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Aucun plan n'est figé dans la pierre

Le bateau qui les emmènerait jusqu'au Pays de l'Eau était bien plus massif que celui qu'ils avaient pris pour arriver au Pays de la Foudre. Cette fois, Ensui avait décidé de payer leur place avec de l'argent plutôt qu'en échange d'un service d'escorte ; leur destination était bien moins stable que la région qu'ils quittaient, même si la révolte organisée par Mei depuis près de deux ans n'avait pas encore éclaté.

Durant ce voyage, Hitomi n'essaya pas de se mêler aux marins, peu importait à quel point l'idée de les détrousser au poker juste pour le sport l'attirait. Elle ne voulait pas subir à nouveau l'isolement qui l'attendrait quand les hommes et les femmes qui dirigeaient le navire à travers les eaux agitées réaliseraient ce dont une kunoichi adolescente était capable, ce qu'elle était amenée à faire quand son devoir appelait. À ses yeux, il était bien plus constructif de s'immerger dans l'énigme posée par Tobirama durant leur seule et unique interaction.

Transmettre un son à travers une barrière physique aussi solide que du verre dans la dimension où se trouvait le morceau de conscience de l'ancien Hokage était particulièrement complexe. Certes, la connexion entre le monde physique et l'autre dimension était ouverte, mais une onde n'était pas faite pour voyager de la sorte, et encore moins librement. Que Tobirama ait trouvé par lui-même comment faire sortir le son constituait déjà un succès phénoménal en soi. Grâce à cette réussite, elle tenait une piste pour ouvrir un canal opposé. Depuis la mort du prodige du fûinjutsu qu'il avait été, bien d'autres secrets de cet art avaient été créés ou découverts, la plupart par ses successeurs ou leurs élèves — certains, même, qu'elle avait mis au jour elle-même, comme le principe presque enfantin derrière le fonctionnement de ses carnets communicants.

Le navire s'arrêta sur l'île du Pays de la Montagne avant qu'elle trouve la réponse. Le capitaine informa Ensui d'une pause d'une semaine sur cette côte, juste assez de temps pour vendre le contenu de la cale et acheter les marchandises qui intéresseraient Kirigakure. Maître comme apprentie fermeraient les yeux sur les armes qui se retrouveraient entre les mains des rebelles, puisqu'ils avaient tous deux été amenés à participer à l'effort de guerre. Ils profiteraient de ce court laps de temps pour explorer les terres dévastées par Hiruzen, Jiraiya, Tsunade et Orochimaru durant la Deuxième Grande Guerre. Depuis, la vie était revenue sur l'île, amenée par de petites colonies de civils à la recherche d'un domaine oublié des dieux et shinobi. Il leur faudrait donc dissimuler leurs insignes et leur nature véritable pour ne pas effrayer la population de l'île mais cela leur convenait.

Le pays portait bien son nom : un kilomètre après les côtes, le terrain commençait déjà à s'élever en pente douce jusqu'au sommet du mont qui marquait le centre de l'île, un volcan endormi depuis si longtemps que les rares scientifiques à s'être penchés sur son cas l'avaient déclaré éteint. Nulle mémoire écrite ne documentait sa dernière éruption dont on ne voyait le souvenir qu'en observant soigneusement les reliefs du sol et la fertilité des cultures malgré le climat plutôt hostile. L'hiver s'était à présent si bien installé qu'au bout de six heures à peine de voyage, à la vitesse de civils, Ensui et Hitomi pataugeaient dans la neige.

— Est-ce que Kakashi-san t'a appris comment garder ton corps au chaud quelles que soient les températures extérieures à l'aide de ton chakra ? demanda l'homme tandis qu'ils avançaient en direction d'un petit hameau.

— Hm hm. Il a dit que c'était une compétence indispensable pour un shinobi qui utilisait le Suiton. J'ai eu un peu de mal au début, surtout que j'avais peu d'occasions de pratiquer durant nos missions, mais après qu'il m'ait jetée dans une rivière glacée deux ou trois fois, j'ai compris comment faire.

