.Mercredi 28 mai.
Musiques d'inspiration :
It comes back to you - Coldplay
Everybody's changing - Keane
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On ne sait jamais rien de ce qui se noue entre les êtres, eux-mêmes souvent l'ignorent.
(Falaises - Olivier Adam.)
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_ C'est normal ?
Prostré à un mètre cinquante du lit médicalisé, Katsuki n'ose même plus bouger, fixant du regard les yeux ouverts mais inertes de Deku.
Sa façon de rester immobile et insensible à ce qu'il se passe dans la pièce, et de cligner des paupières sans autre forme de réaction le rend un tantinet flippant, à vrai dire.
Et les bruits permanents de ses appareillages, ceux que Katsuki ne remarquait même plus, donnent soudain des airs très macabres à cette chambre.
Entre lui et Inko, un silence pesant s'installe alors qu'elle triture maintenant nerveusement ses mains, semblant chercher un moyen de désamorcer le malaise sans pour autant y parvenir vraiment.
Puis, en gesticulant un peu sur ses jambes, s'agitant plus par gêne que pas réelle nécessité, elle revient finalement s'assoir près de son fils, prenant sa main amorphe dans la sienne.
Jetant un bref coup d'oeil à Katsuki, toujours figé comme un plot de chantier, elle se racle la gorge avant de tenter d'ouvrir une discussion.
_ Tu peux t'approcher si tu veux. Moi aussi ça m'a fait bizarre quand je suis arrivée cette nuit, je comprend ta réaction. Et pour répondre à ta question .. Oui c'est normal, apparemment.
Chamboulé, et les appuis un peu fébriles, il amorce un premier pas vers l'avant, puis s'arrête immédiatement, prenant à nouveau le temps d'observer de loin ce qu'il voit.
C'est fou, si Deku n'avait pas les yeux ouverts, il le penserait exactement dans le même état qu'hier.
Parce qu'il demeure inconscient malgré cet étrange éveil de ses paupières, il donne encore plus l'impression d'être mort comme ça, alors que Katsuki s'attendait à un peu plus de réactivité.
A vrai dire, sans penser bêtement qu'Izuku serait prêt à faire un cent mètres haies dans deux jours, il croyait tout de même qu'il aurait l'air un minimum plus réveillé que ça.
Là, il garde la même position qu'avant, semi allongé et en appui sur le matelas et l'oreiller de son lit médicalisé, ses bras restent le long de son corps, et la ventilation artificielle continue d'aider sa poitrine à se soulever.
_ Le docteur m'a dit, quand je suis arrivée cette nuit, qu'il resterait comme ça encore un petit moment. Il ne peut pas dire exactement combien de temps, mais il faut juste attendre.
Lentement, comme si la rouille envahissait sa nuque, Katsuki tourne son visage vers Inko, cligne trois fois des yeux en la dévisageant, puis pince ses lèvres en baissant la tête.
Bordel, il ne s'attendait vraiment pas à ça.
La désillusion le frappe si fort que ses mains en tremblent, et un deuxième nœud s'ajoute au premier dans son estomac, tordant maintenant son ventre d'une violente sensation d'inconfort.
Sa gorge le démange tout à coup, l'obligeant à s'éclaircir la voix à plusieurs reprises et, alors qu'il se sent maintenant complètement désemparé, il soupire en faisant vibrer sa poitrine avant d'aller chercher la chaise pliante rangée sous la fenêtre.
Il lui semble que ses chevilles pèsent trois tonnes chacune, raides comme des piliers en béton, pendant qu'il s'avance enfin près du lit, prenant place en face d'Inko.
S'enfonçant dans le dossier en plastique, il regarde encore le visage complètement neutre de Deku, sans oser essayer de s'approcher davantage.
Il a pourtant déjà effleuré sa peau plusieurs fois, en remettant ses mèches en place par exemple, ou lorsqu'il prenait ses mains dans les siennes pour entretenir ses ongles.
Mais aujourd'hui, il a la drôle d'impression qu'il ne doit pas le toucher, un peu comme une peur infondée mais incontrôlable.
Les deux pieds bien à plat sur le lino et le dos aussi droit qu'à un entretien d'embauche, il avale sa salive, se sentant incommensurablement mal à l'aise, avant de croiser presque par inadvertance le regard d'Inko.
Sentant sa gêne grandissante, la femme aux traits marqués par la fatigue sourit comme elle peut, entre ses cernes et ses rides naissantes, avant de s'adresser à lui à voix basse.
