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Chapitre 10 : Thé et sortilèges (partie 2)

Il goûta à son tour le biscuit. Le résultat était plutôt correct, malgré ses ingrédients limités. Dedue vit soudain deux magiciennes l'observaient discrètement, comme pour s'assurer que tout allait bien. Sans doute avaient-elles remarqué son absence temporaire et un air inquiet s'invita sur leurs visages.

Le chevalier chercha vite de quoi les rassurer.

— Merci pour ce que vous avez fait, les plantes tiendront en mon absence.

— C'est tout à fait normal ! contra Annette. C'est un endroit que nous apprécions tous et où nous avons toujours pu avoir un peu de tranquillité.

— Je suis heureuse de pouvoir vous aider à préserver ces belles fleurs, renchérit Maeve. Quand les avez-vous plantées ?

— Il y a cinq ans, lorsque j'étais encore étudiant ici, expliqua Dedue. J'ai été surpris de les retrouver, mais elles sont toujours là...

— Comme nous tous...En tout cas j'ai bien repris des forces, commenta Maeve avec un sourire voilé.

— C'est vrai, ça me donnerait presque envie de chanter, laissa échapper Annette. Ah, oubliez ce que j'ai dis !

Dedue eut un demi-sourire amusé, ayant déjà été témoin des envolées improvisées de sa camarade lorsque cette dernière se croyait seule.

— Tu aimes chanter ? Ça tombe bien, moi aussi ! lança Maeve, toute heureuse de se découvrir un nouveau point commun avec elle.

— Enfin, c'est juste quelque chose que je fais pour m'amuser, éluda Annette. Est-ce que c'est pareil pour toi ou tu as reçu des leçons plus approfondies ?

— J'ai appris avec ma mère, expliqua Maeve. Et je me débrouille plutôt bien. Est-ce que vous aimeriez que je chante quelque chose, pour nous motiver ? D'habitude je m'accompagne avec mon luth, mais je peux aussi très bien faire sans.

Ce serait sa manière de les remercier. La musique rapprochait les cœurs, soignait les blessures. La musicienne n'attendait que de s'envoler avec ses notes, de faire disparaître la cacophonie des armes. Aussi l'allégresse s'invita-t-elle lorsque les deux autres approuvèrent.

Maeve se leva avec calme à assurance, déjà dans son élément et nullement inquiétée par leurs regards sur elle. Elle avait pris l'habitude de se produire pour les gens du château, le soir, dans la salle commune. Dedue se demanda ce qu'elle leur réservait. Ce serait un moyen d'en apprendre plus sur elle.

Maeve ouvrit la bouche et laissa échapper sa première note. Sa voix était douce, mélodieuse, comme celle d'un rossignol. Il s'attendait à une mélodie de cour, mais elle enchaîna sur un chant de travail rythmé.

Ses vocalises étaient énergiques, comme l'eau vive d'une rivière. Les inflexions étaient harmonieuses, toujours posées avec justesse. L'absence d'instrument ne se faisait pas sentir, ses émotions transparaissaient sans fard sur ses traits. Gérant son souffle, elle tint le rythme, sauta gaiement de note en note, les entraînant dans sa sarabande. Annette l'accompagnait déjà en battant des mains.

Dedue entendit de nouveau les voix des paysans dans les montagnes de Duscur. Maeve retranscrivait parfaitement cette volonté de faire face à la dureté de l'existence. C'était comme survoler les campagnes et les vastes étendues, un rappel au monde d'où ils venaient et à ce qu'ils devaient défendre.

Le chant enfla comme une vague, leur transmettant toute son énergie et son courage. Enfin, elle descendit d'une octave en un doux et délicat au revoir, une caresse de brise.

Silencieuse, elle s'inclina enfin.

Annette fut la première à laisser échapper ses félicitations, rejointe par Dedue :

— Vous êtes très talentueuse, complimenta-t-il. En avez-vous déjà fait votre métier ?

