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Au coeur des braises

Quelques jours plus tard, Hitomi et Ensui firent leurs adieux à Kirigakure. La situation s'était déjà stabilisée en grande partie – Mei, après tout, avait appris la politique à la cour du daimyô et rien de ce que les officiers réfractaires lui jetaient à la figure ne semblait suffire à la détourner ne serait-ce que légèrement de son but. Shikaku et Tsunade les rappelaient à présent. La nièce du daimyô était arrivée à la Tour la veille de leur départ, aussi vulnérable et timide qu'on pouvait l'imaginer. Elle ne ressemblait en rien, à première vue, aux femmes effrayantes que les Nara affectionnaient tant. Elle s'appelait Yumi, un nom tout aussi doux et éthéré que le reste de sa personne.

— Tu me manqueras, murmura Hitomi contre les lèvres d'Haku.

Il sourit, l'embrassa avec douceur et s'écarta, la poussant gentiment en direction de Suigetsu. Elle l'embrassa lui aussi, mais sans aveu. Il lui ébouriffa les cheveux, ses longs doigts puissants s'emmêlant dans la luxuriance de boucles rousses.

— On se reverra bientôt, va, arrête de tirer la tête. Kiri et Konohagakure vont rester en contact désormais. Et qui est-ce que tu crois que Mei-sama enverra ? Ses équipes diplomatiques surentraînées en qui elle n'a aucune confiance ? Non. Ce sera pour Haku et moi, et peut-être pour Zabuza. Ce n'est pas un adieu, Eien-chan.

— Ce n'est pas un adieu, répéta Haku à sa gauche.

— Pas un adieu, conclut-elle avec une ombre de sourire.

Après un dernier regard en arrière, elle rejoignit Ensui et Yumi, qui avaient observé ce spectacle sans rien dire. Le maître n'avait pas l'air particulièrement gêné par l'étalage public des relations de son apprentie – il ne rougissait même pas, elle était si fière de ses progrès. Ils s'éloignèrent du Village Caché à un rythme de civil pour le bien de la jeune femme qui se tenait entre eux deux, ses grands yeux de biche contemplant le paysage froid et inhospitalier.

— Il fait très souvent soleil à Konoha, offrit Hitomi comme pour égayer ses idées.

— Vraiment ? C'est que j'ai appris avec mon tuteur, oui...

Un long silence s'étira entre les deux shinobi et la civile qu'ils gardaient, puis elle reprit la parole :

— Mon père m'a dit que j'épouserai Kiyoshi Nara. Comment est-il ?

Hitomi haussa légèrement les sourcils. Kiyoshi faisait partie des civils du clan, un véritable génie dans le domaine de la recherche pharmaceutique. C'était à lui qu'on devait entre autres la formule des dernière génération de pilules de survie, celles que Chôji avait mangées les unes après les autres dans son combat contre Jirôbô, durant la mission de poursuite de Sasuke. Pour la première fois, un shinobi Akimichi avait survécu à la pilule rouge – on le devait à Kiyoshi, même s'il avait détesté qu'on lui attribue les mérites de ce travail.

— J'ai travaillé avec lui quelques fois, finit par répondre Hitomi. Il est un peu plus vieux que vous, je pense. Un homme gentil et patient. Père m'a fait étudier sous sa tutelle quand j'étais à l'Académie, alors qu'il n'était qu'un apprenti. Il travaille pour les pharmacies du clan, il conçoit nos nouveaux médicaments. Très intelligent.

— Je vois. Au moins, il n'est pas stupide... J'avais peur que mon honoré père offre ma main à quelqu'un de stupide.

— Non, aucun Nara n'est stupide, intervint Ensui. Trop fainéants pour montrer leur intelligence, peut-être, mais idiots ? Certainement pas.

Yumi avait l'air perdue, aussi Hitomi choisit-elle de développer un peu le propos de son maître :

— Les clans ninja ont souvent leurs spécialités. Par exemple, vous avez sans doute entendu parler des Hyûga et de leur style de combat, hm ?

La jeune femme acquiesça, ses longs cheveux noirs très raides échappant un peu plus à l'élastique censés les retenir dans son mouvement.

