6. souvenirs d'un compagnon
Petit bourgeon a mal dormi, petit bourgeon est tout froissé. Mo se réveille. Les maisons recouvertes de graffitis sont remplacées par de grand murs sales parsemés de pubs. là où, quelques heures plus tôt, les nuages jouaient à saute-mouton, les grandes lampes cassées se tiennent, immobiles. Sous les escaliers, des matelas éventrés, des familles, peu de bébés. Ça sent la cigarette et la pourriture. Petit bourgeon ne veut pas, petit bourgeon n'aime pas ça. Petit bourgeon pleure. Mais il n'en a plus peur. Il lui caresse les cheveux, ce geste l'apaise. Ils veulent s'installer quelque part, mais il n'y a pratiquement plus de place. Les meilleures places, près de machines en marche pour se réchauffer, sont toutes déjà prises. Pas question de s'adosser contre les sacs de sable, près des grandes portes vitrées; c'est bien trop dangereux! Sur les bancs, dans les anciens magasins, partout, des hommes mal rasés, des femmes aux traits fatigués, des enfants qui pleurent. L'ambiance est maussade. Personne ne parle. Ça et là, sur le sol, des flaques d'alcool ou de sodas, font monter dans l'air des odeurs nauséabondes. Toutes les fenêtres sont fermées, mais il fait froid quand même. Finalement, ils s'assoient contre un vieux distributeur vidé, à la vitre cassé. La chasse à la nourriture est déjà passée par là. À côté d'eux, un vieil homme les dévisage. Il a un chien, un beau Coker marron.
été 2014, souvenirs d'un compagnon.
C'est son anniversaire, pourtant, maman n'a pas préparé beaucoup de cadeaux. C'est injuste, se dit-il, pour l'anniversaire de Mariam, sa soeur il y en avait pleins, une dizaine, au moins. là, il ne doit y en avoir que 5 ou 6. Mais maman a autre chose en tête. Maman prépare une surprise. Elle disparaît dans le jardin, et revient, peu après avec quelque chose de poilu dans ses bras. C'est un chien! Un bébé chien! Il jubile, finalement, c'est sa soeur qui sera jalouse, et c'est tant mieux! Plus tard, il apprendra qu'un chien n'est pas un cadeau, c'est un compagnon. Il jouera avec lui dans les collines de son enfance. Ce chien, il ne sais même plus comment il s'appelle. Il s'en veut. Oublier le nom d'un ami, c'est dur à encaisser. Ce chien, il était noir, parsemée bouclettes. Il aboyait quand le chat des voisins sautait sur le mur de brique qui séparait les deux jardins, remuait la queue sans bouger quand on avait lancé un bâton, et courait en rond quand il voulait jouer. Ce chien, c'était le jeu des rayons de soleil quand on les reflète dans un miroir et fait passer sur les murs d'une pièce. Ce chien, c'était la joie.
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