Affinité élémentaire
Quand la sixième année arriva, les élèves sentirent tout de suite un changement d'atmosphère. Leurs deux professeurs étaient plus exigeants, toléraient moins bien les erreurs et récompensaient les réussites de façon plus concrète – en expliquant à toute la classe à quel point untel serait un excellent shinobi grâce aux compétences qu'il faisait de son mieux pour acquérir et travailler, et qui un jour lui sauveraient sans doute la vie. Les évaluations surprises étaient désormais monnaie courante, tout comme les interventions de ninjas en service actif qui venaient parler de leur spécialité dans l'espoir de faire naître des vocations chez les shinobi de demain.
Les élèves étaient désormais capables de communiquer uniquement grâce au langage des signes Konoha ; Iruka leur assura qu'après un an dans leurs équipes Genin, ils auraient adapté cette version générale pour intégrer des variantes propres à leur historique et à leurs compétences. Hitomi s'assura que ses chats pouvaient également comprendre ce langage, même s'ils n'étaient évidemment pas capables de lui répondre. Ses félins formaient, après presque six mois de travail acharné, une très fine équipe, capables de combattre sans avoir besoin de communiquer verbalement, coordonnés même quand ils ne pouvaient voir ce que les autres faisaient. Hitomi était particulièrement fière de Kurokumo, qui avait énormément gagné en assurance, et d'Hokori, qui se mêlait désormais aux autres sans la moindre gêne.
Un samedi matin, alors qu'Hitomi se préparait à aller courir avec sa troupe féline, sa mère l'arrêta dans la cuisine. Elle était habillée d'une tenue d'entraînement, ses cheveux relevés en queue de cheval et ses armes accrochées à divers endroits faciles d'accès. Ce n'était pas rare, désormais, que sa fille la voie dans un tel accoutrement : Kurenai voulait être dans la meilleure forme possible pour sa future équipe, et le moment approchait à grands pas.
— Aujourd'hui, tu t'entraînes avec moi. Il est plus que temps que tu découvres ton affinité élémentaire.
Les yeux de la petite fille s'écarquillèrent de joie et elle se mit à sautiller sur place, surexcitée, d'un coup si pleine d'énergie qu'elle surpritHokori, lequel répliqua d'un feulement agacé.
— C'est vrai ? J'ai tellement hâte ! C'est du papier à chakra que tu as devant toi ?
La jeune mère éclata de rire, une tendresse sans borne au fond des yeux.
— Oui, c'en est. Viens, allons dans le jardin. Si tu as une affinité pour le feu, je n'ai pas vraiment envie que tu incendies la maison...
Bien vite, la femme et l'enfant se trouvèrent sur la petite terrasse sur pilotis qui surplombait leur jardin. Hitomi adorait s'asseoir à son bord, les pieds dans le vide, pour regarder le soleil se coucher. Elle redoutait d'être un jour trop grande pour ça.
— Prends cette feuille et infuses-y ton chakra. Si tu as une affinité avec le feu, il brûlera, si c'est avec le vent, elle sera coupée en deux. Si c'est la foudre, elle se froissera, la terre l'effritera, et si c'est l'eau, elle s'en imbibera.
Hitomi connaissait bien ce papier mais accepta le rappel de la part de sa mère de bonne grâce. Après tout, les mêmes arbres servaient à fabriquer le papier qu'elle utilisait pour le fûinjutsu, et qui était lui aussi sensible au chakra. Dessiner un sceau sur une feuille normale était complètement inutile à son niveau. Préparer ses carnets communicants pour contourner cette contrainte avait été une plaie, mais elle ne le regrettait pas, puisqu'elle pouvait garder le contact avec Gaara et Ensui grâce à eux.
L'enfant s'empara d'une feuille presque translucide tendue par sa mère et, sans avoir besoin de réellement se concentrer, elle exécuta ses instructions. Un gloussement de joie lui échappa quand la feuille se gorgea d'eau entre ses doigts, jusqu'à former une petite boule molle dans son poing. N'importe quelle affinité lui aurait convenu, mais l'eau ? L'eau était absolument géniale.
— Qu'est-ce que je dois faire, maintenant ?
— Maintenant, tu vas devoir apprendre à malaxer du chakra aqueux qui te servira pour les techniques liées à cet élément. Je reviens, je vais te chercher un rouleau qui contient une description de la marche à suivre.
Frétillante d'impatience, la petite fille attendit donc, sous les regards intéressés de ses compagnons félins.
— L'eau, hm ? Tu sais qu'on n'aime pas ça ?