— Eh bien, chez les Nara, il y a plusieurs spécialités. Tout d'abord, les techniques du clan, qui utilisent les ombres au combat. C'est ce que la plupart des gens connaissent et associent à ce nom. Ensuite, les connaissances médicales. Peu de Nara sont médecins, mais la plupart des médicaments du Pays du Feu ont été inventés par ce clan, à l'aide des connaissances en herbologie des Yamanaka et en anatomie des Akimichi. Enfin, l'intelligence. Il semble y avoir un gène dans le clan, même parmi les civils, qui produit génie sur génie, chacun dans son domaine.

La jeune noble avait l'air tellement soulagée qu'Hitomi eut presque envie de rire. Mais qu'aurait-elle fait à sa place ? Comment aurait-elle réagi ? Se serait-elle enfuie en guise de protestation ou aurait-elle courbé l'échine et accompli son devoir comme on l'attendait d'elle ?

— Kiyoshi vous traitera bien, affirma-t-elle d'un ton rassurant. Il n'est pas très attiré par la gloire ou la fortune, n'a pas vraiment d'ambition autre que de servir son clan, mais c'est vraiment un homme doux. La plupart des hommes Nara le sont.

— Et la plupart des femmes Nara sont terrifiantes, commenta Ensui d'une voix traînante.

Hitomi éclata de rire et lui accorda ce point d'un léger signe de tête. Que ce soit de naissance ou par le mariage, les femmes Nara avaient ce petit quelque chose qui faisait qu'on ne voulait pas les énerver – et bien entendu, la jeune kunoichi ne causait aucune entorse à cette règle, au contraire.

— J-je sais que vous êtes des Nara, vous savez. C'était dans la lettre que m'a envoyée votre chef de clan, Shikaku Nara. Il m'a dit de la brûler.

Hitomi jura à mi-voix et projeta ses sens aussi loin que possible, à la recherche d'un espion potentiel. Elle ne se calma que quand elle dut admettre qu'elle ne trouvait rien.

— Yumi-sama, ne parlez pas de ces choses à voix haute. Mon maître et moi reprendrons nos véritables identités après avoir débarqué du bateau qui nous emmènera au Pays du Feu, pas avant. C'est pour cela que Shikaku-sama vous a ordonné de brûler sa lettre. Vous l'avez bien brûlée, n'est-ce pas ?

— Bien sûr ! s'offusqua la jeune femme. Je n'allais pas désobéir à mon futur chef de clan, je ne suis pas stupide ! J-je suis désolée d'avoir failli trahir votre secret.

Hitomi soupira mais se détendit sous le regard approbateur d'Ensui.

— Ce n'est pas grave, Yumi-sama. J'ai sans doute fréquenté trop de ninjas si je deviens aussi bourrue. Pardonnez-moi.

— Il n'y a rien à pardonner. Vous voulez vous protéger, je comprends tout à fait.

Le silence retomba sur le trio, plus confortable et détendu qu'il ne l'avait été auparavant. Au rythme que Yumi leur imposait, il leur fallut deux jours pour atteindre le port le plus proche. La jeune noble faisait manifestement partie des gens malades sur un bateau, tout comme Ensui, même si celui-ci avait eu des années d'expérience pour apprendre à le cacher. Seul son teint blafard trahissait son inconfort. Hitomi, quant à elle, ne ressentait pas la moindre gêne, si bien qu'elle fut assignée à la plupart des tours de garde. De toute façon, elle n'était pas fatiguée : elle avait annoncé son retour à sa mère, à Shikamaru, à Hinata. Tous avaient hâte de la revoir.

— Tu apprécies beaucoup trop les navires pour une fille du feu, grommela un jour l'un des marins chargés de les mener à bon port.

Elle lui rit au nez, de trop bonne humeur pour envisager de se venger de cette remarque, et reporta son regard sur l'horizon, les sens étendus dans toutes les directions. Son affinité n'était pas la seule raison qui la poussait à aimer l'océan, même si le roulis des vagues sous la coque du bateau avait décidément quelque chose d'hypnotique de son point de vue. Il lui aurait suffi d'une étincelle de chakra – toute cette puissance aurait été sienne, domptée par sa volonté avec tous les efforts et le respect qu'elle méritait. Kisame ressentait-il ce genre de choses, lui dont l'affinité pour l'eau n'admettait aucun égal ? Il aurait sans doute été un peu trop impoli de lui poser une telle question.

