Départ pour Kusagakure
Bonjour ! Ce chapitre n'est exceptionnellement pas corrigé car mon pc portable refuse de charger le google doc sur lequel je fais mes corrections. Je vous mettrai la version corrigée dès que j'aurai accès à un fixe. Bonne lecture !
Pendant les jours qui suivirent, les trois jeunes filles passèrent beaucoup de temps à discuter du terrain de Kusagakure, des conditions météorologiques à cette période de l'année, de la faune et de la flore de la région. Leur source d'information privilégiée était bien entendu Karin, qui avait vécu là de sa naissance à sa récupération par Tsunade, finalisée à grands coups de menaces diplomatiques quand elle avait eu le temps d'examiner le dossier en question, quelques semaines après avoir officiellement prit ses fonctions de Hokage. Elles posèrent aussi beaucoup de questions à Shikaku, qui avait occupé le pays pendant près d'un an à la fin de la Deuxième Grande Guerre Shinobi, et à d'autres ninjas qui avaient servi là-bas.
Coincé entre les Pays du Feu et de la Terre, le Pays de l'Herbe, où se trouvait le village de Kusagakure, était doté d'un climat plus humide et plus froid que Konoha. Les marais y étaient légion, tout comme les animaux qui y pullulaient. Le terrain, plus mou et moins friable, dissimulait souvent des pièges semblables à des sables mouvants, et les nuisibles étaient parfois particulièrement contrariants. Ensui confia à Hitomi plusieurs formules de répulsifs, Tsunade en offrit d'autres à ses apprenties. En somme, elles se préparaient, et pas seulement aux ninjas ennemis qui se dresseraient sur leur route.
Kakashi les entraînait sans pitié, mais sans les épuiser au-delà de leurs limites non plus. Il empêchait même Hitomi de pousser sur ses forces, usant quand c'était nécessaire d'un délicat mélange de manipulation psychologique et d'autorité incontestable. Oh, il n'était pas dupe : il savait parfaitement qu'une fois rentrée chez elle, elle travaillait sur ses sceaux, mais Ensui s'assurait qu'elle aille se coucher à une heure décente, et il avait sur elle bien plus d'ascendant que Kakashi n'en aurait jamais.
La veille du départ, les trois jeunes filles passèrent ensemble la nuit chez Kurenai pour contrôler une dernière fois leur équipement. Elles ne rentreraient à Konoha qu'à l'issue de la deuxième épreuve, pour pouvoir se préparer au tournoi dans des conditions optimales. Cela signifiait qu'elles devaient prendre maintenant tout ce dont elles pensaient avoir besoin pour réussir les deux premières épreuves, et improviser en cas d'oubli. Heureusement, grâce aux sceaux de stockage d'Hitomi, elles n'avaient pas besoin de se limiter sur les volumes ou les quantités – elle était devenue douée pour les dissimuler aux endroits les plus improbables de sa tenue.
Kakashi n'eut pas plus de quinze minutes de retard le lendemain matin, un effort très décent de sa part. Hitomi avait déjà fait ses adieux à Ensui et Anosuke, ainsi qu'au reste de son clan. Les deux autres équipes de sa génération participaient également ; la jeune Yûhi s'était étranglée sur sa salive en voyant Sai, l'agent de la Racine, remplacer Shikamaru auprès d'Ino et Chôji. Danzô avait-il besoin d'un espion dans l'examen étranger, ou profitait-il juste de l'occasion pour faire monter l'un de ses soldats dans la hiérarchie officielle du village ?
L'examen de Kusagakure se déroulerait en petit comité, par rapport à ceux organisés par les grandes Nations Élémentaires. Konoha n'y envoyait que six équipes, dont ses rookies – Hitomi et ses pairs – contre vingt-neuf lors de l'édition qu'elle avait hébergée. D'après Kakashi, c'était le cas des autres villages qui participeraient : d'après les données récoltées par les espions du village, Kumogakure et Iwagakure enverraient chacune une équipe par politesse, Suna proposerait trois équipes, Amegakure et Takigakure deux équipes chacune, et Kusagakure, le village-hôte, huit équipes. Soixante-neuf Genin, contre cent-cinquante-trois lors de l'examen précédent.
