.23h23.
Musiques d'inspiration :
Hearing - Sleeping At Last
Saturn - Sleeping At Last
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La nuit est propice à la réflexion, au silence, à la peur aussi. C'est dans l'obscurité qu'on dort, qu'on se tait, qu'on voit les fantômes.
(Les noces de Sarah - Simone Piuze.)
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Du fond de son lit, les yeux parfaitement ouverts malgré la fatigue qui burinait son front quelques heures auparavant, Katsuki cligne des paupières sur le noir complet de sa chambre.
Le visage tourné vers le plafond, les bras le long de son corps affalé, sa respiration discrète rythme l'ambiance de la pièce sombre et silencieuse.
Le poids monumental de ses cils épuisés pèsent sur ses cernes naissantes, celles qu'il se trimballera à coup sûr demain matin, et le désagréable début de migraine qui vient lui cogner les tempes n'allège en rien son état vaseux.
Son oreiller, habituellement si confortable, semble ce soir lui cogner la tête comme un tas de briques dans du tissu, et la mousse de son matelas parait s'être changée en bloc de ciment tout à fait inhospitalier.
La raideur de ses muscles lessivés l'empêchent de se tourner et de se retourner, quand bien même ses jambes fourmillent d'une pénible impatience et, en guise de cerise sur le gâteau, son estomac vide commence progressivement à se plaindre.
L'obscurité pour unique compagne, les vagues froissements de draps à chacune de ses inspirations comme seule animation, son souffle s'éparpille dans l'air sans se faire voir, accentuant le sentiment ignoble de sa soudaine solitude.
Katsuki vivait seul depuis des années, et il n'en a jamais souffert.
Mais ce soir, alors même qu'il ne se trouve plus seul dans sa maison, une oppression soudaine et invasive griffe l'intérieur de ses côtes, soulevant l'angoisse insidieuse à sa poitrine.
De l'autre côté de la porte, quelques pas plus loin, il devine la chambre fermée de Deku, et son corps allongé tranquillement dans son lit.
Probablement dort il profondément à l'heure qu'il est, enfoui dans sa couverture et dans un rêve quelconque, les paupières et la nuque détendues.
Sous sa couette épaisse, Katsuki soupire lourdement à travers le silence, les jambes bouillonnantes d'un besoin urgent de mouvement, alors que la détresse fébrile fait vibrer sa gorge.
Lentement, parce que ses muscles pèsent sur ses os comme autant d'enclumes, il fait glisser son corps ramolli sur son matelas, s'extirpant de la couverture tel un animal rampant, avant de poser ses deux pieds sur le sol frais.
Couvert d'un unique boxer, il se redresse d'abord sur ses jambes cotonneuses de fatigue, trainant sa carcasse jusqu'à son armoire à vêtements pour y piocher de quoi s'habiller un peu.
Sans vraiment réfléchir, il tire un jogging au hasard de la pile de fringues parfaitement pliées, ainsi qu'un marcel qui a plus que fait son temps.
Enfilant les tissus plus ou moins délavés sur sa peau, il se permet un dernier soupir avant de quitter la pièce, passant sa main dans ses cheveux pour aplatir les mèches frivoles sur son crâne.
Puis, en s'efforçant de faire le moins de bruit possible, il se faufile dans le couloir silencieux, allumant la lumière sans taper trop fort sur l'interrupteur pour ne pas risquer de réveiller Izuku.
Pourtant, au milieu du silence du couloir, un curieux écho attire son attention.
S'immobilisant sur place, les oreilles à l'affût, il fronce les sourcils en tournant son regard vers la porte fermée de la chambre d'Izuku, fixant la poignée inanimée comme si elle pouvait l'aiguiller.
Ecoutant les sons légers qui lui parviennent, reconnaissant le frottement d'un morceau de draps et le bruissement lourd et répétitif d'une respiration menacée, il avale nerveusement sa salive en mordant l'intérieur de ses joues.
L'hésitation dans les épaules, il retient sa respiration au moment de faire un minuscule pas de côté, s'approchant de la porte close sans faire de bruit.