Une fois enfoncés de plusieurs kilomètres dans la Forêt du Feu, Hitomi et Ensui reprirent leurs apparences. Yumi observa le changement avec une intensité presque dérangeante, ses grands yeux bruns ne perdant rien du spectacle. Une fois la métamorphose complète, Hitomi se changea derrière un buisson, ne serait-ce que pour épargner la sensibilité de leur protégée. Elle n'avait pas besoin, cette fois, de s'attarder sur les mille manières dont son corps avait changé. Elle l'avait encore vu peu de temps auparavant, après tout.

— Hitomi, invoque Hoshihi, ordonna Ensui quand ils arrivèrent en vue du village. Tu vas faire une entrée remarquée, que certaines personnes y réfléchissent à deux fois avant de s'en prendre à toi.

Un élan d'adrénaline lui fouetta les veines tandis qu'elle s'entaillait la paume de la main sur le tranchant d'un kunai et appelait son familier. Celui-ci bondit sur elle, ravi de la retrouver, si enthousiaste qu'il faillit la renverser. Elle rit, un son léger empli de tendresse, et enlaça son cou puissant de ses bras minces, et resta là pendant quelques instants.

— Tes cheveux me chatouillent, grommela Hoshihi avec affection. Monte sur mon dos, tu pourras me faire tous les câlins que tu veux.

Elle n'essaya pas de nier, de prétendre qu'en tant que kunoichi, dure, dangereuse, elle n'avait pas besoin de lui faire des câlins. Ni Ensui ni lui n'aurait été dupe – Yumi, elle, ne la connaissait pas assez bien pour savoir qu'elle avait le cœur doux... Parfois. À l'occasion. D'un élan assoupli par l'habitude, elle enfourcha son familier et sécurisa sa position en serrant légèrement les genoux. Ensui s'approcha, rajusta les pans de son kimono de combat autour d'elle puis chipota avec sa obi jusqu'à ce qu'elle souligne sa taille mince, ses jambes discrètement musclées le long des flancs de son chat ninja.

— Attache tes cheveux à la Nara, conseilla-t-il avec un sourire.

Elle obéit, retrouvant dans l'un de ses sceaux le lien de cuir rouge patiné par l'usage dont elle ne se séparait jamais. La cicatrice sur sa joue, là où l'un des serpents d'Orochimaru avait réussi à la blesser avec de l'acide, apparaissait comme un trophée. Elle avait eu du temps pour accepter cette marque qui ne s'effacerait jamais. C'était la preuve indiscutable qu'elle avait affronté un Sannin et vécu pour raconter l'histoire. Elle ne pouvait pas décemment en éprouver de la honte.

Enfin, Ensui donna le signal de départ et Hoshihi se mit en marche, ouvrant la voie. Personne ne les attaquerait si près du village, Yumi n'avait plus vraiment besoin de protection, mais ils accompliraient leur devoir jusqu'au bout, jusqu'à ce qu'elle se trouve dans le bureau de Tsunade et expose les raisons de sa venue au village. Ce serait sans doute le premier dossier réglé entre le Jônin et sa cheffe de guerre, et ensuite... Hitomi dut forcer sa respiration à conserver un rythme égal et régulier. Elle frétillait d'impatience sur le dos de son chat géant, qui n'ignorait rien de l'état de sa familière même si la raison derrière son comportement restait floue.

— Oh, regardez qui voilà, s'exclama l'un des deux garde en les voyant franchir la porte du village. Ça fait longtemps, bon retour !

Un sourire distant se peignit sur les lèvres d'Hitomi tandis qu'elle les regardait de toute la hauteur d'Hoshihi. Izumo et Kotetsu, l'un des duos les plus puissants de Konoha, aimaient monter la garde à l'entrée du village. La vérité, c'était qu'ils adoraient les potins et que savoir qui entrait et sortait permettait de spéculer sur d'autres sujets. Quand Hidan et Kakuzu, le binôme d'immortels de l'Akatsuki, entreraient dans la danse, les deux Chûnin se trouveraient en danger. Sans doute. Si quelque chose dans les actions d'Hitomi n'avait pas déjà changé cela.

— Réglons rapidement la paperasse, ordonna Ensui d'un ton ferme. Hokage-sama nous attend.