Elle se tourna vers Haîro, toujours rayonnante d'enthousiasme, et lui répondit :
— Et moi, je n'aime pas retrouver des touffes de poils sous mon oreiller, pourtant ça arrive au moins une fois par semaine. Je suis sûre que vous parviendrez à faire avec. D'ailleurs, est-ce que vous savez nager ?
Quatre paires d'yeux épouvantés rencontrèrent son regard écarlate. Sunaarashi, elle, se contenta de se lécher la patte pour la passer derrière son oreille et frotter.
— Bien sûr que je sais nager. J'adore le goût du poisson.
La logique était imparable, pour sûr. Hitomi décida de ne pas poursuivre la conversation, repérant sa mère qui revenait vers elle, un rouleau ornementé entre les mains. D'après l'état de ses extrémités, il était tout neuf. Kurenai avait-elle acheté un rouleau par affinité, au cas où ?
— Tiens, voici les instructions que tu devras suivre pour malaxer du chakra aqueux. Ce rouleau contient également quelques techniques de rang D que tu pourras apprendre une fois cette étape dépassée. Pour le reste, tu m'as dit que les garçons et toi aviez trouver des rouleaux pour toutes les affinités primaires dans la bibliothèque des Uchiha, c'est bien ça ?
— C'est ça ! Je les consulterai quand j'en aurai terminé avec ce rouleau. Merci Maman, t'es la meilleure !
Sur ces mots, la petite fille s'écarta et commença à lire. Il lui avait fallu beaucoup de temps pour s'habituer à ce format de lecture, mais elle n'y faisait même plus attention désormais, seulement focalisée sur leur contenu. Elle apprit que le chakra Suiton s'éveillait au début en contact avec l'eau. La première étape était d'aller se trouver une source d'eau suffisamment vaste et de se laisser flotter, au gré des vaguelettes nées des caresses du vent ou du courant si on choisissait une rivière. Se mordillant légèrement la lèvre, Hitomi alla trouver sa mère, qui parcourait un autre rouleau sur les stratégies en équipe.
— Maman, je crois qu'on va devoir aller faire du shopping... Le dernier maillot que tu m'as acheté date de mes huit ans, je ne rentre plus dedans, et j'aimerais éviter de mouiller mes vêtements.
La demande était assez peu commune pour attirer l'attention de Kurenai. Hitomi n'avait pas l'habitude de demander ce genre de choses : oh, la jeune mère n'était pas stupide, elle voyait bien que sa fille adorait passer du temps dans les magasins, essayer différentes tenues jusqu'à trouver celles avec lesquelles elle voulait repartir. Pourtant, elle ne demandait pas, comme si l'idée la gênait. Un petit sourire serein sur les lèvres, la jeune femme ferma son rouleau et se releva, attrapant l'enfant par l'épaule d'un geste doux pour l'entraîner à sa suite.
— Maa, maa, n'aie pas l'air aussi gênée. On n'a qu'à dire que ça fait partie de ton entraînement, hm ? Après tout, tu vas passer pas mal de temps dans l'eau pour certaines de ces techniques.
Une bonne partie de l'après-midi fut consacrée à la recherche du maillot idéal. Hitomi était encore bien trop jeune pour jeter son dévolu sur un bikini – de toute façon, elle ne s'y serait pas sentie à l'aise – mais la plupart des maillots une pièce étaient conçus pour plaire aux civiles : leurs coupes étaient peu pratiques, ou alors leurs couleurs absolument trop voyantes. Finalement, elles trouvèrent leur bonheur dans un petit magasin du territoire des Aburame, dans lequel elles avaient pu entrer grâce à l'amitié qu'Hitomi et Shino entretenaient. Il s'agissait d'un maillot rouge sombre, dont la coupe simple laissait amplement assez de place à ses mouvements, sans pour autant risquer de trop bouger quand elle nagerait.
— Est-ce que tu trouves qu'il est trop tard pour t'y mettre ? Tu pourrais toujours pratiquer ton kenjutsu ce soir, et je t'emmènerais à la rivière demain, si tu veux.
— Hm... Non, ça va. Ca ne me dérange pas de nager dans le noir. Et puis, tu seras là pour veiller sur moi !
Le soleil se couchait quand la mère et sa fille atteignirent l'endroit où le territoire des Nara était traversé par une petite rivière. Le courant n'y était pas très fort, mais le lit s'enfonçait loin sous la berge, trop pour qu'Hitomi y ait pied. Cela ne la dérangeait pas le moins du monde. Faisant circuler un peu de chakra dans son corps tout entier pour lutter contre le froid, elle entra un pas après l'autre dans la rivière et, quand l'eau effleura son menton, se mit en position pour commencer à flotter. Elle avait pris soin d'attacher une corde à son poignet et de donner l'autre extrémité à Kurenai pour ne pas se faire emporter par le courant.
