Les heures ont passé très rapidement. Cela faisait des heures qu'il pleuvait sans s'arrêter.

C'est dans un vieil entrepôt abandonné du port que nous étions. J'avais suivi les ravisseurs, sous l'ordre de l'un d'entre eux.

Les yakuzas avaient attaché Dayhio sur une chaise, il était toujours inconscient. Ils lui avaient même bandé les yeux en cas de réveil précoce. Pendant ce temps, j'observais l'intérieur de cet entrepôt. Ca puait l'humidité, ça gouttait de partout. L'intérieur étaient remplis de vieilles chaises, de tables et même de cartons abimés.

L'ambiance était silencieuse. Pour ma part, je partis poser mon sac sur une table et je me suis mis plus à l'aise en retirant ma veste et ma jupe. Je gardais sur moi ma chemise et mon legging.

"Le patron va arriver dans quelques minutes." prononça l'un des types en costume aux autres.

-Je suis déjà là.

Monsieur Takahi sortit de l'ombre, sous la surprise de ses hommes. Il était entré dans la discrétion la plus totale. Il s'approcha de nous dans le calme le plus total.

"Installez les lumière et une caméra." fit-il en pointant du doigts le matériel. "Suji, viens avec moi."

Les hommes partaient obéir aux ordre du patron, tandis que je suivais ce dernier afin de nous éloigner. Une fois seuls, il m'adressa d'un ton bas :

"Tu possèdes un grand sang-froid. Tu as envoyé ton camarade aux requins sans hésitation."

-Vous me l'aviez demandé, donc c'est fait.

-Je ne compte pas lui faire de mal. Ce gosse vient d'une famille qui nous doit de l'argent. Nous allons juste leur mettre la pression pour qu'ils nous remboursent. Sauf si ils refusent et qu'ils nous force à lui couper un doigt.

C'était donc ça qu'il voulait à Dayhio. Sa famille devait de l'argent à l'organisation....

"Mais il aussi autre chose que je voudrais faire." ajouta monsieur Takahi en croisant des bras et jetant un œil au délégué. "En faisant des recherches, j'ai appris que ce gamin était très doué en calcul. Alors une fois que nous aurons filmé la demande de rançon, je veux que tu le recrutes pour moi pour devenir notre comptable."

-Que je le recrute pour vous ?

-Ce serait trop risqué qu'il voit nos visages après la demande de rançon. Toi il te connait, ce serait moins grave en cas de refus. Nous, on doit garder notre anonymat.

-Mais si il le refuse... On va s'en débarrasser ?

-Si ses parents paient, non. Et vu les rumeurs à ton sujet, il pensera que tu es encore dans les gangs de rues.

-...

Sa demande était très étrange, mais je ne pu refuser.

Quelques minutes plus tard, Dayhio se réveilla. Les yeux voilés, il se mit à paniquer tellement qu'un des ravisseurs était obligé de lui mettra du scotch sur la bouche. Ensuite le patron ordonna à tout le monde d'enfiler des masques d'animaux, afin de cacher leurs visages. Même lui mit un masque, un peu bizarre. Quant-à-moi, il me demanda juste de rester derrière le vieux paravent.

Ensuite, le peu que j'entendais depuis ma position était la mise en scène. Cela dura plusieurs minutes.

A la fin, monsieur Takahi revenu vers moi et me dit :

"Voilà. Je te laisse le recruter. Sois persuasive. Tu as l'autorisation de lui enlever ce qu'il a sur la tête, nous allons garder les masques. Et... Si jamais, ne le tue pas hein ? Un corps inerte ne vaut plus rien."

Je hochais de la tête. Visiblement, je n'avais pas le choix.

Je sortis de la cachette et je m'avançais vers Dayhio. Le calme se brisaient à cause de mes pas. Je me positionnais juste devant lui.

"Kaikeishi ?" prononçais-je d'un ton neutre.

A l'entente de son nom, il releva subitement la tête. Ne voulant pas perdre du temps, je lui enlevais le foulard qui lui cachait les yeux. Il les ouvrit doucement, cligna plusieurs fois des yeux avant de les lever en direction de mon visage.

