Emma : 

Ce soir, je suis plus que nerveuse. Je suis en voiture avec Taylor qui a véritablement décidé de me prendre au mot comme il m'avait averti. Toute la semaine , j'ai eu la joie de le voir se rapprocher chaque jour un petit peu plus de moi. Je crois que c'est justement grâce à la perche que je lui ai malgré moi tendue. En effet , Taylor est venue me voir l'autre soir pour me dire le plus naturellement du monde "Samedi, tu m'emmèneras goûter ces fameuses cuisses de crapauds et si je n'aime pas, tu devras goutter en retour aux huîtres crues". J'ai bien essayé de me défiler mais comme j'étais trop hébété, j'ai juste été capable de hocher bêtement la tête sans pour autant lui avouer que venant d'un milieu riche, il n'a jamais été rare que ma mère m'en fasse manger. 

Voilà, c'est comme ça que je me suis aujourd'hui retrouvé à servir de GPS humain a Taylor pour lui indiquer la route d'un restaurant français dont j'ai plusieurs fois entendu parler. Je ne sais pas pourquoi je n'ai pas osé parlé à Oli' de mon rencart avec lui. Vraiment, je n'y suis pas parvenus alors je n'ai eu aucun mal à lui mentir en lui prétextant que le samedi qui approchait, je devais travailler plus tard que prévu. Je commence d'ailleurs réellement à m'en vouloir beaucoup mais je n'ai pas plus de temps pour y réfléchir car Taylor prend la parole.

- Je te trouve bien silencieuse ce soir.

- Disons que je suis juste calme menti-je une fois de plus. Tourne à droite !

- Pourquoi est-ce que j'ai l'impression que c'est la première fois que quelqu'un te sort ? 

- C'est faux, j'ai déjà eu ce genre de rendez-vous.  

Je pense involontairement à Ryan avec qui j'ai plusieurs fois déjeuné ou dînée mais je me demande si les fast-foods entrent en ligne de mir quand dans un rapide regard, je peux apercevoir Taylor se tourner vers moi, un sourire éclatant pendu aux lèvres avant de me demander de quel genre de rendez-vous je veux parler. C'est fou, avec lui on dirait que je manie parfaitement l'art de rendre des situations horriblement embarrassantes lorsqu'elles devraient être banales. Je m'enfonce profondément sur le siège passager en me défendant tant bien que mal. Je bégaie en lui lâchant quelque chose qui ressemble à "Je ne prétendais pas que nous sommes en rendez-vous galant ou quoi que ce soit. Je voulais dire..." mais la réaction de Taylor ne manque pas de me faire rire et de me faire plaisir à la fois. Plus je le regarde et plus je le trouve craquant avec ses yeux pétillant de malice

- Oh ! Dommage... Il fait mine de bouder. Je le croyais pourtant.

- Ah oui ?

- Tu es drôle Emma. Tu me donnes toujours l'impression d'être étonné que quelqu'un puisse s'intéresser à toi. Pourquoi crois-tu que je t'emmène ce soir ?

- Parce que je t'ai presque forcé la main soufflais-je désireuse de l'entendre approfondir sur ce qu'il pense de moi. C'est moi qui...

- Tu vois ! Je te dis que tu m'intéresses et tu penses que je t'obéis simplement. Une dizaine de secondes passent avant qu'il se remette à parler. Tu me plais Emma avoue-t-il.  

Extérieurement, je rougis violemment mais alors a l'intérieur... À l'intérieur , il y a une déesse pleine de vie qui entame un salto arrière avec habileté. Je ne dirais pas que je ressens la sensation de papillons virevoltant dans le ventre mais en toute honnêteté, je n'en suis pas loin. Je me sens plus qu'excitée à l'idée de plaire à un garçon qui me plaît à moi aussi. J'ose à peine sourire à Taylor pour lui faire comprendre que sa révélation ne me laisse absolument pas indifférente. Non, vraiment pas ! Rapidement nous atteignons le restaurant français et Taylor me surprend grandement en se montrant extrêmement galant avec moi.

Il tient parfaitement le rôle d'un gentleman en me tenant gracieusement la porte. Il parle pour nous lorsque l'hôtesse nous demande où nous souhaitons nous installer. Je manque de mourir de rire quand il me tire la chaise au moment où je m'apprête à poser mes fesses sur le coussin rembourrer. Je suis au comble du bonheur ce soir. Cette soirée s'annonce tellement bien ! Je me sens légère, comme sur un petit nuage. Taylor me fait oublier que j'ai menti à Oli' pour être ici avec lui. Il me fait même oublier que je sors à peine d'une rupture difficile et qu'il y a encore quelques mois, je pleurais la perte de mon premier amour. Celui que j'avais cru dure comme fer était l'homme de ma vie. Quelle imbécile j'ai été mon Dieu ... J'ai été tellement ridicule de croire que Ryan et moi avions un avenir ensemble. Nous étions deux parfaits opposer alors comment aurions-nous pu être heureux sur le long terme ?  

"Les contraires s'attirent" oui, mais pourquoi le proverbe ne précise-t-il pas qu'ils peuvent aussi se détruisent ? Taylor lui est tellement plus semblable à ce que je suis. Il est poli, gentil, beau, a l'écoute et généreuse. Il fait surgir en moi une étincelle qui s'était éteinte a cause de Ryan. Il me ressemble plus que Ryan ne le pourra jamais. "Qui se ressemble s'assemblent". Taylor et moi somme nous destinés a confirmé cet autre proverbe ? Pour le moment je ne suis sure de rien encore mais vu comme il est adorable avec moi, il se pourrait peut-être qu'il me fasse craquer et que nous n'échappons pas à la règle. C'est peut-être écrit quelque part....  