Prenant le temps de s'assurer qu'il n'a pas rêvé ces bruits, collant presque sa tempe contre le bois pour entendre de plus près, il plisse le front en essayant de déterminer l'agitation à l'intérieur de la pièce cachée.
Une légère appréhension flotte à son estomac quand il acquiert la certitude que Deku ne dort pas, le devinant en mouvement dans son lit pour une raison qu'il ignore, et le souffle qu'il retient commence doucement à asphyxier sa gorge.
Après tout, Izuku a tout à fait le droit de ne pas encore dormir à cette heure ci mais, prit d'une inquiétude mal déterminée, Katsuki s'interroge sur son état d'esprit à l'heure actuelle.
Peut-être qu'il ne se sent pas bien, que le sommeil ne lui vient pas non plus, que les angoisses le saisissent aussi, et qu'il ne parvient pas à apaiser ses pensées.
Peut-être a t-il besoin d'aide.
Ou peut-être pas.
Et Katsuki s'en retrouve à rester planté là, la tête contre la porte, les poumons verrouillés de peur de se faire repérer, et l'incertitude nouant son ventre.
L'angoisse déjà précédemment présente se mêle à son nouveau malaise et, les muscles tendus comme des lances, il ferme un instant les yeux pour tenter de se ressaisir.
Réfléchir, au moins.
Contractant ses paupières en pinçant ses lèvres, sa curiosité et ses craintes refoulées semblent progressivement l'emporter sur le reste, le poussant malgré lui à mettre une main sur la poignée de la porte.
D'abord sans la faire bouger, il s'autorise enfin à reprendre une inspiration discrète mais profonde, ramenant l'oxygène jusqu'à son cerveau au bord de l'apoplexie.
Puis, alors que son cœur s'emballe de trac, certainement pas habitué à faire preuve d'autant d'altruisme, son autre bras tremble légèrement au moment de toquer doucement sur le bois.
Faisant résonner les trois petits coups autour de lui, il laisse ensuite filer deux courtes secondes avant d'abaisser la poignée, sans attendre pour autant qu'Izuku ne lui réponde.
Poussant doucement la porte, faisant ainsi entrer l'éclairage du couloir à travers la chambre plongée dans le noir, ses pupilles peinent à s'adapter à cette obscurité nouvelle.
Le filet de lumière baignant une bande de parquet, il se guide à sa présence pour avancer dans la pièce, murmurant le plus bas possible.
_ Tu dors pas Deku ?
Entre deux silences, pendant que Katsuki retrouve graduellement la vue dans l'obscurité, un chuchotement difficile transperce l'atmosphère sombre, soulignant la douleur et le désarroi dans la voix échouée d'Izuku.
_ Pardon Katchan ..
_ Qu'est-ce que t'as ?
Plissant les yeux pour discerner sa silhouette dans la semi pénombre, Katsuki serre les dents en devinant sa posture assise, le haut du corps penché en avant, ses mains entourant son crâne.
Le sifflement d'un sanglot fait vibrer le calme stressant qui englobe la scène et, sentant son dos se contracter brutalement, il panique intérieurement en constatant la situation.
Debout au milieu de la chambre éteinte, il incline la tête sur le côté quand un frémissement douloureux lui vrille l'estomac, faisant valser l'inquiétude sous son diaphragme, et un fatras de mots éparpillés viennent s'entasser sur sa langue sans qu'il ne parvienne à tous les prononcer.
Sur le lit, encore piégé dans les zones sombres de la pièce, Izuku respire bien trop rapidement, son souffle grésillant dans l'atmosphère comme si sa gorge se refermait sur elle-même.
Ses dix doigts pressés autour de son crâne, s'enfonçant sous ses mèches en détruisant la structure de sa coiffure, il garde ses paupières solidement fermées alors qu'une perle de sueur froide reflète sur son front.
La mâchoire contractée, faisant parfois grincer ses dents quand de vagues hoquets gémissants agitent son visage et sa poitrine, il semble que son corps entier le fasse souffrir.