Kakashi leur avait expliqué que ces effectifs étaient imposés par une clause du traité encadrant les examens partagés : pour les pays qui ne faisaient pas partie des cinq grandes puissances, il était impossible d'accueillir un évènement colossal, et les villages ne pouvaient donc leur envoyer qu'un certain pourcentage de leurs Genin. Cela signifiait que le niveau de ces examens était généralement plus élevé dès la deuxième épreuve, pendant laquelle les affrontements étaient autorisés, voire inévitables.
Quand toutes les équipes furent présentes, Tsunade vint leur adresser quelques mots d'encouragements et de bonne fortune, puis ils se mirent en route. Seuls les escortaient les six sensei, dont Kurenai, Asuma et Gai Maito, bien entendu. Hitomi n'avait pas douté un seul instant que son équipe ferait partie de celles sélectionnées pour se présenter à Kusagakure. Ils avaient tous déjà un niveau amplement suffisant pour se distinguer, et Konoha avait cruellement besoin de prestige pour se redresser après l'affront qu'avait été l'invasion.
Les trois équipes Rookies, ainsi que celles de Gai, passaient la plupart de leur temps ensemble. Sans la mission de poursuite de Sasuke, Neji n'aurait pas été accepté parmi eux : Hitomi ne lui avait toujours pas pardonné l'attaque d'Hinata, et ses camarades avaient tendance à suivre le mouvement, presque par réflexe parfois. Mais il avait frôlé la mort pour les siens, sans poser de question, sans hésiter un seul instant, et ça l'avait adoucie malgré elle. Les deux autres équipes envoyées par Tsunade ne se mêlaient pas à eux, se contentant de leur jeter parfois de petits regards condescendants. Ils n'éveillaient pas vraiment chez Hitomi ou ses pairs l'envie de socialiser.
Il ne fallait normalement qu'une journée pour rallier ce point de la frontière à la vitesse d'un shinobi, mais pour un groupe aussi volumineux, la vitesse n'était pas la priorité. Ils devaient parfois prendre des détours pour trouver des chemins qui leur épargnerait de se séparer, et le soir venu, durent s'installer dans une plaine pour camper, à peu près à mi-chemin de leur destination. Les sensei se répartirent autour du camp pour mieux le protéger, tandis que les Genin s'appropriaient le terrain – la Compagnie des Neuf et l'Équipe Gai d'un côté, les deux autres équipes de l'autre.
— Je vous propose un pacte de non-agression et coopération pour les deux premières épreuves, annonça Hitomi à voix basse. Neji, Lee, Tenten, vous n'en faisiez pas partie la dernière fois, mais je pense qu'on s'accordera tous sur ce point : vous faites partie de la bande, désormais.
Son regard plongea dans celui de Neji, déterminé, presque sévère. Elle n'oublierait pas... Mais elle pouvait ranger ses griefs quelque part où ils n'interféreraient pas avec la mission, qui était de briller durant cet examen. Tsunade ne voudrait pas que les Genin sur qui elle plaçait toutes ses attentes s'écharpent au motif de querelles puériles. Ses amis hochèrent tous la tête les uns après les autres.
— Ca nous va, répondit Kiba au nom de son équipe.
— Nous aussi, ajouta Ino.
Sai n'avait pas encore une seule fois pris la parole depuis le départ. Il s'était présenté avant que Tsunade ne vienne leur faire ses adieux, mais d'une manière si forcée et peu naturelle que personne n'avait su que lui répondre, quelques polies platitudes exceptées. Même maintenant, alors que son opinion aurait pu être pertinente, il se contenta de les fixer intensément du regard. Il ressemblait tant à Sasuke quand il faisait ça, avec ses yeux noirs, ses traits altiers et sa peau pâle qui criaient Uchiha à qui voulait l'entendre, qu'elle avait pris soin de ne pas l'observer – un simple aperçu de lui réveillait des souvenirs qu'elle préférait ignorer.
