
Chapitre 11 : Le clan Kurai Torai
Comment en suis-je arrivée là ? Comment en suis-je arrivée à me battre contre eux ? Mon ancien gang, la Kurai Torai.
Quelques semaines après le recrutement du groupe 6-Shoku chez les yakuzas, je m'étais accordé du temps pour moi après les cours. J'avais l'habitude de venir dans un ancien club de sport, fermé et abandonné depuis longtemps, afin d'utiliser le matériel laissé sur place pour entretenir mon corps.
Je soulevais des haltères tranquillement, perlant de sueur, quand une intrusion se produisit par la porte arrière.
"Taino ! On sait que tu es là !" entendais-je depuis le fond de la salle.
Et c'est là que je les ai vus... Deux membres de mon ancien clan qui voulaient régler leurs comptes avec moi.
J'étais debout dans cet endroit abandonné, les murs lézardés témoignant de son passé glorieux. Mon regard inexpressif balayait la pièce, consciente de la tension qui montait alors que mes anciens partenaires s'avançaient vers moi d'un pas déterminé. Leurs regards agressifs et leurs sourires narquois me confirmaient qu'ils n'allaient pas me faciliter les choses.
"On a pour ordre de régler définitivement tes comptes !" disait l'un d'entre eux.
D'un côté, il y avait Tsuyoshi, un colosse brun et massif, connu pour sa force brute et sa maîtrise des bagarres. De l'autre, se tenait Masaru, un homme aux cheveux rasés, rapide comme l'éclair et adepte des combats rapprochés. Tous deux étaient des adversaires redoutables, et je savais que je devais rester concentrée pour les affronter.
Dans le passé, il m'était rare de gagner en combat singulier. Alors à deux contre un...
Malgré mon apparence impassible, mon cœur battait plus vite. J'étais une femme musclée et j'avais passé de nombreuses années à perfectionner mes compétences martiales. Cette salle de sport était mon terrain, et je ne pouvais pas laisser ces voyous me mettre à terre.
"Je vais enfin te buter !" cria Tsuyoshi en courant vers moi.
J'ignorais pourquoi mon ancien gang voulait ma peau, alors qu'à mon départ, il était convenu de ne plus se mêler des affaires des uns et des autres.
Tsuyoshi fut le premier à attaquer, lançant un puissant coup de poing vers moi. J'esquivai habilement son attaque, me déplaçant avec une agilité surprenante malgré ma musculature imposante. Profitant de son déséquilibre momentané, je ripostai avec un coup de pied bien placé, le faisant reculer de quelques pas.
"Espèce de salope !" ajouta-t-il avant de stabiliser sa posture.
Pendant ce temps, Masaru s'était déjà lancé à l'attaque, esquivant autour de moi tel un serpent. Ses coups étaient rapides et précis, mais j'avais l'habitude de ce genre de style de combat. J'utilisai mes connaissances en karaté pour parer ses attaques et cherchai une ouverture pour riposter.
La salle résonnait du bruit sourd de nos coups, et la poussière flottait dans l'air. Nous étions tous les trois engagés dans une danse violente, chacun cherchant à prendre l'avantage. Malgré leur force et leur ténacité, mes émotions étaient en pause, donc je restais calme et concentrée, observant attentivement leurs mouvements, cherchant les failles dans leur défense.
Le combat se poursuivait, et l'épuisement commençait à se faire sentir, mais je refusais de céder. Mon instinct de survie renforçait mon engagement pour la victoire, et je ne laisserais pas ces hommes me mettre à terre.
Finalement, je vis une opportunité lorsque Tsuyoshi fit un faux mouvement. D'un geste précis, j'enchaînai une série de coups rapides, touchant des points vitaux de son corps. Il s'effondra au sol, hors de combat.
"Guarg..."
Masaru, voyant son compagnon vaincu, intensifia ses attaques.
"C'est pas fini, sale Kuudere !" hurlait-il.
À plusieurs reprises, je reçus des coups : sur la joue, dans le ventre. Il me rendait les coups que je lui avais donnés. Sauf qu'à ce moment, il me donna le coup de trop.
Que personne ne me dise que des délinquants s'empêchent de frapper des femmes.
Déséquilibrée, je tombais en arrière. Et dans la lancée, Masaru s'avança avant de m'attraper par la brassière. Son visage afficha un sourire sadique et satisfait de sa victoire.
"Quand je pense qu'on t'a laissée quitter le gang sans séquelle... Je vais venger les autres !"
Masaru était sur le point de me donner le coup de grâce, quand une nouvelle intervention surgit de manière auditive :
"Masaru ! Lâche-la tout de suite ou je te crève un œil !"
Mon adversaire se tourna subitement après que son visage soit devenu blanc en direction de la porte arrière du bâtiment. Et de mon seul œil encore ouvert fit de même.
Et de loin, je vis s'approcher une apparence très familière, si bien que ma surprise se lisait sur mon visage.
Cette aura de cancre, son habitude de marcher avec les mains dans ses poches, ses cheveux mal coiffés sous une couette, son regard haineux au visage plus marqué que le mien...