— Shikamaru devrait essayer cette manière de regarder les nuages... Ca lui plairait sans doute beaucoup.
Sur ces mots, la petite fille ferma les yeux et se laissa glisser dans sa Bibliothèque. Tout en haut, là où son esprit prenait les couleurs du ciel à l'aube, elle s'assit sur une flèche de pierre et se mit à méditer, son esprit effleurant sans peine les cœurs de son chakra. Ils étaient confortablement tièdes et lui donnaient envie de s'y lover pour s'endormir, mais elle ne pouvait pas. Elle avait un travail à faire. Elle devait trouver l'étincelle particulière qui transformerait son affinité en élément. Elle essaya bien des choses pendant les trois heures qui suivirent, mais finalement, quand Kurenai lui effleura l'épaule pour la sortir de sa transe, elle n'avait pas trouvé la solution à cette mystérieuse équation.
Cela ne cessa de lui trotter en tête durant la nuit, si bien qu'elle passa énormément de temps à réfléchir, parcourant sa Bibliothèque à la recherche de ce qui pourrait peut-être l'aider. Malheureusement, elle dut s'avouer vaincue le matin venu. Le canon avait bien trop mal travaillé ce genre de questions, mais c'était sa faute aussi, elle ne s'était jamais intéressée plus que cela aux affinités.
Avec un petit soupir, elle se leva quand l'aube dispersa ses rayons à l'intérieur de sa chambre, réveillant ses cinq chats de son mouvement. Tout en s'habillant, son maillot séché par un peu de chakra Katon par sa mère sous ses vêtements, elle les regarda sortir lentement du sommeil et s'étirer soignement. Sunaarashi, la chanceuse – ou la plus maligne – s'était couchée là où le soleil donnait à présent, et prenait plaisir à se gorger de chaleur et de lumière.
Vêtue d'un kimono léger dont elle adorait la teinte vert d'eau, elle se dirigea vers l'endroit où sa mère l'avait conduite la veille. Elle n'avait pas eu envie de la réveiller aujourd'hui : elle savait que Kurenai, le lendemain, devrait se présenter à un test d'aptitude à la tour du Hokage, et avait besoin de toute l'énergie qu'elle pouvait emmagasiner. Le principe-même de ce test était stupide aux yeux d'Hitomi. Peu importait la puissance d'un ninja, s'il n'avait pas la moindre aptitude pédagogique, ses élèves n'apprendraient absolument rien. C'était pour cela que des ninjas comme Ebisu étaient si précieux pour un village : ils n'avaient pas de jutsu flamboyants ou de capacités colossales dans un domaine particulier, mais ils savaient véritablement enseigner.
Une fois face à la rivière, elle se dévêtit sans crainte d'être observée. Elle avait cinq braves apprentis guerriers pour la protéger, et la réaction de n'importe quel membre du clan si quelqu'un était surpris à reluquer une femme – surtout une gamine. Un Nara en colère était absolument terrifiant, car la fureur leur offrait une motivation qu'ils ne recherchaient pas autrement, et qui permettait à leurs esprits affûtés de se déployer à pleines capacités. Personne ne voulait devenir l'ennemi d'un tel phénomène.
Il ne lui fallut qu'un instant, une fois qu'elle fut en train de flotter dans l'eau, la corde coincée entre les mâchoires d'Hoshihi, pour se réfugier dans sa Bibliothèque. Comme la veille, elle grimpa jusqu'à se trouver au sommet de la flèche de pierre, croisa les jambes dans la position du lotus et commença à méditer, tentant de percevoir les courants naturels du chakra à l'intérieur de son corps. Le flux était tiède, paisible, confortable. Elle pouvait percevoir les endroits de son corps où il circulait moins bien, comme l'arrière de son mollet droit, et ceux où il était particulièrement vigoureux, comme ses mains et ses pieds.
Soudain, un reflet loin en-dessous d'elle attira son attention. Elle baissa les yeux et un frisson d'effroi la parcourut quand elle constata que les deux premiers niveaux de sa Bibliothèque étaient complètement immergés dans l'eau. Seule une impression d'étrangeté l'empêcha de plonger au secours de ses livres. Aucun d'eux ne flottait à la surface de l'eau, alors que ceux qui se trouvaient dans les étages déjà pris par la vague qui montait de plus en plus rapidement n'auraient en aucun cas pu rester tranquillement posés sur leurs étagères.