La couverture rabattue sur ses jambes, son torse encore à nu et penché en avant, il se débat visiblement contre ses propres réactions physiologiques, ravalant les pleurs de sa gorge, retenant les larmes dans ses yeux, sans doute pour ne pas faire de bruit.
Et Katsuki se mord la langue en réalisant qu'il ne sait absolument pas depuis combien de temps il se trouve dans cet état.
Soucieux de ne pas le réveiller, Izuku s'est possiblement enfermé dans sa souffrance silencieuse depuis des heures, sans rien dire, sans bouger, seul face à sa détresse.
Alors, s'extirpant du filet de lumière de la porte pour le rejoindre dans les ombres ternes de la chambre, Katsuki détruit la distance qui le séparait encore de lui, s'avançant de trois grands pas pour atteindre le bord du lit.
Les genoux légèrement tremblants d'hésitation, perdu face à une situation qui le dépasse complètement, il vient lentement s'assoir sur un coin de matelas, juste derrière le dos d'Izuku, humectant ses lèvres à répétition sans trouver les paroles justes.
Il sait qu'il devrait sans doute dire quelque chose, mais ses mots refusent de se joindre à ses intentions, s'agglutinant sous ses cordes vocales comme un immense embouteillage.
Ses mains religieusement posées sur ses cuisses, le dos parfaitement droit, raidi d'une gêne anxieuse, il se racle silencieusement la gorge en posant un regard démuni sur la silhouette près de lui.
A travers les bribes de lumière, la structure courbée de sa colonne vertébrale se dessine, comme les lignes de ses épaules contractées et, au bout de ses bras, les tressautements de ses mains tremblantes.
Ses cheveux passablement décoiffés près de ses tempes retombent sur son front, et ce qu'il reste de sa tresse s'échoue dans le creux de ses omoplates.
Silencieux, suppliant intérieurement ses propres mots qui lui désobéissent, Katsuki souffle lentement par la bouche, espérant un peu naïvement apaiser l'angoisse inquiète qui implose entre ses côtes.
Seul en présence d'Izuku, alors qu'aucun médecin, infirmier ni aide soignant ne pourra venir gérer le problème à sa place, son impuissance lui tord le ventre, susurrant son manque d'expérience et de communication comme autant de reproches à lui même.
Pourtant, il veut bouger, parler, faire quelque chose, dire ce qu'il faut, agir.
Réagir.
Mais tout reste bloqué, son corps semblable à une statue de marbre.
Alors, privé du contrôle de ses propres intentions, il ne peut que demeurer immobile, là, sur un coin de matelas, détaillant sa détresse sans savoir y répondre.
Dirigée contre lui même, sa colère envahit chaque pore de sa peau, s'insinuant dans ses veines comme un poison brûlant, alors qu'il réalise à quel point il ne sert à rien, là comme ça.
A rester planté sans agir, à le regarder souffrir sans l'aider.
Le sentiment, aussi brutal que douloureux, d'être définitivement et éternellement inutile à Izuku le rend tout à coup très fébrile, mal à l'aise avec ses propres os.
Dans un moment comme celui ci, Eijiro ou Ochaco auraient su comment agir, eux.
Ils auraient su prendre la situation en main, trouver les gestes, trouver les mots, la posture, la voix, et Izuku irait sûrement déjà mieux.
Parce qu'ils possèdent, eux, cette capacité à mettre des phrases sur ce qu'ils ressentent, sur ce que ressentent les autres, et apaiser un cœur qui a besoin d'être écouter.
Katsuki, a chaque fois que la situation dépasse ses habitudes formatées, devient un immense bon à rien.
_ Katchan ..
Mordant ses lèvres, cherchant une manière d'agir ou de parler, il plante son regard dans le creux du cou de Deku, voyant ses muscles tressauter aléatoirement.
Les mots perdus tout au fond du gouffre infinie de sa gorge, il ouvre d'abord la bouche sans rien dire, le souffle court et les mains crispées sur ses cuisses.
Le cœur passablement tout brisé par l'écho rocailleux et douloureux de la voix d'Izuku, il tente maladroitement une approche mal contrôlée en murmurant comme il peut.