_ On ne s'est presque jamais parlé, mais je sais que tu venais tous les jours. C'est pour ça que j'ai prévenu ta mère. Cela dit .. J'aimerais profiter de cette occasion pour parler avec toi.
Puis, après une courte pause, alors qu'elle rectifie sa posture pour se faire plus droite et confiante, elle s'éclaircit la voix avant de reprendre, le sourire en moins.
_ Je suis au courant de tout ce qui a pu se passer entre toi et mon fils, qui d'ailleurs te vouait une admiration que tu ne méritais pas Katsuki.
Le reproche, aussi vrai soit-il, le percute comme une enclume lâchée sur la tête, et Katsuki contracte ses épaules par automatisme, prit de court par cette conversation totalement inattendue, alors qu'elle soupire doucement avant de poursuivre :
_ Tu sais, pendant des années il se démenait pour m'en tenir à l'écart, mais je suis sa mère. Je n'avais pas besoin qu'il me le dise pour voir que quelqu'un lui faisait du mal. Et je ne comprenais pas pourquoi il continuait de t'aduler comme ça. Je voulais qu'il se tienne à l'écart de toi, te fréquenter ne lui faisait pas du bien, tu n'étais pas une bonne personne. Je présume qu'on te l'a déjà dit.
Baissant la tête, Katsuki plisse le front en grignotant l'intérieur de ses joues, à la fois très gêné de se prendre un sermon par la mère de Deku, et en même temps, blessé de devoir encore, près de dix ans plus tard, répondre de ses erreurs du passé.
Son estomac se rempli encore et toujours de nœuds nouveaux, alourdissant son poids dans son abdomen alors que son interlocutrice continue de s'adresser à lui, les yeux et le menton relevés.
_ Quand il s'est retrouvé dans le coma, et que j'ai su que tu venais tous les jours, j'ai d'abord pensé que tu étais l'être le plus hypocrite qu'il m'ait été donné de connaitre. Je me demandais si tu faisais ça pour te racheter une conscience, ou si tu trouvais juste un plaisir malsain à le voir comme ça .. Et puis, j'ai remarqué des choses, comme le fait que tu t'occupais de lui régulièrement. J'étais troublée, et surtout je ne comprenais vraiment pas pourquoi tu le faisais.
Un long soupire, mélange de doute et d'incompréhension, interrompt son discours un court instant, alors que Katsuki relève la nuque pour aller balayer du regard les tâches de rousseur sur le visage d'Izuku.
Passant de son front à ses joues, évitant soigneusement ses yeux étrangement ouverts, il reste néanmoins attentif à ce que lui dit Inko de l'autre côté du lit.
_ Mais j'avais besoin de comprendre, de savoir ce que tu faisais là, au chevet de mon fils après tout ce qu'il s'est passé autrefois. Au final, je n'ai fait qu'en venir à la conclusion qu'il me manquait certainement des informations. Izuku me parlait de plein de choses, tous les jours, mais jamais de toi, alors qu'il semblait te suivre partout et tenir sincèrement à cette amitié à sens unique. Alors .. Katsuki, est-ce que tu veux bien me dire ce que tu fais là ?
Dans la pièce calme, les signaux sonores du moniteur semblent tout à coup prendre toute la place, plombant l'atmosphère d'un malaise certain, alors que Katsuki reste prostré sur sa chaise en plastique.
La mâchoire crispée, il finit par baisser les yeux après quelques secondes, les ramenant sur les reliefs du corps de Deku sous le draps, et sa jambe droite s'agite soudain d'un tremblement nerveux.
Ses torts lui reviennent en pleine figure et, en fronçant les sourcils pour lui-même, il ramène à contre cœur des souvenirs pénibles à sa mémoire.
Comme toutes les fois où il s'est montré cruel et méchant avec Izuku, quand il rabaissait ses ambitions et ses espoirs, ou quand il insultait ses rêves et ses efforts.
Auprès d'Inko, comme auprès de lui-même, il ne va pas se justifier.
Parce qu'il n'y a rien à expliquer, Katsuki agissait simplement par pur égoïsme, persuadé que Deku n'avait pas le droit de partager ses projets.
A chaque fois qu'il y repense, comme aujourd'hui, il se sent astronomiquement con, et il n'a strictement aucune excuses à donner.