— Jetée dans une rivière glacée ? Ca ne lui ressemble pas vraiment. Tu as fait quelque chose pour provoquer sa colère ?

— Euh... Il est possible que j'aie caché ses livres après qu'il se soit pointé à une de nos séances d'entraînement avec cinq heures de retard, puis refusé de lui dire où ils étaient malgré tout ce qu'il a pu faire pour me soudoyer ?

Ensui émit un petit rire attendri en contournant une congère, secouant légèrement la tête comme s'il avait peine à y croire. Son apprentie était si insouciante et joueuse quand elle avait quitté l'Académie. Cela lui manquait parfois, même s'il respectait la kunoichi qu'elle était devenue et celle qu'elle deviendrait au fil des années à venir – son évolution ne se terminerait sans doute pas avant le jour de sa retraite, si tout comme lui elle vivait jusque-là. Elle en était capable, à condition que le destin cesse de mettre sur sa route des adversaires trop puissants pour la majorité des ninjas.

Ils arrivèrent au hameau une demi-heure plus tard, accueillis par les regards curieux mais méfiants des civils plongés dans leurs tâches journalières. Le soleil allait bientôt se coucher, ce qui pressait sans doute leurs gestes. Personne ne devait souhaiter travailler dans le noir par ici. Une main protectrice posée sur l'épaule de son apprentie, Ensui se dirigea vers une bâtisse plus large que les autres, un épais panache de fumée à la cheminée, reconnaissant l'auberge au milieu de toutes les simples habitations.

— Deux chambres, s'il vous plaît, demanda-t-il à l'aubergiste quand ce fut son tour au comptoir.

— Vous les voulez l'une à côté de l'autre ou vous vous en fichez ?

— Côte à côte. Est-ce qu'il est possible de prendre nos repas ici ce soir et demain matin ?

— Si vous avez de quoi payer, répondit la jeune femme avec un haussement d'épaules, bien sûr.

— Ca ne sera pas un problème.

L'homme posa une liasse de billets sur le comptoir tout en usant de sa stature pour dissimuler ses gestes aux quelques clients intéressés éparpillés dans la salle devant leurs repas respectifs. La femme sourit et attira l'argent jusqu'à elle avant de leur désigner une table, leur indiquant que leur dîner leur serait servi quelques minutes plus tard. L'adulte prit la place qui lui permettrait de surveiller une grande partie de la salle, tandis que son apprentie s'asseyait en face de lui. Certaines habitudes ne changeraient sans doute jamais.

— Pourquoi vous avez fait ça, shishou ? C'est bien plus d'argent qu'il n'en faut pour deux chambres et quatre repas.

L'homme soupira et s'installa un peu plus confortablement contre le dossier de sa chaise, ses yeux bleu pâle survolant tranquillement la salle à la recherche d'une potentielle menace. Tout en lui était fait pour simuler l'absence de danger, avec une grâce et un naturel dont Hitomi n'était pas encore capable.

— Tu connais ton Histoire, pas vrai ? Et pas seulement la version de l'Académie, qui transforme les pires actions durant la guerre en faits d'armes héroïques ?

Elle acquiesça ; Shikaku avait veillé à leur offrir une instruction complète et aussi peu biaisée que possible, à Shikamaru et elle. Elle avait ensuite transmis ce savoir à ses amis de l'Académie, jusqu'aux enfants des clans qui, plus que tous les autres, étaient vulnérables à la propagande du village. Il était si facile de voir ceux qu'on aimait dépeints comme des héros, d'oublier ce que les guerres coûtaient à tous ceux qui y participaient, volontairement ou non.

— J'ai fait partie de l'une des équipes à avoir assailli cette île, il y a plus de trente ans, confia-t-il à voix basse. Hiruzen nous a ouvert la voie avec son équipe, c'est vrai, mais ils n'étaient pas seuls. Ta mère, Asuma et ton père ont aussi participé. Ce que j'ai donné à cette femme ne remboursera jamais ne serait-ce qu'un centième des dommages humains et matériels que j'ai causés, mais je me sens coupable.