— Alors c'est entendu. Sai-san, puisqu'il s'agit de ton premier examen, voici ce qu'on sait...
Ino et Chôji lui avaient sans doute déjà expliqué tout ça, mais ça ne faisait pas de mal de revenir sur le sujet. C'était peut-être même rassurant pour certains d'entre eux, comme Hinata et Chôji, que la perspective d'un nouvel examen rendait nerveux. Sous la discrète surveillance des Jônin, elle réexpliqua le principe général auquel répondait chacune des trois épreuves, la possibilité d'une présélection entre la deuxième et la troisième, les informations récoltées concernant Kusagakure.
Ils arrivèrent au village étranger sous un soleil rieur, en plein après-midi. Le voyage par les plaines qui marquaient la frontière entre les deux pays avait été bien plus facile et donc plus rapide, pour le plus grand soulagement des Jônin, qui n'aimaient pas s'attarder sans raison en territoire ennemi. Personne n'osa souligner que Kusagakure n'était pas exactement un ennemi. Ils avaient vécu une, voire plusieurs guerres, certaines sur les terres qu'ils foulaient en ce moment.
Une équipe de Kusagakure les attendait à l'entrée du village, composée entièrement de Chûnin. Ils les accueillirent avec politesse, échangeant principalement avec les Jônin-sensei, puis vérifièrent les identités de chaque participant. Le Village Caché dans l'Herbe était aussi appelé le Village de la Diplomatie. C'était là que se signaient certains traités de paix et de commerce, quand les grands seigneurs et les Kage ne voulaient pas se déplacer jusqu'au Pays du Fer, où seules se tenaient les réunions impliquant les chefs des cinq grands villages ninjas. Pour ces shinobi qui apprenaient à traiter alliés comme ennemis avec doigté dès l'enfance, l'exercice du jour n'était qu'une douce blague.
Ils furent escortés vers leur hôtel – traditionnellement, les délégations des différents villages logeaient toutes dans un hôtel différent, pour limiter un maximum les conflits – tandis que leurs hôtes leur expliquaient les règles qui s'appliqueraient à leur séjour au village. Ils avaient le droit de se balader librement dans les secteurs civils, comme n'importe quel touriste ou invité, mais les départements ninjas, l'Académie et les terrains d'entraînement leur étaient interdits en-dehors des épreuves. Il leur était interdit d'agresser un civil ou ninja de Kusagakure en-dehors d'un entraînement supervisé par un Jônin du village. La liste continua... Longtemps. Hitomi comprenait, bien entendu : après le désastre de l'invasion, la sécurité serait encore renforcée. Cela ne l'empêcha pas de se contenter d'écouter d'une oreille. Son cerveau enregistrerait automatiquement.
Chaque équipe avait droit à une chambre confortable avec une salle de bains privative ; il ne serait pas dit que Kusagakure n'offrait pas le meilleur des traitements à ses invités. Dès qu'elle fut arrivée et eut installée ses affaires, Hitomi consulta les documents qui lui avaient été remis : la première épreuve commencerait deux jours plus tard, à quinze heures. Pour son plus grand plaisir – certes un peu coupable – Lee la rejoignit dans sa chambre quand il fut certain que ses deux coéquipières étaient descendues dîner au restaurant de l'hôtel.
— Je ne savais pas si tu y penserais, murmura-t-elle contre ses lèvres en l'attirant à l'intérieur.
Leur premier baiser fut fougueux, sans doute un peu dur. Pour eux, l'examen était aussi un adieu : quand Lee serait promu, ce qui ne faisait pas l'ombre d'un doute, il partirait sur les routes avec son sensei. Tsunade serait malavisée de ne pas promouvoir son équipe tout entière une fois qu'ils seraient entrés dans le tournoi : Konoha avait désespérément besoin de nouveaux Chûnin. Ils étaient toujours d'accord pour se séparer le moment venu... Mais l'idée faisait mal, et ils s'accrochaient tant qu'ils le pouvaient encore.
