Chapitre 3
Journal Intime de Lucy : June 11th
Cette journée est très spéciale car c'est l'anniversaire d'Adam. Le jour de ses 18 ans. Cela fait 2 ans que nous sommes ensembles et c'est l'amour fou.
En cette journée importante, nous avons décidé de lui faire une surprise et, bien-sûr, il ne doit se douter de rien. Il pense que nous allons le fêter en amoureux chez lui et que le lendemain nous dînerons chez ses parents en compagnie des miens. Il ne sait pas que les choses se passeront différemment.
Cette nuit, j'ai dormi chez lui. Réveillée de bonne heure, j'avais plein de choses à faire et je ne devais rien oublier. Adam dormait encore à poings fermés. Je l'ai longtemps observé, un sourire aux lèvres. Il va m'en vouloir de m'être enfuis sans lui avoir un câlin le jour de son anniversaire mais lorsqu'il saura pourquoi, il sera très content. Et je m'en réjouis d'avance.
Je me suis habillée à la hâte et griffonnée un petit mot à son intention.
>Mon cœur ,
J'ai des courses à faire et je n'ai pas voulu te réveiller. À ce soir . Je t'aime .<
J'ai placé le petit mot sur sa table de chevet, attrapée mon sac et mes chaussures en me glissant hors de sa chambre. Il fallait bien que je trouve une excuse et celle-ci semblait parfaite. J'ai descendu les escaliers et salué ses parents qui sont au courant de notre surprise.
Son père est plus froid et calculateur, il ne montre rien de ce qu'il ressent mais je crois comprendre qu'il m'apprécie. Son pragmatisme est compliqué parfois mais je parviens à m'y faire. Sa mère est plus spontanée et authentique, tout comme Adam. Ils se ressemblent et ont la même sensibilité. C'est justement ce qui sépare le père et le fils. L'un fait des trop de sentiments pendant que l'autre n'en fait pas assez. Leur manque de communication les conduit à des heurts fréquents et Adam en souffre beaucoup.
Mme Peterson voue un amour inconditionnel à son fils. Elle le soutient quoi qu'il fasse. Et c'est ce dont Adam a besoin avant toutes choses.
Elle était au courant pour la petite surprise que nous préparerons depuis une quinzaine de jours et m'a aidé à garder le secret.
Après avoir échangé avec ses parents, je suis partie chez moi. Nous avions convenu que nous laisserions nos téléphones éteins durant toute la journée afin de rester injoignables et indisponibles. Nous désirions vraiment qu'il soit surpris et que cela lui reste toute sa vie.
La fête devait se dérouler chez moi et pour parfaire la chose, mes parents sont partis en week-end au Bahamas. Trudy eut son week-end auprès de ses enfants sur Boston et j'étais donc seule chez moi.
Impatiente et pressée, j'ai déposé mes affaires en vrac dans ma chambre, pris une douche, enfilé les premiers vêtements qui me tombaient sous la main et j'ai dévalé les marches, chaussures et sac en main. J'enfilais mes chaussures à la hâte, glissant mes lacets à l'intérieur et refermais la porte pour courir à l'arrêt de bus. Je devais rejoindre Chris et Kristen en ville. Une grande rue est dédiée aux commerces en tous genres et nous trouverions notre bonheur là-bas. Nous avions contacté tous les amis d'Adam, y compris ceux du surf et nous avons fais une petite collecte pour lui prendre un cadeau ainsi que la nourriture et les boissons pour la soirée. Tout devait être parfait.
Arrivée en centre-ville, Chris et Kristen m'attendaient devant une boutique de surf. Nous avons acheté une nouvelle combinaison de surf ainsi qu'une nouvelle planche de surf sur laquelle j'ai fais gravé le symbole tribal « ange » : le surnom que me donne Adam.
Mon petit cadeau personnel fut une chaîne en argent avec des plaques de l'armée sur lesquelles j'ai fais graver son signe astrologique et sa date de naissance. Je lui donnerais lorsqu'on sera tous les deux.
