Chapitre 17 : Les différentes tâches
Au cours des semaines, mes tâches furent différentes au sein de l'organisation. J'eus ma première surveillance dans les salles de jeux.
Les yakuzas furent impliqués dans l'exploitation de jeux d'argent illégaux, tels que les salles de jeu clandestines et les paris sportifs illégaux.
Et bien que le casino de la femme du patron fût accessible à tous, des escaliers cachés menèrent à une salle située au sous-sol, uniquement accessible pour les joueurs les plus... téméraires. Dans cette salle clandestine, aucune limite sur les paris. Et pendant toute une nuit, je fis partie de la surveillance.
Je dus jouer le gros gorille qui mit à la porte les plus impulsifs. Quant à ceux qui n'avaient pas l'argent qu'ils venaient de perdre, je fis appel à des collègues spécialisés dans les cas "d'intérêts".
Cette salle fut horrible : elle puait le cigare et l'alcool, il n'y avait aucune aération extérieure, et les clients étaient irrespectueux.
Mais personne ne fit face aux yakuzas de Nagoya.
Je continuai aussi à extorquer de l'argent aux boutiques rattachées à l'organisation. La "taxe" en échange d'une protection sans pareil. Je pris l'habitude des comportements tendus des propriétaires. Si bien que je finis par les rendre visite toute seule et que les gens me reconnaissaient comme "une des leurs".
Les yakuzas furent aussi connus pour leur implication dans le blanchiment d'argent provenant d'activités criminelles, ce qui les aidait à dissimuler l'origine de leurs revenus illégaux. Je n'eus pas spécialement affaire à ce business, donc je ne pourrais pas donner de détails.
Bien que cela ne fût pas aussi courant que dans d'autres organisations criminelles, nous fûmes également impliqués dans le trafic de drogue... En plus des armes. Je dus effectuer des livraisons plusieurs fois envers des gros clients. Mais il arriva aussi d'en vendre dans la rue à des types paumés en manque de leurs doses. Je me souviens de ce célèbre PDG à la tête d'un journal local, qui était un vrai amateur de notre cocaïne.
Honnêtement, voir tous ces drogués ne me donna pas envie de tester.
Il m'arriva aussi d'entendre parler du côté plus "violent" de notre organisation. Les yakuzas utilisaient souvent la violence pour maintenir leur emprise sur certaines zones ou pour régler des conflits. Le patron d'une épicerie devait de l'argent aux yakuzas ? Un avertissement en détruisant l'épicerie en question. Un groupe de personnes osa nous provoquer ? Ils furent retrouvés à moitié morts dans des ruelles. Que ce soit un message, un avertissement ou même la phase finale... La violence fut présente partout. Sans oublier les rançons, prises d'otages, etc.
Il y eut également d'autres choses où nous fûmes spécialisés... Mais que ce fût mon jeune âge ou mon manque d'expérience, je ne les connaissais pas toutes. Comme les escroqueries et les fraudes. Je ne pourrais l'expliquer.
J'entendis parler que notre organisation fut aussi dans le trafic d'organes. Un jour, Dayhio m'avoua que son fameux cousin mort aurait été dans ce type d'affaires. Mais madame Ame nous affirma que son mari ne s'occupait plus de ça.
C'était comme la prostitution, qu'apparemment monsieur Takahi refusait de gérer dans la zone ouest de la ville. Et c'est pour dire que je comprenais la raison : un soir, le patron m'ordonna de l'accompagner à l'est pour un rendez-vous d'affaires afin que je m'assure de sa protection. Et en chemin, dans un quartier malfamé, un bon nombre de love hôtels et de bars à prostituées étaient à perte de vue. Et les filles qui étaient dehors, à faire de la publicité pour ce type de commerce... Elles avaient clairement mon âge. Ça me dégoûta tellement que je ne pus cacher cette émotion. Et comme par hasard, cette partie de la ville appartenait à monsieur Gomisuka, l'homme obèse du rendez-vous qui débarqua avec des femmes sous le bras.
Mais heureusement pour l'organisation, le trio du groupe 6-Shoku rapporta beaucoup de bénéfices... Les concerts comptèrent plus de public, leur chaîne Youtube compta deux fois plus d'abonnés, et leur nouvelle musique écrite par un professionnel dépassa les espérances. Et en plus d'être mieux traitées, elles étaient mieux payées. Aka, étant la seule des trois à connaître la vérité sur leur "producteur", fut néanmoins sereine.
Ce nouveau business ne fit de mal à personne.
...
Il est important de souligner que les yakuzas est une organisation criminelle et que leurs activités nuisirent à la société et à l'économie japonaise. Les autorités japonaises luttent activement contre ces activités criminelles et travaillent pour démanteler les réseaux de la mafia.
