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Chapitre 12 : Le chemin vers la capitale (partie 2)

Gladys partit se reposer et Maeve et Vigdis restèrent à contempler les étoiles. Deux jours s'étaient écoulés depuis la bataille, mettant un peu de distance entre elles et les horreurs. La beauté du ciel était irréelle par rapport aux horreurs terrestres.

— Comment va ta blessure ? s'inquiéta la femme d'épée.

— Rien de grave, ça a saigné mais c'était juste superficiel, je n'ai déjà plus mal, éluda Maeve avec un air désinvolte.

Cela ferait une cicatrice de plus, une autre bataille dans sa chair. La magicienne avait renoncé à les compter.

Elles tentèrent de repérer leurs constellations favorites. Maeve s'agita, comme lorsqu'elle contenait quelque chose trop longtemps.

— Qu'est-ce qui ne va pas ? pressa Vigdis.

— Je pense encore à Enid...c'est vraiment bête mais je ne peux pas m'empêcher de m'imaginer qu'elle puisse être à Fhirdiad. En fait, je crois que je ne m'arrêterai pas tant que je n'aurais pas vu son cadavre, avoua-t-elle avec une détermination fiévreuse.

Impossible de faire correctement son deuil sans cela. Et c'était aussi tout ce qui lui restait de sa vie d'avant, la seule qui se souvenait peut-être aussi de ce qui avait été. Maeve n'aurait pour cela plus que des cendres en legs.

Les mots échappèrent à Vigdis comme des anguilles. La fatigue comprimait ses tempes. Comme elle gardait le silence depuis trop longtemps et ne voulait pas que Maeve le prenne pour de l'indifférence, elle finit par parler.

— Peut-être que tu ne sauras jamais où elle est, commença-t-elle, avec cette factualité un peu brusque qui était la sienne.

Avant qu'elle n'ait pu continuer, Maeve secoua tristement la tête l'air de dire : « tu penses que je ne le sais pas ? Me dire que je dois l'accepter et arrêter d'y penser ne changera rien ». Elle n'avait pas tort, des injonctions vides n'allaient pas aider. Il était difficile de brider son esprit quand il était décidé à ruminer.

— Mais si tu as besoin de t'épancher, je serai là, même si je ne suis pas toujours la plus douée pour conseiller...je pourrais toujours t'écouter, se rattrapa Vigdis avec une mine adoucie.

Elle posa aussitôt une main ferme et rassurante sur l'épaule de son amie. La soldate se débrouillait mieux avec des gestes. Maeve s'apaisa un peu.

Vigdis avait elle aussi peur, mais enfouissait toutes les craintes face auxquelles elle était démunie. Que se passerait-il si elle rencontrait un ancien membre de sa troupe ? Si elle n'avait pas d'autre choix que de l'affronter sur le champ de bataille ? Si un jour elle trouvait un visage connu parmi les cadavres ? Les compagnons d'antan n'étaient peut-être déjà plus que des crânes mis à nu par les vers...

— Merci Vigdis, je suis là moi aussi. Tu peux me parler si tu en as besoin, proposa son amie avec une infinie douceur.

Maeve désirait aussi être pour une fois la dépositaire des soucis, sortir de sa position de cadette du groupe.

Elle faillit céder à la tentation La porte était solidement close, les émotions incapables de prendre forme, les mots s'évaporaient sur ses lèvres. Maeve portait déjà un lourd fardeau, inutile de l'accabler encore plus. Même si à l'intérieur tout s'agitait, se convulsait et brûlait.

— Est-ce que c'est la première fois que tu vas à Fhirdiad ? questionna la plus âgée.

— Oui, je crois que j'en sais plus sur Deirdriu que sur notre capitale, s'amusa Maeve.

Ce n'était pas grave, le monde était vaste et elle avait beaucoup de choses à apprendre.