— Pourquoi cette île en particulier ?

— Ils possédaient un village ninja, Kagerôgakure. Ils étaient à peine une poignée, pas assez pour mériter le titre de Village Caché bien entendu, mais ils prévoyaient d'envoyer leurs deux Maîtres des Sceaux, leurs hommes et des armes à Iwagakure pour les soutenir.

Le Jônin se tut le temps de laisser l'aubergiste déposer un plat de ragoût riche et chaud entre eux, accompagné d'une miche de pain du jour. Sans hésitation, il arracha un bout de pain et le plongea dans la sauce, s'en servant pratiquement comme d'un couvert. Après l'avoir soigneusement observé, Hitomi l'imita.

— Les shinobi eux-mêmes n'auraient pas fait la différence, il n'y avait qu'un seul Jônin dans le lot et il possédait à peine les capacités pour ce titre, mais les deux Maîtres des Sceaux ? Qui sait comment la guerre se serait terminée s'ils avaient eu l'occasion d'aider le Pays de la Terre.

— Konoha voulait garder le monopole sur le fûinjutsu, comprit Hitomi.

— C'est ça. Et regarde quel bien ça nous a fait : même pas quinze ans plus tard, Iwagakure, Kirigakure et Sunagakure rasaient totalement Uzushiogakure et tous les Maîtres qui s'y trouvaient. Seule la poignée d'individus qui se trouvaient hors du pays à ce moment-là ont survécu. Les secrets des sceaux sont perdus pour tout le monde, désormais.

— Tout le monde ou presque, murmura la jeune fille en effleurant involontairement le bandage sous lequel se cachait le sceau contenant le miroir de Tobirama.

— Tout le monde ou presque, concéda-t-il. Les gens ici détestent les ninjas parce qu'ils se souviennent parfaitement de ce que nous leur avons fait subir. Ceux qui sont trop jeunes pour avoir survécu aux massacres ont reçu toute leur instruction de leurs aînés. Ce n'est pas bien différent de la manière dont Konoha apprend à ses enfants que leur village est le meilleur d'entre tous.

Hitomi opina du chef mais ne relança pas la discussion, plongée dans ses propres réflexions. Risquait-elle un jour de se voir peindre une cible sur le dos juste à cause de son titre ? Elle n'était pas assez naïve pour répondre par la négative à cette question, ne l'avait jamais été, mais cela semblait si réel quand son propre maître parlait de deux évènements similaires qu'il avait vécus lui-même. Sa respiration prit un rythme irrégulier pendant quelques secondes en réponse à la peur déraisonnable dont Ensui sentait presque l'odeur sur elle.

— Shishou, je veux maîtriser le Hiraishin le plus tôt possible.

Il avala sa bouchée de travers et s'abîma dans une quinte de toux dont il ressortit essoufflé, les yeux humides.

— Une raison en particulier pour que ça te vienne là, maintenant ?

— Soyons honnêtes tous les deux, shishou. Si vous continuez à m'entraîner à ce rythme, combien de temps avant que je monte en grade ? Six mois ? Un an au maximum ? Je veux avoir toutes les armes possibles et imaginables en main quand ça arrivera. Je veux que ma réputation soit telle que tous réfléchiront soigneusement avant de décider de s'en prendre à moi.

— Mais ma puce, si on apprend que tu maîtrises la Technique du Dieu de la Foudre, certains voudront te tuer juste pour cette raison.

— Et si ce n'est pas pour cette raison, ils en trouveront une autre. L'Akatsuki par exemple en trouvera neuf que je n'ai pas besoin de lister quand ils comprendront qui apparaît toujours sur leur chemin quand ils essayent de s'en prendre à leurs cibles favorites. Et ils ne sont pas les seuls, pas vrai ? Je suis déjà au Bingo Book de plusieurs Villages Cachés. Je ne veux pas vivre toute ma vie dans la peur. Je veux pouvoir riposter.