J'ai vu son regard s'écarquiller et s'assombrir à ma vue. Ses émotions prenaient le dessus

"J'ai une proposition à te faire." ajoutais-je en mettant mes mains sur le dos. "Alors écoutes, et je t'enlèverai le scotch juste après pour que tu puisses répondre. Un petit travail de comptable, ça te dit ? Tu serais bien payé et ça éviterait que ta famille soit à nouveau grouillée de dette. Tu savais que ta famille avait empruntée de l'argent ? C'est pour ça que tu es là, ce soir. Car ils n'ont pas remboursé..."

-Mfh...?

-La proposition n'est pas une obligation. Tu as le droit d'accepter ou de refuser. Mais saches que mon patron est intéressé par ton intelligence et que tu dois répondre maintenant. Et avec cet argent, tes parents n'auront plus de problèmes. Tu acceptes ? Attends...

Je lui retirais d'un trait le scotch qu'il avait sur la bouche. Dayhio eu un moment de recul suivit d'une petite douleur.

"Aïe !"

Il grimaça un instant avant de rouvrir les yeux et de me regarder avec ses sourcils froncé. Il semblait méfiant à mon égard.

"T'es entrain de me dire que si je suis là, c'est parce que mes parents doivent de l'argent...?" demandait-il d'un mauvais ton. "Et ton... groupe veut m'embaucher ?"

-Une fois que tes parents auront payé, tu seras libre. Que tu acceptes ou que tu refuses ma proposition.

-... Mes parents seront tranquille, même si je vous rejoint ?

-Tu as ma parole.

Dayhio détourna les yeux en baissant la tête. Et finalement, laissant ses cheveux tomber sur son visage, c'est d'une voix tremblante qu'il marmonna d'un ton sombre :

"Je le savais... Je savais qu'ils avaient des problèmes d'argent. Vous êtes une organisation criminelle, pas vrai ? Mon cousin... faisait partie des vôtres."

-Quoi ?

Monsieur Takahi s'approcha à pas rapide, avec son masque cachant son visage, je reculais pour lui laisser la place tandis qu'il se plaça devant le délégué. Je ne pouvais pas voir son visage mais son attitude montrait qu'il était soudainement intéressé.

"Qui est ton cousin, gamin ?" demandait-il en croisant des bras.

-... Il est mort il y a quelques temps. Il a été retrouvé mort par balle. Ayamaki Atsuji... Ca vous parle peut-être.

Bien que je variais mon regard entre Dayhio et le patron, je remarquais que ce dernier eu comme un spasme au niveau de la tête. Comme si le nom qu'avait donné le délégué n'était pas inconnu pour lui.

"... Ayamaki... Bordel. Oui, c'était un collègue... De longue date." furent les mots de monsieur Takahi.

-Vous confirmez qu'il bossait pour vous ?

-Il bossait AVEC moi, plutôt. Il était responsable d'un des plus grands trafique de la ville. Ce n'était pas mon meilleur ami, mais j'ai quand même du respect pour les collègues.

Après quelques secondes de silence, le patron secoua sa tête, avant de demander à son tour si Dayhio voulait nous rejoindre. Il affirma qu'il s'occupera juste de la comptabilité du casino de sa femme et d'autres affaires en cours.

J'étais persuadée qu'il refuserait. Vu comment il avait peur et qu'il fuyait les regards.

Mais étonnement, le délégué se tourna vers moi et me demanda :

"Taino. Tu fais partie de son groupe ?"

-...

-Réponds-moi, s'il te plaît.

-Oui, Kaikeishi. Oui.

-... D'accord, je marche. Mais après que mes parents vous ont payé, ne faites plus affaire avec eux.

Ma présence était calme, mais mes pensés s'embrouillaient dans mon esprit. Je me demandais pourquoi Dayhio a accepté... Et pourquoi il voulait que je confirme mon implication dans l'organisation.

...

Il était stupide, on dirait.