_ J'suis là.
_ Je suis désolé si je t'ai réveillé.
Secouant doucement la tête pour lui-même, Katsuki avale sa salive en portant son attention sur la porte encore ouverte de la chambre, détaillant du regard le puits de lumière qui se jette sur le parquet sans les atteindre réellement.
_ Tu m'as pas réveillé Deku. J'dormais pas non plus.
_ Ma tête me fait mal.
A vrai dire, Katsuki se doutait bien qu'il s'agissait de ça, mais ce n'est pas pour autant qu'il en sait ce qu'il doit faire.
A l'hôpital déjà, il arrivait qu'Izuku se plaigne de ses maux de têtes intempestifs et totalement inopinés, souvent messagers d'un excès d'agitation interne et de stimulation mémorielle.
Quand ça arrivait, généralement, Katsuki se plaçait derrière lui pour s'occuper de sa tresse, mais ce soir, un sentiment d'impuissance nouvelle l'empêche de trouver une véritable solution à ce problème.
Sans doute parce qu'Izuku est à moitié à poil aussi, il se pourrait que le contexte rende la situation plus délicate.
Sans doute aussi parce que, ce soir, ils ne sont plus dans l'ambiance protectrice d'un centre hospitalier, là où Katsuki se savait couvert par une équipe médicale en cas de besoin.
_ Deku, je .. J'sais pas quoi faire. Aide moi.
A sa propre phrase, il ferme les yeux en croquant dans sa langue, plantant ses dents profondément dans le muscle pour s'auto blâmer de sa connerie, alors qu'il se permet de demander de l'aide à Deku, quand c'est justement lui qui en a besoin.
La nuque alourdie par un sentiment de culpabilité, et l'impression fort pénible de se sentir inutile, il baisse honteusement la tête en soupirant de frustration.
_ Je sais pas non plus .. Je voulais juste dormir mais ..
Ses mains toujours sagement posées sur ses cuisses, en signe de son inaction totale et ridicule, il tourne lentement la tête pour se recentrer sur Izuku, voyant à nouveau son dos se dessiner dans les ombres de la chambre.
Suivant des yeux la courbes remontante de sa colonne vertébrale, jusqu'à atteindre la pointe de ses cheveux coincés dans l'élastique, il suit ensuite le chemin de sa tresse pour atteindre la ligne de son épaule droite.
_ Mais ..?
_ Je sais pas .. J'ai pensé à des choses sans faire exprès.
Coulant ses pupilles sur le creux visible de sa clavicule, traçant la route de son épaule jusqu'au dessin discret de ses biceps fragiles, Katsuki énumère intérieurement chaque détail de sa peau au travers de la maigre lumière.
Devinant son coude plus qu'il ne le voit, remontant son avant bras jusqu'à ses mains, il hoche bêtement la tête sans raison, avisant ses ongles plantés dans ses cheveux.
_ Quelles choses ?
_ C'était ... Bizarre.
Même si Katsuki ne maitrise pas tout, bien loin de là, il commence à peu près à comprendre comment fonctionne les élans pénibles des souvenirs d'Izuku, quand les images se bousculent à son crâne, toutes aussi floues et incertaines les unes que les autres.
Il lui semble comprendre que, à l'instar d'une vitre opaque, sa mémoire ne lui donne accès qu'à de vagues formes, fadement colorées.
Eventuellement quelques voix étouffées, à l'occasion.
Et, même s'il n'a aucun moyen de se figurer combien cela peut-être une véritable torture à endurer, il peut en imaginer la pénibilité.
Oui, il peut comprendre, à quel point c'est difficile.
A quel point ça fait peur.
Alors, s'efforçant de détendre son dos verrouillé de malaise, il avale une énième fois sa salive, devenue toute pâteuse entre temps, avant de rectifier sa posture sur le matelas, reculant légèrement sur le draps pour s'assoir plus franchement.
Gardant, de là où il est, ses yeux vissés à l'arrière du crâne d'Izuku, il débloque doucement les mots piégés de sa gorge à travers un nouveau murmure.
