~22~ Ce n'est plus un jeu (Partie 2)
~Eren~
Jamais je ne me suis senti aussi motivé qu'en ce moment, face à cette vengeance délicieuse qui me permettra de remettre aux coupables l'horreur qu'ils m'ont fait subir.
Pour moi, le jeu a cessé d'exister au moment où cette vidéo a été publiée. Quelque chose dans mon cerveau a grillé, des files ont cessé de se toucher et seul ce méfait pourra me faire sentir mieux. Ils m'ont humilié, ils m'ont trainé dans la boue et ils m'ont forcé à sortir du placard dans lequel j'étais confortablement enfoui. Je n'étais pas prêt à voir l'extérieur, pas prêt à assumer celui que je suis. Sont-ils conscients de ce qu'ils m'ont fait subir? La haine qui m'habite brûle telle une flamme, impossible à éteindre.
Au cours de la semaine, des gens ont continué à se moquer de moi. Je suis devenu le gay pleurnichard, un bébé indésirable et un harceleur sexuel. Passé du roi de l'école à raté, c'est douloureux. J'ai le sentiment qu'on m'a poussé en bas d'une falaise et que la seule façon de me relever, c'est d'attirer Erwin dans ma chute. Est-ce une mauvaise chose? J'ai espoir que tout redeviendra normal une fois qu'il partagera avec moi le fond de l'abysse.
C'est la première fois de ma vie que j'ai à acheter de la drogue. Heureusement, tout le monde dans l'école sait qui en vend, même ceux qui n'y ont jamais touché. Sans savoir comment m'y prendre, j'ai subtilement donné rendez-vous à Gelgar dans un coin isolé, là où personne ne pourrait assister à la transaction. Mes mains tremblaient et je ne pouvais m'empêcher de faire les cent pas en attendant son arrivée, terrifié à l'idée d'être surpris par la police et d'être jeté au fond d'une cellule infecte. Le dealer m'a fait un prix d'ami, mais cette merde coute la peau des fesses. Imaginer que mon plan échoue malgré tout me donne mal au cœur.
Il y a beaucoup plus de gens à cette fête que ce que j'avais prévu.
Les invitations que j'ai mises au point avec Armin ont été très efficaces et je suis soulagé d'avoir pu organiser cette soirée sans salir ma propre maison. Du coin de l'œil, j'aperçois quelqu'un qui fait des dessins au marqueur sur un cadre photo, ce qui me fait rire. Si les parents de Mike reviennent, ils auront toute une surprise! Je n'aimerais pas être dans ses culottes.
Pendant qu'Armin, Jean et Floch cherchent un moyen de droguer Erwin et Mike à leur insu, je cherche Livai dans le but de le distraire le plus longtemps possible. S'il se rend compte que son petit ami agit de manière étrange, il risque de se douter que quelque chose ne tourne pas rond et le plan tombera à l'eau.
Après un moment de fouille, j'aperçois finalement ma proie en train de ramasser des canettes qui jonchent le sol et les meubles pour les mettre dans un grand sac en plastique. Son visage glacial est effrayant, encore plus menaçant qu'à l'habitude.
Je m'approche du garçon :
-Ils t'ont mis au ménage, on dirait? remarqué-je. Tu devrais laisser tomber et essayer de profiter de la fête.
Livai tourne la tête en ma direction, les sourcils froncés. Une lueur de dégout est lisible dans ses yeux lorsqu'il réalise ma présence.
-Je savais que cette fête était votre idée, grogne-t-il. Merci beaucoup d'avoir gâché l'anniversaire d'Erwin. Connard.
-Tu devrais plutôt dire merci. C'est la première et dernière fois qu'il aura un anniversaire où il est si populaire.
-On n'est pas tous des amateurs de foules, comme toi.
Chacun de ses mots est craché avec mépris, ce qui reflète la colère profonde qu'il ressent face à cette soirée improvisée. S'il connaissait le véritable méfait caché sous l'iceberg, j'imagine à peine la haine qu'il ressentirait. Son visage tournerait au rouge et il tenterait de commettre un homicide. Je me moque de savoir qu'aujourd'hui, c'est l'anniversaire d'Erwin. Tout ce qui importe, c'est ma vengeance.
Livai cesse de me témoigner de l'intérêt, recommençant à ramasser tous les déchets qu'il trouve. Je le regarde travailler sans aider, les mains dans mes poches :
-Pourquoi tu fais le ménage alors que ce n'est pas ta maison?