— Pourquoi est-ce que ta mère n'a jamais voulu retourner dans l'Alliance si elle était si nostalgique ? S'étonna Vigdis.

— Parce que ma tante ne voulait pas y remettre les pieds...à cause de son ancien travail, chuchota Maeve. Elle est partie pour prendre sa retraite loin de toutes les affaires dans lesquelles elle avait trempé. Ma mère ne voulait plus être séparée d'elle.

Nemain et Philomène étaient mortes ensemble, consumées par le même brasier. Cette pensée lui emplit la bouche de bile.

— Je te montrerai quelques endroits quand nous y serons, proposa l'épéiste. J'ai bien apprécié les fois où j'y suis allée, on avait fait un spectacle inspiré par la guerre de l'Aigle et du Lion qui avait bien marché. Je jouais Maude et j'avais une scène d'introduction assez dramatique où je repoussais les bandits avec mon épée. À un moment je faisais aussi une danse sans armes, inspirée par celles que mon professeur avait vues en Dagda...

— J'aurais tellement aimé voir ça ! S'exclama Maeve. J'admire beaucoup la reine Maude, même si je ne connais pas toutes les histoires à son sujet. C'était une grande magicienne et elle a été très courageuse de faire le voyage de Morfis à ici. Je me dis qu'elle aussi savait à sa manière ce que c'était d'être de Faerghus et d'ailleurs.

Le parfum de la nostalgie, de l'exil flottait toujours dans l'ancienne demeure de Maeve. Elle était dans un pays à l'extérieur et dans un autre une fois la porte franchie. Sa mère n'avait jamais cherché à s'adapter à sa nouvelle terre, son âme voguait dès que possible vers le lointain.

Il était on ne peut plus clair qu'elle aurait préféré être ailleurs si elle n'avait pas choisi de suivre sa sœur. Il y avait aussi l'ombre de la rupture originelle, de ce départ engendré dans la peur et la douleur. Philomène s'agitait dès qu'on mentionnait Enbarr, ne supportait pas d'entendre un homme hausser le ton.

Leur famille était une nation à elle seule. Tout la ramenait à cette vérité indicible. Car Maeve était aussi une citoyenne impériale. Selon la loi qui y était en vigueur, elle aurait dû appartenir à la maison de son père, soumise à sa toute-puissance. Heureusement, les beaux oiseaux chanteurs dissimulaient parfois des serres et des becs crochus et savaient briser leurs cages.

Mue par une curiosité malsaine, la jeune femme se demandait parfois à quoi ressemblait Enbarr. Elle n'avait cependant guère envie d'y mettre les pieds..

— Je suppose que tu as lu Loog et la dame du vent dans ce cas ? tenta Vigdis.

— Non, ma mère n'aimait pas ce genre d'histoires. J'ai toujours hésité à le lire parce que j'avais peur qu'il ne se centre que sur les batailles.

Et comme la guerre était son quotidien, elle avait envie de s'évader autrement.

— Il y a pas mal de scènes d'action mais l'intrigue nous laisse parfois souffler et c'est aussi une histoire d'amitié...et d'amour, logique vu le titre. Des personnages très différents doivent apprendre à travailler ensemble, résuma l'épéiste. Je suppose que ces aspects pourraient te plaire.

— Je comprends pourquoi c'est si populaire, chacun doit pouvoir y trouver quelque chose qui lui plaît. Hm, tu as piqué ma curiosité, je veux bien essayer, décida la musicienne avec un petit hochement de tête.

Elle supposait que Rusla ferait partie des personnages, Gladys lui avait tant parlé d'elle !

— Tu n'auras aucune difficulté à t'en procurer un exemplaire à la capitale. D'ailleurs je me suis toujours demandé pourquoi ça s'appelait Loog et la dame du vent et pas tout simplement Loog et Maude, commenta la guerrière en haussant les épaules.