_ Tu peux essayer d'me dire ?
_ C'est ...
Soupirant lourdement, empêtré dans ce qu'il essaie de dire, Izuku s'éclaircit la voix pour la rendre légèrement plus nette, chassant un sanglot naissant hors de sa bouche avant de refaire une nouvelle tentative.
_ C'est comme si .. j'avais mille morceaux de souvenirs différents dans un seul. Et .. je comprends rien à ce que ma tête veut me dire.
Derrière lui, Katsuki cligne deux fois des yeux avant d'ouvrir prudemment la bouche, mesurant les mots à venir comme si la moindre fausse note risquait de briser le plancher sous le lit.
Cherchant un nouveau point d'ancrage sur la silhouette de Deku, parcourant les ombres de ses formes, il arrête son regard sur le creux de sa hanche gauche, s'ancrant dedans dans l'espoir de mieux réfléchir.
_ J'sais pas non plus c'quelle veut t'dire Deku. J'peux pas l'savoir. Mais p't-être que ..
S'interrompant, parce qu'il ne sait pas lui même où le mène ce début de phrase, Katsuki finit par décoller ses mains de ses cuisses, venant les engouffrer dans ses propres mèches mal coiffées.
Passant les amas de cheveux entre ses doigts, refermant ses phalanges ici et là pour tirer légèrement sur ses racines, il souffle aussi discrètement qu'il le peut alors que tout semble échapper à son contrôle.
_ P't être que .. t'as b'soin d'temps .. Que tes souv'nirs deviennent plus clairs avant d'essayer d'les comprendre. J'peux pas vraiment t'aider à les faire rev'nir ..
Pour Katsuki, avoir aussi peu de maitrise sur les événements se révèle être une véritable torture morale.
Parce que, dépourvu d'emprise sur ce qui l'entoure, il ne sait pas s'adapter à l'inconnu.
Tout du moins pas dans ces proportions.
_ Mais j'ai peur ..
_ Peur de quoi Deku ?
Il se sent perpétuellement et indubitablement maladroit dans ses approches, à travers le ton de sa voix, et ce constat interne ne fait que renforcer le malaise de sa poitrine à chaque fois qu'il ouvre la bouche pour parler.
Faire preuve de douceur, en plus de lui demander un effort considérable, lui donne sans cesse l'impression d'agir de travers.
_ J'ai peur que ce soit tout le temps comme ça Katchan .. Je veux pas .. S'il te plait ..
_ Je ..
Il quoi, au juste ?
Il sait ? Bien sûr qu'il a conscience de ses craintes, mais les lui confirmer n'apportera certainement rien de productif.
Il comprend ? Sûrement un peu oui, mais probablement pas complètement, parce qu'il ne se tient pas à sa place, le crâne matraqué d'hurlements nocturnes, de bribes d'une vie effacée.
Dire des banalités à Izuku ne l'aidera pas à se sentir mieux.
_ J'peux pas t'aider à faire en sorte que ça s'arrête. Mais .. Ca s'ra pas tout l'temps comme ça. J'en suis sûr. Ca ira mieux, après.
_ Après quoi ?
Soufflant par le nez, cherchant des réponses qu'il ne détient pas, il secoue négativement la tête pour lui même.
_ J'en sais rien. Le temps.
Le temps.
Soit l'élément sur lequel personne au monde ne peut avoir de contrôle physique.
Attendre reste tout ce qu'ils peuvent encore faire à ce stade.
Attendre et essayer de limiter les crises par des moyens qu'ils ne connaissent même pas.
Alors, puisque de toute manière il ne peut rien faire de plus, ni de mieux, il se contente de relever le regard, le perchant à nouveau près des épaules d'Izuku, un chuchotement dans la gorge.
_ Viens là Deku. Recouche toi.
Lentement, presque sans vraiment bouger sur les premières secondes, Izuku décrispe ses doigts dans ses cheveux, laissant glisser instinctivement ses mains le long de son crâne, puis de ses tempes, avant de les relâcher complètement.