-Toi, tu n'as jamais rencontré la mère de Mike... il est paniqué à l'idée qu'elle rentre avant que tout le monde soit parti.
-Elle fait peur?
-Tu as vu la taille de Mike? Dis-toi qu'elle fait la moitié de sa grandeur et qu'il en est terrorisé.
Je souris en imaginant l'apparence que peut avoir cette femme. La grande majorité de la gent féminine est terrifiante une fois en colère, libérant le monstre caché derrière leur douceur. J'ai souvent dû affronter celui de ma mère et malgré toute l'arrogance dont je dispose, il m'est impossible de lui tenir tête sans baisser les oreilles et encaisser.
Pendant les deux heures qui suivent, je suis Livai comme son ombre, enchainant les sujets de conversation qui me viennent à l'esprit. Le garçon parait ennuyé par mon acharnement et souvent, il se contente de grogner sans répondre. J'ai le sentiment de monologuer, mais ça m'est égal. Tout ce qui m'importe, c'est de détourner son attention.
Plus le temps passe, plus l'inquiétude concernant la réussite de la mission m'inquiète. Mes amis ont-ils réussi à mettre le GHB dans le verre de nos proies? Alors que je raconte une énième blague à un Livai agacé, mon téléphone vibre dans ma poche arrière :
Arminou :
|Hansi commence à trouver les gars bizarres... je fais quoi?
Reren :
|Essaie de les guider de façon subtile à la chambre de Mike. T'en penses-tu capable?
Arminou :
|Je crois que je pourrais leur demander de faire le bacon si je le voulais. Viens m'y rejoindre dans cinq minutes, mais en entendant continue à retenir Livai.
Reren :
|Cinq sur cinq, Champi!
-C'est bon, tu as fini de me casser les oreilles? grogne Livai en se relevant du canapé sur lequel je l'ai forcé à s'assoir. Je vais rejoindre Erwin.
-NON! Je veux dire... tu connais la blague du gorille blanc à face orange et aux chaussures bleues?
Le garçon lève les yeux au ciel, puis il retire brusquement son poignet de la main avec laquelle je l'ai retenue. Les lèvres pincées, il s'assoit à nouveau auprès de moi. Jamais je n'ai vu une personne aussi ennuyée.
Cette blague est la crème de la crème du divertissement pour quelqu'un qui sait la raconter. Très longue, pénible et inutile, il est aisé de la rallonger pour le bien de la situation. C'est un passe-partout, une histoire que mon demi-frère, Sieg, m'a apprise il y a quelques années.
-C'est l'histoire d'un homme qui veut s'acheter une maison pour la première fois de sa vie. Il est heureux, car il a économisé longtemps pour investir dans le logis de ses rêves. Avec le budget dont il dispose, il entame les visites avec son agent immobilier, mais rien ne lui plait. Que ce soit le prix, la structure ou la grandeur, l'homme est trop difficile. Pourtant, un jour, il visite l'endroit parfait. C'est spacieux, bien décoré et le prix est étonnamment abordable. Étonné, l'homme demande à son agent immobilier la raison de ce bas prix. L'employé, embarrassé, hésite en jouant avec ses doigts. D'une voix hésitante, il décide d'avouer la vérité : -En fait, dans le sous-sol vit un gorille blanc à face orange et aux chaussures bleues... Il n'est pas méchant, mais une fois par semaine, il faut aller lui porter un steak pour le nourrir. Cependant, il y a une règle! Il ne faut surtout pas le toucher.
Plus je raconte ma blague, plus des curieux approchent pour connaitre mon histoire. Je parle fort et je bouge les bras, faisant des gestes pour accompagner mes mots. J'ai l'air d'un véritable compteur. Seul Livai ne parait pas impressionné.
-L'homme rit, croyant que l'agent immobilier se moque de lui. Il est convaincu que cette histoire n'est qu'une légende, quelque chose de ridicule, donc il décide de tout de même acheter la maison. Il ne tarde pas à aménager et quelques jours plus tard, il repense à l'histoire de l'employé. Et si c'était vrai? Simplement curieux et non parce qu'il y croit, l'homme descend dans le sous-sol avec un steak. Aucune lumière ne fonctionne et il fait noir. Cependant, il dépose tout de même la nourriture au bas de l'escalier et il part se coucher. Dans sa tête, il se trouve ridicule.