Ensuite nous avons acheté des boissons, de la nourriture, récupéré le gâteau chez le pâtissier et nous sommes rentrés chez moi vers 16h. Après avoir caché les cadeaux de la bibliothèque, nous avons mis les boissons au frais et organisé le salon de sorte que nous ayons un grand espace pour danser. Nous étions nombreux ce soir et entre le salon et la terrasse nous aurions suffisamment de place pour bouger à 15 personnes.
Mes parents organisaient parfois des soirées cocktails à la maison et pour les animer ils avaient acheté quatre grosses baffles et une table de mixage qu'ils rangent dans le bureau. Ils les ressortent de temps en temps lorsque nous avons des invités. Nous les avons disposés aux quatre coins du salon, puis Chris a connecté son ordinateur sur la table de mixage. Nous avons ensuite commandé des pizzas qui complèteront l'apéritif dînatoire que nous avons prévu. Nous étions prêt à accueillir tout le monde.
Vers 19h, je ne tenais plus en place et allume mon téléphone. C'est myriades de messages d'Adam que je reçois tout en même temps. Nous avions dis que nous le laisserions sans nouvelles jusqu'à ce que tout le monde soit arrivé et que je lui dise de venir chez moi. Je trépignais d'impatience sous le regard moqueur de Chris. Il savait que je ne tiendrais pas jusqu'à 20h.
J'ai donc téléphoné à Adam qui était mort d'inquiétude de ne pas me joindre. Il se doutait de quelque chose vu que tout le monde était injoignable mais je n'ai rien pu lui dire à part de venir vers les 20 heures. Il me manquait terriblement et nous n'avions jamais été séparé aussi longtemps.
Les invités arrivèrent au compte goutte et je leur ai demandé de garer leur voiture derrière la maison, du côté de notre haras. Ainsi, Adam ne verrait rien en arrivant.
Les premiers arrivés furent Doris et Colin. Ils nous saluèrent poliment puis s'installèrent devant le salon sur les marches. Colin observait les lieux avec attention tout comme son amie. Chris a engagé la conversation avec lui et il a commencé à se dérider un peu, discutant aussi bien avec moi qu'avec Chris.
Doris restait dans son coin, sans aligner un seul mot. Elle se contentait de regarder ma maison comme si c'était un palace sans un sourire ni rien à mon égard. Nos échanges se limitaient à « bonjour » et quelques banalités. Rien de plus. Elle était forcée de m'accepter.
Colin n'avait pas la même réaction à mon égard. Il n'était pas le bavard du siècle mais on s'entendait plutôt bien. Son apparence froide et cynique n'était en réalité qu'une protection causée par une lourde charge émotionnelle enfantine. Adam m'avait confié qu'il a perdu son petit frère à l'âge de 7 ans et que sa mère a divorcé de son père alors qu'il n'avait que 14 ans. Les raisons de son silence et son introspection viennent du fait qu'il veut travailler dur pour quitter le domicile de son père avec qui les rapports sont conflictuels. C'est un génie en informatique qui adore la musique et compose des mélodies et écrit des paroles à en faire pâlir les plus grands compositeurs. Il était doué et avait raison de vouloir se donner une chance.
Le reste des invités arrivèrent quelques minutes après. Certains amis que je n'avais pas pu contacter pour la collecte avait rapporté des boissons et un cadeau pour Adam.
Tout le monde attendait autour de la piscine, derrière la maison lorsqu'Adam est arrivé. A peine a-il ôté ses chaussures qu'il s'est dirigé vers moi, posant ses paumes sur mes joues et m'embrassant passionnément. Lorsqu'il fut rassasié en baisers, il a murmuré au creux de mon oreille « Tu m'as tellement manqué ce matin ... mon ange ... me réveiller sans toi ... c'était une torture. »
Des paroles qui faisaient tellement échos en moi que j'aurais voulu me retrouver seule avec lui. Posant mon front contre le sien, je lui ai juste répondu qu'il m'avait manqué tout autant. Son corps, ses lèvres et ... lui .. m'avaient tellement manquée. Désireuse d'éteindre le brasier qui était en train de naître au creux de moi, je le dirigeais, sans attendre, vers la terrasse intérieure où étaient tous ses amis. Il eut droit à un « Joyeux anniversaire » à l'unisson et quelques plaisanteries de ses potes.