— Sans doute parce que le surnom « Dame du vent » donne un côté mystique, un peu comme une rencontre surnaturelle ? Imagina aussitôt Maeve. D'ailleurs j'aimerais beaucoup voir un jour la chorégraphie sans armes dont tu m'as parlé. Enfin, si tu te sens en état. Je peux toujours attendre, tu sais.

Ses yeux étincelaient et un sourire malicieux flottait sur ses lèvres. Vigdis inspecta les alentours. Personne en vue. Maeve attendait toujours.Vigdis aimait apporter du bonheur aux autres, en témoignait sa fierté en apprenant que Felix se souvenait de son spectacle. Autant essayer d'aider Maeve à oublier un peu la guerre. Son corps consentirait à cet effort supplémentaire.

— Tu l'auras maintenant. Cela rendrait mieux avec le costume adéquat, mais voici la danse de l'être céleste, annonça-t-elle avec détachement.

Elle prit la pose, une main proche du menton, l'autre gracieusement relevée. Maeve serra les mains, impatiente. Vigdis esquissa un pas aérien. Elle ne véhiculait pas une impression de puissance, de danger ou d'héroïsme mais de grâce, de sérénité, de légèreté. L'épéiste était peut-être un peu moins à l'aise dans ce registre, mais sa gestuelle restait délicate, alliant énergie et douceur.

Elle se mouvait comme la brise, cherchant à convoquer l'image d'une fée ou d'un esprit dansant sur les nuages, bondissant parmi les étoiles. Sa tenue, les stigmates de la fatigue et sa coiffure fonctionnelle ramenaient cependant parfois à une réalité plus prosaïque. La fatigue se fit sentir, ses muscles hurlèrent. Elle manqua de trébucher mais se reprit.

Maeve ne put s'empêcher de se mettre à chanter, sa camarade n'en prit pas ombrage et continua. La mélodie la portait, s'enroulait autour d'elle. Leurs deux arts se mêlaient parfaitement. Vigdis plongea vers l'avant, écartant les deux bras comme les ailes puis leva une jambe, ne tenant plus en appuis que sur un seul pied. Une dernière pirouette et elle se figea dans une posture raffinée.

Maeve se leva et applaudit tant que les paumes de ses mains en devinrent douloureuses.

— C'était incroyable, merci mille fois !

Son amie la salua, sans être complètement satisfaite de sa performance. Elle se trouvait en effet un peu rouillée et s'était à un moment trompée dans l'ordre des pas. Au moins la mission était-elle accomplie.

— Merci de m'avoir accompagnée, on pourra toujours monter un spectacle si un jour on est en difficulté, ironisa-t-elle.

— Imagine une artiste qui mélangerait nos qualités, elle aurait sans doute un succès incroyable, s'amusa Maeve.

— Ah, mieux vaut qu'une telle personne n'existe pas, renchérit Vigdis. Autrement, les châteaux tomberaient les uns après les autres devant-elle

— Pour l'instant, c'est Cornelia que nous allons faire tomber, promit la chanteuse, car l'entendre lui donnait de la force.

— On a pas le choix de toute manière. Et puis, on a de bonnes chances de notre côté vu comment s'est comporté le prince pendant la dernière bataille, nota Vigdis.

— C'est un vrai miracle, approuva la plus jeune. Je me demande d'ailleurs comment Gladys l'a rencontré...

—J'ai tenté mais elle a éludé, on est pas prêtes de le savoir, l'informa simplement Vigdis.

Elles retournèrent s'asseoir, mais l'épuisement les rattrapa vite. Réussir à dormir était cependant un autre défi. Maeve se leva à contrecœur. Rester ainsi, c'était repousser l'arrivée du lendemain. Il y aurait de nouveau les cris, les odeurs, les myriades d'yeux accusateurs.

La blessure de Dedue lui revint en mémoire. « J'espère qu'il va bien, pria-t-elle, il a sans doute eu le temps de se récupérer un peu. Comme ça, je pourrais venir le voir sans le gêner ».

