pour le porter.

— Merci, Sasuke, murmura-t-elle en s'exécutant.

Il s'accroupit dos à elle, la laissa s'accrocher à ses épaules puis se redressa lentement tout en sécurisant ses jambes autour de sa taille. Quand elle ne risqua plus de tomber, il libéra ses mains et effectua la Mudra de la Croix, créant un clone solide qui ramassa le corps inconscient de Sai dans ses bras. Il avait l'air tellement fragile, amaigri et affaibli par la maladie, que même dans un état à peine meilleur Hitomi devait lutter contre l'instinct qui voulait la voir le rejoindre, l'étreindre, le protéger. Elle se maîtrisa, posa plutôt la tête sur l'épaule de Sasuke et ferma les yeux, se laissant bercer par le rythme régulier de sa course à travers les arbres.

Quand elle se réveilla, la nuit était tombée et elle se trouvait allongée sous une couverture, dans une grotte inconnue, un petit rouleau de parchemin sur la poitrine. Elle se redressa et l'ouvrit, les doigts rendus maladroits par le manque de chakra et la fatigue. Sai était assis un peu derrière elle, le regard perdu devant lui. Sa main, cependant, restait posée sur la garde de son tantô, comme s'il était prêt à dégainer et la défendre. Elle baissa les yeux sur le parchemin entre ses doigts. Une carte sommaire de la frontière et une petite croix qui lui montrait où elle se trouvait, ainsi qu'un petit mot tendre de l'écriture de Sasuke. Elle chiffonna le tout une fois mémorisé et le cacha dans sa manche.

— Je suis désolée, j'ai dormi longtemps ?

— Je suis réveillé depuis deux heures et tu n'as pas remué depuis. Tu peux me raconter ce qu'il s'est passé pendant que j'étais évanoui ?

Elle acquiesça, fabriquant à toute vitesse un mensonge plausible avant d'ouvrir la bouche.

— Sasuke se sentait toujours coupable de m'avoir laissée pour morte quand il a déserté il y a quelques années, alors il nous a laissés partir en guise de remboursement pour cette dette. Il m'a dit que s'il me revoyait sur les terres du Pays des Rizières, il me tuerait ainsi que tous les shinobi avec moi.

— Ton dossier dit qu'il s'agit de ton frère adoptif. Est-ce que c'est pour ça que tu as préféré ne pas essayer de le tuer ?

— Ca, et aussi le fait que je n'avais pas accès à mon chakra, et lui oui. S'il avait décidé de nous abattre, il ne lui aurait fallu qu'un instant, Sai. Si tu n'avais pas...

— J'ai mal aux yeux, interrompit-il d'une voix étranglée. J'ai encore mal aux yeux, comme si quelque chose derrière tirait et tirait sans me laisser la moindre pause.

— Laisse-moi regarder.

Il s'assit devant elle, la laissant poser une main sur son menton et plonger son regard dans le sien. Plusieurs vaisseaux sanguins avaient éclaté dans ses globes oculaires, et des cernes profonds se dessinaient sous ses yeux. Elle lui caressa la joue avec douceur, un petit sourire triste aux lèvres.

— Sai, tu as réussi à arrêter le sabre de Sasuke uniquement parce que tu as éveillé le Sharingan.

— J-je ne...

— Si. C'est possible. Je suis sûre qu'il y a une explication. C'est pour ça que tu as mal, parce que ton corps a besoin de s'adapter à cette nouvelle capacité et n'y parvient pas. Ça ira mieux quand Tsunade aura pu briser le sceau qui empêche notre chakra de circuler correctement dans nos membres. En attendant, tu prendras des antidouleurs et tu resteras autant que possible à l'abri de la lumière.

— Hitomi-chan, je n'ai pas éveillé le Sharingan. C'est impossible.

— Impossible, vraiment ? J'ai grandi avec Sasuke. Je connais son Kekkei Genkai aussi bien que lui-même, et j'ai vu tes yeux, Sai. Rouges, deux tomoe dans celui de gauche et un seul dans celui de droite. Tes pupilles sont encore faibles, imparfaites, mais elles n'ont rien d'ordinaire.

— Mais Danzô-sama l'aurait su, non ?

Le visage d'Hitomi se ferma, et pas seulement parce que c'était la première fois que Sai mentionnait le traître devant elle. Elle changea de position jusqu'à enlacer son camarade, jusqu'à ce qu'il se détende et entoure ses hanches de ses bras à son tour. Il avait besoin du réconfort, et elle aussi. Il ne servait à rien de le nier.