Ils n'avaient jamais été totalement seuls dans une chambre auparavant : Kurenai leur avait toujours demandé de laisser la porte ouverte, une consigne que Lee avait été trop gentleman pour ignorer. Mais il n'y avait pas ici d'adultes pour les empêcher de tomber enlacés sur le lit avec un petit rire complice. Les mains de Lee s'attardèrent sur la peau sensible de ses hanches – la peau, directement, sous les vêtements, quelle merveilleuse innovation – et elle laissa échapper un soupir conquis, lui mordillant légèrement la lèvre inférieure.
Elle pouvait sentir dans ses muscles raides le désir qu'il éprouvait et la volonté qu'il mobilisait pour garder la tête froide. Elle se sentait un peu comme ça, elle aussi, la tête légère et des frissons le long de la colonne vertébrale, avec l'envie de toucher tout son corps avec le sien, de l'explorer, de lui soutirer plus de ces petits grognements serrés qu'il laissait échapper quand elle embrassait sa gorge ou caressait son dos du bout des ongles. Mais ils savaient très bien qu'ils n'étaient pas prêts à aller plus loin, pas encore. Oh, leurs corps bourrés d'hormones pouvaient bien le leur faire croire – ils n'étaient pas dupes, et trop jeunes pour ça.
— Je t'aime, murmura Lee à son oreille. Cela passera, mais pour l'instant...
Le cœur d'Hitomi bondit dans sa poitrine, aussitôt refroidi par l'anticipation de la mélancolie qu'elle sentait déjà s'infiltrer en elle, comme une mélodie paisible, intime.
— Mais pour l'instant, répondit-elle sur le même ton, c'est comme si tu ne pouvais penser qu'à ça, et tu voudrais que ça ne s'arrête jamais. Je sais, Lee... Moi aussi. Je t'aime aussi.
Ils se regardèrent un long moment sans rien ajouter. Jamais ils n'avaient posé de mots sur leurs sentiments : avant, ils n'avaient pas été certains, et quand leurs cœurs s'étaient décidés, à peu près au même moment, ils savaient déjà tous les deux que leur histoire était vouée à se terminer. Elle lui caressa la joue et d'une secousse du bassin, inversa leurs positions. Elle le surplombait désormais de toute sa gloire, baignée dans la lumière dorée du crépuscule. Lee leva sur elle un regard où dansaient étroitement timidité et adoration, auquel elle répondit par un sourire attendri, traçant du bout des doigts le contour net de l'une de ses pommettes.
— Il n'y a rien que nous puissions y faire à part profiter, alors profitons.
Il lui rendit son sourire, se redressa pour embrasser la peau tendre et délicate entre son cou et son épaule, et quand elle frémit, l'enlaça et la pressa un peu plus contre lui. Profiter, oui... Ils pouvaient faire ça. Entre soupirs alanguis et rire délicats, les deux adolescents tirèrent parti de leur petite heure de solitude, avant de s'accorder sur le fait qu'il était temps de descendre manger. Oh, Kakashi et Gai allaient sans doute être complètement perdus et imaginer les pires dépravations en les voyant débarquer ensemble dans le restaurant de l'hôtel...
Ou pas. Parce qu'ils étaient trop occupés à empêcher un incident diplomatique. Hitomi fronça les sourcils en voyant ses amis attroupés. Ils lui tournaient le dos, mais une décharge de chakra les fit s'écarter comme par réflexe et elle fendit le groupe pour voir ce qui se passait. Elle vit la forme prostrée de Karin, derrière Sakura. Elle avait les larmes aux yeux et se tenait la joue. D'un geste lent et fluide, Hitomi approcha et repoussa sa main. Ses yeux écarlates détaillèrent la marque de coup, la peau douloureuse qui gonflait déjà légèrement. Rien que sa cousine ne puisse soigner... Mais elle était manifestement sous le choc.