La joie immense qui a envahit son regard est indescriptible. Il eut un moment de recul où ses yeux oscillaient tantôt vers moi et tantôt vers toute l'assemblée. Il comprenait pourquoi nous étions tous étranges et injoignables aujourd'hui. Sa main serrait fortement la mienne lorsqu'il a remercié tous ses amis puis ses lèvres s'écrasèrent sur les miennes murmurant un « je t'aime » au milieu des cris de joie de ses amis.
Mais la personne qui a occupé le plus ses bras fut moi. Il ne m'a pas lâché une seule minute à partir du moment où nous étions réunis. Il s'est proposé à servir les boissons de ses amis pendant que j'installais les apéritifs. Les rires et les discussions envahirent bientôt le salon.
Chris mettait la musique, secondé par Kristen. Les deux sont devenus inséparables. Je sais que mon amie aime bien Chris et que c'est réciproque. Ils vont vraiment bien ensembles et on espère qu'ils franchiront le pas bientôt.
Durant la soirée, je suis allée discuter avec tous les invités m'assurant que tout le monde passent une bonne soirée. Adam est resté deux heures près de moi puis est allé voir Colin ainsi que ses autres amis. Le laissant aller et venir, j'étais ravie qu'il soit content de cette fête. Il me l'a tellement susurré à l'oreille que j'en étais toute excitée.
Relayée par Chris et Kirsten, je faisais office de barman, afin de servir mes convives. La fête battait son plein et les lumières du jour laissèrent la place aux éclairages tamisés. Chacun s'installait à un endroit, discutant et dansant. Mon petit ami m'a rejoins assez vite entourant mon corps de ses bras. Alors que j'étais au comptoir de ma cuisine en train de servir les boissons aux côtés de Kristen, Adam m'a attiré loin des regards de tout le monde, plongeant son nez dans mon cou qu'il parsemait de baisers. Ses mots tendres vibraient en moi comme une douce symphonie. Nous nous sommes accordés quelques minutes loin des regards de tous, juste le temps de nous embrasser tendrement. Il n'avait de cesse de me répéter des « je t'aime », « tu me rends fou » ... des paroles qui enflammaient mes sens tandis que je luttais pour ne pas le conduire dans ma chambre.
Seuls tous les deux, je lui ai demandé comment s'est passée cette journée et la réponse qu'il m'a fournit était tellement évasive que je lui ai fais promettre de m'en dire davantage lorsque nous serions seuls. La seule réponse que j'ai obtenu était un grognement venant se perdre dans mon cou. A ce moment là, Chris et deux amis à nous ont arraché mon petit ami de mes bras. Adam essayait de se débattre tout en riant mais en vain. Ils l'ont soulevé puis porté jusqu'à la piscine où ils l'ont jeté tout habillé. Tout le monde riait et criait autour, se mettant en maillot pour le rejoindre.
Portant mes mains à mes lèvres, je regardais la scène qui se faisait devant mes yeux. Une bataille a débuté dans la piscine alors que tous les mecs rejoignaient Adam. Certains tenant ses jambes et d'autres ses bras. Ils ont entamé une sorte de « bizutage » des 18 ans et lorsque cela fut terminé, Adam est sorti de l'eau, dégoulinant de tous côtés. Son regard se dirigeait vers moi et un sourire se dessinait sur mes lèvres alors qu'il continuait à avancer vers moi. Je ne pus me retenir de rire en voyant qu'il avait perdu une chaussure pendant la bataille. Il ne s'en était pas rendu compte et rebroussa chemin pour la récupérer. Ce qui dura bien une bonne dizaine de minutes.
