Chapitre 22 : Le sentiment inconnu
Lorsque la porte s'ouvrit doucement et que cette voix si familière, que je connaissais bien, résonna dans l'air, mon cœur se serra. Dans ma solitude, je pensais justement à cette personne.
Ces émotions inconnues étaient étranges : un cœur battant rapidement, une transpiration soudaine, des rougeurs aux joues. Mon corps réagissait à ces sentiments, mais je n'étais pas habituée à les ressentir. Habituellement, lorsque nous étions seuls, je gardais mes émotions sous contrôle.
Mais cette fois-ci, sa voix familière et le ton qu'il avait pris...
C'est avec une profonde émotion que je me suis retournée dans sa direction, après avoir aperçu son visage dans le miroir de la pièce.
"Qu'y a-t-il ?" lui ai-je demandé d'une voix douce et légère.
Ses pas s'approchèrent lentement, suivis du léger claquement de la porte. Une tension inhabituelle emplissait désormais la pièce close.
Au fond de moi, je savais ce que cette vieille connaissance attendait de moi.
...
??? : Qu'est-ce qui se passe ici ?!
??? : Ah, voilà le bras droit ! Boss ! Cette fille cherche des ennuis !
??? : Elle cherche des ennuis ? Ne serait-ce pas plutôt vous qui l'importuniez depuis un moment ?!
Sbires : Non, c'est faux !
Suji : Si. Ils ont essayé de me dépouiller, ces enfoirés.
??? : Bande de fils de putes... Vous vous attaquez à une fille, en plus ?!
Sbires : M-mais, boss ! Cette fille est redoutée dans le coin, elle nous met la misère !
??? : Et vous êtes fiers de vous faire battre par une fille ?! DÉGAGEZ !
Sbires : O-oui, boss !
Suji : ...
??? : Je ne te connais pas. Tu es du coin ?
Suji : Je viens d'emménager. Tu es le chef de ces crétins, je présume.
??? : Je suis seulement le chef en second. Dis-moi, où as-tu appris à te battre ?
Suji : Je suis ceinture noire de karaté.
??? : Tu me plais bien, meuf. Comment tu t'appelles ?
Suji : Taino Suji. Et toi ?
??? : Je m'appelle Douboushi Kyou, chef en second du clan Kurai Torai.
Suji : ...
"Dis-moi, ça te dirait de rejoindre notre clan ?"
...
"Qu'est-ce que tu as fait au clan ?"
Sa voix était basse, mais sa question portait une tension indéniable. Je m'attendais à ce qu'un jour il me pose cette question. Même en cet instant.
"L'infirmière m'a dit que tu es venu me voir quand j'étais aux urgences", ajouta-t-il. "Je ne me souviens pas de grand-chose, mais je n'oublierai jamais ton visage rempli de rage quand tu es partie. Depuis ce jour, ils ont disparu."
Maintenant, à quelques mètres de moi, Kyou ne semblait pas en colère. En fait, son visage semblait fragile, prêt à se briser au moindre souffle.
Pourtant, je ne pouvais pas lui mentir. J'ai simplement secoué la tête, ma réponse était claire :
"J'ai dissous le clan moi-même. J'ai éliminé tous les piliers et Bosugawa. J'ai même offert à mon organisation leurs corps encore chauds. Désolée de te le dire comme ça, mais je n'ai pas apprécié ce qu'ils t'ont fait."
...
Mon honnêteté pourrait me causer des problèmes. Mais malgré l'expression crispée de Kyou à ma réponse, je ne regrettais pas d'avoir dit la vérité.
Il toussa, détourna le regard vers le carrelage, et ses mains se serrèrent. J'attendais diverses réactions de sa part : la colère, la réprimande, peut-être même une agression physique. Il était profondément loyal envers son boss, au point de pardonner les coups de couteau infligés par Bosugawa.
Cependant, sa réaction m'a totalement surprise. Kyou s'approcha encore de moi, et dans un geste soudain...
Il ouvrit ses bras et m'attira dans une étreinte.
La surprise fut telle que, n'étant pas très tactile, j'eus un sursaut involontaire accompagné d'un léger cri. Kyou m'avait prise dans ses bras et me tenait fermement contre lui. Ce geste me perturba tellement que je restai immobile, incapable de réagir.
Il n'y avait rien de suggestif dans cette étreinte. Il ne me pressait pas non plus contre son torse. Mais cette accolade était empreinte d'une tendresse pure. Nous étions seuls dans une salle de bains, ce qui rendait la situation d'autant plus étrange.
"Tu es la seule à avoir fait ça pour moi. Tu as même perdu ta place dans le clan à cause de moi... Et maintenant ça", murmura-t-il soudain à mon oreille.
Intriguée par ses paroles, je levai les yeux vers son visage, mais il était enfoui dans mon épaule droite, cachant ses yeux.
"Douboushi...?" dis-je, immobile comme une statue.
À peine avais-je prononcé son nom que quelque chose attira mon attention. La zone de mon tee-shirt où Kyou se trouvait devenait de plus en plus humide. La réalisation me figea littéralement lorsque je compris la raison.
Dans un geste rapide, je réussis à me libérer de son étreinte pour vérifier mes soupçons. En tirant sur ma manche courte, je constatai une légère humidité. Il venait tout juste d'essuyer ses yeux avec ses manches pendant que je levais les miens vers lui.
Je ne sais pas pourquoi, mais je ne parvins pas à masquer mes émotions. Je n'arrivais pas à mettre mon cerveau en mode "pause". Quelque chose avait déclenché en moi.
Kyou secoua la tête avant de me regarder à nouveau dans les yeux, posant fermement ses mains sur mes épaules, presque en me secouant, et il dit d'une voix déterminée :
"Tu n'as pas intérêt à y laisser ta peau. Reviens en vie, compris ?!"
Cette autorité soudaine me prit au dépourvu, me laissant sans voix. Le silence entre nous semblait de plus en plus tendu.
Kyou se sentait redevable, ému par ma quête de vengeance, et il était inquiet pour ma mission à venir, au point de me "menacer" de revenir en vie.
Son comportement me troublait. Il éveillait en moi une attraction que je refusais d'admettre.
Par la suite, Kyou me laissa seule et quitta la salle de bains. Il me fallut plusieurs minutes pour comprendre ce qui venait de se passer et pour retrouver mon calme. Ce n'est que lorsque j'ai réussi à me replier sur moi-même que je suis sortie à mon tour.
Le reste de la nuit fut étrangement paisible, et j'ai réussi à retrouver le sommeil.
Une raison de plus pour revenir en vie de cette mission.
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