Elle préférait ne pas descendre du dos d'Hoshihi tout de suite. Certaines personnes avaient besoin de la voir comme ça, dans toute sa gloire et toute sa puissance – avaient besoin de se demander ce qu'elle avait appris durant son long voyage et à quel point elle avait progressé. Elle sonda rapidement les alentours mais n'identifia aucun des chakras de ses amis. Par contre, elle perçut deux... Non, trois sceaux de la Racine à proximité. Qu'ils regardent donc.

— Hitomi, mène la voie, indiqua son maître.

Il avait les traits fermés, impassibles, son masque de shinobi aussi efficace que de coutume pour dissimuler ses émotions. Il n'était jamais à l'aise dans le village ; il n'y avait qu'au cœur des terres du clan qu'il se détendait et acceptait de se montrer comme autre chose qu'un grand prédateur vaguement menaçant. Hitomi comprenait. Ses yeux rouges passèrent sur les bâtiments, les gens, leurs interactions. Elle ne se sentait pas chez elle ici, pas alors que le toit sur lequel elle avait été attaquée avant son départ se trouvait à trois rues de celle qu'elle parcourait en direction de la Tour. Elle ne pouvait attendre de retourner sur le territoire Nara, sentait son appel comme une douce mélopée au fond de son esprit. Comme elle aurait aimé franchir la Porte aux Cerfs pour rentrer chez elle... Mais le village avait besoin de ce spectacle, certains de ses habitants plus que d'autres.

Elle dut descendre de sa monture pour entrer dans la Tour, si bien qu'elle décida de laisser Hoshihi retourner dans le Monde Spirituel. Elle aurait pu lui demander de partir en direction des terres Nara en premier, mais... Elle n'avait pas envie de gâcher la surprise. Tous ceux qui comptaient savaient qu'elle rentrait à la maison, mais aucun ne connaissait le jour exact. Elle voulait voir leurs visages quand ils sauraient qu'elle était de retour. Est-ce que leurs traits s'éclaireraient de joie ? Est-ce qu'ils voudraient la serrer dans leurs bras ? Elle désirait découvrir elle-même les réponses à ces questions.

— Tsunade-sama vous attend, les informa le Chûnin qui lui servait de secrétaire ce jour-là.

Ensui remercia le jeune homme d'un hochement de tête et guida son apprentie en direction du bureau de la Hokage. Elle franchit la porte en premier, ses yeux glissant sur le décor familier. Il avait changé depuis deux ans : les piles de dossiers, moins hautes que dans son souvenir, ne menaçaient plus de s'écrouler, et la bibliothèque qui recouvrait le mur de droite était bien plus remplie désormais, surtout de traités médicaux. La gigantesque fenêtre que l'ANBU prenait pour sa porte personnelle n'avait pas changé, pas plus que la femme dont les yeux couleur de miel les observaient avec acuité.

— Eh bien, eh bien. J'avais beau savoir que vous rentriez, ça ne m'a pas semblé réel jusqu'à maintenant. Hitomi Yûhi, Ensui Nara, bon retour au village.

Ils s'inclinèrent tous les deux profondément d'un même geste, leurs mouvements fluides trahissant l'entraînement intense auquel ils s'étaient soumis durant ces deux années loin de leur village. Debout entre eux deux, Yumi les regardait nerveusement, comme si elle se demandait si elle devait s'incliner aussi. Hitomi décida d'expédier ce dossier aussi vite que possible : la civile avait essayé de cacher la fatigue qu'elle ressentait après leur voyage, et lamentablement échoué. Ce n'était pas sa faute, vraiment. Aux yeux des ninjas, elle ne savait mentir.

— Hokage-sama, voici Yumi Sakibana. Elle est la plus jeune nièce du daimyô du Pays de l'Eau. Shikaku-ojisan vous a sans doute parlé d'un mariage impliquant Kiyoshi Nara et cette jeune femme ?

— J'en ai entendu parler, oui. Tellement, en fait, que c'est mon propre sceau qui marque la dernière ligne du contrat de mariage. Bienvenue au village, Sakibana-san. Je vais faire appeler un membre du clan qui vous accompagnera jusqu'à leurs terres. Vous devez être fatiguée, je n'imagine pas ces deux-là capables de ralentir plus que de nécessaire sur le chemin du retour à la maison.