Ensui, qui s'était penché vers Hitomi une fois la surprise de sa détermination passée, se repoussa contre le dossier de son fauteuil, le visage fermé. La part de lui qui répugnait à la fois à sa montée en grade et à l'apprentissage de techniques qui la renforceraient tout autant qu'elles attireraient sur elle des regards peu désirables se vautrait dans une malhonnêteté qu'il n'avait aucun mal à reconnaître. Même ainsi, il devait admettre que le Hiraishin constituait une arme formidable, et qu'il voulait la placer entre ses mains quand bien même elle ne la rendrait pas invincible. Juste mieux protégée.

— Je te promets d'y réfléchir, affirma-t-il après quelques secondes de réflexion silencieuse. Il nous reste toujours deux démons à protéger, pas vrai ? Quand ce sera fait, si tu le veux toujours, nous trouverons un endroit où nous arrêter le temps que tu apprennes la technique.

Hitomi acquiesça, satisfaite. Elle ne se faisait pas d'illusion : même avec l'aide de Tobirama et des notes de Minato, gravées dans sa mémoire, il lui faudrait entre six mois et un an pour venir à bout du domaine du fûinjutsu qu'il lui faudrait maîtriser en parallèle de la technique elle-même pour son utilisation au combat. Les sceaux de contact étaient si délicats à apprendre que même Tsunade et Jiraiya avaient échoué à les maîtriser. Quant à Minato, un véritable artiste en la matière, il n'avait laissé que peu d'écrits concernant cette branche. Hitomi elle-même n'était pas sûre d'y parvenir, et certainement pas facilement. Son impulsion pouvait attendre que tous les jinchûrikis se trouvent en sécurité et que le cas d'Isobu, qui serait laissé sans réceptacle à la fin de la révolte de Mei, obtienne un nouveau partenaire.

Plusieurs heures plus tard, cependant, elle reçut un message d'Haku qui, encore une fois, allait changer leurs plans :

Hitomi-chan,

Ne viens pas à Kiri pour l'instant, je t'en prie. Nous venons de subir une attaque-surprise assez grave pour nous faire perdre toute la dernière année de progrès en termes d'armes, de vivres et d'hommes. Mei-sama a décrété l'exécution immédiate d'un plan d'urgence de repli sur plusieurs îles secondaires du pays, voire, pour certains d'entre nous, jusqu'au Pays des Vagues. Nous craignons d'avoir des traîtres dans nos rangs. Ne t'en fais pas, nous serons tous impossibles à trouver jusqu'à être à nouveau prêts à lancer notre assaut. Je sais que tu avais une affaire à conclure avec notre jinchûriki, Utakata-san, mais cela devra attendre : Mei a ordonné qu'il soit si bien dissimulé qu'elle seule connaîtra sa position exacte et le moyen d'entrer en contact avec lui.

Est-ce que tu aurais des informations concernant un groupe nommé Crépuscule ?

Prends soin de toi, je t'en prie.

Haku.

— Père, appela Hitomi d'une voix étranglée. Nous n'allons pas à Kirigakure.

Interpellé par le ton de sa voix plus que par la teneur de ses propos, Ensui leva la tête du traité médical qu'il étudiait depuis plusieurs semaines. Il prit le carnet à la page qu'elle lui montrait, lut le message en quelque secondes, les sourcils froncés, puis se frotta le visage d'une main lasse. La courbe de ses épaules trahissait un épuisement qu'elle ne voulait pas voir chez lui, mais qu'elle ne pouvait se permettre d'ignorer. Il avait le droit d'être fatigué. Il n'était ni infaillible ni insensible.

— Le gamin a raison, ce serait trop risqué, commenta-t-il d'une voix songeuse. Et je ne vois pas Mei Terumi nous confier la cachette de son jinchûriki si elle ne l'a même pas communiquée à ses généraux. Elle a agi de la manière la plus prudente. Il n'y a rien à faire, à part leur envoyer de l'argent, des armes, des vivres.

— Est-ce tout ce que nous pouvons faire ?