Il nota avec un amusement détaché qu'elle le rendait plus curieux et bavard. Leurs éloges la firent rayonner encore plus, creusant sa fossette. Sa passion pour son art transparaissait à travers toutes les fibres de son être.

— Non jamais. Ma mère était très douée et elle a toujours veillé à me donner la meilleure éducation possible. Je suis entrée au château de ma dame en tant que suivante. Mais très vite, j'ai décidé de la suivre au combat, raconta-t-elle.

Aucune formation militaire préalable, semblait-il donc, ni aucune envie de suivre cette voie. À la voir ainsi, sensible, délicate, raffinée, il aurait été aisé de croire qu'elle n'avait pas sa place sur le champ de bataille. Dedue l'avait vue en action et connaissait toute la mesure de son courage. C'était le genre de personne dont on pouvait faire l'erreur de ne rien attendre mais qui recelait pourtant une grande force.

— Tu devrais y songer quand la guerre sera finie, il y a de nombreuses opportunités à la capitale, l'incita Annette.

— Nous verrons, éluda Maeve. En tout cas je suis heureuse que cette chanson vous ai plu. Elle est très appréciée de par chez nous .

La question d'Annette la liait en effet à un certain nombre de ses angoisses secrètes, notamment la peur de la solitude, de l'abandon. Partir à la capitale signifierait laisser ses amies. Leur présence, leur gentillesse étaient un antidote face au souvenir des flammes. La solitude, impitoyable, la laissait toujours face à ses doutes. Tout le monde parlait de plus de l'après pour tenir, parce qu'il fallait se dire qu'on allait survivre. Un retour à la vie normale était-il seulement possible après avoir commis des actes d'une telle laideur ?

Ce chant l'aidait à se rassurer. Gladys le fredonnait souvent quand elle entretenait son équipement. Son amie ne chantait pas vraiment juste, mais son timbre plaisant faisait le reste. Aussi la magicienne l'avait-elle rapidement mémorisé.

La cloche retentit, lourde et solennelle. Chacun se sépara à vaquer à ses occupations. Avant de partir, Annette offrit néanmoins à Maeve de venir quand elle le souhaitait dans l'ancienne salle de classe des lions pour étudier au calme. Cette dernière approuva avec plaisir.

La chanson accompagna Dedue toute la journée, mais il y consentit pleinement. S'ajouta à cela un étrange sentiment de reconnaissance. Cet instant lui avait permis de retrouver un peu de la chaleur des jours passés, comme des graines d'espoir qui poussaient encore un peu timidement. Tel était le pouvoir d'un bon repas : rassembler autour d'un moment de partage.

*

Amalia vérifiait ses armes tandis que Maeve triait des papiers à ses côtés. La guerrière appréciait sa présence, d'autant qu'elle se révélait toujours motivée et appliquée.

La musicienne gardait cependant le silence, ses yeux fuyants étaient comme deux lacs d'encre, indéchiffrables. Se sentant observée, elle leva la tête et sourit comme si de rien était. Amalia connaissait désormais cette expression : quelque chose lui assombrissait l'esprit.

La femme lui tendit une perche :

— Est-ce que tu vas bien ? Quelque chose te donne du souci ?

— Oh... oui, tout va bien, je réfléchissais simplement à la tragédie de Duscur, répondit Maeve, un peu contrite.

C'était inattendu mais pas surprenant. La plus jeune était attentive à tout, elle saisissait des choses au vol et les ressassait, les examinait encore et encore, quitte parfois à se mettre mal.