Ryan : 

Je vais finir par croire qu'Oli me kiffe ou bien plus que son appartement ne lui plaît pas autant qu'elle le prétend si elle passe davantage de temps à venir me rendre visite pendant qu'elle ne travaille pas au lieu de se reposer. Sérieusement, en ce moment elle ne peut pas s'empêcher de me coller au cul. Ce n'est pas que ça me gène qu'elle soit aussi souvent là mais je dois avouer que plus je l'ai vu et plus l'envie de lui demander des nouvelles de sa colocataire sont fortes. L'autre jour, j'étais putain de mal à l'aise en lui avouant que je m'étais mis à penser de plus en plus à Emma.

C'est la première fois que je n'ose pas lui parler d'un truc. Je me vois foutrement mal lui dire de bout en blanc que je commence à me demander si finalement Emma ne me manquerait pas un petit peu. Je me vois putain de mal lui ne balancer que parfois, je me questionne sur mes sentiments pour elle. Dans ma tête règne un foutoir pas possible. Comment diable pourrais-je donc expliquer à Oli' que je crois encore aimer Emma après toutes les saloperies qu'elle m'a entendu cracher à son sujet ? Je ne sais même pas ce qui m'arrive. Un jour je déteste Emma et le lendemain, j'aimerais ne jamais l'avoir quitté. Maudit soit le moment où j'ai compris qu'être oublié par Emma réveillerais en moi les sentiments que j'éprouvais autrefois pour elle. 

- À quoi est ce que tu penses ?

- Je pense que ce tapis est hideux et qu'il n'ait pas question que je claque cent dollars pour une merde pareille !

- Et celui-ci demande Oli' en faisant défiler différents model sur son ordinateur portable. Il est sympa non ?

- Ouais, c'est vrai qu'il serait sympa si mon nom de famille serait Whisley et que j'habiterais une putain de vieille cabane en bois toute pourrie me moquai-je de lasser de ce putain de shopping en ligne en vue de décorer un tant soit peu ma maison.

- Ce que tu peux être chiant souffle t-elle à bout de patience.  

Je le suis moi aussi. Depuis qu'elle est arrivé, Oli' a décidé de m'emmerder avec son idée a au con de m'aider a choisir des trucs pour que ce soit moins vide chez moi. C'est déjà bien beau que je sois parvenu à acheter deux ou trois petits meubles pour certaines pièces, je n'ai pas la moindre envie de perdre mon temps avec de la décoration superficielle qu'elle a l'air de trouver tellement indispensable pour que je me sente bien ici. D'accord , elle craint que ma décision d'emménager ici soit une connerie mais c'est chez moi maintenant et je n'ai pas la tête à vouloir vivre dans un décor tout droit sorti d'un magazine de merde.

- Sérieusement, ça me saoul là. Lâche- moi avec la déco.

- Bien. Si tu as envie de vivre dans un lieu froid et sans caractère c'est ton problème.

- Voilà exactement je m'exclame. C'est mon putain de problème !

Oli' ferme un peu trop brutalement son ordinateur tandis que je me lève pour aller me prendre une corona bien fraîche dans le frigo. Je propose à Mademoiselle la décoratrice ce qu'elle veut boire mais visiblement ma franchise l'a vexé. "Qui est le plus chiant de nous deux maintenant ?" j'ai envie de lâcher mais je n'en fais rien. Je me contente de jouer sur mon portable en attendant qu'elle cesse de jouer la gamine trop gâtée. Et apparemment, elle ne semble pas non plus décider d'arrêter de sitôt vu le long moment de silence qui flotte entre nous. Pourquoi fait t-elle tout un plat pour si peu ? Est-ce qu'elle serait dans sa période de menstruation ? Ça expliquerait pas mal son comportement de chieuse.  

  - À tu tes règles ?

- Je te demande pardon demande-t-elle les yeux pratiquement sortis de la tête

- Non parce que tu es vraiment une emmerdeuse aujourd'hui. Je t'ai connu de meilleure humeur. Je souris pour la taquiner. Aller, tu peux me le dire à moi ! Entre filles on se dit tout...

Ma connerie marche relativement bien car Oli' éclate de rire , incapable de se retenir. Je ris moi aussi mais plus parce que sa gueule quand je lui ai posé la question était putain de drôle. Quoi qu'il en soit , elle ne me lâche pas sa réponse mais son humeur auparavant massacrante est radicalement devenue plus légère. Dieu soit loué ! Je me voyais mal partager mon samedi soir avec elle en devant supporter ses râlements démoralisateurs. Pendant un certain temps , elle et moi discutons de tout et de rien. Le temps passe beaucoup plus vite quand je ne suis pas seul et pour la première fois depuis des mois, je me détends totalement. Ça me fait un bien fou.

Vers onze heures, Oli' m'annonce qu'il est temps pour elle de rentrée. Je me raidis quand sans le vouloir elle m'apprend qu'Emma ne devrait pas tarder à rentrer. Je ne peux pas m'empêcher de lui demander ce qu'elle peut bien foutre dehors à une heure pareille toute seule mais ensuite je remercie le ciel quand elle me répond qu'en fait, Emma travaille dans un restaurant et que ce soir son service se termine plus tard que d'ordinaire. Ouais, j'avoue que je me sens putain de soulager...