_ Je regrette. Tout c'que j'ai fait, ou dit. J'ai pas d'excuses à vous servir pour être honnête. Je l'méprisais, avant, et j'avais l'impression d'avoir raison. Je croyais que .. Je sais même pas c'que j'croyais en fait. J'ai mal agit, et j'm'en veux pour ça.
Mais ça ne l'a pas empêché d'évoluer, de se rendre compte de ce qu'il faisait, et de tenter de se faire pardonner.
En reconnaissant Izuku par exemple, en admettant qu'il devenait son égal, en apprenant à communiquer avec lui.
Il savait que ça n'effacerait pas le passé, mais il donnait de sa personne pour faire des efforts, pour apprendre à le connaitre, sans être spécialement amis, mais pour devenir quelqu'un de meilleur.
Et ça marchait, tout du moins il en avait l'impression, ils travaillaient de plus en plus souvent ensemble pour mettre à profil la combinaison de leurs alters.
_ Mais j'ai .. changé. En grandissant. J'ai voulu devenir quelqu'un de mieux, et je m'suis remis en question. J'ai réalisé plein de choses, peut-être trop tard, mais j'l'ai fait quand même. Et .. je crois que De- Izuku m'a aidé, même sans l'faire exprès, à devenir c'que j'suis aujourd'hui.
Alors, c'est vrai, il y a quatre ans et demi, Katsuki a senti quelque chose s'écrouler à l'intérieur de lui quand il a cru qu'Izuku était mort, quand il a vu son sang et son crâne défoncé.
Puis, pendant quatre ans et demi, il ressentait le besoin de rester à ses côtés, et d'attendre son retour.
Il a mis un petit moment à se l'avouer mais, même sans poser d'argument là dessus, Deku lui manque, pour de vrai.
_ Je suis désolé. Pour tout ce que j'ai pu lui faire.
_ J'espère bien, que tu es désolé. Je ne pense pas être en mesure de te pardonner Katsuki, mais si mon fils a choisi de le faire, je ne compte pas l'en empêcher, ce sont ses décisions. Je ne n'interposerai pas, d'aucune manière, si vous continuez d'entretenir une relation de quelque nature qu'elle soit, mais tu comprendras que je ne serai jamais loin au moindre problème. Encore plus alors qu'Izuku est plus fragile que jamais.
Sans plus répondre, sentant le poids de la honte lui écraser la colonne vertébrale, il hoche simplement la tête en silence.
Bougeant encore ses yeux jusqu'à voir de nouveau le visage de Deku, il se fait une fois de plus la remarque que, définitivement, il est flippant comme ça.
A fixer le rien.
L'atmosphère gênante vient vibrer dans ses tympans, alors qu'il sent peser sur lui le regard d'Inko sans pour autant oser aller affronter ses yeux.
Ses erreurs du passé, qu'il a pourtant mis tant de temps à enterrer profondément, ressurgissent comme les vieux cadavres pourris d'un cimetière labouré, et la morsure des regrets blesse sa nuque jusqu'à l'empêcher de se tenir droit sur sa chaise.
_ En attendant .. J'ai décidé de t'accorder ma confiance, aussi longtemps que tu sauras la garder. Il me semblait important que tu puisses être présent auprès de lui aujourd'hui.
Puis, marquant une petite pause, elle souffle discrètement avant de poursuivre sur un ton plus doux.
_ Le médecin dit qu'ils vont essayer d'arrêter l'assistance respiratoire tout à l'heure, pour voir s'il arrive à respirer tout seul. S'il y arrive, il pourront l'extuber.
Saisissant l'occasion de mettre de côté la précédente conversation oppressante, Katsuki redresse un peu son dos et décontracte ses épaules.
_ Ca ne va pas lui faire mal ?
_ Il ne s'en rendra pas compte.
Au final, il ne sait même pas ce qui est le pire, entre l'idée qu'il puisse en souffrir, ou celle de se dire qu'il ne va même pas s'en apercevoir.
Un sentiment assez brutal vibre entre ses côtes, alors qu'il ne peut que constater à quel point Izuku reste absent malgré ce début d'espoir, et un effort presque surhumain lui est nécessaire pour dissimuler la blessure qui s'ouvre dans sa poitrine.
_ Quelqu'un d'autre est au courant ?