Ensuite, il a essoré ses vêtements et est monté dans ma chambre pour se changer. Depuis que nous dormions l'un chez l'autre durant les week-ends, nous laissions des vêtements afin d'avoir toujours un change prévu. Je l'ai bien-sûr accompagné à l'étage, profitant pour terminé ce qu'on avait commencé un moment plus tôt. Laissant sécher ses chaussures sur le bord de ma fenêtre, nous sommes redescendus pour rejoindre tout le monde.
Nous enchaînions les slows avec les danses plus rythmées jusqu'au moment où nous n'avions plus la force de quoi que ce soit. Le moment de distribuer les cadeaux étaient arrivés. Aidée par Chris, je déposais les cadeaux dans le salon sous le regard ébahis d'Adam. Un silence religieux fit place au brouhaha de tout à l'heure.
Kirsten et moi découpions des parts de gâteaux que nous distribuons à tout le monde pendant qu'Adam ouvrait ses cadeaux. Il fût ému par tous les cadeaux qu'il découvrait : des vêtements, des maillots de bain, et l'équipement de surf. Le signe tribal l'a fais longuement sourire et son profond regard s'est posé sur moi pendant de longues minutes. Il savait que cela venait de moi et je voulais qu'il ait une trace sur sa nouvelle planche de surf à notre effigie. J'étais satisfaite de voir que l'effet produit était escompté. En se rapprochant de moi, après avoir remercié tous ses amis, ses bras ont enlacés mon corps puis ses lèvres se sont posés sur les miennes. Sous les applaudissements et les cris de joie de tout le monde, il a murmuré au creux de mes lèvres « je t'aime tellement... ».
Vers 3 heures du matin, lentement les invités rentrèrent chez eux. Colin a ramené Doris chez elle, avant de rentrer chez lui. Chris et Kirsten ont été les derniers à quitter les lieux de cette fête ultra réussi.
Après avoir fermé la maison, Adam et moi avons regagné ma chambre dans laquelle nous nous sommes retrouvés, nous câlinant tendrement. Cette nuit était la nôtre.
Alors que je m'allongeais sur mon lit, me débarrassant de mes vêtements, ce dernier retirait son teeshirt puis commençait à ramper jusqu'à moi. Il embrassait chaque parcelle de mon corps avant de poser ses lèvres brûlantes dans mon cou qu'il butinait tendrement avant de prendre mes lèvres d'assaut. Sous ses baisers, je me consumais de désir et une douce tension montait en moi. Je le voulais si passionnément alors qu'il s'employait à retirer délicatement mes sous-vêtements. Et ses doigts effleurant ma peau augmentaient mon désir à chaque fois. A son contact, je frissonnais d'envie et sa peau contre la mienne me rendait folle, déployant une nuée de papillons au creux de mon ventre. Déboutonnant sa braguette puis retirant son jean, il pénétrait en moi. Ses lèvres déposaient des baisers brûlants au creux de mon cou et libéraient cet élan de sensualité qui sommeillait en moi. Alors que nos corps ondulaient l'un contre l'autre, il n'avait de cesse de murmurer des mots tendres « J'aime ta peau...ton corps...toi...tu me rends fou mon ange ».
Nos paroles n'étaient que murmures et destinées à nous seuls. Adam était toujours doux et attentionné, soucieux que je sois comblée à mon tour. Mon âme lui appartient et je sais que la sienne est mienne aussi.
A chaque fois, il opère sur moi comme un puissant aphrodisiaque qui révèle des talents insoupçonnés. Le reste de la nuit était à nous.
Allongée contre lui, la tête posée sur son torse, je fermais les yeux à la fois sereine et apaisée, l'odeur de sa peau me berçant à l'infini.