Cet homme que j'ai longtemps admiré... Et ma volonté de le protéger a coûté la vie d'un homme et ma place au clan.
Le bras droit du boss du Gang Kurai Torai : Douboushi Kyou.
"K-Kyou-san ?!" bégayais-je, complètement terrifiée. "Mais qu'est-ce que tu fais là...?!"
-Ferme ta gueule, sac à merde.
Kyou pouvait faire peur à n'importe qui rien qu'avec le ton dur de sa voix et son regard purement méchant. Si bien que mon adversaire, qui s'était relevé entre-temps, eut un sursaut et s'agenouilla devant le chef en second.
"J'suis désolé ! Je... Je voulais venger les autres anciens membres ! Je te le jure !"
Les mots de Masaru accompagnaient sa peur alors qu'il plaqua son front contre le sol pour supplier mon ancien supérieur.
Mais ce type n'avait aucune compassion, et une fois devant lui, il utilisa son pied pour lui piétiner la tête violemment.
"Je croyais que le chef avait été clair," affirma Kyou en appuyant sur son pied, "de ne plus s'approcher de Taino. Et encore moins de faire justice vous-même."
Même moi, j'étais toujours aussi déstabilisée par son regard de tueur et sa voix menaçante.
"Aïe ! J'suis désolé ! J'suis désolé !" pleurait Masaru tellement il avait mal.
Et au bout de plusieurs secondes, Kyou leva le pied afin de libérer son larbin et lui ordonna de quitter les lieux avec son pote. Chose que Masaru fit d'une telle vitesse tellement il avait peur de Kyou.
Je me souvenais très bien : Au sein du gang, tout le monde craignait le bras droit du chef. Si bien que tout le monde baissait les yeux rien qu'à sa présence.
Ce type a été celui qui m'a aidée à devenir encore plus forte.
...
"Comment toi, la "tigresse rose", as-tu pu te faire toucher à un endroit pareil ? Tu te serais ramollie ?"
-Ne m'appelle pas comme ça.
-Rho Suji, au lieu de râler laisse-moi t'aider.
Je n'ai jamais su pourquoi, mais j'ai toujours été la seule avec qui Kyo relâchait son air intimidant. Que ce soit lors de nos entraînements ou quand nous étions seuls tous les deux. La preuve : Il m'obligeait à le laisser me mettre de la glace sur mon coquart.
Je ne pouvais pas m'empêcher de soupirer en repensant à ce qui s'était passé il y a plusieurs minutes. Mais sans le vouloir, Kyou me donna la réponse alors qu'il restait accroupi à mes côtés :
"Ces deux débiles ont balancé qu'ils t'auraient vue dans le salon de tatouage tenu par les yakuzas. Le boss leur a dit de te foutre la paix, mais ils n'étaient pas d'accord on dirait."
-J'ai vu qu'ils m'en voulaient toujours d'avoir quitté le gang sans avoir eu le "bizutage de départ". Merci au boss de me laisser tranquille...
C'était ça. Tsuyoshi et Masaru n'avaient pas compris pourquoi, à l'époque, je n'ai pas eu le droit de me faire casser les doigts et de me faire tabasser en quittant le clan. Et se souvenant de leurs anciens partenaires, ils voulaient se venger de mon exception.
Après avoir détourné le regard, la voix de Kyou parvint à mes oreilles :
"On dirait qu'ils ont raison, d'ailleurs."
Quand je tournai ma tête en sa direction, je le vis fixer mes tatouages. Ne portant que ma brassière, ils étaient parfaitement visibles.
"Alors c'est sérieux ? T'es passée au stade supérieur ou tu voulais te faire un style ?" rajouta-t-il avec un sourire moqueur sur le visage.
-Tu préfères quelle version, Kyou ?
-Honnêtement ? Que ce soit un style. Mais je sais que ce n'est pas ça.
Bien qu'il gardait son visage tiré par la moquerie, Kyou haussa des épaules avant de tourner les yeux vers le sol. Il garda le silence un instant avant d'avouer :
"Ne te fais pas buter. Ça m'emmerderait de perdre mon ancienne disciple."
-Tu ne verras pas mon nom sur la liste des morts de la ville.
-J'espère bien sinon je pisserai sur ta tombe, sale blondasse !
-Fais ça et je réussirai à te couper ce que tu as de masculinité.
Ma relation avec Kyou a toujours été spéciale. Rien à voir avec Dayhio ou Aka.
Et c'était pour ça que... Ce soir-là de pluie intense sur le grand parking, lors de la bataille entre notre gang et le gang rival...
J'ai poignardé l'enfoiré qui avait ramené un pistolet et qui allait assassiner Kyou.
Bien que ce soir-là j'ai sauvé le bras droit du boss, il était convenu que lors de la bagarre générale, aucune arme n'était autorisée. Ayant enfreint cette règle et tué un membre du gang ennemi, même si c'était pour protéger le chef en second, le gang m'a demandé de quitter le clan de mon plein gré car j'étais bien trop dangereuse. Je ne devais plus m'approcher du clan, et le clan ne devait plus s'approcher de moi.
Et même Kyou était soumis à cette règle.
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