_ Pas pour le moment. J'ai simplement prévenu ta mère, qui te l'a dit ensuite. Mais j'aimerais que ça reste entre nous pour le moment. Le médecin dit qu'il a besoin d'un peu de calme, et je ne voudrais pas que tout le monde se rue ici, ça risquerait d'être anxiogène pour lui. Et puis, surtout, je ne veux pas que les médias viennent s'agglutiner à la porte pour tenter de le prendre en photo dans cet état ou pour écrire des articles à moitié infondés. Tu comprends ? Je préfère que ça ne s'ébruite pas pour l'instant.
Un peu pantelant, mais conscient qu'elle a raison, il hoche la tête en silence, se demandant déjà comment il va pouvoir cacher une telle information auprès de ses amis et collègues.
_ D'accord.
Et, alors que Katsuki commence à peine à se détendre dans cette étrange ambiance, s'autorisant un petit soupire en levant les yeux vers le plafond, une vibration courte dans la poche de son pantalon interpelle son attention.
Un peu curieux, et ramené à la réalité, il plisse le front en sortant son téléphone, pressant le bouton de déverrouillage avant d'atterrir sur l'écran d'accueil.
Dans ses messages, il ouvre la bouche d'incrédulité en remarquant un SMS en provenance de Kirishima.
"Qu'est-ce que tu fous ?!"
D'abord désappointé, l'esprit encore trop chamboulé pour réaliser, il cligne deux fois des paupières.
Avant de tilter.
_ Merde !
Katsuki n'est pas en vacances, et il devrait être au boulot depuis près d'une heure maintenant.
Il n'a prévenu personne, rejoignant l'hôpital en oubliant complètement qu'il a toujours un travail.
Agité par l'urgence, bien qu'il ne craigne pas outre mesure les remontrances de ses supérieurs, il se redresse sur ses jambes en faisant tanguer la petite chaise derrière lui.
Puis, sans la ranger, il s'excuse brièvement auprès d'Inko pour ce départ subit, qui n'a soit dit en passant même pas fait réagir Deku à côté de lui, et traverse la chambre au pas de course, avant de s'engager dans le couloir sans prendre la peine de se faire discret.
Tant pis si quelqu'un le remarque, il a vu Izuku et c'est tout ce qui compte.
Enfin, quittant totalement l'établissement après être sorti de l'ascenseur, il rejoint rapidement sa voiture garée sur le parking, et s'engage sur la route qui le mène à son agence.
Puis, s'efforçant de rester calme et neutre en entrant dans l'enceinte du bâtiment, évitant les quelques regards courroucés qui le voient arriver avec une heure de retard, il s'active à atteindre les escaliers pour arriver à son étage, là où se trouve le bureau qu'il partage avec certains de ses collègues.
Certains de ses collègues et, parmi eux, Monoma et sa gueule infernale.
_ Eh bien, c'est à cette heure là qu'on arrive ?
Arquant un sourcil hautain, Katsuki passe devant le blond insupportable, ignorant sa remarque, et s'en va prendre place sur sa chaise à roulette, relâchant son corps contre le dossier.
Pour autant, il en faut un peu plus pour faire taire Monoma et sa grande gueule.
Il ne la ferme jamais du reste, un véritable brochet.
_ Heureusement qu'on a pas eu d'urgence, tu nous aurais foutu dans la merde. Au moins, on voit dans quelle mesure on peut compter sur toi hein.
Sa voix résonne à ses oreilles comme des ultrasons, ses tympans ne devraient d'ailleurs pas tarder à se perforer et, en allumant son ordinateur, Katsuki s'évertue à ne pas lui répondre, sachant pertinemment qu'il n'attend que ça.
_ Sinon, tu pourrais répondre aussi tu sais, une heure qu'on t'attend et tu fais même pas l'effort de dire bonjour à tes collègues.
Soupirant le plus bruyamment possible pour marquer son agacement, Katsuki cogne ses doigts contre le plateau du bureau tout en déviant son regard vers Kirishima et Ochaco, qui partagent également la pièce.
Dans les yeux d'Eijiro, il perçoit une lueur de compassion, alors que ce dernier lui montre ses dents tout en roulant des yeux.
Puis, alors que Monoma continue son monologue que plus personne n'écoute, Ochaco finit par intervenir, ayant sans doute pitié de Katsuki.
_ Monoma. C'est bon, merci.
Le silence enfin revenu, Katsuki soupire à nouveau, de satisfaction cette fois, avant de reporter son attention sur l'écran d'accueil de son ordinateur sans s'inquiéter la tronche vexée de son collègue aux cheveux blonds.