Hitomi la laissa, d'un accord tacite, entre les mains d'Ino, qui avait l'air absolument furieuse. Les sensei regardaient la scène sans intervenir, mais les mains de Gai, Kakashi, Kurenai et Asuma se trouvaient près de leurs armes. Ils raseraient le bâtiment en quelques secondes si ça dégénérait, et tueraient tous ceux qui se trouveraient à l'intérieur, et qu'ils n'avaient pas juré de protéger. Un pas après l'autre, Hitomi se rendit aux côtés de Sakura. Elle mesurait une tête de moins que la jeune Haruno, mais il se dégageait d'elle une telle violence contenue, un tel air de douce menace et de chakra brutal mêlé, que les yeux tombèrent immédiatement sur elle.
— Explique, ordonna-t-elle à Sakura de sa voix la plus tranquille.
Devant elles se trouvaient trois adolescents, deux filles et un garçon, tous plus âgés que son groupe de quelques années. La fille au centre était sans doute celle qui avait frappé Karin, et elle rejetait la tête en arrière avec un air bravache, comme pour montrer à l'auditoire qu'Hitomi ne l'effrayait pas. Ils portaient tous les trois le bandeau frontal de Kusagakure, et en les sondant rapidement, l'adolescente ne sentit rien de particulièrement dangereux dans leur chakra – des Genin, comme elle.
— Cette fille a reconnu Karin et a commencé à l'insulter pour avoir « déserté ». Quand Karin a essayé d'expliquer que la procédure était légale, elle l'a attrapée par le col et l'a giflée.
La jeune Yûhi étrécit les yeux et son aura sembla s'épaissir encore – du chakra s'échappait par tous les pores de sa peau, corrosif, étouffant. Elle sourit, de son sourire le plus doux et le plus carnassier, celui qu'elle avait dû s'entraîner pour maîtriser.
— Oh, vraiment ? On s'attendrait à ce que les ninjas de Kusagakure appliquent mieux que quiconque les principes de diplomatie de leur village. Si vous n'êtes même pas capables de ça... Je me demande ce que valent vos autres compétences.
Sous le regard sévère mais approbateur de son sensei, elle avança encore d'un pas. Elle était bien plus petite et plus frêle que la kunoichi qu'elle antagonisait sans hésitation, et avait laissé toutes ses armes dans sa chambre... Mais personne à cet instant ne doutait de sa capacité d'apporter douleur et agonie sans ses lames.
— En retour de cette offense, poursuivit-elle presque avec affection, je ferai tout mon possible pour vous mettre personnellement en pièces durant l'examen. Et si ce n'est pas possible... Eh bien, un incident durant une mission est vite arrivé, pas vrai ?
La fille en face d'elle eut un mouvement de recul – Hitomi en profita pour éveiller ses méridiens et mémoriser leur signature de chakra, la sienne et celle de ses coéquipiers – puis se redressa, l'air offensée et furieuse.
— Tu ne peux pas me parler comme ça ! Tu es dans mon village, une simple invitée, excuse-toi !
— Je ne peux pas, vraiment ? Et toi, penses-tu pouvoir lever la main sur tes invités, les agresser sans fondement ? Si tu te penses si irréprochable, je t'en prie, allons voir ton chef de guerre. Je suis sûre qu'il sera très intéressé par ce que nous aurons à lui dire.
Elle vit son adversaire se dégonfler presque physiquement : ses épaules perdirent leur ligne raide, une vague nuance de rouge colora ses pommettes, ses traits se crispèrent de dégoût et d'impuissance mêlée. Et devant tout ce spectacle, Hitomi resta pratiquement immobile, un sourcil haussé comme pour la défier de pousser la mascarade juste un peu plus loin. Finalement, la Kusajin jura et recula jusqu'à ses deux camarades. D'un geste précis, calculé, Hitomi ajouta l'affront à l'insulte en tournant le dos à l'équipe étrangère pour rejoindre les siens. Elle entendit un sifflement sourd, outragé, mais l'ignora.