-Le lendemain, l'homme se lève et descend au sous-sol ramasser la nourriture qu'il y a laissée. Il est étonné de découvrir qu'il n'y a plus rien! La chair de poule se répand sur tout son corps. Serait-ce vrai? Les semaines qui suivent, l'homme recommence cette routine par crainte de mettre en colère le potentiel monstre qui dort dans le sous-sol. Un jour, alors qu'il pose l'assiette sur le sol, il est gagné par la curiosité. Est-ce vraiment un gorille qui dévore sa viande? Pris par un élan de courage soudain, l'homme sort une lampe de poche et il s'enfonce dans le sous-sol, cherchant l'animal. Après peu de temps, il aperçoit dans un coin une immense boule de poil blanc, dont le visage est orange et ses souliers sont bleus. C'est le gorille! Effrayé, l'homme court à l'étage s'y réfugier. Que devrait-il faire?
-L'homme décide de l'ignorer et il continue de le nourrir. Cependant, la curiosité reprend possession de son corps. Il retourne voir le gorille, puis il se souvient de l'avertissement de l'agent immobilier. Ne jamais le toucher... Qu'est-ce que ça peut faire? Le doigt levé, il s'approche de la bête... son doigt est tout prêt... mais la peur le gagne et il change d'idée.
Des grognements retentissent dans l'attroupement qui m'écoute. Cette histoire a vraiment le don d'attirer la foule. Impatient de rejoindre mes amis pour la suite du plan, je lance des regards vers la cuisine où j'aperçois Armin et Floch tenter de conduire subtilement nos victimes dans l'escalier. Ça y est presque. Motivé, je reprends mon récit :
-Le lendemain, l'homme décide que cette fois, il va vraiment le faire. Il descend au sous-sol, puis il s'approche du gorille. Il s'approche, il s'approche... TOUCHE! Il touche le poil du monstre du bout de son doigt! Aussitôt, la bête se lève avec colère. Ses yeux croisent ceux de l'homme qui prend les jambes à son coup, mort de peur. Il monte l'escalier du sous-sol, il ferme la porte, mais le gorille le suit toujours! Il traverse la maison, il verrouille la porte... mais le gorille continue de le poursuivre!
Jusqu'au moment que mes alliés aient terminés cette mission, je continue cette rengaine. L'homme va se réfugier au centre commercial, il prend un avion, il part au Mexique... Je le fais aller partout, cherchant à allonger l'histoire à son maximum. Lorsque le téléphone vibre dans ma poche, m'apprenant qu'ils ont terminé, je souris et mets un terme à ma blague :
-L'homme décide de prendre un bateau, mais le gorille le suit en nageant à l'arrière. Il parvient sur une île, épuisé et à bout. Il n'en peut plus. L'homme se laisse tomber à genoux sur le sable, puis le gorille parvient au rivage... L'homme aura tout donné, mais finalement, la fin s'annonce pour lui. Il ferme les yeux, prêt à se fait dévorer. Le gorille approche, le visage froid... il tend la main... puis son doigt touche délicatement le font de l'homme. La bête dit d'une voix grave : « C'est toi le chat. »
J'entends des protestations agacées dans la foule. Toute cette histoire pour quelque chose d'aussi stupide? Ces réactions m'amusent et je remercie mon public avant de fuir, laissant enfin Livai seul. Ses yeux injectés de sang signifient que si je reste, il me tuera pour me faire payer de lui avoir fait perdre son temps.
Je suis les indications d'Armin pour le rejoindre au deuxième étage, là où il a amené nos victimes. En route, j'envoie un message au reste de l'équipe pour les inviter à nous rejoindre. Mes amis sont les meilleurs. J'entre dans la chambre de Mike, là où ils se trouvent. Erwin et Mike semblent avoir le corps de mollusques, mous et à moitié endormis. Si je le voulais, je pourrais les battre avec mon petit doigt même s'ils ont deux fois ma musculature.
-Hansi commençait à les trouver très bizarres, explique Armin. Je m'inquiétais, mais elle a fini par croire que c'était un abus d'alcool. On a vidé deux bouteilles de tequila pour que ça passe bien... j'ai mal au cœur et tout tourne.
-Tu peux te reposer et nous laisser continuer. Tu as bien travaillé, Champi.
-Merci.
Armin lève son pouce, puis il se laisse tomber contre le mur, à bout de force. Il est clairement ivre, mais je n'ai pas le temps de m'en occuper. J'avance vers mes proies lorsque Floch s'agrippe à mon bras. Je le sens chanceler, son écharpe enroulée autour de sa tête à la manière d'un bandeau de karaté. Ses yeux sont vitreux, indiquant son abus d'alcool. Il lève ses petits yeux en amande en ma direction.