Bonus :

La silhouette de la dame se dessinait en contre-jour, à la lumière des chandelles. Drapée dans une ample et sombre robe, elle ressemblait à un fantôme, une vision fugitivement entrevue. Son port de tête était celui d'une reine mais seuls les ombres et les soupirs peuplaient sa cour.

Dehors, le monde retenait son souffle en silence. Des herbes médicinales étaient étalées devant elle : celles qui empêchaient la conception et que toute femme se devait de connaître, qui interrompaient une grossesse, faisaient tomber la fièvre, apaisaient les toux, libéraient les poumons...

Un savoir fabuleux contenu dans son esprit. Ses gestes étaient lents, mais précis. Elle aurait la douleur à l'usure, l'empêcherait de se réveiller. Les faiseurs de miracles l'avaient arrachée à la mort mais n'avaient pu éteindre le feu. Pas question d'abandonner ceux qui venaient à leur petit dispensaire. Aider était le moins qu'elle pouvait faire. Son corps meurtri, brûlé, mutilé lui rappelait chaque jour sa culpabilité. Elle avait survécu par on ne savait quel caprice du destin, autant faire quelque chose d'utile des jours qui lui restaient.

Dimitri revenait à la tête d'une armée. Ce n'était que justice après tout. Il méritait de reprendre son trône, après tout le mal qu'on lui avait fait, qu'elle lui avait fait...Et Edelgard, maîtresse toute puissante de l'Empire...La femme n'éprouvait aucune satisfaction à la voir ainsi.

Comment réconcilier l'image de son enfant chérie, sa lumière, son âme, avec celle de cette conquérante ? Que lui avaient-ils fait ? La jeune princesse avait tant dû souffrir, seule au milieu de tous ces serpents ! En voulait-elle à parfois à sa mère ? Grande avait dû être sa douleur en apprenant que personne ne viendrait l'aider !

Une plainte déchirante jaillit de l'esprit de la dame :

« Je suis désolée, maman n'a pas su te protéger...ni des autres ni de toi-même... »

Des perles ambrées dévalèrent ses joues abîmées. La dame les laissa choir, transpercée, crucifiée sur place par le chagrin. Des bruits de pas dans le couloir l'arrachèrent à son supplice. Non, il ne fallait pas qu'on la voie ainsi. Ses poignets tremblant s'affairèrent, essayant de lui rendre une apparence présentable.

Une jeune femme aux courts cheveux roux et au teint laiteux fit irruption dans le petit atelier.

— Anselma ? appela Ismène. Oh, ne reste pas là tu devrais te reposer.

La nouvelle venue drapa aussitôt une cape autour des épaules de la blessée. La dame profita pour déposer un baiser de velours sur le front de sa protégée. Sa main à la peau si fine, rougie, parcheminée, enserra celle d'Ismène.

— Là tout va bien, rassura-t-elle. Je ne suis pas si fragile, tu sais.

Ismène ne fut pas convaincue et secoua la tête. La rougeur des yeux d'Anselma ne lui avait pas échappé. La guérisseuse comprit que l'esprit de sa mère était occupé par cette autre qui lui causait tant de peine et à laquelle elle ne pourrait jamais se substituer.

— Excuse-moi de t'avoir inquiétée, continua la dame. Tu as raison, ne nous acharnons pas, allons nous coucher.

Elle n'aimait guère l'expression sur son visage, inutile de la contrarier encore plus, d'autant que le travail était déjà bien avancé. Soulagée, Ismène l'aida à se lever, lui offrant de prendre appui sur son bras. La déchue s'y accrocha, le cœur empli de gratitude et de tendresse.

« J'ai deux filles, la première est un soleil impitoyable, la seconde une douce lune. L'une éclaire ma nuit, l'autre est un trou béant dans ma poitrine, une torture éternelle. Et cette dernière est perdue à jamais...»

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