— Tsunade-sama nous enverra sans doute nous joindre à leur effort de guerre quand l'assaut commencera. Elle voudra des agents sur place pour concrétiser son alliance avec la Mizukage en devenir, mais personne de directement assimilable à sa personne par un œil extérieur. Grâce à tes Sceaux de Métamorphose, nous sommes l'option parfaite.

Hitomi fronça les sourcils mais opina du chef. Se battre aux côtés de ses anciens alliés ne la dérangeait pas, que du contraire, d'autant qu'elle aurait ainsi l'occasion rêvée de s'approcher des deux démons manquants. Elle espérait juste que Zabuza et Haku iraient bien. Elle les savait capables de se débrouiller même dans la plus terrible adversité, cependant elle ne pouvait s'empêcher de craindre pour eux. Et bien entendu, il y avait Suigetsu, tiré des griffes moribondes d'Orochimaru et envoyé aux côtés de Mei pour la servir et se faire une place dans les rangs de sa rébellion. Avait-il suffisamment progressé pour résister s'il était découvert ?

— Puisque nos plans ont changé, fit Ensui d'une voix ferme, nous ne prendrons pas le bateau jusqu'à Kirigakure. J'ai des amis dans un sanctuaire au Pays des Tourbillons, près de l'endroit où se dressait jadis Uzushiogakure. Personne ne nous cherchera des noises là-bas.

— Et pour le transport, père ? Notre bateau ne fait pas escale là-bas.

— Non, mais nous trouverons sans doute un navire près à nous y emmener sur la côte ouest. Le Pays des Tourbillons est un partenaire commercial privilégié du Pays de la Montagne depuis que son village ninja a été complètement rasé. Les deux pays ont vécu la même chose, après tout.

Puisque ce détail était réglé, Hitomi s'attela à une réponse à destination de son ami. Elle lui donna toutes les informations qu'elle possédait sur Crépuscule, à savoir peu de choses. Décrire ses deux rencontres avec le groupe dont elle ignorait toujours les motivations n'aiderait sans doute pas Haku mais, juste au cas où il réaliserait quelque chose qu'elle n'avait pas vu, elle s'y appliqua. Il fut horrifié d'apprendre qu'elle avait une fois de plus failli mourir et l'admonesta un peu sèchement même à travers le papier de ne pas lui en avoir parlé — elle n'avait pas souhaité l'inquiéter.

— J'imagine que la première étape sera de régler le problème de transmission du son de Tobirama, supposa Hitomi tout en commençant à se préparer pour la nuit.

— Il te sera d'une grande aide, c'est certain. Si ça peut t'épargner de tâtonner entre un et deux ans dans le noir alors qu'il peut simplement répondre à tes questions...

Le lendemain matin, après un rapide petit déjeuner, maître et apprentie tournèrent le dos au petit village et se dirigèrent vers l'ouest, vers la côte où un bateau les attendrait sans doute. Heureusement, ils ne manquaient pas d'argent pour payer leurs multiples passages d'une rive à une autre. Tous deux avaient de l'argent soigneusement économisé au fil des missions et des petits objets qu'ils avaient vendu à leurs confrères ninjas quand c'était encore possible.

Ils s'étaient arrêtés dans le coude d'une rivière pour se délasser avant de reprendre leur route quand Ensui suspendit le geste qu'il était en train de faire pour porter sa main à la garde de son katana, le regard rivé au bosquet qui leur cachait la vue en direction du nord. Hitomi comprit aussitôt ce qu'il avait repéré en ouvrant son sixième sens, ses méridiens identifiant à leur tour un inconnu qui avançait vers eux. Il apparut bientôt à leur vue, un homme vacillant, manifestement blessé et épuisé qui s'effondra à genoux dans l'herbe, le souffle si rauque et laborieux qu'Hitomi pouvait l'entendre à plusieurs mètres de distance.

— Aidez-moi, supplia-t-il d'une voix à peine audible. Aidez-moi.