D'un signe de tête, la dame l'encouragea à continuer. Les sentiments bouillonnants, la violence de l'indignation et de l'injustice prirent le dessus et mots s'échappèrent :

— Je suis...révoltée quand j'entends des gens dire que les Duscuriens n'ont pas leur place dans notre armée et qu'ils ont mérité leur sort. Combien même certains auraient assassiné le roi Lambert et sa suite, toute la nation ne pouvait pas en être responsable ! Je pense à tous ces orphelins, ces familles massacrées, ces gens qui ont perdu leurs maisons... Où sont l'honneur et la chevalerie ? Tout ce que je vois ce sont des meurtriers. Après tout ce que nous avons vécu depuis l'invasion de l'Empire, toutes les larmes que nous avons versées...Comment pouvons-nous encore le souhaiter à d'autres ?

Malgré sa voix tremblante, elle prononça tout d'une traite, libérant sa colère trop longtemps tue. Sa bouche tordue reflétait la douleur, la tristesse noyait son regard.

— Il y en effet...beaucoup de laideur en ce monde, approuva gravement Amalia. Mais il y a aussi des gens comme toi capables de tendre la main.

Le regard de Maeve dériva vers la fenêtre. Elle paraissait nerveuse, comme sur le point de s'aventurer sur un chemin inconnu et escarpé.

— Oui vous avez sans doute raison mais... les Duscuriens n'avaient aucune raison logique de faire ça. Qu'avaient-ils à gagner en tuant Lambert ? Faerghus possédait une puissance militaire bien supérieure à la leur. Par contre le roi était impopulaire auprès de la noblesse à cause de ses réformes... Suite à la tragédie, Kleimann a récupéré un nouveau territoire et Lambert a été retiré de l'équation. Au final, à qui cela a-t-il bénéficié le plus...si ce n'est aux nobles de Faerghus ?

Maeve chuchota ces derniers mots, parcourue par un frisson. Prise de court, Amalia resta silencieuse quelques secondes. Ses similitudes avec la musicienne la frappèrent : autrefois hésitantes, toutes deux avaient su développer leur potentiel.

— Ma grande, que la Déesse ait pitié de tes ennemis, conclut la guerrière d'une voix rauque.

*

Dedue trouva enfin le temps de se rendre à la serre. Le départ approchait et il tenait à s'occuper une dernière fois correctement de ses fleurs.

Son Altesse semblait sur la bonne voie. Malgré sa compassion et sa sensibilité naturelles, Dimitri avait su se détourner des demandes des morts. Il saurait les mener à la victoire. De son côté, le guerrier ferait en sorte qu'il mange suffisamment et bien.

Une voix l'accueillit, quelqu'un chantait. C'était une ritournelle mélancolique, évoquant le ressac des vagues au crépuscule, douce-amère comme la fin des beaux jours. La narratrice regardait le soir tomber depuis sa demeure dans la capitale aquatique. Le vent était froid, le canal se changeait en encre. Son cœur était lourd d'inquiétude, meurtri par l'absence. La lune et les étoiles se levaient pourtant soudain pour se refléter dans l'eau.

Il trouva Maeve assise sous un dais floral, ses cheveux glorieusement dénoués. Elle lui évoquait cet esprit de la végétation qui apparaissait, disait-on, parfois dans les campagnes. Pourtant, ses doigts étaient crispés, son pied s'agitait de temps à autre. Elle connaissait, il le sentait, bien la fracture, la perte, l'attente fiévreuse du lendemain.

Le jeune homme garda le silence, incapable de briser l'enchantement, mais Maeve le vit bien vite et sursauta.

— Je ne voulais pas vous effrayer, s'excusa-t-il.

— Ce n'est rien, j'étais perdue dans ma rêverie, j'étais simplement venue voir les fleurs, une dernière fois...avant de partir, expliqua-t-elle avec un pauvre sourire.

L'ajout de ces derniers mots ne parvint pas à dissimuler le fond de sa pensée. Elle savait qu'elle ne reviendrait peut-être pas vivante. Dedue nota ses grands yeux inquiets, la finesse de ses poignets, l'élégance de ses mains sous les cals et les éraflures. Elle était jeune, sans doute un petit peu plus qu'Annette. Peut-être dans d'autres circonstances aurait-elle mené une brillante carrière d'artiste, poursuivi ses études de magie. Ce conflit l'avait poussée à faire appel aux aspects les plus durs d'elle-même.

