Chapitre 21 : La peur
J'étais restée figée devant l'écran, le souffle coupé, les yeux rivés sur cette vidéo qui venait de bouleverser ma vie. La voix du ravisseur résonnait encore dans mes oreilles, son ultimatum cruel résonnant comme un écho dans mon esprit tourmenté. Hoki, vulnérable, était pris au piège entre les mains impitoyables de la mafia de Busan.
La peur et l'urgence se mêlaient en moi, créant un tourbillon d'émotions contradictoires, mais évidemment tout cela restait enfouie en moi. Je me forçais à ne pas afficher ces émotions néfastes et stupides.
Je savais que je n'avais d'autre choix que d'accepter ce sombre défi. Et même si je refusais, monsieur Takahi était prêt à me jeter dans la gueule du lion. Ma nouvelle réputation de yakuza avait fini par me rattraper. Uragiri avait en otage ma sœur et l'ancienne yakuza... et cette dernière était enceinte, qui plus est.
Après avoir prit la décision, le patron s'occupa d'organiser le rendez-vous. Avec l'aide de quelques contacts restants et de ses compétences bien aiguisées, il a réussi à trouver un moyen d'atteindre le lieu du rendez-vous en mer. Le temps pressait, et chaque instant comptait. Le neveu d'Uragiri fut aussi préparé, à sa manière.
Le rendez-vous avait lieu dans deux jours. Le 18 Février 2024. Cette date sera où mon ultime héroïsme, ou mon arrêt de mort.
Je me doutais que Uragiri ne voulait pas me voir uniquement pour "discuter". Il allait me faire payer pour le crime que j'ai commis. Et dans une organisation chez la mafia japonaise, même si ma sœur n'était pas en danger, je n'avais pas le droit de refuser. Si mon boss m'ordonnait de me tirer une balle dans la tête, c'est sur l'honneur que je le ferais. Sinon, c'est lui qui me décent.
C'est chez moi, seule, que je regardais depuis mon balcon le paysage lointain de la ville avec mes pensées enfouis.
En vrai, j'avais peur. Très peur, même. Et rien ne garantissait qu'Uragiri tiendrait parole et libèrerait les otages après qu'il m'ai embarqué sur le territoire coréen.
Est-ce que j'ai regretté d'avoir quitté la maison après avoir mal parlé à ma sœur ? Si elle venait à mourir, un peu. Mais je voulais qu'elle sache que je même après toutes ces querelles... Elle portait le visage de ma mère. C'était la seule personne qui me rappelait mes parents.
C'est dans la solitude la plus profonde que je laissais mon corps répondre sous les émotions : Les mains tremblantes, le cœur qui bat vite, les larmes coulantes sur mes joues. Je n'avais pas ressentie ça depuis très longtemps et encore moins pu l'exprimer.
La peur de mourir.
Je ne regrettais pas d'avoir rejoint l'organisation. Je me demandais juste à quoi aurait ressemblé ma vie si j'avais réussi à exprimer le deuil de mon père et ma mère.
Alors que la météo neigeuse couvrait le paysage, j'attrapais mon portable afin de rechercher les trois personnes qui avaient le droit de connaître ma future absence.
Dayhio, ce délégué qui a fini par remonté dans mon estime ;
Aka, cette chanteuse a qui j'ai redonné confiance en elle ;
Et Kyou, ce délinquant a qui j'ai sauvé la vie deux fois.
Un simple message groupé pour leur dire que dans deux jours, je ne serais plus là.
Cependant, je ne m'attendais pas à ce que les trois répondaient à vitesse folle. Ni à ce qu'ils appellent. Mais comme vous le savez, je suis une solitaire. J'ai soufflée et j'ai éteint mon téléphone sans répondre.
"Je crois que j'ai fait une connerie."
Il aura fallut attendre une vingtaine de minutes avant que j'entende des cris provenant de l'extérieur. Alors que j'étais dans ma chambre, j'ouvris à nouveau mes fenêtres pour mieux entendre.
"Dégage ! Je dois la voir en premier !"
-Mais toi dégage, espèce de gamine ! Moi aussi je dois la voir !
-Laissez-moi passer ! Dégagez, vous deux !
Ces trois idiots essayaient de passer la porte de l'immeuble en même temps, à se pousser et se grogner dessus. A chaque fois qu'ils étaient ensemble, j'avais l'impression de voir trois pitbulls se battre pour une friandise.
"Non mais je rêve," furent mes mots en m'énervant, "OW ! VOUS FOUTEZ QUOI LA ?!"
Ayant laissé mon agacement prendre le dessus, j'étais littéralement suspendu à mon balcon depuis mon deuxième étage. Ces trois-là relevaient aussitôt la tête, laissant paraitre leur surprise. Ils s'écartèrent à grande vitesse de la porte d'entrée, leurs regards en ma direction.
"Suji !" Cria Aka depuis le trottoir, "tu répondais pas à mes messages alors je suis venue !"
-C'est quoi cette histoire, ajouta Dayhio au même ton, que tu nous fais ?!
-Vous voulez pas monter au lieu de gueuler dans la rue ?
A ma question, les trois idiots ont fini par monter à mon appartement. Et finalement, je leur expliquais en détail ma prochaine mission. Leurs visages se décomposaient de manière différentes, si bien que leurs expressions étaient limites marrantes.