— Tu ne dois surtout pas en parler à Danzô-sama, Sai. Je t'en prie, je t'en supplie, ne lui en parle pas.

— Je dois...

— Je sais ce que tu es pour lui. Je l'ai toujours su parce que je sentais le sceau sur ta langue. J'ai décidé d'apprendre à te connaître malgré tout et je tiens énormément à toi, maintenant. Sai, si tu dis à Danzô que tu as éveillé deux Sharingan, il te les arrachera pour les faire siens.

— Danzô-sama ne ferait jamais ça, enfin, Hitomi-chan. Il n'œuvre que pour le bien de Konoha.

— Vraiment ? Et c'est pour le bien de Konoha qu'à chaque fois que je me trouve à moins de cent mètres de lui, je sens les dix Sharingan greffés dans son bras et celui dans son œil droit ? Il y a aussi quelque chose de bizarre dans tout le côté droit de son corps, quelque chose qui me rappelle les Chênes d'Hashirama.

Sai se figea dans ses bras, une expression horrifiée sur les traits. Il lisait la vérité sur le visage d'Hitomi, la terreur dans ses pupilles dilatées et ses mains tremblantes. Il laissa échapper une petite expiration étranglée, se prit la tête entre les mains et se referma sur lui-même. La jeune femme comprenait qu'il ait besoin de réfléchir. Elle venait de briser l'illusion de son monde en éclats sans égard ni délicatesse, quelque chose qu'elle aurait préféré éviter... Si l'urgence ne l'avait pas poussée à ce choix quelque peu cruel.

— Shin...

Elle se raidit en entendant le nom de l'agent de la Racine entre les lèvres de Sai. Elle n'avait jamais rencontré ce jeune homme mais se souvenait bien entendu de l'histoire qui le reliait à son camarade : il avait été comme un frère pour lui, jusqu'à ce qu'il s'éteigne d'une maladie inconnue. C'était ce fait, ce coup du sort, qui avait empêché Danzô de terminer tout à fait le lavage de cerveau qu'il avait prévu pour Sai, et qui donnait à présent à Hitomi une mince opportunité de le soustraire à ses griffes avides.

— Qui est Shin ? demanda-t-elle pourtant d'une voix douce.

Il resserra convulsivement son étreinte sur elle – cela fit mal pendant une seconde avant qu'il se souvienne qu'elle était bien plus menue et fragile que lui sans chakra pour renforcer ses membres, ses muscles, ses os.

— Il avait deux ans de plus que moi. C'était... C'était aussi l'un des disciples de Danzô-sama. Plus fort, plus âgé, et pourtant il passait tout son temps libre avec moi. Il m'a encouragé à dessiner, à m'exprimer et à raconter une histoire. Il est décédé quelques jours avant notre combat prévu par notre maître. Il m'aurait sans doute tué, il était tellement plus fort... Mais il est... Tombé malade. C'est ce qu'on m'a dit. J'ai... Voulu contester quand j'ai trouvé les petites pilules rouges sous son futon, mais Danzô-sama m'a donné une mission loin du village et quand je suis rentré, il s'est assuré que je sois toujours occupé.

Le cœur d'Hitomi se serra. Voilà quelque chose qu'elle ignorait, mais si c'était vrai...

— Il se serait suicidé ? Pour ne pas avoir à te combattre ?

— Si ce que tu me dis sur Danzô-sama est vrai, je ne vois pas d'autre explication. Les maladies sont si rares pour les shinobi, soit on naît avec soit elles se déclenchent à cause du manque de chakra. Et ces pilules rouges ressemblent beaucoup à celle du trio de pilules des Akimichi. Je n'ai pas essayé d'en prendre une mais j'en ai donné une à un rat de laboratoire. Il est mort en quelques secondes.

— Je suis vraiment désolée, Sai.

Il recula légèrement la tête afin de croiser son regard, l'air quelque peu surpris.

— Pourquoi ? Ce n'est pas toi qui lui a mis les pilules entre les mains ou l'a poussé à s'ôter la vie. Pourquoi es-tu désolée ?

— J-je suis... Je suis triste pour toi, Sai. Je ne peux même pas imaginer à quel point tu as dû te sentir perdu et seul quand il est mort. J'aurais aimé être déjà là pour toi à cette époque.

— Est-ce que tu as eu quelqu'un à tes côtés quand Sasuke a trahi le village ?

Hitomi eut l'impression que l'air qu'elle aspirait se changeait en glace quand elle comprit cette question. Elle n'avait pas envie de revenir aux souvenirs de cette période, aux pensées autodestructrices qui l'avaient poursuivies dans le sommeil et l'éveil, à l'impression d'agoniser lentement en punition de son échec. Elle força pourtant un sourire sur ses lèvres tandis que Sai posait une main sur sa hanche. Le contact la surprit mais lui plut, parce que sa main était chaude et douce sur la peau nue, d'autant qu'elle était couverte d'habitude.