— Vous êtes forte, vous avez déjà survécu à Ailell et Gronder, vous reviendrez les voir, promit-il.

La guerre était cruelle, mais il l'espérait sincèrement qu'elle puisse réaliser ses rêves et vivre l'existence paisible qui lui avait été promise.

Maeve inspira un grand coup et se releva.

— Oui, nous reviendrons, affirma-t-elle.

Le passage au monastère lui avait offert un répit bienvenu, mais trop bref. Il lui faudrait de nouveau passer par cette porte brûlante, revenir à l'horreur et au carnage. L'anxiété se réveillait, conviait de sanglants tableaux. Elle y retournerait pourtant, comme à chaque fois. La magicienne n'oubliait jamais pourquoi elle était là. Ne souhaitant pas accroître le fardeau de ses amies avec ces maux difficiles à porter, elle était restée un peu avec les fleurs.

Dedue alla chercher l'arrosoir et, comme Maeve ne paraissait pas avoir d'impératif urgent, il proposa :

— Voulez-vous que je vous montre comment prendre soin de ces fleurs ?

Réchauffée par sa gentillesse, Maeve se dérida aussitôt :

— Avec plaisir !

— Elles sont habituées à un climat sec, commença-t-il. Il ne faut pas les arroser trop souvent. Et lorsqu'on le fait, il faut faire attention à la quantité...comme ceci.

Dedue se montra étonnement prolixe, sans doute était-ce parce qu'il s'agissait d'un sujet qui lui tenait à cœur et qu'il maîtrisait bien. Maeve suit ses instructions, appréciant sa présence tranquille à ses côtés.

— J'aime beaucoup celles-ci, elles doivent former comme un tapis d'or. Dommage qu'elles commencent à se faner..., complimenta-t-elle en désignant des corolles d'un jaune solaire.

— Elles sont un symbole de bonne fortune et de prospérité, l'informa-t-il. On en récupère souvent les pétales pour les faire sécher car leur parfum reste, tenez, vous pouvez les prendre si vous voulez.

Il en ramassa quelques uns, tombés à terre, et les lui offrit.

— Vous êtes sûr ? l'interpella Maeve, surprise. Merci beaucoup.

Charmée par cette bienveillance spontanée, elle sortit de son escarcelle une feuille avec une liste barrée et les y déposa précautionneusement avant de la replier.

Dedue en tira un sentiment de triomphe. Lui qui était si taiseux, au point de se demander parfois si sa compagnie n'en était pas inintéressante, avait réussi à lui remonter le moral.

— Je les mettrai dans un petit sachet, comme cela je pourrais garder l'odeur quand je le souhaite. N'hésitez pas si vous avez besoin de quoi que ce soit...s'il y a une chanson que vous souhaitez entendre, je souhaite vous rendre votre gentillesse, offrit-elle.

— Vous parliez de Derdriu dans celle que vous chantiez tout à l'heure... y êtes-vous déjà allée ? Enfin, si vous souhaitez me le dire, ajouta-t-il.

La question de Dedue paraissait peut-être incongrue, mais cela l'intriguait.

— Non, même si j'aimerais beaucoup. J'ai toujours vécu en Faerghus, avec ma mère et ma tante et elles étaient toutes deux originaires de l'Alliance, alors elles m'en ont beaucoup parlé. Ma mère chantait parfois cette chanson, raconta-t-elle.

« Et quand je l'entonne de nouveau, j'ai l'impression de la retrouver ».

— J'aimerais en entendre la fin, si vous le voulez bien, osa demander Dedue.

Maeve approuva en silence, ils s'assirent côte à côte. Le fil de la mélodie reprit. Les étoiles devinrent des constellations, la lune était à son apogée. Les angoisses s'attardaient mais l'aube se montrait déjà à l'horizon.

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