"... Et donc, concluais-je d'un ton neutre, ils nous attendent entre nos deux frontières maritimes. On embarque sur le bateau et si tout va bien, ma sœur et la seconde otage sera remis à notre bateau."
-Et... toi, du coup ? Tu restes avec les coréens...?
-C'est ce qu'ils souhaitent.
Mes explications étaient rapides et simple : Dès l'instant où je me suis fait ces tatouages, j'étais marquée à vie. Ma vie appartenait aux Yakuzas et monsieur Takahi m'avait donné un ordre. Tout ça pour sauver une femme en cloque. Après, ma sœur était aussi impliquée...
Par la suite, Dayhio, Aka et Kyou ont insisté pour rester chez moi le reste de la soirée. On aurait dit qu'ils avaient peur que la solitude me pèse... Même si c'est ce que j'aurais voulu. Mais bon, je n'ai pu refuser. Ils ont payé la nourriture et nous avions passé la soirée à regarder la télé. Ils ont même dormi chez moi. Les garçons ont dormi dans le salon et Aka dans ma chambre.
A part les ronflements de Kyou qui vibraient presque les murs, mon appartement était dans le calme. Mais je n'avais pas réussi à trouvé le sommeil. Je contemplais le paysage par la fenêtre tout en restant dans mon lit, éclairée par une demi-lune.
Mon esprit était brouillée. Un sentiment montait dans mon corps. Au fil des ans, j'avais apprit à ne pas m'attacher aux personnes que je croise. Cependant, il y avait eu trois exceptions :
Kaikeishi Dayhio. Avant d'être le délégué de ma classe, il a été un camarade lors de mes années primaires et bien qu'on était que des enfants à l'époque, il a été le seul à avoir essayé de convaincre l'équipe pédagogique de ne pas me faire changer d'école. Et quand je suis arrivée à mon dernier lycée, il m'avait directement reconnu et avait essayé de redevenir mon ami... Malgré mes nombreuses menaces. Et même lorsque je l'ai appâtai pour que les yakuzas le capture, il ne m'en a pas voulu. Même, on aurait dit que nous étions un peu plus complice depuis cette histoire.
Higaisha Aka. Surnommée Orenji Aka la leader des 6-Shoku, elle a été ma voisine et une victime du collège que j'ai longtemps protégé de ses harceleurs. Sans me vanter, sans moi elle aurait sûrement subi des choses horribles. Nous allions et rentrions de l'école ensemble et un type d'amitié s'était forgé. Mais mon déménagement soudain nous a séparé. C'est par hasard que nous nous sommes retrouvé lors de cette rencontre avec le groupe. Moi devenue fan des 6-Shoku, je n'avais pas reconnue mon ancienne amie qui s'était métamorphosé et qui est devenue une chanteuse pop célèbre. Depuis ces retrouvailles, elle était redevenue très proches de moi. Voir peut-être trop.
Et Douboushi Kyou. L'ancien bras droit du clan Kurai Torai. C'est celui qui m'a repéré et m'a été garant lors de mon entrée dans le gang. Il m'a longtemps aidé à m'entrainer si bien qu'une confiance mentor/élève s'était mit en place. Il y a même eu des jaloux, car Kyou était très respecté du clan à l'époque. Au point que lors d'une bagarre de rue, j'ai empêché un membre du clan adverse de le tuer en le poignardant. Cet acte m'avait mit à la porte du clan, et Kyou avait l'interdiction de me recontacter. Cependant quand ça c'est apprit qu'on s'était revue, ces enfoirés l'ont planté. Et honnêtement, je ne regrette pas de l'avoir vengé. Malgré son mauvais coté, j'avais un profond respect pour lui.
Complicité, proche, complice...
Je tenais à ces trois-là.
Mais je ressentais autre chose qui ne m'était aucunement familier. Un sentiment qui était aussi effrayant que ma prochaine mission.
J'ai déjà vue ce genre de chose. Au collège, dans mes plusieurs lycées. Des adolescents qui exprimaient leurs sentiments de manière discrètes mais fougueux. Principalement une fille et un garçon... Car je rappelle que dans notre pays, les relations homosexuelles sont encore assez tabous.
Des sentiments amoureux.
Je n'avais jamais réfléchie à ça. Je m'étais jamais imaginée en couple. Déjà que je n'exprimais pas mes émotions en publique, je ne me voyais pas en compagnie d'une personne assez patiente pour accepter ma froideur.
Apparemment, ce genre de chose ne se contrôlait pas.
Et pourtant...
C'est bien la vérité.
Car au moment où je me suis levée et dans la discrétion je suis allée dans la salle de bain pour me passer de l'eau sur le visage...
La porte de la pièce s'ouvrit et une voix basse prononça :
"Suji, je peux te parler...?"
Choisissez le love interest de Suji dès maintenant ! Dites en commentaires avec qui vous voulez la voir en couple :
Dayhio, Aka ou Kyou ?
Le love interest ne changera pas réellement la fin de l'histoire, mais juste la relation entre les deux personnages. Le vote prendra fin quand le chapitre 22 sortira publisuement.
A vous de choisir !
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