Ensui et Hitomi eurent la bonne grâce de paraître gênés tandis que la civile rougissait légèrement. D'accord, ils auraient sans doute pu prendre un ou deux jours de plus sur la route, la faire dormir dans de bonnes auberges plutôt que sur un sac de couchage, mais elle n'avait pas eu l'air de protester du tout.

— Je comprends. D'après la lettre de Shikaku-sama, ils sont loin de chez eux depuis longtemps. J'aurais sans doute pressé le pas aussi dans une telle situation.

Tsunade acquiesça de bonne grâce et appela son secrétaire, lui ordonnant d'aller chercher Shikamaru. Le cœur d'Hitomi rata un battement puis s'élança dans sa poitrine au rythme des sabots d'un cheval au galop. Elle avait atténué ses perceptions au minimum en rentrant dans la tour, peu désireuse d'affronter tous les chakras intenses des membres de l'ANBU, Jônin et autres haut gradés, dont, bien entendu, la Hokage en personne. Mais maintenant que Tsunade attirait son attention, oui, elle sentait la présence de son cousin, si près que ça lui faisait presque mal.

— Vous m'avez fait appeler, Hokage-sa... Hitomi ? C'est vraiment toi ?

Elle se retourna pour lui faire face, un sourire si rayonnant qu'il rivalisait avec ceux de Naruto sur les lèvres. Il avait changé, grandi, les épaules plus larges et l'allure intrinsèquement dangereuse. Il ressemblait tant à son père au même âge, d'après les photos qu'Hitomi avait vues chez eux, que c'en devenait presque ridicule.

— À ton avis, Shika ? Qui serait assez stupide pour usurper mon identité ?

Un rictus amusé se peignit sur ses lèvres. Il ne l'étreignit pas, n'approcha même pas pour éviter la tentation de la noyer dans une étreinte puissante et totalement inappropriée face à leur cheffe de guerre, mais ses yeux gris sombre parlaient pour lui, agissaient pour lui. Il la dévora du regard pendant quelques secondes, analysant chaque changement et tout ce qui était resté pareil, puis reporta son attention sur Tsunade.

— Vous aurez tout le temps de rattraper le temps perdu plus tard, Shikamaru-kun, nota la Sannin d'une voix amusée. Pour l'instant, j'ai une mission pour toi. Voici Yumi Sakibana, la fiancée de ton cousin Kiyoshi. Emmène-la sur les terres de ton clan et présente-la à ta mère. Si je me souviens bien, c'est Yoshino qui assiste Shikaku quand Ensui n'est pas là ?

— Oui, Tsunade-sama. Elle sera ravie de lui rendre ces responsabilités quand elle apprendra son retour.

— Je n'en doute pas. Vous pouvez disposer, tous les deux. Hitomi-chan, Ensui, vous restez, bien entendu. On a des choses à discuter.

Le maître et l'élève échangèrent un regard lourd de sens mais ne commentèrent pas, laissant le temps à Yumi et Shikamaru de quitter la pièce. La jeune fille avait presque envie de courir après son cousin, de s'assurer qu'il était toujours là, serait toujours là. Elle voulait entendre dans le détail ce qu'il avait fait durant son absence, et pas le résumé lissé qu'il envoyait dans ses lettres. Elle avait envie de savoir si le fait d'être un Chûnin lui plaisait, si ses incessants allers et retours à Suna ces six derniers mois ne le lassaient pas.

— Hokage-sama, reprit Ensui d'un ton respectueux quand ils ne furent plus que tous les trois, si vous le permettez, j'aimerais que nous nous occupions d'une formalité avant d'aborder nos rapports de fin de mission.

Tsunade haussa un sourcil mais lui fit signe de continuer, le menton posé sur un poing fermé.

— J'aimerais adopter formellement Hitomi. Aujourd'hui, maintenant même si c'est possible.

Le regard de la Hokage se posa sur l'apprentie, qui releva légèrement le menton en réponse.

— L'adopter ? Mais elle est une adulte aux yeux du village, non ? Et sa mère est encore en vie. Pourquoi l'adopter ?

Ensui se redressa dans une pose presque martiale, les yeux rivés à ceux de sa cheffe de guerre.

— Quand nous avons organisé notre départ, Hokage-sama, vous m'avez demandé de ramener mon apprentie prête à être promue Jônin. Je suis convaincue qu'elle est prête. En fait, elle est tellement prête qu'elle pourrait passer l'examen maintenant et le réussir. Comme vous le savez, cette promotion signifiera qu'aux yeux du village, je ne suis plus son mentor. Il nous semble à tous les deux profondément incorrect de ne plus entretenir un lien profond, lourd de sens, aux yeux de tous. Elle est déjà ma fille à mes yeux, après tout.