-Armin et moi, on est les rois du monde! s'amuse-t-il. On a réussi! Si j'étais un prince, j'aurais le droit à un bisou de la part de ma princesse... Dans mon cas, ce serait mon prince. T'en dis quoi? C'est vrai, hein?
-Oui, oui, Floch. Trouve-toi un prince et t'auras ton bisou. Allez, va te reposer avec Armin. T'as fait du beau boulot.
-Mais... Je sais déjà qui est mon prince...
Le roux gonfle tristement les joues, mais je l'ignore pour faire face à mes victimes. Mon ventre bouillonne d'excitation alors que je suis en pouvoir. Ces garçons sont à ma merci.
-Où est Livai? demande Erwin d'une voix lente. Il était censé m'attendre ici...
-Livai va arriver dans quelques minutes, répondis-je. Ne t'inquiète pas.
Le reste de l'équipe ne tarde pas à arriver et ils dévisagent les garçons dans un piteux état, ainsi qu'Armin sur le sol et Floch à mon bras. Seul Jean manque à l'appel. Où est-il? Convaincu qu'il a une bonne raison pour être en retard, j'explique la situation avec mes amis. Dès que je parle de drogue, la motivation dans leurs yeux s'efface, laissant place à l'effroi. Ils semblent effrayés.
-C'est quoi du GHB? demande Sasha en fronçant les sourcils. Ça se mange?
-C'est de la drogue, répond Connie faiblement. Eren les a drogués.
-Quoi?
Le silence devient lourd, presque suffocant. Comme je m'en doutais, ils ne sont pas très compréhensifs. Cependant, lorsque je requiers leur aide pour coucher les hommes sur le lit, aucun ne refuse de m'aider, hormis Bertholdt qui reste près de la porte, le visage décomposé sous la panique.
Les blonds sont aussi faciles à guider que de la pâte à modeler. Même si Erwin marmonne de le laisser tranquille, il se laisse coucher auprès de Mike dans le large lit. Le plus grand s'endort dès que son dos touche le matelas, la bouche ouverte. Il ronfle déjà.
-On va les déshabiller, expliqué-je. Il faut qu'ils croient qu'ils ont couché ensemble.
-Mais... souffle Sasha. Ce n'est pas une sorte de viol? Je veux dire... c'est mal, non?
-Bien sûr que non! Ils savaient dans quoi ils s'embarquaient quand ils se sont inscrits aux jeux! Tu crois qu'ils ont eu des remords à publier la vidéo de Jean et moi? Absolument pas! Ce sont les premiers à avoir dépassé la limite. Ils récoltent ce qu'ils ont semé.
-Si tu le dis.
J'essaie de dévêtir Erwin qui tente de se débattre en marmonnant, même s'il n'a plus la force de me résister.
-Lâche-moi, bredouille Erwin. J-Je veux Livai...
-Tu devras te contenter de Mike pour la nuit!
-Non... Livai...
-Bertholdt, peux-tu venir nous donner un coup de main?
L'échalote brune n'a toujours pas bougé depuis son arrivée, fixant la scène avec effroi. Lorsqu'il entend son prénom, il hoche négativement la tête. Je rêve où ses yeux sont remplis d'eau? Il ne devrait pas être si émotif pour un simple méfait. Ce n'est que les jeux!
Je parviens finalement à retirer tous les vêtements d'Erwin, lui laissant son caleçon par politesse. Reiner et Connie terminent aussi de préparer Mike, puis nous forçons pour les coller l'un à l'autre, passant le bras du plus grand par-dessus l'autre. Ils sont de vraies pierres à cause de leurs muscles saillants!
-Oh, regardez ce que je viens de trouver! s'exclame Connie qui fouillait dans le jeans à Mike.
Il brandit fièrement un petit sachet contenant un préservatif. C'est parfait. Je lui retire des mains afin de l'ouvrir, cracher à l'intérieur, puis le jeter dans la poubelle près du lit. Nous dispersons leurs vêtements sur le sol, puis je sors mon téléphone afin de prendre de magnifiques photos.
Demain, Livai recevra cette image.
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Dans la première version, je n'avais pas écrite la blague. Je me suis dit que ça pourrait être amusant de vous la faire découvrir XD. L'avez-vous aimé?
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