— Mon maître était là pour moi. Ma mère et Kakashi-sensei étaient dévastés, je le sentais, et je n'arrivais pas à supporter la douleur de quelqu'un d'autre en plus de la mienne. Naruto est très vite parti avec Jiraiya-sama, sans doute pour essayer de fuir la souffrance qu'il ressentait... Et puis il n'y avait plus qu'Ensui-shishou et moi, à nouveau.

Elle ne parla pas de l'entre-deux, de la période qui avait précédé et suivi l'examen Chûnin de Kusagakure : elle adorait Sakura et Karin, mais leur amitié n'avait pas suffi à repousser les pensées les plus sombres, les plus destructrices. Rien n'aurait suffi, pas alors qu'une petite part de l'esprit d'Hitomi avait montré une telle détermination à l'empoisonner lentement mais sûrement. Sans Ensui, elle aurait sans doute abandonné l'idée de vivre, aurait disparu dans une explosion de flammes et de gloire en emportant un quelconque ennemi avec elle.

— Tu es très proche de ton shishou, pas vrai ?

— Il est comme un père, pour moi. En fait, aux yeux de la loi du village, il est mon père, maintenant. Il m'a adoptée. Il m'a sauvée de moi-même un nombre incalculable de fois.

Avec sa mémoire, elle aurait pu compter, mais elle s'y refusait. Leur relation ne se basait pas sur le fait de sauver l'autre, même si Hitomi avait conscience d'avoir elle aussi sauvé son maître, en quelque sorte, au début de leur relation. Si elle n'était pas arrivée dans sa vie, si elle ne l'avait pas forcé à prendre soin de quelqu'un et par extension de lui-même, il aurait fini par tourner déserteur ou se refermer sur lui-même jusqu'à devenir l'un des quelques ermites du Bois aux Cerfs.

— Je pense que j'aurais aimé avoir une famille, musa Sai au bout de quelques minutes de silence. Je n'ai connu que la Racine et Shin, bien entendu, mais ta voix est tellement douce quand tu parles de ton père ou de tes frères... Même Sasuke. J'aurais aimé connaître ce genre de relations.

— Tout n'est pas encore perdu, Sai. Tu n'as pas eu de famille durant ton enfance, mais tu peux en obtenir une durant ta vie adulte, qu'il s'agisse d'amis ou de quelqu'un que tu aimeras, avec qui tu aurais des enfants naturels ou adoptés.

— Mais cette compagne ne serait pas toi, pas vrai ? demanda-t-il d'un ton doux et triste.

Un sourire mélancolique trouva sa place sur les lèvres d'Hitomi. Elle resserra son étreinte autour de Sai.

— Non, pas moi. Je peux t'offrir bien des choses mais pas ça. Mon destin m'attend ailleurs qu'à ton bras. Je t'offrirai mon amitié, mon corps si tu le veux toujours, mais je ne peux pas te donner le genre d'amour que tu pourrais rechercher une fois que tu auras tout cela.

La main du jeune homme se crispa sur sa hanche, presque douloureuse mais pas tout à fait.

— Je prendrai ce que tu me donneras. Tu ne devrais pas m'offrir quoi que ce soit de tout ça, selon toute logique. Je suis assez lucide pour savoir que nous appartenons à des camps différents.

Elle soupira, les yeux clos. Ce n'était qu'une partie de la vérité. L'autre partie... Le dénouement de l'autre partie approchait et elle ne voulait pas y penser.

— Sai, est-ce que tu es obligé de dire à Danzô que tu as éveillé le Sharingan ?

Il se crispa contre elle, sembla s'étouffer sur sa salive – était-ce son sceau qui s'activait ? – puis s'apaisa et répondit :

— Danzô-sama dispose de moyens pour me forcer à parler s'il soupçonne que je lui cache quelque chose. Je n'ai jamais essayé de lui dissimuler quoi que ce soit, donc je pense qu'il ne se méfierait pas de moi... Mais ce n'est pas une garantie suffisante pour toi, pas vrai ?

— Non, ce n'est pas suffisant. Je ne parierai pas ta survie, tes yeux, sur ta capacité à mentir à un homme qui t'a éduqué et fait hélas partie des plus puissants shinobi de ce monde. Je réfléchis à une solution et je t'en reparle quand j'en trouve une convenable, d'accord ?