Le calme de la nuit nous entourait, à la fois mystérieux et insolite, lorsqu'il murmurait enfin près de moi ;
« mon ange ... c'était la soirée et la nuit la plus belle de toutes.... je ne te l'ai jamais dis mais c'est la première fois que je suis amoureux et je suis totalement fou de toi... je ne peux pas me passer de toi »
Ma seule réponse fut « Je t'aime tout autant. »
Journal intime de Lucy : June 12th
Le chant des oiseaux vint à percer le calme de la campagne et nous réveiller doucement. De tendres baisers se posent sur ma peau encore enroulée dans le drap. Le torse plaqué contre mon dos et son bras me maintenant tout contre lui, Adam dépose quelques baisers sur ma nuque délicate. Son souffle chaud contre ma peau vient envahir mon corps d'une douce tension.
Les yeux fermés, je soupire d'aise en posant ma main sur la sienne tout en resserrant son étreinte. Il pose sa tête sur mon épaule, ses cheveux chatouillant ma joue et m'effleurant sensuellement de la tendre odeur de sa peau. Le pur élément déclencheur de mon désir à son égard, avec sa tendresse et tout ce qui le représente.
Après avoir fait un câlin et être restés l'un contre l'autre, nous sommes allés prendre une douche dans laquelle nous remettons cela une fois de plus. Il était midi et nous étions attendu pour le repas de treize heures chez les parents d'Adam.
Regrettant de ne pas m'avoir pour lui seul, aujourd'hui, il a terminé de s'habiller tout en m'adressant des regards sans équivoques. Alors qu'il terminait ses préparatifs, je profitais du moment qu'il ne me regardait pas pour aller chercher cette petite boîte que je voulais lui offrir lorsque nous serions seuls.
Alors qu'il récupérait ses chaussures qui séchaient sur le bord de ma fenêtre, je lui donnais la fameuse petite boîte. Assis sur le bord de mon lit, il l'ouvrit et découvrit une chaîne en argent avec une médaille militaire sur laquelle est inscrit son signe astral, le gémeaux et au dos sa date de naissance.
Mordant sa lèvre inférieure, il m'attira contre lui et déposa de tendres baiser sur mes lèvres tout en murmurant « Je t'aime... elle est magnifique et c'est exactement celle que je voulais. »
Au bout d'une petit demi-heure, nous nous sommes mis en route. Adam enfilait ses chaussures pendant que je m'occupais de refermer la porte. Le ménage sera pour plus tard.
En chemin, il me fit part de son inquiétude lorsque je serais à l'université et que je lui manquerait énormément. J'ai bien essayé de le motiver pour continuer ses études mais en vain. Il avait d'autres projets en tête, comme d'ouvrir une boutique de surf. Il n'a jamais voulu aller à l'université et sa passion est le surf, alors je le soutenais. Tout en discutant de notre avenir, il me fait part de son envie de se marier et d'avoir des enfants avec moi. Cette idée me comblait de joie et même si je savais que ce ne serait pas pour tout de suite, j'en étais heureuse. Nous faisions des projets sur la comète : il bosserait dur pour s'acheter un local à lui, pendant que je ferais mes études. On vivrait ensemble, il réussirait à avoir sa boutique et je bosserais à mon tour, puis nous nous marierons et aurions nos enfants. Nos plans étaient déjà fais.
Arrivant devant chez lui, Adam a changé de tête aussitôt. Crispé, il pénétrait dans la demeure familiale tandis que nous étions accueillis par sa mère. Le regard gênée de celle-ci ne m'a pas échappé non plus. Je savais qu'il se passait quelque chose et il était inutile que je pose davantage de questions ; Adam et son père étaient sûrement en froid.
Sa mère nous embrassait de cette tendre affection mêlée d'inquiétude et se hâtait de nous conduire sur la terrasse. Adam serrait la mâchoire, serrant ma main dans la sienne. Je me suis alors souvenue qu'il devait me raconter la journée d'hier. J'espérais seulement que rien de blessant n'était arrivé.