Elle était trop occupée à se noyer dans le groupe de ses pairs, à retrouver Karin qui semblait s'être reprise, et dont la joue gonflée n'était plus qu'un souvenir. Elle s'en assura tout de même en effleurant la peau du bout des doigts, toute menace oubliée et diluée dans l'air. Autour de l'attroupement, les Jônin se détendirent lentement. La jeune fille savait parfaitement pourquoi ils n'étaient pas intervenus : toute représailles d'un ninja supérieur sur un Genin serait assez sérieuse pour qu'un véritable conflit éclate. Ils avaient été pieds et poings liés... Mais avaient tout de même envisagé la guerre si les Kusajin étaient allés trop loin.
— Je ne peux pas vous laisser une heure tous seuls, soupira Hitomi avec tendresse en enlaçant les épaules de Karin d'un bras. Vous savez, l'Équipe Sept se bâtit une réputation à Konoha comme la plus malchanceuse, et vous n'aidez pas vraiment.
— Honnêtement, taquina Sakura, je suis contente que tu n'aies pas été là, Hitomi-chan. Si tu l'avais vue faire, tu l'aurais pendue par les tripes, pas vrai ?
— Oh, mais non, voyons. Ce serait trop salissant. Je l'aurais donnée à manger à mes chats. Ne vous en faites pas, si son équipe participe à l'examen on s'occupera personnellement de leur cas.
L'animosité semblait s'être dissipée à première vue, mais n'importe quel observateur averti aurait repéré les signes d'un conflit dormant : la main de Tenten sur l'un de ses parchemins, le Byakugan activé d'Hinata, le senbon qu'Ino utilisait pour se nettoyer les ongles. Partout, des éclats d'agressivité symboliques murmuraient comme une promesse que les rookies de Konoha et leurs alliés d'un an leurs aînés écraseraient les Genin de Kusagakure à la première occasion. La vengeance était un sujet sérieux, à leurs yeux.
Le repas en lui-même se déroula dans le calme. La plupart des Genin avaient déjà mangé, mais ils ne voulaient pas laisser Hitomi seule entourée de potentiels ennemis. Les rares civils à être présents dans l'hôtel, staff inclus, posait sur son groupe un regard méfiant, sans doute à juste titre... Mais en ignorant totalement la menace bien plus terrible qu'étaient les Jônin, une telle altercation dut-elle éclater à nouveau. Une fois son repas terminé, Hitomi prit le chemin du retour vers sa chambre, Karin et Sakura à ses côtés.
Une fois dans la chambre, elle s'attela à sa correspondance. Elle avait un message en attente d'Itachi – comme elle l'avait anticipé, la question des jinchûriki était arrivée sur le tapis. Elle devait absolument obtenir cette promotion si elle voulait sa liberté de mouvement – et peut-être, peut-être que ça améliorerait les choses, peut-être qu'elle parviendrait à les sauver ou au moins à les prévenir, qu'ils ne tombent pas dans la gueule du loup aussi facilement...
J'ai un début de plan, lui répondit-elle. Je suis en train de concevoir les sceaux nécessaires, mais c'est incroyablement complexe et je dois utiliser un langage qui n'existe pas... Je ne peux donc pas vous promettre que je parviendrai à empêcher les attaques. Cependant, Itachi-san, si vous le voulez bien, j'aimerais que vous me transmettiez tout ce que votre organisation sait sur les jinchûriki, et que vous me préveniez si vous obtenez de nouvelles informations. Pensez-vous pouvoir le faire sans être repéré ?
Je suis également inquiète de l'état de vos yeux. Je sais que vous n'aimez pas en parler, mais, Itachi-san, j'ai trouvé un rouleau dans les archives que nous avons ramenées des terres de votre clan il y a plusieurs années. Il décrit cette dégénérescence des pupilles... Si rien n'est fait, si aucun remède n'est trouvé, vous serez aveugle un jour, je pense que vous le savez – tout comme vous savez qu'une telle condition signifierait la mort pour vous.
Je sais à quel point il est difficile de conserver la volonté de lutter, Itachi-san, mais je vous en prie, n'abandonnez pas.
Moi, je n'abandonnerai pas en ce qui vous concerne.
Sincèrement,
Hitomi Yûhi.