Hitomi battit deux fois des paupières pour chasser la ridicule envie de pleurer qui lui piquait les yeux, mais Tsunade ne rata rien de ce geste. Elle se redressa sur son siège jusqu'à s'appuyer contre le dossier et les considéra longuement.

— Et tu as l'autorisation de Kurenai pour exiger un tel lien ?

Ensui renifla d'un air amusé, déroula un sceau de stockage et en sortit une feuille pliée en trois et marqué du sceau, pratiquement jamais utilisé, de la famille Yûhi.

— J'ai l'autorisation de Kurenai et de son père depuis que vous êtes arrivée au pouvoir, Tsunade-sama. Nous savions que ce jour viendrait, qu'Hitomi deviendrait une Jônin brillante et disputée par tous les départements qui l'intéressent au village. Nous savions qu'elle ne serait pas mon élève éternellement.

— Bon, dans ce cas, je n'ai aucune objection. Attendez, je dois avoir le bon formulaire quelque part, laissez-moi juste...

Elle s'interrompit et se leva, marmonnant entre ses dents serrées tandis qu'elle fouillait un lourd dossier après l'autre. Finalement, elle laissa échapper une exclamation victorieuse et retourna s'asseoir, déposant de leur côté du bureau une paire de documents à trous.

— Remplissez-moi ça maintenant, qu'on en finisse. Et Hitomi-chan ? Puisque tu as le niveau d'après ton maître, tu passes l'examen demain. Viens à l'hôpital à huit heures du matin, demande à voir Shizune et dis-lui que tu viens de ma part, elle saura ce que ça veut dire.

Une montée d'adrénaline traversa brutalement le corps d'Hitomi, lui fouettant le sang et éclaircissant brutalement ses idées, mais elle se contenta de s'incliner légèrement pour montrer qu'elle avait entendu. Elle, une Jônin... Si elle restait liée à Ensui, elle était impatiente. Elle se rapprochait de la promesse faite à Kibaki quelques années plus tôt, quand le Murmure ne faisait que la terrifier. Elle devait prendre des apprentis – et enseigner à ses enfants aussi, si elle décidait d'en avoir. Deux ans plus tard, même si elle avait une meilleure idée de ce à quoi son avenir ressemblerait, elle n'était toujours pas bien sûre.

— Voilà, remplis ta partie et signe. D'ailleurs, tant que j'y pense, quand tu auras réussi ton examen, ce dont je ne doute pas, tu iras à l'armurerie me faire ajuster ce kimono. Une de mes Jônin ne peut pas se balader dans une tenue trop étroite pour elle, pas vrai ?

Le sourire rayonnant de Tsunade lui fit cligner des yeux avec stupéfaction. C'était vrai que son kimono serrait un peu, un signe s'il en fallait qu'elle avait bel et bien réussi à reprendre du poids durant ces dernières années – elle avait le droit d'en être fière, pas vrai ? Il n'y avait pas de petite victoire contre ce genre de démon. Elle se pencha sur le document, remplit les champs nécessaires les uns après les autres et parapha là où elle le devait. Tsunade récupéra le document, le parcourut du regard afin de s'assurer que toutes les informations demandées s'y trouvaient, et le tamponna de son sceau.

— Voilà, c'est fait. Vous m'excuserez du peu de cérémonie que j'y mets. Si j'avais été prévenue à l'avance, j'aurais sans doute acheté une bouteille de saké à vous offrir en félicitations ou un truc comme ça. Enfin, je comprends pourquoi ça pressait.

Hitomi et Ensui échangèrent un regard amusé. Dans un rare signe d'affection devant leur cheffe de guerre, le maître attira sa fille – désormais reconnue comme telle par le village – jusqu'à lui et passa un bras autour de ses épaules. Il avait l'impression que son cœur était prêt à éclater de fierté.

— Vous vous câlinerez plus tard, fit Tsunade avec un sourire en coin. Nous avons d'autres choses à discuter. Puisqu'Hitomi a déjà décidé de passer l'examen Jônin, je n'ai pas à la convaincre ou le lui ordonner et tant mieux, d'ailleurs. Faites-moi votre rapport de fin de mission, maintenant, j'écoute.