Arrivés devant la terrasse où était servi l'apéritif, son père demeurait assis, le visage fermé et austère. Il a fais un effort de sourire en me voyant approcher mais l'ambiance restait tendue. Le père et le fils ne se sont accordés aucuns regards et ce fût, Katherine, la mère d'Adam, qui a commencé à détendre l'atmosphère. Je me sentais mal à l'aise et il fallait se que cela cesse tout de suite. Je faisais partie de la famille, assurément, sinon j'aurais volontiers disparu sous la table.
Mr Peterson se dérida légèrement pour s'adresser à moi sans accorder une seule attention à son fils, ce qui me brisa le cœur. Adam restait impassible sans ciller mais je savais qu'il en souffrait. Lorsque leur regard se croisait parfois c'était comme un espèce de défi entre eux. Une manière de soutenir le regard de l'autre et c'était à celui qui dévirait le regard le premier.
La seule personne qui savait préserver la bonne entente était sa grand-mère paternelle. Elle savait tempérer les discordes et exerçait le rôle de pilier familial mais elle est partie l'année dernière. Je la pleure autant que lui. Adam l'aimait beaucoup. C'était une dame au grand cœur, authentique, forte et avec de belles valeurs. Adam a hérité de ses qualités. Et depuis sa disparition de nombreuses choses ont changé ; est ce parce qu'elle a donné ses parts de la société familiale à son unique petit-fils ? Je ne le sais pas.
Assis à mes côtés, Adam a simulé une attitude décontractée qui contrastait fortement avec les muscles tendus de son corps et de sa mâchoire. Il a le même regard que son père, étrangement fixe sous son visage angélique.
Mr Peterson a levé un regard vers moi, puis vers son fils et a exprimé le plaisir de m'avoir à leur table. Et dans un soupir, il a ajouté son fils. Ce dernier semblait se tendre comme un arc prêt à décocher une flèche et a lâché les mots qu'il gardait longtemps au fond de lui.
« Je ne sais pas si tu es content de me voir mais tu as oublié le jour de ma naissance, papa, alors permets-moi d'en douter ! »
Le ton employé fût si sec, qu'il reflétait la blessure de son cœur et j'en fus peinée à mon tour. Le père et le fils ont continué à s'affronter du regard, sans mots dire. Pour Katherine, c'en était trop. Elle ne pouvait en supporter davantage. Alors elle essayait d'arranger les choses, cherchant des excuses à tout le monde mais en vain. Le silence lui répondait. Appréciant tous les efforts de cette femme pour maintenir une bonne ambiance, je suis venue à son secours. A mon tour, j'animais la soirée en formulant un remerciement envers ses parents de m'accueillir ce soir, comme c'était le cas assez régulièrement. Si sa mère eut un sourire chaleureux, chez son père, il fut crispé, encore contrarié de ce que venait de dire son fils.
Adam continuait de soutenir le regard de son père alors je saisissais sa main dans la mienne, comme pour l'apaiser. Je parlais de mes parents et transmettais leur bonjour, ce qui n'était pas une invention en soi puisque nos parents s'appréciait. Nos pères travaillaient même ensembles. Ils leur renvoyaient les salutations puis Michaël a commencé à parler des résultats du diplôme de fin d'année dont nous attendons les résultats avec impatience. Il sanctionne les 4 années de l'High school et nous permet d'accéder à l'université de notre choix. Craignant le pire, j'observais tantôt le père et tantôt le fils. Ce sujet de discussion s'est toujours terminé par une dispute et j'avais la crainte de cela à nouveau.
Mr Peterson m'a avoué être confiant pour les miens et ne s'est pas gêné pour exprimer sa déception envers ceux de son fils. Ce qui a déclenché une révolte de mon petit-ami et c'en est suivi un échange de propos assez piquants d'un côté comme de l'autre.