Son équipe n'est pas de patrouille aujourd'hui et, sauf en cas d'urgence, il va passer une journée chiante à crever, à plancher sur des enquêtes qui lui prennent la tête.
Déjà saoulé par les heures à venir, il pose un regard morne sur les icônes flottants, baladant sa souris tout autour sans jamais venir cliquer dessus.
Il n'a pas envie.
Vraiment pas.
Mais, puisqu'il faut bien qu'il s'y mettre à un moment donné, et qu'il entend ses collègues taper vigoureusement sur leurs claviers, il se décide à ouvrir son dossier du moment après plusieurs minutes.
Relisant ses propres notes et soufflant en examinant les mêmes preuves photos pour la énième fois depuis le début de cette enquête, il laisse son dos glisser contre sa chaise à roulettes, s'affalant progressivement dedans.
Ses yeux balaient le texte sans vraiment le lire, l'esprit bien trop perturbé par le réveil de Deku et, alors qu'il s'enfonce graduellement vers un état de semi conscience, absorbé par ses pensées, un bruit soudain dans la pièce le fait sursauter.
Ramené de force à la réalité, il papillonne des cils en tournant la tête vers Monoma, à l'origine du son, et qui vient de claquer un tas de feuille contre son bureau tout en se relevant sur ses jambes pour aller déposer un dossier aux archives.
Disparaissant dans le couloir, il laisse Katsuki seul avec ses deux autres collègues, alors qu'Eijiro le dévisage justement, un sourire taquin sur les lèvres.
_ Panne de réveil ce matin ?
Gêné, et parce que ça ne lui fait pas plaisir de répondre un mensonge, Katsuki se tasse davantage dans son siège, s'efforçant de garder ses yeux rivés sur l'écran pour ne pas croiser ceux de Kirishima.
Il voudrait pouvoir leur annoncer, il sait que la nouvelle leur ferait plaisir, quand bien même Deku reste amorphe, mais il sait aussi pourquoi Inko préfère garder l'information secrète encore un petit moment.
Alors, même si ça lui coute, il claque sa langue à son palais pour s'encourager lui-même à ne pas craquer, et soupire en hochant la tête.
_ Ouais.
Le visage d'Eijiro se couvre d'une moue moqueuse alors qu'Ochaco, le regard dans son ordinateur, suit la conversation d'une oreille distraite en souriant en coin, sans intervenir pour autant.
_ Monoma nous a rebattu les oreilles toute la matinée, il nous tardait que t'arrives juste pour qu'il se taise.
_ Il me les brise ..
Amusés par le ton désabusé de sa remarque, ses collègues s'autorisent un rire franc qui anime soudain la pièce d'une ambiance plus joviale.
Et, alors que Katsuki s'évertue à se détendre dans cette atmosphère, mettant comme il peut ses préoccupations de côté, il lève les yeux de son écran quand un mouvement près de la porte attire son attention.
Un sourcil arqué, il plisse le front en voyant Shoto apparaitre comme une fleur, venant s'appuyer contre le chambranle, un dossier à la main.
_ C'est vous qui suivez le dossier des agressions nocturnes du centre ville ?
Soupirant d'exaspération, jetant un oeil blasé au dossier en question sur son écran d'ordinateur, Katsuki passe sa main dans ses cheveux dans toute sa nonchalance.
_ Ouais. Pourquoi ?
_ Elle en est où cette affaire ?
_ Nul part, et elle me casse les couilles. Tu la veux ? J'te l'offre.
Levant les yeux au ciel, Todoroki secoue sa pile de documents dans sa main, faisant claquer les feuilles les unes contre les autres, avant de se décoller du montant de la porte.
_ J'ai un dossier similaire depuis quelques jours, et je me dis que les deux affaires sont peut-être liées. J'aimerais voir s'il y a des ressemblances, l'un de vous peut venir jeter un oeil ?
Cette histoire lui traine dans les pattes depuis plus de trois mois, et Katsuki n'en peut plus de la voir sur son bureau tous les matins.
A vrai dire, il n'en revient pas de se faire mener en bateau par un petit con qui leur file entre les doigts à chaque fois qu'ils essaient de lui mettre la main dessus.
Et Katsuki déteste qu'on se foute de sa gueule.
Aujourd'hui encore plus que n'importe quel jour, il n'a vraiment pas envie de se prendre encore la tête avec ça alors, dans un élan d'espoir, il lance un regard intéressé à ses deux collègues de bureau, priant pour l'un d'eux aille s'en occuper à sa place.