...
Sauf quand la police est corrompue pour fermer les yeux, évidemment.
Grâce au salaire que je perçus dû à toutes ces missions, je pus enfin quitter le cyber-café pour m'installer dans un appartement. C'est une agence immobilière qui m'aida à trouver un petit quelque chose. L'appartement restait dans l'ouest de la ville, dans un quartier peuplé d'immeubles et de maisons mitoyennes. Il y avait un arrêt juste en bas, et le bus passait devant le lycée. Il y avait aussi un local abandonné juste derrière l'arrêt, en vue de la décoration pourrie à travers les fenêtres poussiéreuses, on aurait dit un ancien salon de tatouage.
L'immeuble était vieux, au look européen. Il n'y avait que quatre appartements, et celui de la propriétaire au rez-de-chaussée. Les boîtes aux lettres étaient en bas et les escaliers tournaient étroitement. Mon appartement se situait au second étage.
Quand l'employée de l'agence immobilière me présenta l'appartement, elle m'expliqua que l'ancienne locataire datait d'il y a six ans et qu'à son départ, l'appartement fut retapé.
L'appartement contenait une entrée, un grand espace rectangulaire avec un côté cuisine au fond, et deux portes. La première menait à une salle de bain sans fenêtre incluant un mini espace pour les toilettes, et la seconde menait à une chambre munie d'un petit balcon.
Les meubles, pourtant neufs, appartenaient également au lieu.
Cela me convenait. Je signai les documents et pus officiellement y emménager. Hoki n'avait aucune chance de me retrouver, si elle me cherchait... Étant donné que j'avais bloqué son numéro.
Le soir même, je pris un bain. Mon premier bain depuis des semaines. J'étais obligée de me doucher à l'école. De plus, la baignoire était assez grande pour y déplier mes jambes.
Et la cuisine était parfaitement fonctionnelle. Avec mes courses fraîches, je pus enfin me faire un vrai repas.
Et comme il n'y avait pas de télévision, je dus en acheter une petite en boutique pas très loin de mon nouveau chez-moi. J'en profitai aussi pour m'acheter quelques vêtements neufs, des draps et une couverture, et tout ce dont j'avais encore besoin.
Et pour la première fois depuis des années, je pus enfin dormir dans un véritable lit. Le lit avait apparemment été changé récemment et le matelas était 100% neuf.
Je passai la meilleure nuit de toute ma vie.
Le lendemain fut le week-end. J'en profitai pour conclure mes papiers restants. Sauf que ma tranquillité allait être de courte durée. Monsieur Takahi avait fuité ma nouvelle adresse et le délégué, la leader du girl-band et le second chef du clan Kurai Torai se présentèrent tous les trois à ma porte !
"Vous êtes sérieux à débarquer chez moi comme ça ?!" leur demandai-je d'un ton exaspéré.
-Maintenant que tu as un appartement plus grand, répondit Kyou, on va squatter ! J'ai ramené à bouffer !
-Puis on passera plus de temps ensemble, ajouta Aka d'un ton jovial, pas vrai les garçons ?
-Je suis désolé Taino, soupira Dayhio, c'était leur idée.
J'ignorai qu'ils étaient restés en contact, ces trois-là. Ils étaient juste liés aux yakuzas sans être membres, et leurs premières rencontres furent électriques.
Et pourtant, leurs différences les rapprochèrent tous les trois.
Nous passâmes la soirée chez moi, à l'abri d'une tempête de neige, à manger la nourriture épicée apportée par Kyou. Aka montra des vidéos de ses entraînements à Dayhio, tandis que je débarrassais les restes avec Kyou.
"Je voulais te poser une question." prononça Kyou d'un ton bas en me donnant la vaisselle.
-Ouais, dis-moi ?
-C'est bientôt la fin de l'année scolaire. Tu vas rester dans l'organisation, après le lycée ?
-Je viens d'y entrer, donc ouais. Pourquoi cette question ?
Je sentis que Kyou était plus pensif que d'habitude. Je posai mon regard sur lui alors que j'étais en train de laver une assiette à l'évier. Nos regards se croisèrent et son expression était... expressivement inquiète.
"Urg..." soupira-t-il. "Le boss veut dissoudre le clan."
-Quoi ? Pourquoi il veut faire ça ?
-Car la plupart d'entre nous aurons dix-huit ans cette année et il dit que le gang n'aurait pas d'avenir par la suite. Alors au mois de mars, il veut dissoudre le clan.
-Il ne veut pas simplement léguer sa place à quelqu'un d'autre ?
Mais en signe de réponse, Kyou secoua la tête.
Le clan Kurai Torai prit ainsi fin en mars.
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