Ensui, poussé par ses réflexes de médic, se précipita aux côtés de l'inconnu et jeta une partie de sa prudence aux oubliettes. Ils devaient dissimuler leur fonction de shinobi aux habitants de l'île, mais laisser mourir quelqu'un sans même tenter de le sauver luttait avec l'instinct que Shizune avait inculqué en lui au fil des semaines à étudier en sa compagnie. Hitomi approcha, toujours sur ses gardes. Ses yeux s'écarquillèrent quand elle comprit et identifia l'amas sombre, rougeâtre, qui émergeait de la plaie qui barrait l'abdomen de l'homme. Il n'avait pratiquement aucune chance, avec un morceau d'organe hors du corps depuis un laps de temps inconnu.

— Père, dit-elle d'une voix douce mais ferme.

Il répondit d'un grognement furieux, le chakra médical s'intensifiant si fort qu'il lui brûlait sans doute l'intérieur des bras. L'inconnu expira, Hitomi le sentit à la dilution de son chakra, pourtant Ensui ne baissa pas les bras. Pendant un instant, la jeune fille eut l'impression d'assister à l'ombre de ce que Tsunade avait dû vivre quand son amant avait péri malgré tous ses soins. Heureusement, son maître n'éprouvait pas d'attachement émotionnel envers l'étranger, seulement une dette stupide mais légitime envers le sol qu'ils foulaient tous les trois et qu'il avait jadis gorgé de sang.

— Shishou, insista-t-elle, c'est fini, il est parti.

Il sembla l'entendre cette fois. Son corps se raidit, combattit l'inacceptable, puis le chakra médical s'éteignit de ses paumes avec un faible crépitement. Hitomi l'aida à se redresser, ployant à peine sous son poids, puis le fit reculer et le força à détourner le regard. Elle pouvait voir l'état de choc dans ses pupilles contractées à l'extrême au centre de ses yeux gris sombre, au voile de sueur glacée sur son front. Elle le fit asseoir dos au cadavre et attendit que son état passe, cachant comme elle le pouvait son propre élan de crainte. Il l'avait soutenue un nombre incalculable de fois, il était temps qu'elle lui rende la pareille.

— Ça va, maintenant, indiqua-t-il d'une voix encore tendue. C'est passé. Merci, ma puce.

— De rien. Vous êtes sûr que je peux vous laisser ? Je préfère disposer du corps moi-même.

Le regard de son maître se fit brumeux pendant quelques secondes à la mention du cadavre mais il acquiesça. Elle laissa un pauvre sourire marquer ses lèvres, lui mit une gourde pleine entre les mains et le contourna pour s'occuper du macchabée. Poussée par une vigilance qui ne ferait pas de mal sur ces terres vaguement hostiles, elle inspecta le corps : en plus de la blessure mortelle à l'abdomen, elle en trouva une autre sur son dos. Les sourcils froncés de concentration, elle déchira ses vêtements de pauvre facture, bien décidée à voir quel type d'arme avait pu causer la mort de cet individu.

Son souffle s'étrangla quand elle contempla son dos nu — et la marque de Jashin qui s'y étendait, un triangle parfaitement inscrit dans un cercle, gravée à la pointe d'un kunai. Est-ce que c'était Hidan, ou un autre membre de cet ordre comme lors de sa dernière rencontre avec ce symbole dans le Pays du Feu ? Son plan pour le cas de l'immortel n'était pas encore tout à fait au point. Les mains agitées de légers tremblements, elle parvint tout juste à sceller le corps à l'intérieur d'un parchemin et revint près de son maître, désormais aussi livide que lui.

— Maître, c'est un disciple de Jashin qui a fait ça. Ils se contentent rarement d'une seule victime. Est-ce que vous voulez qu'on enquête ou qu'on se dépêche de quitter le pays ?

Il contempla les mains souillées de sang de son apprentie, la manière dont ses jointures étaient crispées sur le parchemin qui contenait désormais un cadavre. Il avait entendu parler de sa première rencontre avec l'un de ces maudits disciples... Et il avait toujours une dette envers le Pays de la Montagne.

— Nous restons jusqu'à avoir le fin mot de cette histoire, décida-t-il d'un ton sans appel.

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