Chapitre 3 : 1001 combats, 1001 défaites.
Tout se passa à une vitesse que je ne peut décrire. Kuina termina le combat en me portant un coup au millieu du front, auquel je n'eus pas même le temps de réagir. Tombant lourdement sur le sol et lâchant le reste de mes sabres de bambou je me frottai le front en lui lançant un regard noir : je ne sais pas ce qui le faisait le plus de mal, entre mon honneur bafoué ou mon crâne réduit en miettes.
- Je jure qu'un jour je te battrai.
Je le dis que j'étais tombé tellement bas, que même le bas, en plus de Kuina, me regardait de haut. Nos regards enflammés se croisèrent, chacun souhaitant littéralement pouvoir fusiller l'autre des yeux.
Départagé entre la honte et la colère je serrai les poings en écoutant ce que Kuina semblait vouloir le dire même si ses paroles traversaient une oreille et ressortaient par l'autre :
- Tu vas devoir t'entraîner quelques années avant de pouvoir combattre avec deux sabres.
Ces paroles me firent l'effet d'une révélation, un mot bien fort que les journaux hérétiques aimaient afficher en grosses lettres et proclamer la fin du monde, se raccrochant au dernier espoir d'un titre criard attisant les curiosités, et pourtant personne ne dépansait un Berry pour ce genre de conneries.
Pourtant révélation était le bon mot, et même si je n'étais pas sans savoir que mes performances en terme de réflection n'étaient pas à envier, les engrenages de ma conscience semblèrent s'enclancher soudainement.
Je rejoignit le Dojô avant même de me rendre compte ce qui alimentait mes attentions. J'aspirai à, un jour, devenir assez expérimenté pour la battre elle.
J'enchaina durant des années combats et défaites. Contre Kuina je veux dire. J'avais beau m'entraîner et soulever les plus lourds rochers, gagner contre les autres professeurs, rien n'y faisait.
Un jour Koushiro me dit qu'elle aussi progressait.
Je compris à ce moment là que bien que je m'entraîne d'arrache pied dans le but de la battre un jour, elle faisait de son mieux et lorsque je la combattait en croyant avoir progressé, elle aussi avait pris en force, annulant mes efforts.
Je savais qu'un jour viendra où nos fers se recroiseront, un jour viendra où je gagnerai le combat. En attendant il me fallait devenir plus fort, toujours plus fort. Cela devînt presque une obsession.
Il m'arrivait de m'infliger des entraînements surhumains dont je ne me repentissait pas tant que je ne les avaient pas achevés avec une certaine réussite.
Les années passèrent sans que je n'eus le temps de les compter. Je battais tous les adultes, et après un entraînement intensif, je le couchais dans l'herbe et observait les étoiles sans parvenir à fermer l'œil.
Blanches, paresseuses, inatteignables. Elles ne faisaient rien que de me regarder bêtement. Peut-être renfermaient elles une autre civilisation, un tout autre monde ?
Quoiqu'elles puissent refermer, les étoiles ne m'intéressaient pas. Je me contentais de ce que j'avais, de là où je vivais. Je n'étais pas un rêveur. Je préférais croire. Pas ce genre de croyance qui affecte les hommes qui ont besoin d'idoles inéxistantes pour bien se tenir. Non, je croyais en la vie, je croyais en le temps, et en la progression de l'espèce humaine. En ma propre progression. La réalité c'était ça pour moi, pas ces faisceaux lumineux brillant dans le ciel, ces lumières désespérées et désespérantes qui n'attendent que que l'on se creuse le cerveau de sottises pour venir les chercher.
Et je pense que j'ai raison.
Malheureusement je n'ai pas eu raison de croire en ma victoire future.
Que je fusse prêt ou non mon ultime défaite se profilait à l'horizon.
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