Adam exprimait sa colère, refusant avec obstination de rentrer dans le moule tandis que son père persévérait à dire qu'il faisait fausse route. Agacé, il en a rajouté en critiquant ses goûts et ses loisirs qu'il considérait comme inutile et puéril. De mon côté, je serrais la main de mon petit ami, l'empêchant de provoquer l'irréparable même si j'étais consciente que Mr Peterson exagérait beaucoup. Ses mots, tranchants comme des lames de rasoir, devenait pénible à entendre. Katherine observait la scène avec inquiétude, n'osant s'opposer à aucun d'eux. Sa position n'était pas des plus confortables, non plus.
Lorsque les deux n'eurent plus rien à dire et que leur colère fût suffisamment exprimée, un calme assez dérangeant fit place et qui a duré quelques minutes sans que personne ne sache dire ou ajouter quoi que ce soit. Le père conservait un air sévère sans desserrer les dents de la soirée et Adam en faisait tout autant.
Le repas était excellent et la conversation, animée seulement par sa mère et moi, fut un moins passionnée et eut l'avantage de conduire au calme.
Lorsque la soirée touchait à sa fin, Katherine a déposé une boite près de son fils. Elle l'a entouré de ses bras aimants et lui a souhaité un « merveilleux anniversaire ». Revenant à sa place, elle l'a observé ouvrir la boîte de son tendre regard protecteur. Mon petit ami en sort une montre waterproof. Un cadeau qu'il attendait puisqu'il avait perdu la sienne récemment. Pivotant vers sa mère, il s'est levé pour embrasser sa mère et la remercier en lui murmurant à l'oreille d'une voix chaude « Merci maman...je t'aime ».
Des paroles qui ont réchauffées mon cœur, laissant de côté son père muré dans son silence.
Plus tard, enroulée dans ses draps de son lit, Adam me serrait tout contre lui, posant sa joue contre la mienne. Ses mains posées sur mon ventre m'apaisent autant qu'elles me consument de désir. La passion a envahit nos esprits et nos corps se sont liés sous nos caresses enflammées.
Alors que la lune éclairait dans la noirceur de la nuit nos corps endormis, je me suis réveillée en sursaut. Je faisais encore ce même rêve :
« Je demeure dans le noir, j'ai froid et je suis trempée... il me semble que je suis au fond de l'océan ... pourtant j'entends des voix puis des cris déchirants et des pleurs qui m'angoissent. Ces voix ... je sais que ce sont celles de mes parents, les parents d'Adam, Adam et nos amis ... je sens leur présence et je sais que ce sont eux mais j'ai beau crier ils ne m'entendent pas. Oppressée, une douleur sourde me terrasse, je ne peux ni parler ni penser et bientôt je vois ce long tunnel alors que j'entends toujours ces pleurs à l'infini. J'avance vers cette lumière du chaude et rassurante mais elle recule et je ne peux pas l'atteindre. Je ne veux pas y aller et je veux crier à l'aide mais personne ne m'entend. »
Les yeux rivés sur le plafond, le cœur battant, haletante et en sueur, je me suis assise, essayant de retrouver mes esprits. Réveillé par mon agitation, Adam s'est redressé à son tour, m'entourant de ses bras et essayant de comprendre ce qui me perturbe. La chaleur de sa tendresse et de ses baisers a réussit à m'apaiser et c'est entre ses bras que j'ai à nouveau fermé les yeux.
J'aimerais me confier à lui sur cet étrange rêve mais rien n'avait de sens et tout restait flou. La seule chose était cette angoisse qui ne me quittait pas. Mais pourquoi ?
Adam a réitéré sa demande et dans un soupir j'ai capitulé, en me relevant face à lui, j'ai commencé à expliquer le rêve étrange que je faisais depuis un an à peu près, en n'oubliant aucun détails glaçants et sordides digne d'un mauvais prédiction. Mon petit ami a su trouver les mots pour calmer mon angoisse. « Ce n'est qu'un fichu rêve », « il n'a pas sa place parmi le futur que nous avons prévu tous les deux » ... oui mais voilà, c'était tellement réel ...
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