Retenant un énième hoquet de douleur et de sanglot entre ses lèvres entrouvertes, il redresse doucement son dos, certainement courbaturé d'être resté penché si longtemps, avant de lever le menton vers le plafond.
Puis, inspirant lentement, pivotant le haut de son corps pour faire à peu près face à Katsuki derrière lui, il croise rapidement son regard sans s'y attarder, probablement honteux de l'état de ses paupières rougies par les larmes difficilement refoulées.
Gigotant un peu dans les draps pour changer de position, il se retourne complètement pour s'installer sur le ventre, s'excusant au travers de quelques marmonnements pour ses mouvements malhabiles.
Enfin, couchant son torse sur le matelas, croisant ses bras sous sa tête pour y déposer une de ses joues, il garde ses yeux ouverts sur le filet de lumière du couloir, calmant comme il peut sa respiration.
Assit sur le bord du lit, à hauteur de ses épaules, Katsuki le regarde patiemment terminer de prendre confortablement place sans lui mettre de pression, avant de remonter la couverture sur son dos, couvrant entièrement son corps.
_ Tu veux qu'je reste un peu ?
_ Oui, s'il te plait.
Finalement, un peu par réflexe, Katsuki attarde son attention sur la tresse avachie sur un coin d'épaule, par habitude sûrement.
_ Ferme tes yeux Deku.
Obéissant, le ruissellement d'une ultime larme le long de la courbe de sa mâchoire, Izuku laisse ses paupières se refermer, fronçant même légèrement les sourcils en forçant dessus alors que quelques cheveux sauvages se collent à ses tempes humides.
Et, dans un pure élan d'automatisme, voyant les petites mèches intempestives attaquer son visage mouillé, Katsuki se permet de les repousser, passant le bout de ses doigts sur sa peau pour la dégager.
Puis, pour une obscure raison qu'il ne s'expliquera pas, sa main restera finalement posée sur la courbe ronde de son crâne, surveillant de près qu'il conserve bien ses yeux fermés sans tricher.
Son propre souffle s'apaisant au fil des secondes, le silence nouveau de la pièce berce sa poitrine d'un calme absolu et, humectant ses lèvres par formalité, il se concentre presque involontairement sur l'écho discret de la respiration d'Izuku, veillant sur son rythme régulier comme un marchand de sable.
Enfin, alors que les secondes s'étendent doucement, un grondement malicieux fait chanter son estomac vide, lui rappelant son repas sacrifié à la fatigue quelques heures plus tôt.
_ T'as faim Katchan ?
Pinçant ses lèvres, accusant une légère vague de honte, il bouge discrètement ses doigts dans les cheveux de Deku, lui donnant, peut-être sans vraiment le vouloir, une caresse ferme et affectueuse.
_ Tais toi et dors.
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Hey ! :)
Je l'aime ce chapitre :)
Je voudrais vous parler vite fait de la suite de cette histoire.
Globalement, le prochain chapitre conclura ce petit "arc" début de cohabitation, et sera relativement calme, afin qu'ensuite on puisse accélérer un peu tout ça et avancer plus concrètement.
A partir de là, les dates vont s'espacer un peu plus, puisqu'il n'y aura pas forcément des choses à dire sur chaque jour ( ou alors ça va vite devenir très redondant ).
Je suis contente, parce qu'on va vraiment entrer dans la phase progression concrète et développement relationnel, et ça ça me fait très plaisir 🥰
L'autre soir, je me suis laissée aller à la douce folie d'imaginer le nombre de chapitres restants ( et je me suis surement trompée dans mes estimations, parce que vous me connaissez 😅 )
Mais je pense honnêtement savoir à peu près sur combien de temps l'écriture de cette fiction va s'étirer.
Elle laissera ensuite la place à Smile Hunter et, si je peux me permettre, profitez de la douceur de QASM, parce qu'après c'est fini 😜
Là dessus, plein de bisous 😘 ( pensez à me faire part de vos retours si vous en avez également, je sais que QASM suscite moins les réactions que SMA, mais j'adore lire vos retours 🥰)
Prenez soin de vous ❤
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