Perchée au sommet de sa flèche de pierre, l'équilibre impossible maintenu par une tension constante et une volonté d'acier, elle attendit. L'eau montait lentement mais ses progrès étaient réguliers, et bien vite le liquide frais caressa les limites de sa forme spirituelle. Sans remuer d'un cil, elle se laissa engloutir. Dans ce monde mental, elle n'avait pas besoin de respirer et pouvait ouvrir les yeux, ses mouvements ne rencontraient pas la moindre gêne ni résistance. Quittant sa position méditative, elle laissa son être tout entier se détendre dans le courant ascendant.
Et soudain.
Soudain elle parvint à ressentir...
L'eau n'était pas de l'eau comme les autres. Son chakra s'y était mêlé si étroitement, si profondément, qu'elle ne pouvait discerner où l'un commençait, où l'autre s'arrêtait. Elle ouvrit les yeux, les vrais cette fois, et la rivière explosa d'énergie autour d'elle, son eau réagissant à la moindre sollicitation inconsciente d'Hitomi.
— Oï, fais attention, Invocatrice !
Le feulement de protestation d'Haîro fit éclater Hitomi d'un rire sauvage et exalté ; le pouvoir qui courait dans ses méridiens était tumultueux, frais et pur comme l'eau, elle avait l'impression que jamais elle n'en verrait la fin. L'euphorie chantait en elle haut et clair, son cœur battait une chamade béate dans ses oreilles, elle se sentait puissante, inarrêtable.
Et ce fut précisément ce dernier sentiment qui lui permit de reprendre ses esprits. Elle n'était pas inarrêtable et loin s'en fallait. Ce sentiment d'impunité ne pouvait conduire qu'à une seule fin, bien sinistre, et elle n'en voulait pas. Son entourage attendait mieux d'elle que la complaisance des compétences acquises. Elle referma les yeux, se coupant volontairement des sensations que son corps éprouvait, et médita encore quelques heures sous la lumière tiède du soleil, jusqu'à ce qu'elle ait retrouvé le contrôle de son esprit.
Il lui fallut plusieurs essais, prudents, mesurés, pour réussir à malaxer à volonté du chakra aqueux sans pour autant se perdre dans l'attractivité de cette nouvelle capacité. Alors seulement, elle se releva, se revêtit et donna à sa petite trouve le signal du départ. Ils avaient tous les cinq passé énormément de temps à chasser pendant que leur invocatrice pliait son corps à cette nouvelle discipline à leurs yeux tout à fait abstraite. Rassasiés et heureux, ils discutaient de leurs différentes prises, les queues et les moustaches bien hautes.
— Ah, te voilà, Hitomi ! J'aurais dû savoir que tu étais repartie t'entraîner toute seule. La prochaine fois, laisse-moi un mot pour me dire où tu es, d'accord ?
Un peu prise de court, la petite fille hocha la tête à la remarque de sa mère. Elle n'y avait tout simplement pas pensé. D'habitude, Kurenai savait où elle se trouvait, sans qu'elle ait besoin de le dire, pour une raison ou une autre. Il ne lui était pas venu à l'esprit que le fait qu'elle parte sans la prévenir puisse l'inquiéter.
— Je suis désolée, Maman. Promis, je te le dirai la prochaine fois.
— Bha, ce n'est pas grave va. Dis-moi plutôt : des résultats ?
— Tu peux dire ça, oui...
Sur ces mots, Hitomi concentra du chakra aqueux dans ses mains, faisant perler de l'humidité à la surface de sa peau. Sans technique pour le canaliser, le résultat n'était guère impressionnant, mais c'était le début dont elles avaient besoin pour se mettre au travail. L'après-midi était déjà bien avancé, aussi n'avaient-elles plus beaucoup de temps à consacrer à l'apprentissage d'une nouvelle technique avant de devoir préparer le dîner, mais chaque instant pouvait être mis à profit de façon intelligente et elles comptaient bien appliquer ce principe à la lettre.
Hey, juste une petite annonce avant de vous laisser repartir, si vous avez lu jusqu'ici : je suis à la recherche de bêtalecteurs. Il faudrait être motivé à lire les 60 chapitres d'avance assez rapidement et puis me donner un avis détaillé les concernant. Après ça, il faudrait lire et donner son avis sur les chapitres que j'écris assez régulièrement (environ un tous les deux jours en ce moment, parfois un par jour), toujours de manière détaillée. Aussi, il faut avoir Discord parce que c'est le seul logiciel de discussion que j'utilise. Si ça vous intéresse, envoyez-moi un mp !
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