Elle envoya le message puis se laissa retomber sur son lit. Le souvenir des activités que Lee et elle avait partagées là la fit rougir. Elle se passa une main sur le visage, comme si la chaleur qui lui était montée aux jours pouvait disparaître d'un revers de ses doigts. Sakura et Karin avaient profitait qu'elle travaillait pour prendre une douche l'une après l'autre. C'était le tour de l'héritière Yûhi à présent. Elle se prélassa sous l'eau chaude, la tête rejetée comme en offrande vers le jet brûlant – à la limite du supportable. Pour une fois, une seule, elle prit vraiment son temps, chouchouta chaque centimètre carré de sa peau cicatrices ou non, et quand elle sortit de la salle de bain, plus détendue qu'elle n'aurait dû l'être, Sakura et Karin dormaient déjà.
Après quelques instants d'hésitation, elle décida de retourner au rez-de-chaussée. Les Jônin avaient réquisitionné la section privée du restaurant, séparée du reste de la salle par des paravents décorés d'un paysage de montagne. Presque intimidée, Hitomi franchit la petite entrée dissimulée entre les panneaux ornementés. Les regards des adultes se posèrent sur elle, presque scrutateurs. En retour, elle remarqua les bouteilles de saké toutes bien entamées voire vide sur la table ronde autour de laquelle ils étaient assis.
— Hum... Une tradition ?
— Haa, Hitomi-chan ! Tu ne devrais pas être dans ta chambre à cette heure-ci ?
— Kakashi-sensei, on ne nous a pas donné de couvre-feu. Je n'ai pas très envie de dormir.
Elle comprit qu'il était encore tout à fait sobre quand il posa sur elle un regard lourd de sens. Il avait parlé à Ensui. Il savait, et elle savait qu'il savait – elle avait accepté la nécessité de son implication. Et puis il était le seul à ce jour à connaître la teneur de certains de ses cauchemars. Il lui fit signe d'approcher et lui tendit un petit godet rempli d'alcool à ras-bord.
— Kurenai, je pense que la petite a assez grandi pour ça, pas toi ?
La mère d'Hitomi regarda le verre qui venait de passer dans la main de sa fille pendant un instant – elle non plus n'était pas ivre, seulement un peu plus légère que d'habitude, et c'étaient sans doute les bras d'Asuma, enroulés autour de sa taille, qui dessinaient sur ses joues de si délicates nuances de rose. Elle finit par hocher la tête.
— Tu n'es pas obligée de le boire, dit-elle d'une voix douce, mais tu peux si tu veux. Je préfère que tu le fasses devant moi, entourée de gens capables de te défendre, que dans des circonstances plus dangereuses.
La jeune fille regarda le petit verre à son tour, le front légèrement plissé de concentration, puis finit par se décider. Elle le porta à ses lèvres et laissa le liquide glisser lentement dans sa bouche, puis dans sa gorge. La sensation de brûlure lui fit monter les larmes aux yeux, mais elle la savoura autant qu'il était possible. Elle se perdit dans l'étrange douleur qui réchauffait quelque chose de profondément enfoui à l'intérieur d'elle. En réponse, le Murmure frémit. Ses joues se réchauffèrent et elle haussa un sourcil en dévisageant les Jônin d'un air sceptique.
— Et c'est ça qui met certains adultes dans un état pas possible ?
Asuma et Kakashi se mirent à rire doucement, et les deux autres Jônin qu'elle ne connaissait pas se joignirent à leur hilarité. L'un d'eux, petit et massif, le crâne rasé et la peau tannée par le soleil, se pencha par-dessus la table en direction du Ninja Copieur.
— Eh bien, Hatake, elle a des griffes, celle-là !
— Maa, maa, vous savez que je ne choisis que le haut du panier. Alors, Hitomi-chan, un autre ?
Sa langue captura les derniers arômes du liquide, quelque part sur le coin de ses lèvres. Elle tendit son verre vide, l'air décidé.
— Un autre.
Bạn đang đọc truyện trên: Truyen247.Pro