Du reste, il semble que sa technique fonctionne puisqu'Eijiro finit par se lever en premier, claquant ses mains l'une contre l'autre avant de rejoindre Shoto près de la porte.
_ Je m'en occupe.
Alors, désormais seul avec Ochaco, il laisse le silence envahir l'espace pendant quelques secondes.
Profitant du calme nouveau, il plante son coude dans le plateau de son bureau, puis son menton dans le creux de sa main, avant de laisser son esprit s'échapper un petit moment, très loin de son agence et de son travail.
Le réveil de Deku le perturbe tellement qu'il en perd le fil des minutes, bercé par sa propre respiration, et ses pensées s'emmêlent les unes dans les autres.
La tête partagée entre l'impatience de voir Izuku reprendre véritablement conscience et l'appréhension de ce qui en résultera, il peine à mettre de l'ordre dans ce qu'il ressent.
Il a cette étrange impression de retrouver un vieil ami et, en même temps, de rencontrer une nouvelle personne dont il ne sait pas grand chose.
Pour autant, il a hâte de pouvoir parler avec lui, ou au moins essayer, ne serait-ce que pour s'assurer qu'il ne garde pas trop de séquelles importantes.
Après une si longue attente, des années de doutes et de patience, un horizon nouveau s'ouvre enfin et, même s'il parait déjà bien plus chaotique que ce à quoi il s'attendait, il lui tarde quand même de pouvoir l'explorer, cet horizon.
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Coucou 😁
J'espère que vous allez bien 😊
Je sais pas vous, mais je perçois le personnage de Monoma un peu comme Percy de La ligne verte ( dans son caractère seulement, pas son incompétence ) 😅
Je suis contente de sortir ce chapitre, parce qu'il me permet enfin d'ouvrir la voie vers la suite.
Cela dit, vous vous en doutez sûrement, mais ça ne veut pas dire que Deku sera debout demain, prêt à danser la java dans sa chambre.
L'évolution va quand même rester lente, mais ça avance vers des éléments un peu plus intéressants, et ça c'est cool ( enfin je crois 😅 )
Mais, éléments plus intéressants veut aussi dire éléments plus techniques, donc potentiellement plus difficiles à écrire, donc peut-être un peu moins de publications.
Pour le moment je suis à deux chapitres par semaine, et ça va, mais il n'est pas impossible que ça passe à un chapitre par semaine pendant les phases les plus compliquées à écrire.
Bien sûr je vous préviendrai si ça venait à être le cas 😊
Aussi, j'essaie de me ménager un peu plus, même si je ne l'ai pas forcément dit, il m'est arrivé de me laisser dépasser par le rythme que je m'imposais à moi-même, en particulier sur SMA.
Vous n'en êtes pas du tout responsables hein, ne vous en faites pas, je suis juste trop exigeante avec moi même et je m'auto inflige des trucs pour aucune raison.
J'essaie de travailler là dessus d'ailleurs, en m'obligeant à ne pas trop écrire ( de ne pas le faire jusqu'à 2h du matin quand je travaille le lendemain 😅), et en apprenant à me dire que si je publie en retard c'est pas la fin du monde.
Ecrire reste une passion, et ce serait dommage que je m'en rende malade au point de ne plus être capable de le faire 😌
J'ai toujours un chapitre d'avance, donc le prochain chapitre est déjà terminé, même s'il ne sortira que jeudi ou vendredi.
En fait, pour vous expliquer un peu, je publie un chapitre lorsque le suivant est bouclé, donc ce chapitre était déjà prêt quand j'ai publié le précédent ( jeudi il me semble ).
Mais je n'arrive pas à prendre plus d'un chapitre d'avance, sinon j'ai l'impression d'avoir trop de bazar inachevé dans les pattes et ça m'empêche de me concentrer ( ça peut avoir l'air bizarre comme ça, mais je vous jure que ça me perturbe ).
Bref, je peux déjà vous dire qu'on va avancer un peu plus dans le temps dans le prochain chapitre ( celles et ceux qui me suivent depuis un moment ont peut être déjà deviné qu'il y aura donc une partie de narration au passé, comme j'ai l'habitude de le faire 😅 )
D'ici là, plein de bisous 😘
Prenez soin de vous ❤ ( et je vais m'efforcer d'en faire de même 🥰 )
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