Ce fut Ensui qui commença, en tant qu'officier le plus âgé. Ils n'eurent pas besoin de se consulter pour décider de passer sous silence les négociations au nom des Nara, même si Tsunade soupçonnait sans doute qu'un problème se formait au sein du clan ces dernières années. Elle n'était pas idiote, après tout, et d'après Shikaku, elle avait conscience de la menace que Danzô et la Racine représentaient. Hélas, elle ne pouvait rien faire contre eux, pas frontalement, pas alors que leur dirigeant et ses plus grands soutiens étaient membres du Conseil Restreint. Deux desdits soutiens, comme pour aggraver le problème, avaient jadis été les coéquipiers d'Hiruzen : les exclure aurait démontré une volonté de renier le passé du village que certains traditionnalistes n'auraient pas acceptée.

Hitomi prit la suite de son maître pour raconter son périple à travers le Désert. Elle ne parla pas de Yatagarasu, le corbeau familier d'Itachi qui ne l'avait pas quittée du voyage, puis fit mine d'ignorer l'identité des trois Jônin qui l'avaient sauvée et escortée jusqu'à Suna alors qu'elle était dévorée par la fièvre et ne tenait debout que par la force de sa volonté. Tsunade savait très certainement qui étaient ces trois shinobi, les avait peut-être envoyés elle-même. Shikaku avait pu prendre une telle décision, il possédait le pouvoir nécessaire en tant que Jônin en Chef, mais cela ne signifiait pas que la Hokage n'était pas intervenue.

Ils poursuivirent leur récit, maître et élève ensemble, contant leur passage à Takigakure puis Kumogakure, le sceau déposé sur chaque jinchûriki les uns après les autres, chaque confrontation avec l'organisation qu'ils décidèrent de nommer Crépuscule tant qu'ils ignoraient son véritable nom. La Sannin les écouta attentivement mais ne sembla pas réagir. L'organisation avait-elle posé à Konoha des problèmes similaires à ceux rencontrés par Suna et Takigakure ? Hitomi ne pouvait s'empêcher de se poser la question. Son instinct lui disait qu'il ne s'agissait pas d'un simple regroupement de déserteurs.

Enfin, ils parlèrent du Pays de la Montagne, dont la simple évocation suffit à retrousser la lèvre supérieure de Tsunade sur ses dents dans un rictus méprisant. Hitomi ne fut pas capable de déterminer si cette expression était destinée au pays tout entier ou au Jashiniste qui avait failli la tuer dans cette grotte, sous les hurlements de son maître – les siens, aussi, mais elle préférait de pas penser à ceux-là en particulier.

Elle raconta ensuite le sanctuaire, le rôle de la relique de Tobirama dans son apprentissage du Hiraishin. Le regard de Tsunade s'éclaira de quelque chose qui ressemblait à de l'espoir, de la mélancolie. Tobirama était son grand-oncle, elle l'avait brièvement connu quand elle n'était encore qu'une enfant. Les souvenirs qu'ils partageaient étaient-ils remplis de bonheur ou de rancune ? Si Hitomi avait appris quelque chose à propos de Hokage le Second, c'était qu'il laissait de fortes impressions sur son passage.

— Est-ce que vous voudriez que je vous prête le miroir ? finit-elle par s'enquérir, un peu de mauvaise grâce. Vous pourriez lui parler.

Tsunade sembla considérer son offre pendant un moment avant de fermer les yeux en secouant la tête.

— Pas dans l'immédiat. Peut-être un jour... Mais pas maintenant. Je n'ai pas le temps de me consacrer à ceux qui ne sont plus là.

Quelques secondes passèrent en silence puis la cheffe de guerre reprit, d'un ton plus ferme :

— Et donc, vous êtes arrivés à Kirigakure après qu'Hitomi ait soumis le Dieu de la Foudre à sa volonté, c'est bien ça ? Ensui, reprends à partir de là.

Le Jônin s'exécuta, racontant dans le détail chacune des missions qu'ils avaient accomplies là-bas. Entre cette période et leur mission de poursuite et marquage des jinchûriki, classée S, ainsi que celle de diplomatie, classée B, ils allaient tous deux devenir encore plus riches. Une part très solide de cet argent irait dans les poches du village et du clan, mais quand même, cette récompense avait quelque chose de lourd de sens. Elle rendait leur labeur officiel, reconnu.