— D'accord. En attendant, je veux bien ce que voudras me donner, Hitomi-chan.

Elle leva les yeux ; la solitude innommable qu'elle rencontra dans son regard lui serra le cœur. Comment avait-elle pu ignorer la manière dont elle détruisait et reconstruisait tous les repères dans sa vie de parfait petit outil ? Elle chassa l'impression d'étouffer qui rampait comme une ombre grandissante à l'intérieur d'elle et lui caressa la joue, orientant son visage avec douceur de manière à pouvoir l'embrasser. La prise qui s'était détendue sur sa hanche se resserra à nouveau, presque trop.

— Laisse-moi prendre soin de toi, Mori no Sai, murmura-t-elle contre ses lèvres.

D'un mouvement souple, elle changea de position et s'installa face à lui, à califourchon sur ses jambes. Il la regardait comme si elle constituait son univers tout entier ; dans cette grotte perdue à quelques kilomètres à peine de la frontière d'un pays ennemi, sans plus aucun des repères qui avaient bercé sa vie entière, c'était sans doute un peu le cas. Elle lui caressa la joue, la gorge, la clavicule, repoussant le tissu de son haut quand il commença à la gêner sans pour autant l'en débarrasser pour l'instant.


[PASSAGE CENSURÉ, version complète sur AO3]


Il y avait une source à quelques mètres de l'entrée de la grotte, elle l'entendait. Elle irait nettoyer son corps des traces de leurs ébats à cet endroit dans quelques minutes : pour l'instant, elle préférait rester blottie contre Sai, laisser ses bras qui l'enlaçaient avec douceur et révérence chasser le froid qui descendait lentement sur leur petit coin de monde. Son regard sombre semblait incapable de la quitter ou d'éteindre cette petite étincelle de fascination dont elle ne ratait rien.

— Demain, fit-il quand sa voix ne risqua plus de trembler, je ferai du repérage autour de cette grotte. Tu devrais encore te reposer pendant ce temps, ta respiration siffle. Je ne veux pas que tu retombes malade. D'ailleurs, tu devrais te rhabiller avant que ces courants d'air...

Elle l'interrompit d'un petit rire triste et attendri tout en attrapant le haut qu'elle avait laissé choir à sa gauche quelque part durant leur étreinte, pour savourer le contact de sa peau contre la sienne et la manière dont son regard s'embrumait quand elle pressait sa poitrine contre ses pectoraux. Elle se sentit à peine plus protégée en le revêtant, mais elle ne pouvait s'en remettre à son kimono encore encroûté du sang séché des shinobi qu'elle avait tués, pas alors que certaines de ses blessures ne s'étaient pas tout à fait refermées. Dire qu'avec son chakra elle aurait guéri en deux jours à peine...

— Non, nous devons repartir demain. Plus vite Tsunade-sama pourra t'examiner et mieux je me sentirai. En plus, je dois trouver un moyen de te faire passer par la Porte aux Cerfs sans que qui que ce soit au village nous remarque...

— La Porte aux Cerfs ?

— C'est l'entrée secrète du clan Nara, qui donne accès directement à nos terres. Je vais te faire mourir et disparaître, Sai. Personne ne nous trahira chez les Nara, et mon père et mon oncle disposent de moyens pour contacter Tsunade-sama en toute discrétion. Ils peuvent même m'utiliser moi et l'une de mes balises pour ce faire. Je vais te faire entrer au village par la Porte aux Cerfs, nous expliquerons la situation à Tsunade loin des oreilles indiscrètes de la Racine, puis je te créerai une nouvelle identité.

— Je vais devoir mourir et renaître, c'est ça ?

Hitomi baissa les yeux sur les mains de Sai, qui déposaient des caresses légères comme une plume sur ses bras.

— Oui. Je l'ai déjà fait, en quelque sorte, pour d'autres personnes qui avaient besoin de disparaître. Je ne suis pas pleinement satisfaite par cette solution, mais ça me paraît toujours mieux que de te laisser prendre des risques face à lui... Si tu l'acceptes.

Le silence s'éternisa entre eux, occupant tout l'espace de la grotte pendant les minutes que Sai passa à réfléchir, les yeux mi-clos. Finalement, il sourit, une expression presque parfaitement sincère.

— Je n'ai jamais accordé d'importance à la personne que je devais devenir pour accomplir les ordres. Peut-être que l'identité que tu créeras pour moi deviendra importante, elle.

Puisque ce problème au moins était réglé, Hitomi se détendit et se laissa fondre encore quelques minutes dans l'étreinte de Sai. Elle songerait à la suite plus tard.

La suite pouvait attendre, de toute façon.

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