— Bon, je vous félicite tous les deux. Vous avez agi au mieux, du début à la fin de votre voyage. Je suis fière de vous. Vous me remettrez la version écrite de ce rapport dans une semaine, puis serez autorisés à reprendre du service.

Ensui changea nerveusement son appui d'une jambe sur l'autre.

— Hokage-sama ? J'aimerais me retirer du service actif. Je serais toujours réquisitionnable en cas d'urgence, bien entendu, mais... J'ai besoin de quitter les premières lignes.

Il ne dit pas qu'il était vieux, parce que Tsunade et lui avaient à peu près le même âge, mais elle avait passé douze ans loin de Konoha et de toutes les missions qu'on aurait pu lui assigner, de toutes les missions qui auraient pu la mettre en danger, la fragiliser, l'épuiser. Ce n'était pas le cas d'Ensui : même durant ses longs voyages, il s'était toujours placé au service de Shikaku, avait toujours eu une mission à accomplir. Elle l'évalua du regard et acquiesça.

— Tu as mérité ton vrai grand repos, admit-elle. J'ose croire que tu travailleras toujours au bien-être du village et de ton clan ?

— Oui, Hokage-sama. Je reprendrai mes études sous la tutelle de Shizune-sensei et travaillerai au service de Shikaku-sama, comme je le faisais avant mon départ.

— D'accord. Laisse-moi trouver le maudit formulaire, autant te le faire remplir et signer tout de suite.

Elle farfouilla dans les mêmes classeurs qu'auparavant, bien plus longtemps cette fois, puis revint à son bureau et tendit la liasse de papiers à Ensui.

— Je suis heureuse que tu sois en vie pour prendre cette décision, Ensui. Peu de gens vivent assez longtemps pour le faire. Profite bien de ta retraite, reste en sécurité, et transmets la Flamme de la Volonté aux enfants de ton clan et du reste du village. Enfin, sur ce point, je ne suis pas inquiète : Hitomi-chan est le parfait exemple de ta compétence en la matière.

La jeune fille se redressa sous l'éloge, un tendre sourire aux lèvres. Son maître avait obtenu ce qu'il voulait. Il ne serait plus envoyé en mission à l'autre bout du monde sans elle, sans la protection qu'elle pouvait lui apporter. Certes, elle ne s'était pas encore hissée à son niveau, mais elle possédait des atouts dont il ne rêverait jamais, entre le Dieu de la Foudre et le Murmure. Elle pouvait le protéger dans certaines situations – elle l'avait prouvé, sans même user de ces deux capacités, durant son périple dans le Désert.

— Voilà, dit le maître en tendant les papiers à la Hokage.

Elle les tamponna de la même manière que le formulaire d'adoption puis se cala dans sa chaise avec un sourire satisfait.

— Bon, tout est réglé, dans ce cas. Hitomi-chan, je viendrai assister à ton examen demain, tu as intérêt à faire honneur à notre village, compris ? Si tu me satisfais, je t'emmènerai faire la tournée des bars de Konoha. Kakashi prétend que tu résistes très bien à l'alcool, mais qu'est-ce qu'il connaît de ces choses-là, hm ? Trop occupé à lire ses bouquins grivois et éviter les défis de son fiancé pour reconnaître un saké d'une liqueur de prunes même si on la lui versait directement dans la gorge.

Hitomi éclata de rire sous le regard indécis d'Ensui. Alors comme ça, Gai et Kakashi étaient fiancés désormais ? Comment Ino et Shikamaru avaient-ils pu rater ça ? Elle allait devoir leur rappeler comment attraper les ragots au vol, comment se trouver au bon endroit au bon moment, s'ils manquaient des choses pareils. D'un geste de la main, Tsunade leur signifia de prendre congé et ils s'exécutèrent, se retrouvant un instant seuls dans le couloir.

— Je suis tellement fier de toi, ma puce, dit Ensui d'une voix douce.

— Et je suis fière de vous, Père. On peut rentrer maintenant ?

Il sembla considérer l'idée quelques secondes puis hocha la tête, la même étincelle de hâte dans son regard que dans celui de sa fille.

— Oui, rentrons à la maison.

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